Bienvenue sur les archives forum du Parti Pirate


Le Parti Pirate refond complètement son forum et a migré vers un outil plus moderne et performant, Discourse !
Retrouvez nous ici : https://discourse.partipirate.org

Propositions à Débattre - Les "class actions"

Service Public, Industrie, Entreprises, ESS...
Avatar de l’utilisateur
Maelgar
Loup de mer
Messages : 671
Inscription : jeu. 01 sept. 2011, 13:28

Propositions à Débattre - Les "class actions"

Messagepar Maelgar » mar. 06 sept. 2011, 01:12

Bon, j'ai vu ça dans le wiki du programme dans la section "pas encore intégré dans le programme mais il faut en débattre pour voir si... ou pas..." donc je prends la plume, j'ouvre le topic et je dis : NON ! :evil:

Pourquoi non ? Parce que, si on se définit comme "pirates" et attachés à la culture, il faut reconnaitre que déjà, c'est pas dans la culture française. D'un point de vue plus juridique, ce principe s'exprime par la maxime "nul ne plaide par procureur" et a été réaffirmée par la Cour de Cassation dans ce magnifique arrêt que j'ai galéré à retrouver dans les méandres du web où le fonds de garantie automobile cherchait à récupérer des sous indûment.

De fait, comment se passe une class action, et pourquoi ça serait pas top (voire infaisable) de soutenir ce genre d'actions (même si ça a l'air bien classe quand on regarde "Erin Brokovich").

Etape 1 : Une entreprise fait une GROSSE boulette. On va prendre un exemple récent et bien médiatique : le médiator des laboratoires Servier. Donc l'entreprise lâche dans la nature un produit qui est susceptible d'affecter un paquet de gens.

Etape 2 : on se rend compte du problème et de son coté "grande échelle". A partir de là, je me rends compte que mon exemple est pourri car les médicaments sont soumis à des tests d'une autorité théoriquement indépendante en attendant d'être mis sur le marché. Donc pour simplifier la chose, imaginez qu'il n'y a pas de contrôle étatique sur les médicaments, merci. Pour ceux qui n'y arrivent pas, imaginez une voiture avec un système de freinage défaillant.

Etape 3 : L'entreprise, en bon agent économique, va faire un calcul cout/avantage, ici : cout du rappel du produit (+ scandale) / cout d'une indemnisation au cas par cas (+ scandale moins visible). Pour le rappel du produit, pas de problème : on fait passer des annonces, des pubs, on passe par les circuits de distribution normaux (pharmacie / concessionnaires) et les gens qui ont achetés un produit défectueux sont indemnisés. A noter que les rappels se font en général très vite après l'arrivée du produit sur le marché : on limite l'impact auprès des particuliers. Sinon, retour à l'étape 2 : on se rend compte qu'il y a un problème avec ce produit et qu'il touche un nombre conséquent d'individus : la médiatisation fait mousser le tout et les gens envisagent de porter l'affaire en justice (normal). C'est ici que ça change.

Etape 4 : Un avocat - qu'il soit ténor du barreau ou pas - va entendre parler de l'affaire et va décider de représenter TOUTES les victimes, du moins le plus possible. Pourquoi ? Aux USA ça marche parce que l'avocat est payé au pourcentage des indemnités perçues par son client. Ya qu'à voir comment l'avocat de Nafissatou Diallo a porté plainte au civil un bon mois avant la relaxe pénale de DSK : il a senti le vent tourner et essaie d'assurer ses billes..

En France c'est pas pareil parce que : a) on a le système de l'AJ (aide juridictionnelle) qui assure aux justiciables, sur conditions de revenu, tout ou partie des frais d'avocat.
b) les avocats vous facturent une prestation à l'avance, et pas en fonction du résultat du procès. Pour faire un parallèle avec le monde médical, imaginez un médecin que vous ne payez que si vous êtes guéri. Super ! Mais aucun médecin ne voudra vous examiner si vous avez un cancer, une MST, une maladie orpheline... vous pouvez crever (de toute façon vous aller crever) car vous ne rapporterez rien au médecin.

Mais soit, imaginons que la "class action" existe quand même. On a donc notre avocat qui a investi de l'argent dans des campagnes de pub, des affichages, des annonces dans les journaux pour toucher le plus gros public possible : il a obtenu des réponses, il représente 2.000 personnes à l'audience. Maintenant, il lui faut rentabiliser tout ça.

Etape 5 : le procès. Nouvelle différence France - U$A (à inclure dans le package donc) : la compagnie peut décider de négocier directement avec l'avocat. Elle va donc payer un "forfait", au hasard 50.000$ par plaignant; pour que l'affaire soit réglée sans passer devant le juge. Oui, comme Mickael Jackson, oui. Ce, sans prendre en compte la situation personnelle de chaque plaignant, les différents effets secondaires qui ont pu ou pas se manifester lors de la prise du médicament / le fait que quelqu'un est mort, ou juste paralysé, ou juste amputé, ou a juste froissé de la tôle parce que le système de freinage était défectueux.

Ce premier point me froisse. Chacun a droit à ce que sa situation personnelle soit examinée par un expert, qui déterminera au cas par cas quel devrait être le montant de l'indemnisation - et si il doit y avoir indemnisation. Dans les 2.000 cas recensé il peut se glisser des "passagers clandestins" : l'avocat s'en fiche, plus il a de clients plus il va empocher; et l'entreprise s'en fiche, entre 1.980 personnes à indemniser ou 2.000, du moment que l'affaire est vite étouffée et l'image de la boite pas trop-trop écornée, elle va pas jouer les pinailleuses.

Sinon, ce sera au juge de trancher sur le montant de l'indemnité, sans avoir jamais vu la tête d'un seul des plaignants, sans jamais pouvoir se faire son opinion sur l'opportunité des poursuites invoquée par chaque plaignant. En clair : on donne la possibilité à des gens d'agir en justice "pour rien".

Etape 6 : le procès (bis). Ben oui, à partir du moment où une entreprise a été condamnée / a acceptée une indemnisation (même avec une mention de confidentialité pour pas que le montant exact se sache) ça fait jurisprudence et boule de neige. Dans le cas d'un produit pharmaceutique chimique (coucou l'agent orange) qui peut produire des effets secondaires des années après, voire sur les enfants, n'importe quel avocat un peu avide peut, 10 ans plus tard, relancer une campagne de pub, réunir à nouveau des centaines de personnes dans un dossier et "faire cracher" la même boite, qui n'aura plus aucun répit jusqu'à ce qu'elle mette la clef sous la porte. C'est le revers de la médaille : pour l'entreprise, l'affaire ne se terminera JAMAIS, puisque tant qu'elle cherchera à préserver son image (et on sait avec les débats sur le droit à l'oubli à quel point l'image est importante) elle va débourser des fortunes pour préserver cette dernière. L'entreprise devient la poule aux œufs d'or des avocats sans scrupules.


Je ne suis pas contre le droit à chacun d'obtenir réparation pour un préjudice subi et réel, bien au contraire. Mais je trouve que transposer aveuglement un mode de règlement des conflits, un mode dangereux pour la justice comme pour l'accusé, et un mode qui s'inscrit dans un système juridique radicalement différent du notre, ça ne tient pas la route.

Dans un souci de totale transparence, et pour vous féliciter de m'avoir lu jusque là, je vais nuancer mon propos : il existe déjà des formes de représentation "globalisantes" sans porter atteinte au principe de l’intérêt à agir. Les deux principales sont :

a) Les syndicats. C'est leur boulot, ils représentent les salariés et défendent leurs intérêts,qu'ils soient adhérents ou pas. Sauf que les syndicats ont un rôle plus large que ça, puisqu'ils "crééent du droit" à travers les négociations de conventions collectives par exemple, ou bien ils interviennent directement dans la gestion de fonds publics (gestion tripartite de la Sécu). Je rajouterais à titre personnel que le droit du travail est un vaste bazar et que l'appui de syndicalistes "formés" à l'exercice que constitue le tribunal de commerce n'est pas à négliger.

b) Les associations anti-racisme(s). Encadrées par certaines limites de temps qui bloquent les associations "ad-hoc" elles peuvent porter plainte pour homophobie, discrimination etc... en lieu et place d'un individu. Cependant leur combat est d'ordre idéologique et non pas financier, il s'agit de faire reconnaitre les droits (bafoués) de la personne ainsi représentées : les condamnations pour "un euro symbolique" démontrent leur peu d'appétit pour l'argent.

J'attends vos remarques pour débattre (ou pour me dire que ma démonstration est claire comme l'eau de roche et qu'il faut m'édifier une statue) mais demain, car là il est tard... Bonne nuit les PiratEs z'et les Pirates
Libertés - Neutralité - Partage

Avatar de l’utilisateur
CaptainKiller
Trésorier du PP
Messages : 1065
Inscription : mer. 19 mai 2010, 16:41
Contact :

Re: Propositions à Débattre - Les "class actions"

Messagepar CaptainKiller » mar. 06 sept. 2011, 02:27

Question : les associations de consommateurs peuvent-elles porter en justice une affaire dont elles ne sont pas directement victime, mais seulement représenter les consommateurs ?
blog
twitter
G+
Analyse de la participation des conseillers du Parti Pirate (CAP & CN) : Nos conseillers du PP
Rapport financier 2012 du Parti Pirate

Avatar de l’utilisateur
Le-Dore
Matelot
Messages : 102
Inscription : ven. 12 août 2011, 22:31

Re: Propositions à Débattre - Les "class actions"

Messagepar Le-Dore » mar. 06 sept. 2011, 03:41

Non, elles ne peuvent pas, par contre elles apportent un soutiens à ceux qui veulent porter plainte.

Avatar de l’utilisateur
marou
Capitaine pirate
Messages : 1351
Inscription : lun. 22 juin 2009, 19:39

Re: Propositions à Débattre - Les "class actions"

Messagepar marou » mer. 07 sept. 2011, 20:36

Merci pour cette intervention. Je pense que ce que la plupart des amateurs du système des class-actions apprécient est la possibilité de mutualiser le fait de porter plainte, pas nécessairement toutes les conséquences que cela entraîne avec la justice des États-Unis.

Personnellement, je trouverais très intéressant de pouvoir mutualiser le dépôt de plainte, l'enquête et le jugement (le "coupable ou non coupable") par rapport à une pratique abusive (entente sur les prix, produit défectueux, etc.) ; mais je ne suis pas opposé à ce que le "dédommagement" soit traité (ou en tous les cas traitable) au cas par cas et non forcément en un seul bloc.

Cette proposition corrige-t-elle les problèmes soulevés ? Peut-on trouver une formulation la résumant en quelques mots ?
Quelles que soient les barrières que l'on vous oppose,
il est en votre pouvoir de les franchir ;
vous n'avez qu'à le vouloir.
Olympe de Gouges

Avatar de l’utilisateur
Maelgar
Loup de mer
Messages : 671
Inscription : jeu. 01 sept. 2011, 13:28

Re: Propositions à Débattre - Les "class actions"

Messagepar Maelgar » mer. 07 sept. 2011, 22:54

marou a écrit :Personnellement, je trouverais très intéressant de pouvoir mutualiser le dépôt de plainte, l'enquête et le jugement (le "coupable ou non coupable") par rapport à une pratique abusive (entente sur les prix, produit défectueux, etc.) ; mais je ne suis pas opposé à ce que le "dédommagement" soit traité (ou en tous les cas traitable) au cas par cas et non forcément en un seul bloc.


Je comprend pas bien ce que tu entend par "mutualiser le dépôt de plainte" mais pour ce qui est de la phase "enquête + jugement" c'est déjà le cas : ça s’appelle la jurisprudence. A partir du moment où une entreprise X a été prouvée coupable dans une affaire, toutes les autres affaires avec les mêmes éléments de preuve vont conduire à la même solution.

On peut peut-être imaginer un mécanisme où les associations de consommateur, lorsque surgit une affaire susceptible d'affecter un nombre important de personnes sur l'ensemble du territoire, vont communiquer à mort pour regrouper les victimes potentiels. A charge pour les victimes d'aller contacter les "experts" en la matière (ainsi pou le médiator je pense aux médecins / pharmaciens qui vont retrouver les ordonnances passées grâce à la carte vitale / au dossier médical informatisé) qui transmettront les infos. Comme cette recherche d'informations prend du temps et que je ne souhaite pas pénaliser les médecins abusés, ces derniers pourront alors - éventuellement - se retourner contre le laboratoire qui leur a caché des donnés cruciales afin d’être indemnisés pour le temps perdu + l'atteinte à la réputation au corps médical. Ou bien on peut déléguer cette tache à l'Ordre des Médecins, à lui ensuite de décider comment distribuer les fonds perçus ?

Qu'en pensez vous ?
Libertés - Neutralité - Partage

Avatar de l’utilisateur
harpalos
Terreur des océans
Messages : 2665
Inscription : mer. 24 mars 2010, 22:35
Localisation : IdF

Re: Propositions à Débattre - Les "class actions"

Messagepar harpalos » ven. 09 sept. 2011, 16:43

Je comprend pas bien ce que tu entend par "mutualiser le dépôt de plainte" mais pour ce qui est de la phase "enquête + jugement" c'est déjà le cas : ça s’appelle la jurisprudence. A partir du moment où une entreprise X a été prouvée coupable dans une affaire, toutes les autres affaires avec les mêmes éléments de preuve vont conduire à la même solution.


Oui, ils vont aboutir à la même conclusion, sauf que chaque victime va devoir porter plainte à titre individuel et que l'affaire devra aller devant le juge, et si un des considérant ne colle pas (l'âge du capitaine ou le prix de la choucroute), la jurisprudence peut être refusée car la situation n'est pas la même. C'est en tout cas ce que l'avocat adsverse va plaider.

L'idée avec la plainte mutualisée est que la condamnation est effective dans chaque affaire individuelle.

Je pense surtout aux clauses abusives dans les contrats de téléphonie, mais Base-élève, rentrée oblige, rentre dedans.
Ce matin encore, la directrice m'a refusée ma lettre de refus de fichage, et il n'y a toujours pas de mention CNIL sur les fiches de rentrée que les parents remplissent consciencieusement, et qui vont aller alimenter le fichier national des petits scolarisés de Vichy France, sans que les parents ne soient même avertis.

Si je porte plainte, ça ne servira qu'à moi. L'Inspection d'Académie continuera ses pratiques avec les autres parents et les autres écoles à moins qu'ils ne portent plainte aussi.
Ce sont des notions importantes ; une fois acquises, ils s'en serviront toute leur vie: finir son travail ; respecter le travail des autres ; suivre une consigne ; régler les conflits sans se battre... Ce sont des apprentissages que nous enseignons à nos élèves, et lorsqu'ils les maîtrisent, je leur donne une gommette. -- Édith, directrice d'école maternelle.

"Je ne suis pas d'accord avec votre projet de bruler ce livre ou ce drapeau, mais je me battrai pour votre droit de le faire" - Voltaire

Avatar de l’utilisateur
Drenskin
Pirate
Messages : 342
Inscription : lun. 05 juil. 2010, 07:57
Localisation : Paris

Re: Propositions à Débattre - Les "class actions"

Messagepar Drenskin » ven. 09 sept. 2011, 18:34

Le besoin des class actions vient de l'impuissance face à des gros groupes, entreprises, gouvernement d'un seul individu. Si les class actions sont autorisées, celà permettra aux personnes de se regrouper pour une action commune, ce qui généralement amène de la médiatisation, et à son tour pourra amener encore plus de victimes à rejoindre la plainte. Donc double effet : on pourra défendre les droits et intérêts d'un plus grand nombre d'individus, tout en leur donnant une plus grande crédibilité contre des lobbys/gouvernements etc.

Avatar de l’utilisateur
Maelgar
Loup de mer
Messages : 671
Inscription : jeu. 01 sept. 2011, 13:28

Re: Propositions à Débattre - Les "class actions"

Messagepar Maelgar » ven. 09 sept. 2011, 19:00

harpalos a écrit :Si je porte plainte, ça ne servira qu'à moi. L'Inspection d'Académie continuera ses pratiques avec les autres parents et les autres écoles à moins qu'ils ne portent plainte aussi.


C'est aussi le cas dans les class action. Chacun porte plainte, la seule différence c'est que chacun délègue le droit d'assurer sa défense à un avocat unique. Par contre je doute que l'exemple du fichier "base-élève" soit pertinent ici. Les class-actions concernent la justice de droit privée, donc les relations individu(s)-personne morale (labo, usine, banque...) et pas les relations individu(s)-puissance publique. La directrice d'école dont tu parle n'a pas créé ce fichier elle même, elle applique les règles imposées par sa hiérarchie : l’Éducation Nationale, donc le ministère.

Drenskin a écrit :Donc double effet : on pourra défendre les droits et intérêts d'un plus grand nombre d'individus, tout en leur donnant une plus grande crédibilité contre des lobbys/gouvernements etc.


Dans ce cas pas besoin de créer un mode de procédure particulier : il suffirait de déléguer aux associations de consommateur le droit de porter plainte directement contre les "grands groupes", en se basant sur l'exception qui existe pour les associations anti-racisme par exemple. Et dans ce cas de figure, on a même pas à attendre la plainte d'un citoyen lambda : dès que l'asso repère un morceau de contrat révélateur, au pif, d'un abus de position dominante, elle peut porter plainte.

@ Tout le monde : je rappelle que le danger de la class action c'est de contrer le lobby des "puissants" en lui opposant le lobby de la "victime". Deux injustices ne s'annulent pas : ce n'est pas parce qu'un groupe, fort de sa taille, abuse des individus qu'il doit à son tour être abusé en justice, par la présence de "fausses victimes". Je pose la question aux pro-class-actions : comment réaliser cet équilibre, comment garantir les droits de l'accusé ?
Libertés - Neutralité - Partage

Avatar de l’utilisateur
Raphaël Florès
Vieux loup de mer
Messages : 2078
Inscription : dim. 21 juin 2009, 14:22

Re: Propositions à Débattre - Les "class actions"

Messagepar Raphaël Florès » sam. 10 sept. 2011, 12:43

Je n'ai pas lu ton texte. Enfin si, en diagonal, jusqu'à arriver à sa fin. Et là tu nous sors qu'une action collective juridique existe déjà: syndicats et assocations anti-racistes.

On est au PP là. C'est justement parce que ces types de groupes, et leurs idéologies, ne nous conviennent absolument plus qu'on cherche des voies alternatives ...
« Les deux fléaux qui menacent l’humanité sont le désordre et le pouvoir. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson »

Avatar de l’utilisateur
marou
Capitaine pirate
Messages : 1351
Inscription : lun. 22 juin 2009, 19:39

Re: Propositions à Débattre - Les "class actions"

Messagepar marou » sam. 10 sept. 2011, 13:00

Raphaël Florès a écrit :On est au PP là. C'est justement parce que ces types de groupes, et leurs idéologies, ne nous conviennent absolument plus qu'on cherche des voies alternatives ...


Essaie de formuler ça moins agressivement Raphaël stp. "On veut que les citoyens puissent agir collectivement en justice sans avoir besoin de se reposer sur une association" serait une meilleure approche (moins propice au troll en tous les cas).
Quelles que soient les barrières que l'on vous oppose,
il est en votre pouvoir de les franchir ;
vous n'avez qu'à le vouloir.
Olympe de Gouges

Avatar de l’utilisateur
Maelgar
Loup de mer
Messages : 671
Inscription : jeu. 01 sept. 2011, 13:28

Re: Propositions à Débattre - Les "class actions"

Messagepar Maelgar » sam. 10 sept. 2011, 16:16

Raphaël Florès a écrit :Je n'ai pas lu ton texte.


Lis le pour de bon alors. Tu comprendra pourquoi les syndicats et les associations anti-racisme bénéficient de cette dérogation, dans quelles limites, et pourquoi transposer la mécanique "class-action" pur produit de la culture juridique américaine est ardu en France. Merci bisous :P
Libertés - Neutralité - Partage

MCQ
Messages : 5
Inscription : mar. 13 sept. 2011, 23:01

Re: Propositions à Débattre - Les "class actions"

Messagepar MCQ » mer. 14 sept. 2011, 00:34

Maelgar a écrit :
marou a écrit :Personnellement, je trouverais très intéressant de pouvoir mutualiser le dépôt de plainte, l'enquête et le jugement (le "coupable ou non coupable") par rapport à une pratique abusive (entente sur les prix, produit défectueux, etc.) ; mais je ne suis pas opposé à ce que le "dédommagement" soit traité (ou en tous les cas traitable) au cas par cas et non forcément en un seul bloc.


Je comprend pas bien ce que tu entend par "mutualiser le dépôt de plainte" mais pour ce qui est de la phase "enquête + jugement" c'est déjà le cas : ça s’appelle la jurisprudence. A partir du moment où une entreprise X a été prouvée coupable dans une affaire, toutes les autres affaires avec les mêmes éléments de preuve vont conduire à la même solution.


Absolument pas: Article 5 du code civil ( ) , la jurisprudence c'est la limite de l'interprétation des juges. Là on parle d'autorité de la chose jugée qui ne lie que les parties au procès. Donc si il y à une personne tierce au jugement, même si les fait sont similaires et à l'encontre d'une personne identique, toute la procédure est à reprendre, et la solution n'est pas garantie.
Ensuite il y a mon sens un distinguo à faire entre civil et pénal, la classe action est une action civile. Porter plainte est un acte PÉNAL. Bien que les deux peuvent être liées ce n'est pas la même chose, une action pénale à pour but de sanctionner un comportement anti-social, l'action civile, elle, a ,ici, un but de réparation par des dommages et intérêts.

D'autre part il existe deux types de class actions, l'une correspond correspond à une action menée pour toutes les victimes, qu'elles le savent ou non et les empêches d'agir indépendamment, la seconde qui est la constitution d'un groupe qui agit dans l'intérêt de ses membres et que pour ses membres, ne limitant donc pas l'action possible d'autres personnes. ( Je ne suis pas spécialiste de la question j'approfondirais donc plus tard [édit] C'est wikipédia, très succin,et loin d'être parfait [édit])

Enfin une association de consommateur, même si elle n'est pas "directement victime", et si elle est déclarée d'utilité public peut entamer une action en justice car c'est l'atteinte au consommateur qui créer son intérêt à agir. Elle n'agit pas au nom du consommateur mais dans son propre intérêt, le consommateur doit donc également agir si il veut avoir une réparation.

[édit] Je ne voit pas bien l'utilité de la mention à l'affaire DSK. D'abord ce n'est pas une class action, ensuite l'avocat est payé (du moins en parti par un leader religieux), enfin l'action civile aurait de toutes manières eu lieu puisqu'elle est toujours déconnectée de l'action pénale au USA. De plus la rémunération en cas de réussite de l'action civil en % des dommages et intérêts est interdite en France. D'autre part on pourrais débattre de cette interdiction qui prive defacto les personnes modestes de la plus part des ténors du barreau, sauf à ce que l'affaire ai un retentissement médiatique. Et encore une foi... on ne porte pas plainte au civil ... [édit]

[édit 2] J'ai du mal à ne pas troller, surtout quand je vois les points 5 et 6. Si il y à négociation, il n'y à pas procès et donc pas de jurisprudence.
USA il existe les Dommages et intérêts ainsi que les dommages punitifs, qui existe pour dissuader les grosses compagnies d’effectuer la calcul énoncé dans le point 3, et qui sont partagés entre les victimes,ce sont les sommes astronomiques dont tous les journaux parles.
Sur le point 4 la comparaison avec la médecine est fallacieuse, si l'on fait le parallèle une personne qui est sure de mourir sera en droit celle qui est sure de ne pas gagner son procès. En diminuant les certitudes, qui à le plus de chance d'accepter le travail juridique, un avocat payé au %, qui a un intérêt à gagné ou un avocat qui de toutes manière est payé? et qui fournira le plus de travail? -je pourrais aussi parler de l'encombrement des tribunaux...- [edit2]

Avatar de l’utilisateur
Maelgar
Loup de mer
Messages : 671
Inscription : jeu. 01 sept. 2011, 13:28

Re: Propositions à Débattre - Les "class actions"

Messagepar Maelgar » mer. 14 sept. 2011, 09:31

MCQ a écrit :Absolument pas: Article 5 du code civil ( ) , la jurisprudence c'est la limite de l'interprétation des juges. Là on parle d'autorité de la chose jugée qui ne lie que les parties au procès. Donc si il y à une personne tierce au jugement, même si les fait sont similaires et à l'encontre d'une personne identique, toute la procédure est à reprendre, et la solution n'est pas garantie.


Reconnais qu'il y a de GROSSES chances que la solution soit proche. Sinon, c'est appel, cassation, on prouve qu'un jugement antérieur portant sur les mêmes éléments a donné telle solution; au nom du principe d'unicité de droit ça devrait passer quand même. Non ?

MCQ a écrit :Ensuite il y a mon sens un distinguo à faire entre civil et pénal, la classe action est une action civile. Porter plainte est un acte PÉNAL. Bien que les deux peuvent être liées ce n'est pas la même chose, une action pénale à pour but de sanctionner un comportement anti-social, l'action civile, elle, a ,ici, un but de réparation par des dommages et intérêts.


Exact, merci d'avoir pointé du doigt cette lacune de mon développement. En France on a l'habitude de joindre action civile et action pénale. Le juge pénal, à l'issue de l'audience pénale, enfile une casquette de juge civil et va prononcer les dommages et intérêts accordés aux parties civiles. Cette jonction des deux procédures est à la discrétion de la victime, elle n'est pas obligatoire, mais elle fait gagner du temps. On peut percevoir des dommages et intérêts même si l'accusé a été reconnu pénalement innocent.

MCQ a écrit :Enfin une association de consommateur, même si elle n'est pas "directement victime", et si elle est déclarée d'utilité public peut entamer une action en justice car c'est l'atteinte au consommateur qui créer son intérêt à agir. Elle n'agit pas au nom du consommateur mais dans son propre intérêt, le consommateur doit donc également agir si il veut avoir une réparation.


En France ou aux Etats-Unis ? j'ai pas vu passer ça en France... mais je peux avoir tort hein ^^

QMC a écrit :[édit] Je ne voit pas bien l'utilité de la mention à l'affaire DSK.[édit]


C'est juste histoire de dire que l'apparition subite d'une plainte au civil un mois avant que le Procureur Vance n'annonce l'abandon des poursuites pénales augurait de cet abandon. Ca souligne aussi que si l'avocat de Mme Diallo a choisi de saisir la juridiction civile si vite, c'est parce qu'il savait que les charges pénales allaient tomber, et que vu qu'il a engagé pas mal d'argent en essayant de réunir toutes les "victimes" de DSK (souvenez vous, il a appelé Tristane Banon en France) il lui faut récupérer son investissement.

QMC a écrit :[édit 2]Sur le point 4 la comparaison avec la médecine est fallacieuse, si l'on fait le parallèle une personne qui est sure de mourir sera en droit celle qui est sure de ne pas gagner son procès. En diminuant les certitudes, qui à le plus de chance d'accepter le travail juridique, un avocat payé au %, qui a un intérêt à gagné ou un avocat qui de toutes manière est payé? et qui fournira le plus de travail? -je pourrais aussi parler de l'encombrement des tribunaux...- [edit2]

Je sais, mes exemples sont un peu bancals, mais j'avais la flemme de chercher un truc qui tienne debout. Le souci était surtout de pointer les différences "système juridique US / système juridique Fr" qui expliquent que la class action est un processus naturel outre-Atlantique, mais qui ne le serait pas du tout sur le vieux continent. Là-bas il y a des avocats payés en % des DI, ici pas. Là-bas on ne joint pas action pénale et civile, ici si. Là-bas on peut négocier en cours de procès (en phase d'instruction, une fois que les auditions ont démarré je suis moins sur) et dire au juge "on s'est mis d'accord arrêtez la procédure"; ici dès que le juge est saisi le plaignant n'a plus vraiment son mot à dire.

PS : je sais qu'on ne dit pas "porter plainte" pour saisir une juridiction civile mais je vulgarise un peu pour les non-juristes. J'ai pas le droit ?
Libertés - Neutralité - Partage

MCQ
Messages : 5
Inscription : mar. 13 sept. 2011, 23:01

Re: Propositions à Débattre - Les "class actions"

Messagepar MCQ » dim. 18 sept. 2011, 18:10

Je ne suis pas un fan de la vulgarisation du droit qui entraîne trop d’incertitude a mon gout.


Revenir vers « Économie »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 12 invités