Messagepar Sims » lun. 23 avr. 2012, 17:14
Bon, puisque je n'avais pas encore pris le temps de faire une réponse complète et argumentée sur ce topic, je m'y met de ce pas.
Répondre à la crise? Oui. Mais avec quelles mesures? Moi, je vois surtout un écran de fumée destiné à regarder ailleurs. Il faut rappeler que la crise actuelle est un crise des emprunts d'état, qui a une influence sur les autres domaines financiers en raison de l'importance des montants concernés.
Je vois dans le collectif un footballeur, c'est la seule personne qui me dit vaguement quelque-chose. Après un rapide coup d’œil, il semble que une grande partie soit des seconds couteaux du PS ou affiliés. Le genre de personnes qui oublient que les agences de notation sont des organismes privés accrédités par une administration publique (le plus souvent le gouvernement américain), mais bon, passons.
Étudions les points, attention, c'est du lourd.
Point n°1: Renégociation des intérêts. Oui, ça permettrais effectivement de souffler un peu. Mais il ne suffit pas de mettre le couteau sous la gorge des créanciers, qui vont vouloir quelques garanties. Une proposition en l'air sachant que ces emprunts sont des contrats à terme comprenant un accord signé. Un contrat ne se renégocie que sur nouvel accord des DEUX parties.
C'est dans le même genre que ceux qui crient au loup devant l'ouverture au marché des emprunts d'état: il s'agit de CONTRATS, ce n'est pas leur échange qui vas changer QUOI QUE CE SOIT pour les états concernés. Mais apparemment, ça rentre pas dans certaines caboches.
Point n°2: Taxation sur le bénef des entreprises. Comme si on manquais pas déja de compétitivité. Pendant qu'on y est, mettons le coup de grâce. La chose à revoir, c'est le système fiscal DANS SON ENSEMBLE. il y a tout autant à économiser en simplifiant la gestion du trésor public et du Fisc.
Point n°3: Revenir sur certaines baisses d'impôt. Bon, soit. Comme dit, le système fiscal montre encore une fois ses limites. On crache sans arrêt sur les niches diverses et variées, mais on oublie un peu vite QUI les a mis en place.
Point n°4: Boycott des paradis fiscaux: je tiens à rappeler que les paradis fiscaux sont EUX AUSSI des états souverains, et que ces états sont libres comme les autres, de définir tous les aspects de leur politique intérieure, c'est limite un acte de guerre que de vouloir des "embargos" sur eux. Mais bon, ces pays sont "gênants" alors faisons les disparaître de la carte une bonne fois pour toutes hein?
Point n°5: Limitation des licensiements. Belle idée, mais pas si facile à appliquer. Ils prennent l'exemple allemand dans la partie qui les arrangent, mais ne voudraient pour rien au monde avoir le reste. Beau relativisme intélectuel. Un licenciement ne serais pas aussi dramatique avec un assouplissement du code du travail tel qu'il existe en Allemagne. Ils veulent un licenciement en dernier recours? Ben pourquoi pas la grève en dernier recours? (surtout pas, l'après-midi barbeuk merguez autour du tas de pneus qui crame, ça fais partie des acquis sociaux...)
Point n°6: Sécurisation des précaires. Ben quoi? Je ne vois rien de consistant, en tout cas rien de plus que ce que les politiciens déjà en place nous rabâchent à longueur de temps: plus de formation, meilleur accompagnement,... sans forcément qu'il y ait quelque-chose au bout. Donc en gros, une proposition purement rhétorique comme on en voit souvent dans les discours politiques.
Point n°7: Séparation des banques de dépot des banques d'épargne. Comme je l'avais expliqué à l'AG, c'est pas aussi facile que ça. Les banques rémunèrerons les comptes à terme comment? C'est possible, en théorie, mais cela impose de prendre plus de choses en compte pour pouvoir payer tous les petits épargnants avec leurs comptes à capital+intérêts garantis (le +2,5% on le fais pas sur des investissements 100% secure, faut pas se voiler la face)
Point n°8: Mon préféré, création d'une taxe sur les transactions financières. Pour moi, clairement plus dans le but d'avoir la mainmise sur lesdites transactions que pour un besoin financier. La question est: faut-il se servir de cet argent pour sortir de l'impasse ou pour continuer à entretenir les fastes étatiques? Je ne suis pas certain que ces gens de Roosevelt2012 soient aussi clairs que ça.
Point n°9: Lutter contre les délocalisations. Un nouveau sommet de philadelphie??? On a vraiment besoin d'un éniemme sommet? Surtout pour discuter sur des choses que personne ne suivras? Du vent ici. Complètement irréaliste.
Point n°10: Politique du logement. Euh? Dois-je rappeler que la hausse des prix de l'immo sont majoritairement dus à des manipulations fiscales et injections financières de l'Etat? Construire des logements sur ce point, c'est une bonne idée, mais on les construiras pas en claquant des doigts. Faut reconnaitre que les points soulevés dans cette proposition sont intéressants. Mais tant que la politique de l'Etat ne seras pas cohérente vis-à-vis de l'immo, on n'auras rien.
Point n°11: Lutte contre le réchauffement. J'ai arrêté de compter les collectifs divers qui se positionne sur ce sujet. Mais dans le descriptif, il est question de faire des réquisitions. La, je dit QUOI? Et oui, le collectif veut organiser la spoliation de manière à imposer ses choix (ou les choix de quelques heureux élus membres d'une nomenclatura obscure) à toute l'industrie. Effrayant, surtout quand on connais les compétences techniques particulièrement développées de nos politiciens.
Point n°12: Économie Sociale et Solidaire. Je suis pas certain d'avoir tout compris. Ca parle une première fois de centralisation, puis de démocratisation,... Pas d'idée concrète posée ici, plutôt des déclarations behavioristes.
Point n°13: Réorganisation du travail. Alors là, ça mélange tout ce qui vas bien: du système de productivité des japonais au système éducatif français. Ce qu'ils ne disent pas, c'est qu'on peut l'avoir notre productivité élevée en terme de PIB, avec le taux de chômage qu'on as, la productivité horaire grimpe en raison du fait que ce sont les travailleurs manuels qui sont statistiquement les plus touchés (ceux qui apportent la valeur ajoutée la moins élevée). Ils essayent de nous faire prendre des vessies pour des lanternes.
Il y a de gros manques de détails sur les "exemples" fournis.
Point n°14: Europe. La plupart des critiques à l'encontre de l'Europe sont justifiées. Les propositions sont des propositions qui ont déjà étés proposées par des partis politiques ou d'autres associations: fonctionnement parlementaire. Sur ce point, je rejoins le collectif. Un fonctionnement parlementaire est clairement préférable (sinon, à quoi serviraient les parlementaires?). Les arguments développés sont pertinent même si les implications sont un tout petit peu évasives.
Tout ça pour dire, que je vois beaucoup désobligeances, mais pas grand chose, voir rien du tout, pour faire baisser le train de vie de l’État.
Voila.
Les innovations sont presque toujours le fait d'explorateurs individuels ou de petits groupes, et presque jamais celui de bureaucraties importantes et hautement structurées
Harold J. Leavitt