Bonjour,
Je viens apporter ma pierre... En fait j'étais sur l'autre fil traitant de l'éducation mais celui-ci me semble moins pointer des détails mais parler de l'EN en général.
Partons de mon expérience personnelle, j'ai un enfant qui a connu une école privée internationale, puis école publique de village en Allemagne et enfin école publique en milieu urbain, ici en France, ce qui me donne quelques aspects de comparaison entre différents systèmes.
Dans la première école, des enfants de milieux -très- favorisés, destinés à de grandes carrières, taux d'entrées dans de prestigieuses écoles à la fin du cursus : 100%.
Les enfants ayant des difficultés dans certaines matières étaient suivis :
1- par le psychologue de l'école
2- par des professeurs ou des parents volontaires (le PTA -association de parents d'élèves- s'occupait du recrutement) en petits groupes allant de 1 à 6 élèves pendant les heures habituelles de cours (donc pas de surcharge pour les enfants, mais les notions étaient donc revues selon d'autres méthodes et de manière individualisées), une fois le retard rattrapé, l'enfant reprenait l'ensemble de ses cours normalement.
Au niveau des méthodes de travail, aucun "par-coeur", tout se devait d'être intuitif, l'enfant découvre, et animé par sa curiosité il apprend sans même s'en rendre compte, c'est parce qu'un sujet l'intéresse qu'il se met à lire, c'est parce qu'il est encouragé à comprendre tel truc qu'il se met à faire des additions, multiplications, etc.
Dans la seconde : mixité des classes : entre "petits banlieusards" et enfants catalogués comme défavorisés (le village, désormais raccordé à la ville, avait écopé de tous les logements sociaux qui ne font pas beau au centre-ville), aucun redoublement, mais aucun programme non plus (d'après moi en tout cas, mon gamin n'ayant absolument rien appris, mis à part découper avec des ciseaux, en CE2 c'est léger)
J'ajoute qu'il y avait aussi les cours de religion qui ajoutaient encore plus au "cataloguage", le petit turc attend au fond de la classe sans avoir le droit de faire quoi que ce soit, ni lire, ni écrire ni même écouter (sic!) pendant que les bons enfants de bonnes familles écoutent consciencieusement la maîtresse vanter l'évangélisme, le problème ne se pose heureusement pas en France, mais là-bas il se ressent aussi dans la cours de récré.
Inutile de se poser la question de l'orientation, tout le monde savait qui irait dans quelle voie, qui réussirait sa scolarité, et qui passerait sa vie à faire des p'tits boulots à 400€, salaire de base.
Beaucoup de devoirs (ils finissent à 13h, faut bien les occuper jusqu'à 18h!), comme par exemple copier 1+2=3, 2+2=4, 3+2=5, 4+2=6 et ainsi de suite jusqu'à 100 (et ce tous les soirs), pas de "par-coeur" du tout.
Enfin, la troisième école primaire que mon enfant a testé, mixité des classes sociales, mixité des niveaux, peu de devoirs à la maison, beaucoup de "par-coeur" (on s'en fiche de comprendre ou pas, le but est de redire mot pour mot la leçon), un système qui je pense accorde trop d'importance aux savoirs théoriques sans savoir intéresser l'enfant et lui expliquer pourquoi on veut lui apprendre tout ça.
Je ne dis rien contre la maîtresse, elle était très bien, c'est la manière dont sont abordés les sujets en général qui me gène. Un enfant naturellement bosseur, qui se motive en disant "je veux être premier de la classe donc j'apprends bien mes leçons" sera bon élève, mais au final aura-t'il de bonnes bases pour construire sa vie ?
J'en viens donc à
mon premier point, le rôle de l'école.L'école comme garderie ? L'école comme moyen de valorisation sociale ? L'école comme ouverture de l'esprit sur et vers le monde ? L'école comme outil d'accession au monde du travail?
Si l'EN a besoin de réformes, c'est bien là la première chose que l'on doit se demander, et comme vous voyez, j'ai mis des points d'interrogation et la liste des questions n'est pas exhaustive.
D'après moi, au primaire c'est l'ouverture et la découverte du monde qui devrait prévaloir sur tout le reste (tout en intégrant les notions indispensables comme lecture et calcul)
Au collège, où les matières de diversifient, c'est l'ouverture de l'esprit qui doit prédominer (après avoir travaillé sur le monde, sur les autres, sur ce qui nous entoure, travaillons sur soi, sur son esprit propre et apprenons à mieux utiliser nos capacités!)
Au lycée, en revanche, les périodes de découverte devraient être terminées et un approfondissement des matières pourraient donc être envisagé. L'école pourrait donc doucement migrer vers "l'école comme outil d'accession au monde du travail" mais aussi "outil d'accession à la formation supérieure" (bien plus que ça ne l'est à l'heure actuelle).
Deuxième point, pour un bon enseignement, il faut de bons profs.La formation des maîtres est un point crucial, si mes sources sont bonnes, les profs nouvellement formés n'ont que 108h de stage avant d'avoir leur propre classe.... 108!! C'est très largement insuffisant, leur accompagnement n'est pas satisfaisant, et les parachutages dans des classes dîtes difficiles me laissent
Est-ce que les jeunes profs ne devraient pas avoir 1/3 de leur temps de formation en stage ? Directement en situation avec des enfants ou ados?
De même, un prof ne devrait-il pas obligatoirement faire une pause d'un an tous les 5 ans (être relégué sur un autre poste de la fonction publique, au même salaire, loin des enfants, en rapport avec ses compétences et en lui laissant le choix entre plusieurs types de poste), histoire d'éviter les overdoses et craquages et dépressions presque inhérents à cette profession ?
Troisième point, pour un bon enseignement, il faut de bons élèves.Je lisais tout à l'heure quelqu'un qui disait que beaucoup de profs seraient ravis de travailler plus pour gagner puisque les grandes vacances contiennent une part sans solde.
Pourquoi justement ne pas aller dans ce sens pour aider les élèves qui ont besoin d'une assistance ?
Il pourrait tout à fait y avoir un système permettant aux profs volontaires de donner des cours de rattrapage pendant une partie de l'été à des groupes d'élèves (10 maxi) -élèves qui en feraient la demande-.
Bien sûr il y aurait un coût supplémentaire pour l'état (il faut payer le prof mais aussi la femme de ménage qui nettoie la salle etc.), mais basé sur le volontariat, ça ne peut qu'être bénéfique pour tout le monde (les parents savent que les gamins ne traînent ni devant la télé, ni dans les rues, les profs gagnent plus, les enfants choisissent de s'améliorer)
Bon ma vision est peut-être un peu utopiste, à vous de me dire
Quatrième point, pour un bon enseignement, il faut un bon programme.La société évolue plus vite que les programmes d'enseignement:
Réapprendre pendant plusieurs années les mêmes choses, juste en y rajoutant force de détails ne me paraît pas adapté.
Les programmes de certaines matières sont trop chargés d'anecdotes, chiffres, dates que les gamins s'efforcent d'oublier dès que possible, du coup les profs passent leur temps à rabâcher ce qui était censé être su, mais ne l'est plus.
A contrario, certaines matières souffrent d'un niveau bien trop faible, je pense notamment aux langues.
Egalement, depuis mes 8h de philo en terminale, je ne crois pas n'avoir jamais pensé à Kant de ma vie (sauf là tout de suite, juste pour vous!), et je ne crois pas qu'il ne m'ait été d'un quelconque secours au cours des 14 ans qui ont suivis mon année de bac. Idem quant à certaines choses en mathématiques et autres matières.
Ce que je veux dire, c'est que les élèves gagneraient à avoir un programme revu et corrigé, par exemple:
Délayer la philo, revoir les priorités du programme en maths pour ceux qui ne seront ni mathématicien ni physicien, ajouter une pincée de psycho pour tout le monde, appuyer fortement sur les langues (l'anglais courant devrait désormais être un impératif à la sortie du lycée), accentuer les sciences économiques et sociales, oublier les cours de sport (ça ne devrait pas être du ressort des parents ?? oui je sais, beaucoup ne feraient pas de sport du tout si l'école n'était pas là... je redis juste ce qui a été dit plus haut, l'école n'est pas là pour palier aux manquements des parents, chacun ses responsabilités), alléger les cours de musique (et virer la flûte définitivement! la guitare par exemple permet d'avoir des résultats et donc d'encourager l'enfant dans ce domaine), inclure des cours d'informatique et de communication etc.
Toujours dans cette question du programme, j'évoquais plus haut mes doutes pour le primaire quant à une instruction qui vise à faire apprendre par-coeur sans plus d'explication et je parlais de mettre en avant l'ouverture sur et vers le monde. J'y reviens en ajoutant quelque chose, il me semble qu'une meilleure façon de procéder serait de s'appuyer sur une telle ligne directrice tout en décomposant ce thème sur les années du primaire (j'essaye de rester clair, mais ce n'est pas gagné

)
Je vais donc donner un exemple:
Classe de CP : thème des transports, comment se déplace-t'on, avec quoi, comment traverse-t'on une route, qu'est ce que se déplace, etc, comme dit plus haut, les maths et les bases de la lecture interviennent la plupart du temps sur et grace à ce sujet, l'enfant découvre des thèmes et ne se rend pas compte que d'autres matières sont abordées
Classe de CE1 : thème de la planète (les quatre éléments, l'espèce humaine, les mammifères, ovipares et compagnie) idem que ci-dessus pour les autres matières
Classe de CE2 : thème de la communication (comment communique t'on, qui communique) et thème de la famille, de l'environnement, et de sa place dans tout ça
etc etc
Bref vous voyez l'idée.
J'aurais encore tout plein de choses à dire, mais je vais arrêter mon pavé là pour ce matin et attendre tranquillement les éventuelles réactions
