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Revenu de base

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Crevek
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Re: Revenu de base

Messagepar Crevek » ven. 27 avr. 2012, 16:38

Mistral a écrit :J'avais mal interprété la réponse de Crevek biffons donc :
Tout à fait d'accord avec ça. L'inflation est une sorte d'impôt sur le capital immobilisé. Cependant on a pu constater des effets très néfastes de l'inflation à outrance. Il y a un effet refuge sur l'immobilier et les matières premières et une réelle insécurité pour tout le monde. Ne pas savoir ce qu'on pourra acheter dans une semaine avec l'argent gagné la veille, ça n'est pas très réjouissant.
Certains pays l'ont pratiqués en temps de guerre (le plus généralement) donc il est difficile de comparer. Cependant on ne peut pas se réfugier sur l'inflation actuelle pour dire que ca ne sera pas pire. Là on est sur des seuils de l'ordre de 25% d'inflation : y a rien de comparable et rien ne garantis que ca se stabiliserait. A noter aussi que le mécanisme de création monétaire est critiqué pour deux raisons : certes il profite aux plus riches mais aussi il nécessite une croissance exponentielle. On ne peut pas se réfugier derrière cet argument, il faudrait une étude sérieuse sur le sujet avant de pouvoir avoir un avis sur la question


Oui, car la création monétaire est grandement dictée par les banques et par les ratio argent "écrit"/argent "vrai".

Donc il faut réinventer ces règles. L'argent devrais être créé pour des projets sociaux d'envergure (évitera de devoir emprunter aux banques privées). Et la création devrait suivre une logique froide en corrélation directe avec le nombre de personne vivante sur le sol et la fluidité de l'argent en circulation (éviter une panne du système).

Avec un tel système l'inflation serait contenue vu que la création monétaire serait contre balancée à la fois par la destruction & par l'accumulation des richesses par certains.

Par contre Crevek, tu dis qu'il n'y aura pas beaucoup d'inflation mais c'est difficile à croire que ça se stabilisera. Déjà rien que la mise en place du système impose quelque chose de 25% (c'est du jamais vu). Ensuite ça pourrait très bien garder ce seuil, sans étude pour le démontrer, on parle un peu dans le vent.


Je dis l'exact contraire. Que le système proposé risque d'entrainer une forte inflation.

stanjourdan
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Re: Revenu de base

Messagepar stanjourdan » sam. 28 avr. 2012, 17:10

Qu'est-ce que l'inflation ?

L'inflation est une augmentation générale des prix provoquée par une inadéquation entre l'offre et la demande.

L'inlation est très souvent un phénomène monétaire puisque c'est le seul moyen de provoquer une augmentation généralisée des prix.

Si un seul produit voit son prix augmenter, il sera compensé par la baisse du prix d'un autre produit, puisque le pouvoir d'achat reste constant. J'ai 100 à dépenser, si le prix du pain passe de 5€ à 10€ j'aurais 5€ de moins à dépenser donc il y aura moins de demande pour une confiture à 12€. Les marchands de confitures vont donc baisser leur prix pour s'adapter à une baisse de la demande.

C'est pareil avec le revenu de base : le revenu "en plus" pour les uns sera compensé par la baisse de pouvoir d'achat des autres (qui financeront par les taxes le RDB). Au niveau macro donc, on a un certain équilibre, du moins théorique. C'est vrai que les "pauvres" ont une propension marginale à consommer plus importante, donc une pression inflationniste est à prévoir

Cela dit, l'inflation n'est rien d'autre qu'un impôt sur le capital monétaire. Cela incitera ceux qui ont beaucoup de stock de monnaie à l'investir plutôt que de le laisser dormir sur un compte en banque ou dans des obligations du trésor. Ils devront investir dans l'économie réelle pour ne pas voir leur capital monétaire fondre.

Mais ce n'est pas tout. Il faut aussi bien comprendre qu'aujourd'hui, l'inflation est en grande partie masquée par la bulle immobilière qui faut augmenter le prix des loyers. Cette inflation non calculée par l'INSEE, est une conséquence directe du système bancaire et monétaire qui permet aux banques privées d'émettre des crédits immobiliers quasi illimités (par création monétaire) et ainsi alimenter la fuite en avant des prix immobiliers. Si l'on ne comprend pas ça, il est impossible de débattre sereinement de l'effet inflationniste ou non du RDB.

Mais revenons à nos moutons. L'inflation c'est une inadéquation offre/demande.

La question n'est donc pas tant de se demander si la circulation ou création de monnaie va augmenter (analyse quanti), mais de savoir où va cette monnaie (analyse qualitative) : vers qui ? Pour financer quoi ? Pour créer quelle valeur ajoutée ? Pour financer quelle offre et quelle demande ? C'est là toute la question !!!!

Or, le fondement du RDB est la reconnaissance que chaque individu est créateur de valeur. Le RDB ne doit pas être vu comme un coût mais bien comme un investissement dans le facteur humain. Toute la question est donc de savoir si les Hommes vont profiter du RDB pour créer de la valeur où s'ils vont simplement en profiter pour dépenser plus. Tout en sachant que des persones en bénévolat peuvent créer des richesses non marchandes, qui peuvent concurrence des produits payants par de la gratuité. Il convient donc de rester prudent sur les indicateurs utilisés par l'INSEE. Si demain on a 5% d'inflation mais que les artistes jouent le jeu de la gratuité (parce qu'ils ont le RDB), il se pourrait que l'on ait gagné bien plus que ce que l'inflation nous montre... Non ?

Il est là le vrai débat : est-ce que ça vaut le coup de faire confiance à nos concitoyens ou pas ? Ou bien est-ce que l'on préfère laisser aux banquiers le soin de gérer tout ça ???

A vous!

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Re: Revenu de base

Messagepar Mistral » dim. 29 avr. 2012, 14:18

On est d'accord que l'inflation ne pose pas de problème pour ceux qui gagnent hier ce qu'ils dépensent demain... sauf que cette situation n'existe en France que pour très peu de gens. Notre évolution dans l'échelle de Maslow a nécessité pour qu'on puisse avoir plus de confiance dans l'économie et un sentiment de sécurité plus grand qu'on puisse se dire qu'avec les 30€ économisés tous les mois, on puisse financer des études, une voiture, un ordinateur... Des besoins qui sont loin d'être "de base" pour beaucoup de gens mais qui sont nécessaire en raison de notre engagement progressiste et que nous nous devons de promouvoir.

Les salaires pourront suivre un coef d'augmentation tous les mois et le capital investi dans l'économie continuera de garder une valeur constante presque constante (fin de mois difficile à priori). Mais du moment où y aura un ralentissement quelconque, l'argent possédée à un instant T n'aura plus aucune valeure à T+1. Un ralentissement ça peut être plein d'évènements que ce soit au niveau macro ou micro économique : balance commerciale, chomage partiel, maladie, ...


Parler de la création monétaire ou de l'augmentation généralisé des prix, ok. Maintenant reste à voir le niveau d'inflation, les effets sur l'économie et notamment sur les plus pauvres. De s'imaginer que c'est les banques qui vont y perdre au change juste parce qu'on imagine que ca sera le cas, c'est mal connaitre la finance. Si l'inflation est grande, la spéculation n'ira pas moins bon train. L'histoire nous montre que rarement les plus pauvre y gagne à la dévaluation de la monnaie.


En définitive la solution peut être bonne comme elle peut être mauvaise. Sans être expert en économie, il est risqué à une étude chiffrée. Il est par contre évident que la solution demande une étude très complexe avant de pouvoir se dire si elle est valable ou non (dans la version où elle est présentée dans ces vidéos). Aurais-t-on le moyen d'obtenir une telle étude ?
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Re: Revenu de base

Messagepar stanjourdan » dim. 29 avr. 2012, 18:52

@Mistral : ce type d'étude ne peut pas exister car l'inflation dépend majoritairement du comportement des gens plus que de calculs économiques.

La seule chose que je puisse te dire est donc de raisonner logiquement. or, quand tu parles de "ralentissement" et de confiance, tu semble justement éluder le fait que le revenu de base est justement ce qui permet durablement d'instaurer la confiance dans un société : confiance dans l'avenir, confiance dans ses concitoyens.

Le revenu de base est donc économiquement une mesure qui nous prémunirait probablement des brusques ralentissements économiques que l'on connait depuis 200 ans.

Un peu de lecture pour prolonger sur l'inflation :
http://worthwhile.typepad.com/worthwhil ... llacy.html
http://www.tetedequenelle.fr/2011/12/re ... inflation/

Aussi, de toutes les expériences de revenu de base sur lesquelles je me suis penché, je n'ai jamais lu que l'inflation était un soucis.

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Re: Revenu de base

Messagepar Inso » dim. 29 avr. 2012, 19:28

A noter que l'inflation n'est pas vraiment un problème tant que c'est une inflation à 1 chiffre. Au contraire, elle incite à investir ses liquidités, et donc à innover, http://www.forbes.com/sites/timothylee/ ... ral-issue/

L'inflation n'est réelllement un problème que quand elle fait des "pics". Quand les acteurs économiques peuvent anticiper l'inflation, pas de problème.
Par contre, quand les états imprimaient des billets pour payer leurs fonctionnaires, ou quand les banques centrales prètent à une vitesse énorme pour sauver des banques... Et bien quand l'inflation fait un pic énorme derrière, ça provoque souvent une crise.
- Les prix se retrouvent faussés, le temps que la monnaie en surplus se diffuse dans l'économie
- La monnaie se dévaluant trop rapidement, les acteurs vont vouloir s'en débarrasser... Ils vont acheter de l'or etc... Et ce sont les plus pauvres qui se retrouveront avec des tonnes de liquidités sans valeur. D'ailleurs, en ce moment, que se passe-t-il ? Une montée en puissance des acheteurs d'or ! :)

Et il y a encore plein d'autres effets très mauvais, mais à mon sens, ce n'est que si elle n'est pas maitrisée !

Un argument de plus en faveur du DU...

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Re: Revenu de base

Messagepar Commodore » mer. 02 mai 2012, 00:11

Bonjour à tous,

j'arrive tardivement dans le débat qui est à la fois extrêmement riche et intéressant, mais je viens moi même d'arriver sur ce forum et dans le PP.

La première chose amusante que je note par rapport à cette idée de revenu universel est qu'elle n'a pas d'appartenance partisane, dans le sens où on la rencontre, par exemple, à la fois chez certains libéraux comme chez des socialistes. Il ne devrait pas y avoir de biais idéologique sur cette question, donc :D

Personnellement, je l'ai rencontrée il y a un moment déjà dans Capitalism & Freedom (1962 quand même) de Friedman où il expose très bien l'idée qui est avant toute chose une mesure de lutte contre la pauvreté, et qui se substituerait alors à la charité dans l'approche libérale voire libertarienne.

Si la fin de la pauvreté est le but avoué, ce n'est pas le seul. En outre, il s'agit non seulement de mettre fin à la pauvreté, mais selon une modalité qui 1/ préservera au maximum les libertés de chacun (la raison pour laquelle on parle de revenu en monnaie plutôt qu'en nature, il me semble que l'argument a été évoqué dans la thread, en voici une réponse) et qui 2/ introduirait le moins de biais négatifs pour le bon fonctionnement de l'économie. Ce que l'on entend par biais implique toutes les distorsions qu’entraînent les autres modalités de redistribution que l'on connaît (taxes, subventions, etc). Du coup, il indique que c'est un système qui serait parfaitement cohérent avec un impôt sur le revenu proportionnel (même taux pour tous, donc).

Naturellement, la mise en place d'un tel système implique la fin de toutes (ou presque toutes) les autres formes d'aide sociale (dans l'approche de Friedman, après on peut toujours en discuter, mais la logique reste que l'allocation est suffisante pour couvrir les divers besoins), de la sécurité sociale à l'assurance maladie, en passant par l'éducation ou l'existence d'un salaire minimum.

Je parlais à l'instant de biais, et celui qui reste peut être le plus important est celui de l'incitation, ou au contraire, de la désincitation au travail qu'une telle allocation universelle pourrait avoir. L'idée est plutôt simple : si on gagne plus en ne faisant rien (avec l'allocation) qu'en travaillant (sans l'allocation), il devient clairement inintéressant de travailler, et c'est l'édifice entier de la société qui s'écroule puisque les moyens de financement ne sont plus réunis.

Du coup, Friedman propose non pas d'allocation universelle mais un impôt négatif comme suit :

S'il estime que le revenu minimum doive être de X euros par mois, tout euro gagné inférieur à X n'est pas taxé, jusqu'à ce que X soit atteint. A l'inverse quelqu'un qui n'obtiendrait pas les X euros dans le mois recevrait une subvention (ou taxe négative) de l'Etat à hauteur d'un pourcentage de la différence entre X et les gains mensuels. Le pourcentage sert naturellement à s'assurer qu'il soit quand même toujours préférable d'avoir une activité productive plutôt que pas.

Un dernier point concerne le mode de financement d'une telle mesure. Autant je suis très intéressé par une telle mesure qui mériterait au moins d'être expérimentée, autant je crois que l'idée de la financer avec une politique monétaire laxiste est parfaitement inconséquente. Il n'y a pas de doute, ce serait inflationniste, et d'autant plus inflationniste que la mesure serait durable. C'est mécanique. L'inflation (surtout ses variations) introduit de profondes distorsions dans l'économie en ce qu'elle change le contexte des relations contractuelles pour de nombreux agents économiques. En d'autres termes, elle peut être sources de problèmes d'investissement et de financement.

Du coup, il ne me semble pas raisonnable de poursuivre un tel objectif. A contrario, le financement par l'impôt semble être le plus réaliste. Friedman, pour le citer encore, suggère que la mesure coûterait bien moins cher que la somme de toutes les aides sociales. Je crois fermement que ce serait la piste à explorer.

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raukoras
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Re: Revenu de base

Messagepar raukoras » mer. 02 mai 2012, 09:28

Commodore a écrit :Bonjour à tous,

j'arrive tardivement dans le débat qui est à la fois extrêmement riche et intéressant, mais je viens moi même d'arriver sur ce forum et dans le PP.

Et je t'aime déjà :)

Commodore a écrit :Naturellement, la mise en place d'un tel système implique la fin de toutes (ou presque toutes) les autres formes d'aide sociale (dans l'approche de Friedman, après on peut toujours en discuter, mais la logique reste que l'allocation est suffisante pour couvrir les divers besoins), de la sécurité sociale à l'assurance maladie, en passant par l'éducation ou l'existence d'un salaire minimum.

Je reformule ta phrase :
La mise en place d'un tel système suppose la fin du modèle social à la française.
Finies les IRM, chimiothérapies, écoles, SMIC, etc. payés par l'Etat.

Celui-ci va vous verser une allocation fixe chaque mois, et à vous de vous débrouiller pour tout payer.
Si vous êtes en bonne santé, tant mieux.
Si vous avez besoin d'une IRM, ça va vous couter 2 ans de votre revenu de base (400€ de revenu par mois, IRM à 10 000€).



Commodore a écrit :Je parlais à l'instant de biais, et celui qui reste peut être le plus important est celui de l'incitation, ou au contraire, de la désincitation au travail qu'une telle allocation universelle pourrait avoir. L'idée est plutôt simple : si on gagne plus en ne faisant rien (avec l'allocation) qu'en travaillant (sans l'allocation), il devient clairement inintéressant de travailler, et c'est l'édifice entier de la société qui s'écroule puisque les moyens de financement ne sont plus réunis.

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Commodore a écrit :Du coup, Friedman propose non pas d'allocation universelle mais un impôt négatif comme suit :

S'il estime que le revenu minimum doive être de X euros par mois, tout euro gagné inférieur à X n'est pas taxé, jusqu'à ce que X soit atteint. A l'inverse quelqu'un qui n'obtiendrait pas les X euros dans le mois recevrait une subvention (ou taxe négative) de l'Etat à hauteur d'un pourcentage de la différence entre X et les gains mensuels. Le pourcentage sert naturellement à s'assurer qu'il soit quand même toujours préférable d'avoir une activité productive plutôt que pas.
[/quote][/quote]

Barème de l’impôt sur le revenu 2012 :
0% d'imposition jusqu'à 497€ par part et par mois (on est déjà mieux que les 400€ proposés en redistribution)

Et en revenu de base, on a le RSA à 474€ par mois, ce qui est aussi supérieur au revenu de base proposé à 400€. (et sans compter la CMU derrière).

Bref, actuellement on a déjà mieux en France que ce qui est proposé comme revenu de base (je reconnait néanmoins que les délais de traitement du RSA devraient être améliorés, mais là c'est un problème général à l’administration).

Donc je ne vois vraiment pas pourquoi il faudrait mettre les "pauvres" encore plus dans la mouise (disparition de l'école gratuite, de la Sécu, du chômage, etc. ) pour le simple plaisir de mettre en place un système "égalitaire".
Des fois, les inégalités de reversement sont plus efficaces.

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Re: Revenu de base

Messagepar Commodore » mer. 02 mai 2012, 10:24

En faisant fi des problèmes administratifs (nombreux) cités ci-dessus, il ne me semble pas absurde de considérer le RSA comme une telle allocation. La suggestion me semble bonne.

Pour autant, force est de constater qu'il est bien loin de mettre fin au problème de la pauvreté dans notre pays, et en ce sens, il échoue à sa principale tâche. Si l'on retient le modèle français, il faut aussi reconnaître la présence de fameuses distorsions dont je parlais plus haut.

Je n'ai cité aucun chiffre dans mon petit texte, à dessein. La réflexion est encore de l'ordre du théorique. Pour autant, on retrouve diverses propositions à priori sérieuses qui s'éloignent significativement du niveau du RSA.
Dans l'un des liens vers wikipedia que l'on trouve dans ce thread, on trouve en particulier les deux idées quantitatives suivantes :

Yann Moulier-Boutang (économiste français, ancien adhérent chez les verts) : il proposerait un revenu universel proche du salaire minimum.
Jacques Marseille (ancien économiste français, considéré proche des libéraux) : il proposerait un revenu universel de 375 € de 0 à 18 ans et 750 € à partir de 18 ans

Je crois qu'à partir de ces exemples, la question qui mérite d'être posée est bien de savoir si avec un tel revenu, il est possible de vivre. Dit autrement, est-ce qu'il serait possible à un célibataire touchant 750 euros par mois de se loger, se nourrir, s'assurer pour divers risques (logement, santé) ? La réponse me semble plutôt positive, sans aucune forme d'abondance, on est d'accord. Est-ce aussi le cas pour un couple avec deux enfants jeunes pour 375*2+750*2=2250 euros? Là encore, il faudrait répondre de manière plus sérieuse, mais sans être dans l'abondance, ça ne semble pas hors de portée non plus.
La difficulté serait forcement pour les fameuses mères solitaires avec enfants à charge, mais pour deux enfants, par exemple, 1500 euros permettrait quand même de faire pas mal de choses (et on peut parfaitement imaginer un filet de sécurité pour les cas exceptionnels face à la scolarisation de ces enfants, par exemple).

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Re: Revenu de base

Messagepar Gautier » mer. 02 mai 2012, 10:51

La proposition de Marseille est aussi l'approche qui me semble la plus favorable ! Dans notre coût de vie actuel un RU aux alentours de 75% du salaire minimum serait un bon compromis. Une formule de taxation fonctionnant par rapport à un revenu médian serait de toutes façons bien plus propre et simple d'usage que l'actuel système de palier, totalement arbitraire et absurde.

Il va de soit que le coût du travail pourrait être réduit en conséquence, nous pourrions envisager une baisse des salaires dans toute la société, jusqu'à 50% je dirais. Pour le financement nous aurions besoin de savoir ce que coûte l'ensemble du système social et de redistribution dans ce pays à l'heure actuelle et ce au sens large : quand l'Elysée oblige Areva à acheter pour 2 milliards d'euros un terrain en valant le dixième de la valeur, c'est tout autant une redistribution d'argent public que les retraites.

Le RSA ne peut pas être considéré comme un RU : son attribution est réservée à une minorité de la population et la somme n'est même pas suffisante pour vivre.

Vous partez du postulat de base de l'individu célibataire sans enfant, j'y réponds que ce choix de vie est un " luxe " ( dont j'ai moi-même profité quelques années je précise !) mais n'a pas à vocation d'être le mode de vie encouragé par la société je crois : c'est le mode de vie le plus polluant qui soit. En fait quand je pense à cette situation je ne peux pas m'empêcher de penser à l'organisation des logements universitaires qui à mon avis sont une piste à explorer pour cette catégorie de population et permettent de rationaliser nombre de dépenses... tout en créant du tissu social très positif pour les vies

Par contre je pense que l'accès aux soins n'a pas à entrer en compte dans l'équation : l'accès gratuit aux meilleurs soins médicaux possibles est un devoir d'une nation envers ses citoyens, qui à mon sens n'a rien à voir avec les aides sociales. Nous ne pouvons pas être égaux devant la maladie, et on ne peut pas accuser quelqu'un en chimiothérapie d'être un parasite abusant du système, je doute que qui que ce soit aimerait être à sa place. Malgré un blocus économique d'un demi-siècle un pays très pauvre ( Cuba) est parvenu à construire un tel système de santé pour sa population... et une France nettement plus pauvre qu'aujourd'hui y était arrivée aussi.
Les dépenses pourraient être très efficacement réduites par la suppression des politiques absurdes handicapant aujourd'hui l'hôpital public, tel que le délais maximal de présence qui force les établissements à payer un aller-retour en ambulance à leurs malades long séjour toutes les semaines, tel que les prescriptions abusives d'analyses et traitements que les cliniques privées ( dont l'existence même est une aberration pour moi) font en masse, ou enfin la fin du système actuel de brevet sur les médicaments... voilà pour la parenthèse sur la santé publique.

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Re: Revenu de base

Messagepar Inso » mer. 02 mai 2012, 11:04

Commodore a écrit :Un dernier point concerne le mode de financement d'une telle mesure. Autant je suis très intéressé par une telle mesure qui mériterait au moins d'être expérimentée, autant je crois que l'idée de la financer avec une politique monétaire laxiste est parfaitement inconséquente. Il n'y a pas de doute, ce serait inflationniste, et d'autant plus inflationniste que la mesure serait durable. C'est mécanique. L'inflation (surtout ses variations) introduit de profondes distorsions dans l'économie en ce qu'elle change le contexte des relations contractuelles pour de nombreux agents économiques. En d'autres termes, elle peut être sources de problèmes d'investissement et de financement.


Personne ne parle d'une politique monétaire laxiste ici !

Dans notre système monétaire actuel, effectivement, il faudrait passer par l'impôt.

Mais dans un système monétaire à Dividende Universel, plus besoin. Et c'est bien de celui là qu'on parle dans "création monétaire orientée revenu de base". Dans un tel système, l'inflation est calculée et définie démocratiquement (5-10%), elle est fixe, et donc les acteurs économiques l'anticipent. Elle n'est alors pas plus dérangeante que ça.

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Re: Revenu de base

Messagepar Commodore » mer. 02 mai 2012, 11:17

Gautier a écrit :La proposition de Marseille est aussi l'approche qui me semble la plus favorable ! Dans notre coût de vie actuel un RU aux alentours de 75% du salaire minimum serait un bon compromis. Une formule de taxation fonctionnant par rapport à un revenu médian serait de toutes façons bien plus propre et simple d'usage que l'actuel système de palier, totalement arbitraire et absurde.


Je ne puis qu'être d'accord avec ceci

Gautier a écrit :Il va de soit que le coût du travail pourrait être réduit en conséquence, nous pourrions envisager une baisse des salaires dans toute la société, jusqu'à 50% je dirais. Pour le financement nous aurions besoin de savoir ce que coûte l'ensemble du système social et de redistribution dans ce pays à l'heure actuelle et ce au sens large : quand l'Elysée oblige Areva à acheter pour 2 milliards d'euros un terrain en valant le dixième de la valeur, c'est tout autant une redistribution d'argent public que les retraites.


De quels salaires parlez-vous? Si c'est du salaire minimum, on se rejoint plutôt, sinon de manière partielle. Un revenu universel est tel que toute restriction sur les salaires devient absurde. Ca aurait en plus l'avantage de beaucoup fluidifier le marché du travail, en supprimant toutes les entraves à son bon fonctionnement.

Gautier a écrit :Le RSA ne peut pas être considéré comme un RU : son attribution est réservée à une minorité de la population et la somme n'est même pas suffisante pour vivre.


Je l'ai associé à un revenu universel dans le sens où c'est, en général, le revenu minimum auquel on peut prétendre aujourd'hui en France. On est d'accord sur le fait qu'il n'est ni universel, ni suffisant.

Gautier a écrit :Vous partez du postulat de base de l'individu célibataire sans enfant, j'y réponds que ce choix de vie est un " luxe " ( dont j'ai moi-même profité quelques années je précise !) mais n'a pas à vocation d'être le mode de vie encouragé par la société je crois : c'est le mode de vie le plus polluant qui soit. En fait quand je pense à cette situation je ne peux pas m'empêcher de penser à l'organisation des logements universitaires qui à mon avis sont une piste à explorer pour cette catégorie de population et permettent de rationaliser nombre de dépenses... tout en créant du tissu social très positif pour les vies


J'ai pris l'exemple du célibataire comme j'ai pris celui du couple avec deux enfants, ou celui du parent isolé. Il n'y a pas de biais idéologique sur la famille ici. Seulement l'idée que chacun a le droit de choisir librement sa situation familiale. Avoir le maximum de liberté est au coeur de mes préoccupations. Parfois, il est bon de laissez-faire, parfois non. Les mots ici employés sont durs et probablement mal choisis. En quoi le célibat est-il une pollution (quel effet externe négatif, sur qui)? Pire, en quoi il faudrait les "parquer"? Un tel jugement me semble potentiellement dangereux, il nous entraînerait sur une voie très glissante (après, on peut tout à fait ouvrir un autre post sur la politique familiale).

Gautier a écrit :Par contre je pense que l'accès aux soins n'a pas à entrer en compte dans l'équation : l'accès gratuit aux meilleurs soins médicaux possibles est un devoir d'une nation envers ses citoyens, qui à mon sens n'a rien à voir avec les aides sociales. Nous ne pouvons pas être égaux devant la maladie, et on ne peut pas accuser quelqu'un en chimiothérapie d'être un parasite abusant du système, je doute que qui que ce soit aimerait être à sa place. Malgré un blocus économique d'un demi-siècle un pays très pauvre ( Cuba) est parvenu à construire un tel système de santé pour sa population... et une France nettement plus pauvre qu'aujourd'hui y était arrivée aussi.
Les dépenses pourraient être très efficacement réduites par la suppression des politiques absurdes handicapant aujourd'hui l'hôpital public, tel que le délais maximal de présence qui force les établissements à payer un aller-retour en ambulance à leurs malades long séjour toutes les semaines, tel que les prescriptions abusives d'analyses et traitements que les cliniques privées ( dont l'existence même est une aberration pour moi) font en masse, ou enfin la fin du système actuel de brevet sur les médicaments... voilà pour la parenthèse sur la santé publique.


J'ai eu toujours beaucoup de mal avec l'économie de la santé qui n'est pas ma spécialité. Les écueils sont toujours les mêmes quand on considère un type d'industrie: efficacité du marché (et forcement compartimentation de l'offre de service de santé...) vs administration publique et ses dérives bureaucratiques. Dans ce cas particulier, les choses ne sont pas simples puisque l'on parle directement de la vie de personnes. Je reconnais humblement ne pas avoir de réponse sachant que dans un monde idéal, une couverture universelle mais efficace serait le but recherché.

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Re: Revenu de base

Messagepar Gautier » mer. 02 mai 2012, 11:22

Attention je ne porte pas de jugement moral contre les célibataires, les gens sont libres de vivre comme ils l'entendent je ne suis pas une politique familiale forcée ^^
Je considère que la vie en célibataire est la plus polluante car elle implique un logement chauffé et entretenu pour un seul individu, la consommation de ressources de manière non optimisée, notamment pour la nourriture, l'eau et l'énergie etc... je ne dis pas que c'est mal ou bien.
Et j'étais loin de l'idée de parquer les gens, plutôt de proposer un type de logement à un prix qui peut être payé par un RU.

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Re: Revenu de base

Messagepar raukoras » mer. 02 mai 2012, 11:27

Budget de l'Etat pour 2012 : 220 milliards d'€ (en gros)

Retraite : 6,6 milliards €
Santé 1,3 milliard €

A ça tu rajoutes la loi de financement de la Sécu, qui pour 2012 prévoit :
- 456 milliards de dépenses
- 450 milliards de recettes

Donc, en gros, 465 milliards d'€ de dépenses "sociales" (la moitié étant les retraites, un tiers la santé, le reste pour la CAF).

Un RU à 900€ par majeur/mois couterait à l'Etat 432 milliards d'€.

Il n'y a donc pas de miracle :
- soit on regroupe les dépenses sociales sous la forme du RU, ce qui va être critique à plus d'un point (nécessité d'économiser fortement pendant la "vie active" pour préparer la retraite et les soins de santé afférents)
- soit on augmente les prélèvements, ce qui va achever de tuer l'économie.

Dans un tel système, l'inflation est calculée et définie démocratiquement (5-10%), elle est fixe, et donc les acteurs économiques l'anticipent. Elle n'est alors pas plus dérangeante que ça.

Et comment une entreprise française va faire pour exporter un produit, s'il prend 10% tous les ans ?
L'économie est mondialisée, c'est une donnée qu'il faut obligatoirement intégrer.

Par contre je pense que l'accès aux soins n'a pas à entrer en compte dans l'équation

La masse monétaire disponible n'étant pas extensible, il faut prendre en compte tous les éléments.
Si on exclut les dépenses de santé (180 milliards pour 2012), c'est autant d'argent qui ne sera pas disponible pour financer le RU.

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Commodore
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Re: Revenu de base

Messagepar Commodore » mer. 02 mai 2012, 11:39

Gautier a écrit :Attention je ne porte pas de jugement moral contre les célibataires, les gens sont libres de vivre comme ils l'entendent je ne suis pas une politique familiale forcée ^^
Je considère que la vie en célibataire est la plus polluante car elle implique un logement chauffé et entretenu pour un seul individu, la consommation de ressources de manière non optimisée, notamment pour la nourriture, l'eau et l'énergie etc... je ne dis pas que c'est mal ou bien.
Et j'étais loin de l'idée de parquer les gens, plutôt de proposer un type de logement à un prix qui peut être payé par un RU.


J'avais mal saisi le terme de pollution alors, mes excuses.

Après, je ne suis pourtant pas certain que ce que vous dites soit exact. Il faudrait de toute façon des données chiffrées pour pouvoir en discuter sérieusement. Je n'en ai pas directement, hélas. Pour autant, concernant le chauffage, un célibataire n'habite-t-il pas, en moyenne, une surface plus petite que les foyers plus nombreux? Quid de l'eau: devrait-il en consommer plus, par tête, que s'il avait une femme et deux enfants? Je n'en suis pas certain du tout. J'ajoute que quand bien même ce fût le cas, il supporterait un coût associé à cette "sur-consommation", seul.

Quoi qu'il en soit, on s'écarte du sujet :)

Il n'y a donc pas de miracle :
- soit on regroupe les dépenses sociales sous la forme du RU, ce qui va être critique à plus d'un point (nécessité d'économiser fortement pendant la "vie active" pour préparer la retraite et les soins de santé afférents)
- soit on augmente les prélèvements, ce qui va achever de tuer l'économie.


L'idée du revenu universel, tel que je l'ai comprise est bien de se substituer aux autres formes distorsives de dépenses sociales. Pour autant, tout ce qui est aide à l'emploi (et allocation chômage) n'est pas pris en compte dans votre calcul, raukoras, ce qui me fait penser qu'un revenu universel (pourquoi pas 900 euros par adulte) serait sans aucun doute moins couteux que toutes les dépenses sociales de l'Etat.

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Gautier
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Re: Revenu de base

Messagepar Gautier » mer. 02 mai 2012, 11:51

Raukoras : quid du RSA, des allocations familiales, des indemnités chômage, ... etc ?

Moins de 7 milliards par an pour les retraites, cela me semble bizarrement bas d'ailleurs, j'ai comme le sentiment que cela ne prend pas tout en compte.

EDIT facétieux : et si on pouvait aussi prendre en compte les autres redistributions d'argent public, comme les contrats signés entre amis en tous sens sans le moindre appel d'offre réel, l'usage de l'argent du contribuable pour financer les sondages et études de terrain du parti au pouvoir, les intérêts de la dette, les généreuses subventions versées aux associations des copains, les membres du Conseil Economique et Social... je sais je suis taquin.


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