Or, depuis des années, les bibliothèques sont en crise pour un million de raison (dont ne font absolument pas parti le vieux cliché des "jeunes qui ne lisent plus ma bonne dame ça c'est à cause de gougeule et des jeux électroniques). Dans ces raisons, il y a des problèmes de financement (en temps de crise, les budget culturels des collectivités locales sont souvent assez exposés...), une fracture générationnelle dans le métier (entre ceux qui ont connu les casiers à fiche et ceux qui sortent fraîchement des DUT métiers du livre), un problème entre notre rôle traditionnel (prêter des documents) et la montagne de nouveaux usages culturels des français (exemples tout cons : aider les gens à remplir leurs déclaration d'impôt, aide aux devoirs, gestion des publics qui cherchent un endroit au chaud pour lire le journal, aide sociale, portage de documents aux personnes empêchées, autoformation...). J'ajoute que toutes les lois en matière de droit d'auteur et co ont eu des impacts extrêmement négatifs sur nous (on paye les DVD en moyenne 4x le prix du commerce, notre remise sur les livres a été plafonnée très sévèrement, on est dans le flou juridique complet pour un nombre incalculable de trucs, on est victime des marchés publiques...)
En gros, pour résumer très très fort, on nous demande de plus en plus d'être des phares de culture, de prêter toujours plus de chose à toujours plus de gens, de créer des programmations culturelles ambitieuses et d'être des assistantes sociales/garde d'enfants/informaticiens/bibliothécaires.
D'où le truc qui fait que je vais un peu prêcher pour ma branche (bouh, corporatisme) : étant entendu que les 4000 bibliothèques municipales et d'agglomération de France offrent leur service a 15 à 20 millions de français (la Direction du livre et de la Lecture ayant été sabordée, il est impossible de donner des chiffres plus précis), dont au moins 11 millions d'inscrits, le Parti Pirate ne pourrait-il pas réfléchir à intégrer à son programme le soutien à la lecture publique et aux bibliothèques, qui garantissent l'accès aux médias et à la culture à tous, notamment aux plus faibles ? (j'ajoute que dans la plupart des bibliothèques, les "jeunes" du métier ont très souvent biberonnés aux éditeurs indépendants, aux modes de distribution alternatifs, et que ça se ressent de plus en plus dans les acquisitions des médiathèques.
Par exemple, en y intégrant une mesure comme la garantie de la gratuité des bibliothèques publiques (le prix est actuellement fixé par les collectivités locales). Sachant qu'une bibliothèque "très rentable" n'arrive jamais à couvrir ne serait-ce que 5% de ses frais de fonctionnement avec les inscriptions (et sachant que les inscrits payent déjà des impôts locaux). En schématisant : en supprimant le régisseur, on enlève en fonctionnement tout ce que rapportaient les recettes. Pas mal de villes ne s'y sont pas trompées (dont Paris) en instaurant la gratuité ou la quasi gratuité).
De même, faire en sorte que nous ne soyons pas pénalisés par de très coûteux "droits de prêts" ou des plafonnements sur nos remises, qui, s'ils sont très juteux pour les grands acteurs de la distribution de biens culturels nous conduisent, par exemple, à devoir refuser les dons de films que nous font nos usagers pour vider leurs placards.
Et je pourrais en ajouter des centaines : aide à la conservation et à la numérisation, soutien à la politique d'animation, plans de formation pour le personnel afin d'offrir comme dans les pays scandinaves des services d'aide à la personne pour les démarches administrative, etc.
Mon métier me passionne, mais j'ai néanmoins conscience que tout ceci vous touchera peut-être une noix sans vous faire remuer l'autre.

Enfin je sais pas, mais moi ça me semble important, on a 4000 établissements dont des tas se battent jour et nuit pour diffuser de la culture autrement et à coût minuscule pour l'usager.