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TSCG et Défense Nationale

transparence, constitution, réformes structurelles...
txo
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TSCG et Défense Nationale

Messagepar txo » jeu. 11 oct. 2012, 00:28

Ci-après un courrier que j'ai adressé aux sénateurs-trices sans mentionner ou me réclamer d'une appartenance partisane - dans le ccontexte que modifie la ratification du TSCG en raison de son impact sur la Défense Nationale
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Madame la Sénatrice, monsieur le Sénateur,




de manière exceptionnelle, je me permets de vous adresser ce mot, empreint d’un peu de solennité mais sans emphase excessive, parce que le sujet m’a paru important.

Les agences gouvernementales en charge de la sécurité intérieure de notre pays reçoivent de toutes parts des informations inquiétantes sur l’état d’esprit de nos compatriotes et des personnes qui y résident à titre temporaire, dans un cadre légal ou non tandis qu’à l’extérieur (pour ne pas évoquer les attaques intérieures subies par le MDN) les exemples d’utilisation hostiles des NTIC se multiplient. Ces informations à caractère confidentiel ne reçoivent pas la publicité qu’elle mériteraient pour parachever l’information des citoyens, sans doute, dans le but de ne pas jeter le trouble dans les esprits enclins à la peur ou à la colère qui sont , de manière proverbiale « mauvaises conseillères ». 

Il n’en demeure pas moins que les responsables pénétrés des valeurs républicaines authentiques doivent en apprécier la réalité pour juger en conscience les risques supplémentaires, très réels, que nous fait courir le TSCG, lequel constitue un pas de plus - de trop - sur le chemin d'une perte de souveraineté à laquelle de trop nombreux élus de l’Assemblée Nationale, insuffisamment informés des problématiques militaires sous-jacentes, s’accoutument alors même que la menace concerne non seulement les intérêts économiques de notre pays mais aussi  - et c’est plus grave parce que beaucoup plus radical - ses intérêts vitaux, de ceux qui sont confiés à la sauvegarde de nos institutions de défense extérieure et intérieure.

Le TSCG en inscrivant dans le marbre d’un traité supplémentaire consacrera, pour des motifs budgétaires incompatibles avec notre sécurité, l’impasse dans laquelle se retrouve la recherche militaire opérationnelle et son industrie. Ce sujet me tient à cœur moins par nostalgie d’une gloire passée qu’étreint par cette inquiétude récurrente mais actuelle que j’ai de voir les systèmes d’armes externalisés dans des proportions qui nous en font perdre peu à peu la maîtrise effective. Las, il ne s’agit plus de douter : d’un problème de degré nous voici bientôt confronté à un problème de nature concernant le choix d’abandonner toute possibilité de défendre notre pays contre l’agression, extérieure ou intérieure.

Les conflits classiques ont vécu, l’heure est désormais à la guerre cybernétique bien plus redoutable puisque qu’elle réalise avec des moyens dits de « faible intensité » l’objectif de la balistique neutronique dont le but est de neutraliser les personnels sans trop affecter les infrastructures, et ce faisant donne corps au rêve secret de tous les conquérants et de tous les grands mafieux car - hélas - ce matériel de faible intensité est l’ordinateur couplé au réseau internet. Si la diffusion de l’ordinateur individuel ne peut plus être stoppée (à supposer que cela fut souhaitable en raison de son apport indispensable à la connaissance et à l’industrie), il ne reste comme levier pour agir que la régulation ou mieux la transformation profonde du réseau des réseaux, autrement dit de l’internet.

L’internet hérité de l’armée américaine (continuation de l’Arpanet du DOD) fonctionne sur le principe d’une topologie maillée qui le rend insensible à une attaque concentrée dite à haute intensité, de type nucléaire, hypothèse à l’origine de sa conception. En terme topologique (selon le modèle « nœud-segment ») chaque nœud est matérialisé par un équipement actif de réseau appelé « routeur » (pour simplifier) parce que justement cet élément indique la « route à suivre » aux paquets d’informations qui circulent dans les segments qui relient ces routeurs entre-eux et cela de l’émetteur jusqu’au destinataire. Le routeur est donc un élément déterminant pour le transport de l’information, c’est pourquoi dans le but de garantir la continuité de fonctionnement, il y a été implanté un canal de service ou un logiciel permettant d’en assurer à distance le bon fonctionnement grâce à sa prise de contrôle par un technicien. 

Le degré croissant d’intégration des processeurs a permis que ce mécanisme de maintenance nommé « backdoor » (porte de service ou accès arrière) soit progressivement intégré au processeur lui-même et au logiciel résident de bas niveau (l’équivalent du Bios pour un routeur) voire de ce que l’on appelle des micro-codes de sorte que la « backdoor » soit « light », indissociable du « hardware » de l’équipement et d’un emploi aussi étendu que foudroyant pour répondre au légitime souci de qualité des services de maintenance qu’il s’agisse de FAI « pure players » ou d’opérateurs telecom.

Dans l’industrie des composants de réseaux, comme ailleurs, les fabrications étrangères à bas coûts se sont imposées ainsi le marché des routeurs est-il largement couvert - c’est un euphémisme - par une demi douzaine de constructeurs tous étrangers, principalement américains et chinois. Il se trouve qu'en les préférant nous avons créé ainsi les conditions objectives d’une perturbation potentielle violente de tous nos systèmes stratégiques à priori non militarisés comme la distribution électrique, les transports, etc. Si l’internet civil doit rester le vecteur de la liberté de circuler virtuellement dans le monde, comme a été obligé de le rappeler le Président Obama, en butte à une offensive du complexe militaro-industriel américain, il en va tout différemment en France où nous avons perdu les moyens techniques d’agir sur ce qui constitue désormais la première menace militaire contre nos concitoyens et leurs intérêts. 

Souvenons-nous de la manipulation du système GPS, commandée par le président Clinton, qui a pu à l’instar d’un héros d’un film de série B bricolant les panneaux indicateurs sur un théâtre d’opération, altérer de manière sélective la précision des informations de géo-positionnement servies aux forces américaines et celles servies aux forces extérieures, y compris françaises. Une « imprécision » centimètrique n’affecte pas le cheminement des véhicules mais la programmation des vecteurs balistiques.

Dans cette situation exceptionnellement grave, il existe des solutions (que je ne détaille pas ici pour des raisons évidentes de brièveté); celles-ci ont un coût. Pour redonner sa pleine capacité d’action la seule armée française, sur le continent européen, il en coûterait entre 120 et 150 milliards d’euros supplémentaires dans le cadre d’un avenant spécifique à la « cyberguerre » dans la LPM car c’est toute une industrie de conception et de fabrication nationale qu’il faut envisager de reconstruire pour mettre nos infrastructures stratégiques hors de portée des manipulations malveillantes voire des agressions pures et simples.

Les signataires du TSCG ont-ils la pleine conscience qu'en le ratifiant, ils tirent un trait quasi définitif sur la possibilité que l’armée française puisse assurer la défense des citoyens et du territoire, en privant le budget de la France de la marge de manœuvre nécessaire à la mise en œuvre d’un grand projet national de défense ; je n’en suis pas persuadé.

C’est pourquoi je sollicite de votre bienveillance de considérer avec la plus grande attention l’impact du TSCG sur les nécessités de Défense Nationale et de prendre de temps de vous assurer en quoi il met en cause - ou non - l'exécution de cette fonction régalienne, sachant que, selon les spécialistes, la LPM 2009-2014 (consécutive au Libre Blanc de 2008) souffre dès à présent d’un défaut de couverture de 30% à périmètre constant (qui ne sera pas respecté selon toute vraisemblance). Voici ce qui représente le véritable enjeu de la défense de nos libertés à l’orée d’une impuissance définitive à assurer la sauvegarde de ce qui constitue l’idéal de deux siècles de démocratie selon la conception française, aussi imparfaite et perfectible soit-elle - chaque citoyen travaillant à son amélioration selon ses moyens. 

Je crois, à l’instar de millions de français, qu’elle mérite de continuer à vivre dans l’indépendance. 

Qui garantira cette indépendance demain ? Personne ; des forces diminuées ?

Le voulons-nous ? Sommes-nous destinés à devenir les "tibétains" de l'occident, non pas pacifistes comme l'est un démocrate libre, mais comme des femmes et des hommes soumis à leur propre faiblesse ?

S’employer à parfaire une démocratie qui n’aura, bientôt, plus les moyens réels de défendre ses idéaux de Liberté, d’Égalité et de Fraternité s’avèrera une activité aussi vaine qu’illusoire. 

Combattre les préjugés implique de combattre sans relâche le premier d’entre-eux qui instille l’idée fautive que la démocratie serait, en France, par miracle (lequel ?), insensible à l'affaiblissement des forces dédiées à sa défense.

De ce point de vue la signature du TSCG, porte grande ouverte au renoncement à l'indépendance nationale, confine à l’abandon. Qui se remémorera à temps les errements budgétaires du ministères des armées d'alors, concernant la cavalerie (arme blindée) et l’aviation à la veille de la seconde guerre mondiale ?

L'histoire ne se répète pas, dit-on, en effet, la pseudo-raison technocratique remplacerait avantageusement la valse des cabinets et des égos d’hier, certes, mais tous les désastres - eux - finissent par se ressembler.


Je vous prie d’agréer, madame la Sénatrice, monsieur le Sénateur, l’expression de mes sentiments républicains les plus vifs.


Fait à Paris, le 9 octobre 2012
"mon patronyme"


Note : mon propos, loin d’être « inspiré » par un déclinisme mortifère, s’appuie sur des sources qui vont de la revue de l’IHEDN (Institut des Hautes Études de Défense Nationale) au rapport d'information N°680; réalisé par la commission de la défense nationale du Sénat et sur de très nombreuses autres lectures allant de Numerama aux publications du Laboratoire de Recherche sur la Défense de l'IFRI. Toute documentation dont je peux vous fournir les données bibliographiques précises. 

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