Bienvenue sur les archives forum du Parti Pirate


Le Parti Pirate refond complètement son forum et a migré vers un outil plus moderne et performant, Discourse !
Retrouvez nous ici : https://discourse.partipirate.org

Le Parti Pirate et les Sex workers

Service Public, Industrie, Entreprises, ESS...
Avatar de l’utilisateur
Numero6
Pirate
Messages : 226
Inscription : lun. 29 oct. 2012, 01:17
Clé Publique GPG/PGP : http://pgp.mit.edu:11371/pks/lookup?sea ... 0&op=index

Re: Le Parti Pirate et les Sex workers

Messagepar Numero6 » sam. 07 sept. 2013, 16:42

nalaf a écrit :Je crois que le délit de racolage a été supprimé au fait.

Pas encore, comme on peut le lire là : http://www.senat.fr/dossier-legislatif/ppl12-003.html
c'est en attente de 1er lecture à l'Assemblée Nationale
"Toute analyse est une déstructuration, toute synthèse est une restructuration." Alfred Korzybski

Avatar de l’utilisateur
nalaf
Pirate
Messages : 246
Inscription : mar. 11 juin 2013, 11:03

Re: Le Parti Pirate et les Sex workers

Messagepar nalaf » sam. 07 sept. 2013, 17:52


Avatar de l’utilisateur
OSB
Loup de mer
Messages : 624
Inscription : lun. 26 mars 2012, 16:16
Localisation : Paris 13eme

Re: Le Parti Pirate et les Sex workers

Messagepar OSB » sam. 07 sept. 2013, 17:57

Merci à tous d'avoir lu mon article, et pour vos réactions qui m'évitent d'avoir à réexpliquer les choses...
Pas trop étonné par les arguties juridiques de Numéro6 qui s'inscrivent sans surprise dans le courant conservateur du PP. Il n'est nullement question de revenir sur l'article cité du code pénal qui permet déjà de lutter contre la traite. Notre proposition ne contredit pas du tout cette lutte, bien au contraire, dans la mesure où les TDS disposeront d'un statut légal, les victimes de ces réseaux qui pour leur part n'en disposeront pas seront plus aisément identifiables, et ceux qui les exploitent plus facilement confondus.
Et comme l'a très bien rappelé Paul, les parcours de formation sont nécessaires dans la société en général. Ces parcours doivent être ouverts à toutes et à tous, et en premier lieu à ceux qui souffrent de leur activité, quelle qu'en soit la nature. Je suis tout-à-fait contre le fait de lier cette question à celle du travail sexuel dans la mesure où cela participerait d'une condamnation morale implicite, et de la volonté exprimée que les travailleurs sexuels fassent autre chose.
C'est très bien que les TDS aient le choix de changer d'activité, mais ce n'est pas cela que nous devons mettre en avant, mais bien le droit qu'ils ont de pratiquer le travail sexuel qu'ils ont choisi lorsque tel est le cas.

[edit]
Comme je l'ai indiqué dans l'article publié sur le site du PP, http://www.partipirate.org/spip.php?article376 le délit de racolage a fait l'objet d'une proposition de loi de Mme Benbassa d'EELV adoptée au sénat, mais les députés doivent se prononcer pour que cela soit effectif. Ce n'est pas encore le cas et les journalistes sont allés un peu trop vite dans leur présentation des faits.
Concrètement la loi qui se prépare confirmera sans doute cette abrogation pour tenter de faire passer la pénalisation des clients.

DELETE_USER_1345

Re: Le Parti Pirate et les Sex workers

Messagepar DELETE_USER_1345 » dim. 08 sept. 2013, 10:17

J'ai 2 questions encore à ce sujet:

1ère question - En 2001 ou 2002, Lionel Jospin (PS) voulait abaisser l'âge légal de la majorité de 18 ans à 16 ans: ainsi, selon votre projet de loi, la prostitution pourrait devenir légale pour des mineurs de 16 ans, alors qu'a priori c'est un âge très jeune (donc c'est sûr qu'il faudrait un âge minimum). Mais avec ce genre de loi qui légaliserait la prostitution, l'Etat dirait: "cela ne nous regarde pas, nous ne protégeons pas cette population, car désormais ils sont majeurs à 16 ans" - et cela vous semblerait normal "humainement"?

2ème question - Si un homme marié va désormais voir les services d'une travailleuse du sexe, est-ce que sa femme pourra utiliser la facture établie comme motif de divorce, étant donné que cela établit la preuve officielle d'un adultère? est-ce que les travailleuses du sexe pourront avoir le droit d'établir des témoignages dans des cas de divorce pour attester qu'elles ont été contactées par des hommes mariés? s'il doit y avoir de la transparence, alors il faut que ce soit dans les 2 sens: si les travailleurs du sexe exigent d'être reconnus, il faut aussi qu'ils acceptent que leur travail puisse servir à identifier les maris/femmes malhonnêtes.

Quel est votre avis?

Avatar de l’utilisateur
dworkin
Loup de mer
Messages : 756
Inscription : mar. 20 sept. 2011, 19:50
Localisation : Montpellier
Contact :

Re: Le Parti Pirate et les Sex workers

Messagepar dworkin » dim. 08 sept. 2013, 10:55

Pour la première partie je vais m'abstenir de répondre, vu que comme indiqué plus haut, j'émet moi même des réserves sur l'idée que le choix de l'individu soit suffisant pour tout lui autoriser.
Pour la deuxième partie, il me semble qu'au PP, peu de gens sont pour l'idée que l'adultère doive être un motif de divorce (c'est aussi une question un peu compliqué d'ailleurs, mais elle n'a rien à voir avec celle la).
Only one thing is impossible for God: To find any sense in any copyright law on the planet.
Mark Twain

Avatar de l’utilisateur
nalaf
Pirate
Messages : 246
Inscription : mar. 11 juin 2013, 11:03

Re: Le Parti Pirate et les Sex workers

Messagepar nalaf » dim. 08 sept. 2013, 11:01

Pour la 1ere question, l'encadrement de la pratique professionnelle peut aussi signifier un âge minimal, ce ne serait pas le seul métier dans ce cas. Pour le second cas, je ne vois pas d'où vient l'affirmation de dworkin sur l'adultère, qui constitue clairement une rupture de la promesse de fidélité, c'est à voir avec les conditions de mariage qu'on pourrait fixer éventuellement, mais encore faut il qu'il y ait une facture.

Avatar de l’utilisateur
cmal
Loup de mer
Messages : 707
Inscription : ven. 04 févr. 2011, 01:08
Clé Publique GPG/PGP : http://www.cmal.info/public.asc
Localisation : http://www.cmal.info
Contact :

Re: Le Parti Pirate et les Sex workers

Messagepar cmal » dim. 08 sept. 2013, 11:29

Là on arrive sur des questions dont nous n'avons jamais débattu auparavant, et je te prie donc de noter que ce qui suit ne reflète que mes opinions personnelles. Toutefois, ces questions sont extrêmement intéressantes et je te remercie de les avoir soulevées.

Klea a écrit :1ère questionselon votre projet de loi, la prostitution pourrait devenir légale pour des mineurs de 16 ans

La question est délicate, et il faut bien faire attention à ne pas tomber dans l'hypocrisie. Par exemple, si on estime qu'une personne est légalement responsable de ses actes et qu'elle est apte à voter pour décider de l'avenir de la nation, au nom de quoi lui interdirait-on des pratiques autorisées à d'autres ?

Maintenant, il faut bien distinguer l'âge minimal pour voter et l'âge de la majorité. Il est tout à fait normal de définir un âge minimal pour certaines choses, typiquement la responsabilité légale, la consommation de substances psychotropes (alcool, tabac…), etc… Si on est tous d'accord pour abaisser voire abolir l'âge minimal requis pour voter, je pense que nous serons également tous d'accord pour conserver un âge minimal pour les autres choses que j'ai pu citer.

Par contre, il faut bien faire attention à ne pas créer de distinction moralisatrice entre le travail du sexe et un autre travail. Si on autorise le travail à 16 ans pour tous les autres métiers, pourquoi pas pour ceux du sexe ? Pour que cela soit clair, je pense au contraire qu'il faut changer fondamentalement notre système éducatif pour permettre à tous les humains dans leur diversité de pouvoir suivre un enseignement qui leur soit adapté, au lieu de les encourager à travailler de plus en plus jeunes.

Klea a écrit :2ème question - Si un homme marié va désormais voir les services d'une travailleuse du sexe, est-ce que sa femme pourra utiliser la facture établie comme motif de divorce

Je pense que tu prends le problème à l'envers. Si des individus veulent divorcer, pourquoi exiger un motif ? Dès lors, la question ne se pose pas, et on évite encore une fois de rentrer dans des conceptions moralisatrices monoamoureuses.
Par ailleurs, je t'encourage vivement à employer des formules neutres, considérant que le mariage est désormais ouvert aux personnes homosexuelles \o/
.a'u coi. mi'e cmal.

Avatar de l’utilisateur
gna
Capitaine pirate
Messages : 1624
Inscription : jeu. 31 mai 2012, 09:36
Localisation : 13

Re: Le Parti Pirate et les Sex workers

Messagepar gna » dim. 08 sept. 2013, 12:03

Je reviens sur la question de l'age travailler à partir de 16ans et une chose (parce que de toutes façon il n'y a pas le choix autre que de travailler avec ses mains) pour un métier ou c'est le corps entier qui est "mis en œuvre" la limite d'age devrait être celui de la fin de la croissance ......
gna

Avatar de l’utilisateur
nalaf
Pirate
Messages : 246
Inscription : mar. 11 juin 2013, 11:03

Re: Le Parti Pirate et les Sex workers

Messagepar nalaf » dim. 08 sept. 2013, 13:05

gna a écrit :Je reviens sur la question de l'age travailler à partir de 16ans et une chose (parce que de toutes façon il n'y a pas le choix autre que de travailler avec ses mains) pour un métier ou c'est le corps entier qui est "mis en œuvre" la limite d'age devrait être celui de la fin de la croissance ......


Lol...en usine, tu travailles avec tout ton corps.

Avatar de l’utilisateur
gna
Capitaine pirate
Messages : 1624
Inscription : jeu. 31 mai 2012, 09:36
Localisation : 13

Re: Le Parti Pirate et les Sex workers

Messagepar gna » dim. 08 sept. 2013, 14:51

nalaf a écrit :
gna a écrit :Je reviens sur la question de l'age travailler à partir de 16ans et une chose (parce que de toutes façon il n'y a pas le choix autre que de travailler avec ses mains) pour un métier ou c'est le corps entier qui est "mis en œuvre" la limite d'age devrait être celui de la fin de la croissance ......


Lol...en usine, tu travailles avec tout ton corps.



désolé de pas avoir trouvé l'expression/mot juste :lol:,
mais quand j'ai commencé à travailler ( j'avais 16 ans et pas en usine ) je travaillais toujours plus ou moins sous la responsabilité d'un "adulte" et même plus tard je n'ai pu prendre de vraies responsabilités qu'une fois que j'ai fait la preuve de mes capacités, chose totalement impossible pour celle ou celui qui choisirait le métier de prostitué, de plus je n’étais que salarié, se prostituer serait exercer un métier indépendant donc avec des contraintes administratives etc.
je pense qu'il faut aussi une certaine force morale et là aussi on ne l’acquiers qu'avec la maturité de l'âge.
gna

Avatar de l’utilisateur
nalaf
Pirate
Messages : 246
Inscription : mar. 11 juin 2013, 11:03

Re: Le Parti Pirate et les Sex workers

Messagepar nalaf » dim. 08 sept. 2013, 22:13

D'où l'intérêt de la maison close, où ce genre de responsabilité peut être assumé. Après on me rétorquera qu'il y a un risque de soumission à un proxénète. Mais un patron d'entreprise, ça n'a jamais été rien d'autre.

Avatar de l’utilisateur
cmal
Loup de mer
Messages : 707
Inscription : ven. 04 févr. 2011, 01:08
Clé Publique GPG/PGP : http://www.cmal.info/public.asc
Localisation : http://www.cmal.info
Contact :

Re: Le Parti Pirate et les Sex workers

Messagepar cmal » dim. 08 sept. 2013, 22:47

gna a écrit :une certaine force morale et là aussi on ne l’acquiers qu'avec la maturité de l'âge.

Qu'appelles-tu forces morale ? Dans tous les cas, je pense que c'est totalement illusoire de penser que l'âge (passé le seuil de l'enfance, tout de même) a une influence particulière sur la capacité d'un individu à prendre des décisions. Certaines personnes sont beaucoup plus matures à 16 ans que d'autres à 40, et nous commettons dans tous les cas toute notre vie des erreurs (on est humains). Merci de bien vouloir laisser tes considérations âgistes en dehors d'un débat argumenté ;)

nalaf a écrit :D'où l'intérêt de la maison close, où ce genre de responsabilité peut être assumé. Après on me rétorquera qu'il y a un risque de soumission à un proxénète. Mais un patron d'entreprise, ça n'a jamais été rien d'autre.

Euh, notre programme parle bien de maisons-closes « autogérées »… mais je ne vois pas du tout où tu veux en venir là…

EDIT : Arf, je vais arriver à mettre en forme ce post correctement…
Dernière édition par cmal le dim. 08 sept. 2013, 22:48, édité 1 fois.
.a'u coi. mi'e cmal.

Avatar de l’utilisateur
gna
Capitaine pirate
Messages : 1624
Inscription : jeu. 31 mai 2012, 09:36
Localisation : 13

Re: Le Parti Pirate et les Sex workers

Messagepar gna » lun. 09 sept. 2013, 08:23

cmal a écrit :
gna a écrit :une certaine force morale et là aussi on ne l’acquiers qu'avec la maturité de l'âge.

Qu'appelles-tu forces morale ? Dans tous les cas, je pense que c'est totalement illusoire de penser que l'âge (passé le seuil de l'enfance, tout de même) a une influence particulière sur la capacité d'un individu à prendre des décisions. Certaines personnes sont beaucoup plus matures à 16 ans que d'autres à 40, et nous commettons dans tous les cas toute notre vie des erreurs (on est humains). Merci de bien vouloir laisser tes considérations âgistes en dehors d'un débat argumenté ;)

nalaf a écrit :D'où l'intérêt de la maison close, où ce genre de responsabilité peut être assumé. Après on me rétorquera qu'il y a un risque de soumission à un proxénète. Mais un patron d'entreprise, ça n'a jamais été rien d'autre.

Euh, notre programme parle bien de maisons-closes « autogérées »… mais je ne vois pas du tout où tu veux en venir là…

EDIT : Arf, je vais arriver à mettre en forme ce post correctement…



J'ai déjà dit a Nalaf que je n'avais pas d'expression plus précise pour définir ma réserve, alors n'en rajoute pas et ne me fait pas dire ce que je ne voulais pas !
Pou éviter certaines situations conflictuelles et abus il faut fixer des règles, dans ce cas l'age, parce que je ne te vois pas proposer d'autre argument qui pourrait protéger contre l'immaturité PHYSIQUE, même si il arrive que certain enfant on très jeune un corps d'adulte, sans cela on laisse la porte ouverte à tous et n'importe quoi !
gna

Avatar de l’utilisateur
Numero6
Pirate
Messages : 226
Inscription : lun. 29 oct. 2012, 01:17
Clé Publique GPG/PGP : http://pgp.mit.edu:11371/pks/lookup?sea ... 0&op=index

Re: Le Parti Pirate et les Sex workers

Messagepar Numero6 » ven. 11 oct. 2013, 17:37

Ce n'est pas un commerce comme les autres, même s'il s'agit du plus vieux métier du monde selon l'expression consacré, les problèmes liés sont nombreux et complexes : traite des êtres humains, proxénétismes, patriarcat, protection de l'enfance (moins de 15 ans) et des mineurs (entre 15 et 18 ans non-révolu), etc.

bref, un tas de problèmes de société qui ne seront pas résolus avec de simple mesure qui occulte le reste, l'implication de chaque acteur et de tout le monde en est la clé...
"Toute analyse est une déstructuration, toute synthèse est une restructuration." Alfred Korzybski

DELETE_USER_1345

Re: Le Parti Pirate et les Sex workers

Messagepar DELETE_USER_1345 » mer. 06 nov. 2013, 13:50

Pour aller plus loin dans votre réflexion, je vous conseille cet article que je viens de découvrir sur l'abolitionnisme et la prostitution: pourquoi certains pays développent des programmes et toutes sortes d'aides pour éviter que des jeunes filles tombent dans ces réseaux...

http://effrontees.wordpress.com/2013/11/02/prostitution-labolitionnisme-pour-les-nulles/

Pourquoi sommes-nous abolitionniste ?

La prostitution est un fait de société qui concerne directement les rapports entre les femmes et les hommes, et la construction du genre dans les mentalités.

Selon si un pays autorise ou combat ouvertement le fait d’acheter les corps des femmes (en grande majorité) pour satisfaire les besoins sexuels des hommes, les nouvelles générations n’auront pas la même vision de la sexualité. Un petit garçon qui nait dans une ville où on voit des femmes derrière des vitrines, ou sur des trottoirs, n’a pas la même image des rôles des femmes et des hommes que s’il nait dans un pays où on lui dit que ce n’est pas envisageable.
C’est moins glamour en chiffres :

chiffres_

Dans le monde

98% des prostituées sont des femmes et des fillettes (l’OIT).

75% ont entre 13 ans et 25 ans.

L’âge d’entrée moyen dans la prostitution est de 14 ans. C’est-à-dire que la plupart sont plus âgées, ou plus jeunes !

Le nombre d’enfants prostitués augmente d’un million chaque année (UNICEF).

Une prostituée procurerait en moyenne 107 000 euros par an à son proxénète (INTERPOL).

En France

80% des prostituées sont étrangères (OCRTEH – Office central de la répression de la traite des êtres humains).

Entre 85 et 90% des personnes prostituées sont sous le joug du proxénétisme (enquête de Richard Poulin – 2005).

La quasi totalité des clients sont des hommes : 37% sont en couple, 29% cadres, 25% ouvriers (Enquête de 2004 de Claudine Legardinier et Saïd Bouamama).

Chaque prostituée rapporte entre 300 et 800 euros par jour à son proxénète et environ 50 euros lui seraient laissés (OCRTEH).

Extrait : « Le livre noir de la prostitution » d’Elizabeth Coquart et Philippe Huet (Albin Michel, 2000, p.36) :

« Une prostituée sur deux a eu des contacts avec la prostitution dès son enfance et un tiers a eu une mère ou une parente prostituée. [...] Un tiers des prostituées mineures enquêtées a été victime de viol par des adultes connus d’elle entre l’âge de trois ans et de quinze ans… [...] 80% des prostituées a subi des abus sexuels au cours de l’enfance. »

On retient de ces chiffres que nous avons affaire à un commerce très lucratif ; qui s’exerce très majoritairement sur des femmes, dont une écrasante majorité ne l’a pas choisi ; pour des clients qui ne sont quasi que des hommes ; et qui touche les populations les plus vulnérables, pauvres, jeunes, immigrées ou victimes de violences.
Petit tour des législations :

Loi

Les Prohibitionnistes

La prostitution est interdite dans les pays prohibitionnistes. Ce sont surtout les personnes prostituées qui sont inquiétées pour atteinte à l’ordre public. Cette politique misogyne et hypocrite n’existe plus en Europe. Elle n’a pour conséquences que l’exercice clandestin et la criminalisation des prostituées qui encourent condamnation et autres violences.

Les Réglementaristes

Cette théorie est née dans les années 1830, avec les analyses du médecin Alexandre Parent-Dûchatelet. Nous tenons à souligner la philosophie initiale de ce courant dont le théoricien confère à la prostitution une utilité sociale, et la considère comme un élément indispensable à la sexualité masculine normale. Nous sommes dans le mythe de la sexualité irrépressible des hommes à laquelle il faut trouver un débouché pragmatique.

Ça aura pour conséquence la création de lieux clos contrôlés par l’administration médicale et policière. Ce modèle sera étendu en Europe par le Code Napoléon dès 1804. Il s’applique aujourd’hui aux Pays-Bas ou en Allemagne.

Aux Pays-Bas, le constat n’est pas brillant : Le maire d’Amsterdam a reconnu en 2004 que la Tipplezone était devenue un refuge pour les trafiquants et un danger pour les femmes. On a vu la multiplication par 3 du nombre d’enfants prostitués en cinq ans, et une même multiplication des femmes prostituées émigrées des pays d’Europe centrale.

En Allemagne, on compte 400 000 prostituées et une augmentation de 70% du trafic d’être humains en huit ans de 2002 à 2010, selon l’Enquête d’Elise Guiraud en 2010.

Depuis, la loi légalise les bordels (Eros center), considère les proxénètes comme des entrepreneurs, et les femmes se retrouvent dans les bonnes vieilles maisons closes. Il est extrêmement rare qu’elles bénéficient de contrats. Le profil-type d’une femme prostituée en Allemagne est une jeune de 18-20 ans, roumaine, issue du trafic d’êtres humains.

Le pays est devenue une destination de tourisme sexuel et une plaque tournante des proxénètes, qui sont des "entrepreneurs" comme les autres.

Les Abolitionnistes

Ce courant tolère la prostitution, mais interdit le proxénétisme, les maisons closes et le racolage. En France, il se traduit par la loi Marthe Richard (1946) qui interdit les maisons closes, supprime le fichage et punit les proxénètes.

Ses principes sont reconnus en 1949 par la convention de Genève pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui. « La prostitution et le mal qui l’accompagne, à savoir la traite des êtres humains en vue de la prostitution, sont incompatibles avec la dignité et la valeur de la personne humaine ». Texte signé par plus de 70 pays, dont la France en 1960.

La France est considérée comme un état abolitionniste. Mais aucune réflexion n’a été menée pour arriver à une réelle abolition de la prostitution.

Les Néo-abolitionnistes (c’est nouuuus !)

Le modèle suédois pénalise le client, pas la prostituée. Ce pays a enregistré une baisse de 50% de la prostitution de rue, un recul net de la traite et un recul de 80% des clients. Outre la pénalisation des clients, beaucoup d’autres mesures ont été mises en œuvre :

Côté Éducation Nationale : une réelle éducation à l’égalité et à la sexualité. La liberté sexuelle ne va pas de soi. Considérer que les corps des femmes peuvent être achetés par des hommes renforce deux idées essentialistes : la libido irrépressible des hommes pour laquelle la société doit prévoir un réservoir de femmes sexuellement disponibles ; et le fait que les corps des femmes, qui auraient une sexualité sociale, généreuse, soumise aux initiatives masculines, doivent être mis à la disposition des pulsions sexuelles masculines.

Des mesures sociales ambitieuses ont été mises en œuvre vu le lien évident entre prostitution et précarité, via des moyens financiers pour accompagner les principales intéressées.

Pas de dérive sécuritaire : En Suède, les clients doivent écoper de 6 mois de prison, mais aucune peine de prison n’a été prononcée. L’état s’est à chaque fois contenté d’une amende. C’est l’effet normatif qui est recherché.
Pourquoi sommes-nous abolitionnistes ?

sourire

1. Pour la dignité

L’acte qui consiste à vivre des pénétrations et autres pratiques sexuelles sans désir, à subir des relations à répétition, provoque des séquelles physiques et psychologiques très profondes. La violence sexuelle n’a pas le même impact que la violence tout court, sinon on punirait le viol comme n’importe quelle agression physique. Le viol est un crime car nous savons, combien même il serait moins douloureux que des coups, qu’il est psychologiquement beaucoup plus ravageur.

Beaucoup de prostituées développent le symptôme de décorporalisation. Les rapports sexuels non désirés sont d’une telle violence que ces femmes s’anesthésient psychologiquement. Quand elles sont couvertes de bleus en rentrant chez elles, elles sont incapables de se souvenir de qui les a frappé. Elles ne vont plus chez le médecin quand elles tombent malades etc.

2. Contre la marchandisation

Notre monde libéral nous le rappelle sans cesse, le client est roi ! C’est lui qui choisit tout : la prostituée, le service, les positions. Dans le cadre de ce métier, la prostituée ne peut que se plier à des pratiques intimes commandées par le client.

L’argent, c’est le pouvoir, souvent décisionnel. Qui détient l’argent ? Les hommes. Les femmes détiennent 1% des richesses et des capitaux mondiaux (ONU). La prostitution n’est pas un luxe de riches, elle existe dans toutes les sociétés. Dans les pays pauvres, les prostituées sont tout simplement moins chères.

3. Pour l’égalité et l’émancipation :

La liberté sexuelle, c’est la réciprocité du désir et du plaisir, la liberté de choisir son partenaire et ses pratiques sexuelles. La prostitution est un bastion d’une longue histoire du patriarcat où le désir de l’homme a toujours primé (mariages arrangés, droit de cuissage, viols et viol conjugal). Historiquement, l’idée du plaisir masculin unilatéral est une normalité.

Nous sommes pour une société où le désir est réciproque, où le plaisir est partagé. La sexualité sous contrainte, par la violence, par nécessité via la marchandisation des corps, ne sera jamais vectrice de ce plaisir et de cette émancipation. Tout n’est pas à vendre, on ne peut pas tout acheter. Il est des usages de la société archaïque patriarcale qu’il va falloir enfin dépasser.

4. Pour un autre projet de société :

Quel est le projet de société que nous voulons ? Acceptons-nous que la prostitution devienne un métier comme un autre, à savoir que dans les pays qui la légalisent, on voit des campagnes publicitaires affichant des soldes sur les prostituées, ou des menus « un repas, une chambre et une prostituée » ?

Le projet abolitionniste va, en effet, restreindre une certaine liberté. Les sociétés ont toujours fixé des limites, dans tous les domaines. On l’a fait pour la majorité sexuelle, pour le temps de travail légal, et même pour la liberté d’expression ! Les propos négationnistes ou appelant à la haine raciste sont interdits et punis. L’égalité des citoyens se définit aussi par la restriction d’une totale liberté, comme pour la réduction de temps de travail légal (35h, 10h par jour, travail de nuit, travail le dimanche), la laïcité etc.

L’idée n’est pas de prétendre qu’une prostituée consentante est forcément aliénée, mais peut-on, au nom du désir de cette minorité de femmes qui vivent bien la prostitution, justifier la mise sur le marché de la sexualité ? Avec tout ce qui va avec : Pression de la concurrence, marketing, logiques économiques, exploitation etc. NON ! Elles n’ont pas à disposer d’une telle norme et trancher des questions aussi fondamentales que : Est-ce que la sexualité s’achète ? Doit-elle obéir aux lois du marché ? Est-ce que c’est le même type de débat que pour la vente d’organes, la GPA, les lancers de nains etc.?
De quoi les 343 salauds sont-ils révélateurs ?

connards

Ce manifeste appelle le gouvernement à ne pas se mêler du système prostitueur. Il nie l’Etat de droit et préfère s’en remettre à la loi du plus fort, du plus riche, du plus vieux, du plus médiatique, et surtout à celle des hommes.

Les 343 salauds revendiquent la liberté des clients à avoir un accès marchand aux corps des femmes, à extorquer le consentement des personnes qui n’ont pas les moyens de leur dire non.

Ce manifeste souffre d’une contradiction majeure : Il met de côté la souffrance de la grande majorité des « forçates » de l’industrie du sexe, tout en condamnant les réseaux proxénètes, qui en sont les pourvoyeurs. Pour maquiller cette contradiction, il se range du côté d’une petite minorité de prostituées qui proclame ouvrir ses jambes à la demande, plusieurs fois par jour, avec plaisir.

Derrière ce manifeste, se cache un pied de nez face aux récents acquis féministes : Les patriarcaux nous disent : « Les femmes sont aujourd’hui plus libres ; elles peuvent dire non ; ne subissent plus de mariages forcés ; de droits de cuissages ; peuvent refuser telles pratiques ou en réclamer ? Qu’à cela ne tienne ! Puisque c’est comme ça, nous irons aux putes. » La pute, c’est l’épouse d’antan, celle que je paye et qui n’a plus son mot à dire. De même que dans le cadre d’un mariage arrangé, la relation sexuelle se passe sous contrat.

Françoise Héritier (anthropologue) : « Dire que les femmes ont le droit de se vendre, c’est masquer que les hommes ont le droit de les acheter. »


Revenir vers « Économie »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 1 invité