Maurice Allais, sur le système du crédit, a écrit :
- La création monétaire doit relever de l’État et de l’État seul.
Toute création monétaire autre que la monnaie de base par la Banque centrale doit être rendue impossible, de manière que disparaissent les « faux droits » résultant actuellement de la création de monnaie bancaire.- Tout financement d’investissement à un terme donné doit être assuré par des emprunts à des termes plus longs, ou tout au moins de même terme.
La réforme du mécanisme de crédit doit ainsi rendre impossibles à la fois la création de monnaie ex nihilo et l’emprunt à court terme pour financer des prêts à plus long terme, en ne permettant que des prêts à des échéances plus rapprochées que celle correspondant aux fonds empruntés.
Cette double condition implique une modification profonde des structures bancaires et financières reposant sur la dissociation totale des activités bancaires telles qu’elles se constatent aujourd’hui et leur attribution à trois catégories d’établissements distincts et indépendants :
- des banques de dépôt assurant seulement, à l’exclusion de toute opération de prêt, les encaissements et les paiements, et la garde des dépôts de leurs clients, les frais correspondants étant facturés à ces derniers, et les comptes des clients ne pouvant comporter aucun découvert ;
- des banques de prêt empruntant à des termes donnés et prêtant les fonds empruntés à des termes plus courts, le montant global des prêts ne pouvant excéder le montant global des fonds empruntés ;
- des banques d’affaires empruntant directement au public ou aux banques de prêt et investissant les fonds empruntés dans les entreprises.
Maurice Allais, sur l'indexation, a écrit :Le fonctionnement d’une économie de marché repose sur un très grand nombre d’engagements sur l’avenir. L’efficacité de l’économie, comme l’équité, implique que ces engagements soient respectés, que les calculs économiques ne soient pas faussés, et que ni les créanciers ni les débiteurs ne soient spoliés. Il convient donc que l’application de tous les contrats ne soit pas pervertie par les variations du pouvoir d’achat de l’unité de compte.
En fait, face à ces variations, seule une indexation en valeur réelle de tous les engagements sur l’avenir, et en particulier de tous les prêts et emprunts et de tous les contrats de salaire à durée limitée, pourrait assurer un fonctionnement à la fois efficace et équitable de l’économie.
Maurice Allais, sur les marchés boursiers, a écrit :Que les bourses soient devenues de véritables casinos, où se jouent de gigantesques parties de poker, ne présenterait guère d'importance après tout, les uns gagnant ce que les autres perdent, si les fluctuations générales des cours n'engendraient pas, comme elles le font, de profondes vagues d'optimisme et de pessimisme, qui influent considérablement sur l'économie réelle. Là apparaît le caractère déraisonnable et nocif du cadre institutionnel actuel des marchés boursiers. Le système actuel est fondamentalement antiéconomique et défavorable à un fonctionnement correct des économies. Il ne peut être avantageux que pour de très petites minorités.
Pour être fondamentalement utiles, ce qu'ils peuvent être, les marchés boursiers doivent être réformés :
- le financement des opérations boursières par la création de moyens de paiement ex nihilo par le système bancaire, doit être rendu impossible ;
- les marges correspondant aux achats et ventes à terme doivent être considérablement augmentées et elles doivent consister en liquidités ;
- la cotation continue des cours doit être supprimée et remplacée sur chaque place financière par une seule cotation par jour pour chaque valeur ;
- les programmes automatiques d'achat et de vente doivent être supprimés ;
- la spéculation sur les indices et les produits dérivés doit être supprimée.
Une seule cotation par jour sur chaque place pour chaque valeur serait de loin préférable ; elle réduirait considérablement les coûts, et elle serait favorable à tous les investisseurs, petits et grands. Plus un marché est étendu et plus les cours qui s'y établissent sont significatifs et équitables.
Maurice Allais, sur le système monétaire international, a écrit :La structure monétaire internationale d'aujourd'hui est marquée par des perversions majeures :
- l'instabilité des taux de change flottants ;
- les déséquilibres des balances de paiements courants ;
- des dévaluations compétitives ;
- le développement d'une spéculation effrénée sur les marchés des changes ;
- l'utilisation mondiale, comme unité de valeur, du dollar dont la valeur réelle sur le plan international est extraordinairement instable et imprévisible ;
- la contradiction fondamentale entre une libération totale des mouvements de capitaux à court terme et l'autonomie des politiques monétaires nationales.
Une réforme du système monétaire international, un nouveau Bretton-Woods, est absolument nécessaire. Elle impliquerait notamment :
- l'abandon total du système des changes flottants et son remplacement par un système de taux de change fixes, mais éventuellement révisables ;
- des taux de change assurant un équilibre effectif des balances des paiements ;
- l'interdiction de toute dévaluation compétitive ;
- l'abandon total du dollar comme monnaie de compte, comme monnaie d'échange, et comme monnaie de réserve sur le plan international ;
- la fusion en un même organisme de l'Organisation mondiale du commerce et du Fonds monétaire international ;
- la création d'organisations régionales ;
- l'interdiction pour les grandes banques de spéculer pour leur propre compte sur les changes, les actions, et les produits dérivés ;
- et finalement l'établissement progressif d'une unité de compte commune sur le plan international, par un système approprié d'indexation.
Quel est votre avis ?