Leguman a écrit :(...) Parlons de tout quitte à accepter parfois nos désaccords. (...)
Et si on essayait d'organiser la discussion sur des objectifs à peu près calés, que ça ne parte pas dans tous les sens ?
Déjà, sur quel plan une communication du Parti Pirate peut-elle être pertinente, qu'est-ce qu'on peut réfléchir de spécifiquement "pirate" ?
- sur les thèmes informatique et liberté : a priori, c'est le discours attendu, la surveillance de masse est un leurre et on ne doit pas abandonner la liberté pour la sécurité, ce que prévoit le gouvernement est mauvais, vigipirate suffit etc.
- sur la thématique militaire, comme le fait remarquer flct, il n'y a aucune position définie dans le programme, on ne sait même pas si le Parti Pirate est du genre adepte de la non-violence ou prêt aux ripostes musclées, anti-militariste ou "aux armes citoyens !", isolationniste ou interventionniste etc.
- sur l'analyse géopolitique, ça risque d'être compliqué si on veut être pertinent. De mon côté, j'ai tout un dossier sur les mouvements dits "islamistes" et il y a des éléments pour le moins préoccupant envers nos "alliés" du Golfe, grand fabricants de jihadistes, mais est-ce qu'on veut se positionner sur une mise en cause de la politique étrangère ? Dénonciation de guerre ? Du fait qu'on se laisse entrainer dans des politiques de tension avec l'Iran par exemple, d'où la Syrie et le reste ? Se placer du côté de la bonne conscience occidentale luttant contre de méchants terroristes ou du côté de sa mauvaise conscience sachant qu'elle en produit ?
- sur la thématique sociale : des émeutes de 2005 aux jihadistes de 2014 en passant par Merah, on est dans la même ambiance de révolte en attente d'un quelconque justificatif idéologique ou événementiel pour s'exprimer. On pourrait se dire que le facteur discrimination/(dés)intégration est en jeu mais vu le nombre de convertis (qui peut-être en d'autres temps auraient rejoint Action Directe ou autre), on peut sans doute orienter l'analyse vers la perte de perspectives pour toute une jeunesse (fin des idéologies etc.) et même le mettre ça en relation avec le
"Jeunes de France, votre salut est ailleurs, barrez-vous !" de 2012.
Une vraie politique anti-radicalisation commencerait par être une politique qui donne des perspectives, une vision pour l'avenir, d'autres voies que l'abrutissement consumériste ou l'idéalisme apocalyptique.
- sur le thème islam, religion : là aussi, ça me semble compliqué. La plupart des gens ne connaissent rien à l'islam et parfois même ceux qui écrivent dessus : samedi chez Ruquier, Onfray et les journalistes en parlaient mais j'ai été surpris de voir combien ils semblaient mal maitriser le sujet même sur le vocabulaire de base (ils m'ont eu l'air d'utiliser "sourate" comme "verset"). Je ne sais pas trop : d'un côté, il y a des choses à savoir notamment sur deux manières très différentes de politiser l'Islam entre ce que j'appellerais le théologico-politique traditionnel dont le wahhabite, et le politico-religieux des courants anti-coloniaux comme les Frères Musulmans, de l'autre, je me dis que ces choses là sont longues à expliquer et à intégrer, plus adaptée à de la connaissance encyclopédique qu'à un discours politique direct. Bon, je développerais si ça intéresse quelqu'un parce que ça permet de comprendre pourquoi Assad est menacé et les palestiniens finalement peu soutenus par les
monarchies du Golfe qui préfèrent préserver leur alliance circonstancielle avec USA, Israël et nous, contre la
République d'Iran (même si ça commence à bouger et que le rapprochement USA-Iran inquiète les voisins).
- montée de l'extrême-droite, islamophobie, identité "nationale", zemmour-est-un-con et autre : qu'est-ce qu'on fait de ça ? Perso, je me suis demandé si Valls et compagnie n'allaient pas se la jouer République Bleu-Blanc-Rouge, comité de salut public et guerres révolutionnaires, pour offrir une version de gauche de l'autoritarisme d'Etat et contrer, un peu, les accusations de faiblesse. Entre
le mouvement Pegida en Allemagne,
Poutine qui soutient Marine Le Pen et nos chantres du "grand remplacement", ça commence à sentir le bon aryen.
En fait, ne devrait-on pas proposer l'idée que ce sont moins les guérillas jihadistes qui menacent l'Europe qu'une nouvelle régression barbare de celle-ci, le choix assumé par la population d'une politique de puissance prête à écraser tout ceux qui mettraient en cause sa "way of life" quoi qu'il en coûte en morts (chez l'autre bien sûr...).
Bon, j'arrête là, j'ai sans doute oublié des axes possibles.