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Chèque éducation

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Inventio
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Re: Chèque éducation

Messagepar Inventio » jeu. 12 juil. 2012, 09:52

Sims a écrit :Serieusement, combien d'entre vous n'ont ne serais-ce que survollé le rapport? :(

Sans vouloir être désinvolte, des centaines de rapports idiots ou orientés sont publiés chaque année. On n'a pas de temps à perdre à tous les lire. Je note simplement l'absence d'un résumé (précis, abstract), présents dans toutes les publications scientifiques dignes de ce nom. Dès le titre, on comprend que ce document n'est d'ailleurs pas une analyse ou un "rapport", mais un simple pamphlet idéologique. Un troll bien ficelé, quoi. :
"APPLICATIONS À LA FRANCE
DE MÉCANISMES DE FINANCEMENT PUBLIC
D’OFFRES SCOLAIRES ALTERNATIVES,
LIMITÉES AUX CAS DE DÉFAILLANCE AVÉRÉE
DE L’OFFRE SCOLAIRE PUBLIQUE"

1. On affirme de manière péremptoire la défaillance "avérée" de l'offre publique scolaire publique. Pas l'ombre d'un début de preuve dans le document. A supposer qu'il y ait une défaillance, selon quels critères ? Par rapport à quels objectifs ? Selon quels points de comparaison ? etc.
2. La grande diversité de l'offre scolaire publique est un fait avéré. Que l'on se souvienne de tous les débats autour des pédagogies d'apprentissage alternatives de la lecture, de la présence ou non des handicapés (sourds, etc.) en classe. Sans compter la grande richesse de l'offre destinée aux élèves en décrochages, aux primo-arrivants (adolescents ou adultes), ou encore les dispositifs de la seconde-chance etc. Bref, tout un ensemble de dispositifs assimilables à une recherche-développement par la pratique. On a du mal à comprendre en quoi l'offre privée, pourrait faire mieux dans ces domaines de pointe. De fait, sauf à faire preuve d'idéologie, on ne comprend pas en quoi un dispositif privé pourrait mieux faire qu'un dispositif public.

J'ai quand même lu l'introduction. On y trouve pêle-mêle des affirmations manifestement fausses ("absence de solutions publiques performantes pour les enfants ayant des
besoins éducatifs spécifiques (« special needs »), qu’ils soient handicapés, précoces, atteints de troubles de l’apprentissage, issus de familles non sédentaires, ou de primo-arrivants
"), des éléments non imputables à l'efficacité de l'école (les classes ferment en zone rurale, non pour des raisons de niveau faible, mais par simple désertification rurale) et quelques propositions d'ordre politiques.

Au final, ce document n'a donc aucune valeur et prétention scientifique. Honnêtement, pour la qualité des débats internes au Parti pirate, il nous faut de meilleures sources, qui fasse vraiment avancer le débat. La on est très loin.

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pers
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Re: Chèque éducation

Messagepar pers » jeu. 12 juil. 2012, 09:54

Un gros +1 pour Inventio.
La liberté, c'est l’esclavage.
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L'ignorance, c'est la force.
La démocratie, c'est l'Amendement 13.

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spi
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Re: Chèque éducation

Messagepar spi » jeu. 12 juil. 2012, 10:37

J'ai eu la même déception que Inventio en lisant ce rapport, alors j'ai été chercher ailleurs ce qui se disait, un premier rapport sur la carte scolaire (puisque vous en parliez plus haut) http://www.senat.fr/rap/r11-617/r11-6171.pdf (j'ai directement sauté au III, faut de temps de tout lire)
Pour les autres rapports sur lesquels je suis tombé, je n'ai pas encore pu faire le tri, je posterais les liens si il y a des éléments intéressants.

D'ailleurs, [HS] y a t'il un endroit sur le forum ou le site du PP qui liste tous les rapports (fiables)utilisés ou sur lesquels on peut s'appuyer? [/HS]

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Fanouch
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Re: Chèque éducation

Messagepar Fanouch » jeu. 12 juil. 2012, 12:58

Gautier a écrit :Sims, je suis absolument pour que des normes pédagogiques différentes soient proposées et offertes au plus grand nombre, que le fait d'avoir une pédagogie unique prétendant être la meilleure et la plus efficace c'est une grosse saloperie.


Attention, la liberté pédagogique est un des grand acquis de notre EN. Chaque enseignant est libre de choisir la pédagogie qu'il souhaite et affectionne. Ce qui va totalement à l'encontre de ce que tu dis. Il existe, dans le primaire public, des enseignants dits "Frênet", des enseignants traditionnels, des enseingants "nouvelles méthodes", ... chaque enseignant est responsable de ses choix pédagogiques. En revanche, il a obligation de justifier ses choix si jamais un Inspecteur se rend compte que ses élèves ont de mauvais résultats ou simplement des problèmes d'apprentissages. Et si jamais il n'aura pas de réponses aux interrogation, il sera fortement incité à revoir sa copie. Donc, la pédagogie unique n'existe pas en France et il faut s'en réjouïr.

Pouvoir diversifier l'offre c'est très bien, mon problème c'est plutôt que ce genre d'excuses ça sert avant tout à créer des écoles privés extrêmement chères, et je ne pense pas que donner à tout le monde le moyen de les enrichir soit une bonne idée. Je pense aussi que ce genre de logique est ce qui a été employé pour créer des écoles religieuses, auxquelles je suis très hostile.

On pourrait penser à une idée du genre :
Toutes les familles décident elles-mêmes d'à quel établissement elles accordent leur budget scolaire, qui est rigoureusement le même pour chaque enfant, et on renforce largement les autonomies des établissements,[b] l’État ne décide plus de la répartition des fonds. Avec un mécanisme de soutien supplémentaire pour les établissements ayant accès aux effectifs les plus réduits démographiquement, comme par exemple l'école primaire d'un village du fond de la Creuse.[/b]

Cela ne me semble pas trop éloigné de ce que tu évoques.

Tout comme j'ai survolé ce " rapport " tout de même ;]


En revanche, c'est le fonctionnement ou l'organisation unique qui sont en effet mauvais. Comme tu le soulignes, les établissement du primaire, n'ont aucune autonomie ...
D'ailleurs, une autre erreur de ta part, l'état ne décide en rien les fonds qui sont alloués aux écoles. C'est chaque mairie qui donne ce qu'elle veut à l'école. A l'équipe enseignante de faire avec... ce qui pose de très gros problème de disparité de moyens... il n'est pas rare de voir à quelques km de distance des écoles qui ont des budgets très différents (2x voire 3x plus importants dans les écoles où la mairies est "généreuse").
Dans mon école, j'ai 18€ par an et par enfant en matériel scolaire/pédagogique. Dans celle de ma femme, c'est près de 35€. Vous comprendrez d'ailleurs peut-être pourquoi certain enseignants demandent beaucoup de matériel à la rentrée, et d'autres pas. Pourquoi le matériel est vieux dans certains endroits et que chaque classe à un TBI dans une autre école. Mais bon, les mairies ne sont pas à blamer, entre une mairie rurale qui n'a comme seul revenu, que les impots locaux de ses quelques dizaines d'administrés et une autre qui ramasse beaucoup de taxes car elles a une grande zone industrielle qui lui rapporte beaucoup ... on comprend où le bas blesse.

Voila un autre point de l'EN qu'il faut changer ... ne plus faire de budgets municipaux ... peut-être gérer cela au niveau des communautés des communes ? Des départements ? De l'état ..?

spi a écrit :D'ailleurs, [HS] y a t'il un endroit sur le forum ou le site du PP qui liste tous les rapports (fiables)utilisés ou sur lesquels on peut s'appuyer? [/HS]


Excellente idée ... lorsque les rubriques seront refondues .. un topic en tête de rubrique "Education" avec un lien vers les rapports INTÉRESSANTS serait bienvenu !

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Gautier
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Re: Chèque éducation

Messagepar Gautier » jeu. 12 juil. 2012, 13:21

Les communes payent les écoles primaires, mais je parlais de l'éducation dans son ensemble ! Je suis fils d'instit, je connais légèrement la maison, navré si je n'ai pas été assez précis.

Pour les méthodes : elles sont jugées selon des notes et des tests donc forcément pas aussi libres que ça. Si je dis " État " c'est une manière de résumer les institutions publiques, pour moi l'idée est de donner aux parents le choix des moyens et à qui ils les allouent.

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fredkzb
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Re: Chèque éducation

Messagepar fredkzb » jeu. 12 juil. 2012, 13:37

A partir de l'hypothèse « chèque éducation », permettez-moi de soulever ou de reprendre plusieurs questions :

1/ Le principe du « chèque éducation », entendu au sens le plus général qui soit, à savoir le "financement public du libre choix des familles", est à multiples modalités : réduction d'impôt, crédit d'impôt (à ne pas confondre avec le précédent), chèque de paiement transféré par les familles à l'établissement de leur choix, chèque versé directement par l'Etat aux établissements suite à choix des familles, etc.
Toutes ces modalités n'ont pas les mêmes conséquences et ne répondent pas tout à fait aux mêmes objectifs.
Exemple : les systèmes du crédit d'impôt, tout comme de la réduction d'impôt, ou encore du chèque de paiement donné aux familles qui le reversent ensuite à l'établissement de leur choix, ont des implications en matière de mode de financement qui sont de nature radicalement différente que celles du système du chèque versé directement par l'Etat aux établissements sur choix des familles.
Ce dernier maintient le fondement de l'organisation actuelle, c'est-à-dire un financement indirect des établissements (puisqu'il ne transite pas par les usagers). En effet, c'est la puissance publique qui finance directement, même si ce n'est plus elle qui, rappelons-le, décide de l'affectation des fonds. Le financement reste du non-marchand non-payant (pour les usagers).
Tandis que les premiers organisent un financement direct des usagers aux établissements. Cela revient à créer un système éducatif de type payant, où les coûts sont adressés directement aux usagers (même si in fine les coûts ne sont pas forcément assumés par eux mais par la collectivité des contribuables). Cela crée donc, chez les usagers, un état d'esprit d' "acheteur" (et renforce par là celui de "consommateur" de service...).
Autrement dit, les premiers supposent la mise en place d'un système de scolarité payante, les familles étant alors aidées pour financer l'accès à ces établissements...
Or, voulons-nous la mise en place d'un système éducatif payant ?
Si oui, le  « chèque éducation » qui le permettrait couvrirait-il l'ensemble des coûts (ce qui signifie que les salariés travaillant dans les établissements seraient obligatoirement payés directement par les établissements recevant les « chèques éducation ») ? Auquel cas, le système serait carrément marchand (i.e. lorsque la totalité des coûts est présentée aux usagers-clients).
Ou n'en couvrirait-il qu'une partie (auquel cas on peut conserver le fonctionnement actuel de paye par l'Etat) ? Le système éducatif serait alors une généralisation du financement non-marchand à contribution (directe).
(Je rappelle qu'en France, le privé sous contrat avec l'Etat relève du système non-marchand contributif : les familles ne payent qu'une contribution au coût, non la totalité, autrement dit, elles ne contribuent pas au financement du travail des enseignants, leur rémunération étant au contraire prise en charge par l'Etat.)
Mais la logique du « chèque éducation » n'est-elle pas de faire prendre en charge la totalité du coût, plutôt qu'une partie, par les chèques ?

2/ Le principe du « chèque éducation » présuppose également la mise en concurrence des établissements scolaires entre eux. En effet, donner la possibilité aux familles de choisir de donner leur chèque (directement ou indirectement) à l'établissement de leur choix pousse au concours de danse du ventre des établissements. Cette danse du ventre va les inciter (plus que les agissements allant dans ce sens, que l'on décèle déjà aujourd'hui de la part de certains établissements) à se vendre et à mettre en avant des critères plus ou moins justifiés propres à attirer les usagers-clients.
Exemples de ces critères : leurs choix pédagogiques, mais aussi leurs choix non-pédagogiques, leur mixité sociale, leurs taux réussites scolaires (avec mis plus ou moins en arrière-plan : le plus ou moins de sélection à l'entrée !), leur communication publicitaire et le budget qui va avec (voire la dimension "propagande" de cette "communication"), etc.
Est-ce cela que nous voulons, le principe de mise en concurrence des établissements ?
Si, oui, avec ou sans limites ? Lesquelles ?
Si non, comment pallier autrement aux défauts de l'organisation actuelle ?

3/ La mise en concurrence des établissements entre eux, impliquée par le système du « chèque éducation », présuppose elle-même une certaine liberté de recrutement des salariés par les établissements. Appliqué au cas particulier des enseignants, ceux-ci seraient donc recrutés directement par la direction de ces établissements, sur les critères propres à la direction (ou qui ne tarderaient pas à le devenir).
Est-cela que nous voulons ?
Si oui, avec ou non des limites ? Lesquelles ?
Si non, comment pallier autrement aux défauts (s'il y en a) de l'organisation actuelle de mutation interne des enseignants ?

4/ En lien avec la question des inégalités économiques et celle de l'héritage.
Si l'on considère que le service d'éducation est un véritable service public (cf. définition d'un service public : http://forum.partipirate.org/programme/transparence-mais-pas-politique-t8282.html#p72207, avec ses nuances), et dans l'hypothèse où le principe de « chèque éducation » serait mis en place, pourquoi ne pas concevoir que l'une des contraintes imposées aux établissements pourrait être le niveau du tarif ?
Je m'explique : le coût d'accès aux établissements payés par les usagers-clients serait uniformisé (des différences étant faites selon le niveau de scolarisation et le type de spécialisation : primaire, secondaire, professionnel, technologique, général, supérieur (?), etc.). Ce coût d'accès (ou grille de coûts d'accès), uniformisé, s'imposerait à tous les établissements publics comme privés remplissant cette mission de « service public ».
Du point de vue des usagers, deux possibilités seraient alors envisageables : soit le coût d'accès serait le même pour toutes les familles (familles ou élèves ?), soit il serait progressif selon le niveau de richesses économiques des familles (familles ou élèves ?).
Le tarif uniformisé éviterait le retour des inégalités économiques par la porte de derrière, avec des établissements à coût d'accès supérieur au montant du « chèque éducation », qui ne seraient finalement accessibles qu'aux familles (ou élèves) pouvant se permettre de payer au-delà du chèque, ainsi qu'aux familles (ou élèves) prêtes à s'endetter pour payer ce supplément. Les autres familles (ou élèves), soit une très grande proportion, s'étant limitées aux établissements à coût égal (ou inférieur) au « chèque éducation ».

5/ Au-delà de la dimension de liberté de choix d'accès à tel ou tel établissement, assimilé un peu abusivement à une démocratisation (cf. "démocratie de consommateurs"), ne peut-on pas penser à accentuer la dimension démocratique à l'intérieur-même des établissements ?
Par exemple, démocratiser les Conseils d'administration, qui ne sont en réalité quasiment que des chambres d'enregistrement ? (Voir la Proposition n°19 que j'ai présentée dans un autre fil : http://forum.partipirate.org/programme/propositions-pour-programme-socio-economique-t8191.html#p70012).

La démocratisation de la société ne doit-elle pas se concevoir comme un processus englobant l'ensemble des dimensions et aspects de la société ?

A l'issue de ces cinq points, une question supplémentaire qui contient, sans les écarter, toutes les précédentes. Quel système de valeurs inspirant l'organisation générale du système éducatif voulons-nous ?
"Si le bonheur égoïste est le seul but de votre existence, votre existence sera bientôt sans but." (Romain Rolland)
"La politique se ressourcera non pas en créant de grands systèmes inapplicables, mais en fabriquant de petits dispositifs redoutables comme un grain de sable dans le rouage d'une machine perfectionnée. Fin de l'histoire immodeste, avènement de l'histoire modeste, mais efficace." (Michel Onfray)

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Fanouch
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Re: Chèque éducation

Messagepar Fanouch » jeu. 12 juil. 2012, 14:25

Excellente analyse qui recadre bien la discussion ...

Je rajouterai également que le soucis du chèque éducation, c'est que le coût de l'école serait, du coup géré par les familles (avec tout ou partie du coût réel compris dans le chèque), tandis qu'à l'heure actuelle, c'est toute la société (citoyens et entreprises) qui participent à l'éducation. Même si l'état remboursait la totalité des frais via les fameux chèques, cela entraînerait un désengagement des non concernés (familles/personnes sans enfants, familles n'ayant pas/plus d'enfants scolarisés, entreprises), ce qui nuirait à terme à la vision sociétale de l'éducation. Actuellement, c'est toute la société qui, par les impôts qu'elle paye, qui se sent concerné par son système éducatif. Avec un principe de chèque éducation, seule les usagers de ce service public le seraient ... Or, à mon sens, l'éducation est l'histoire de tous, pas seulement des usagers de l'éducation !

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Gautier
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Re: Chèque éducation

Messagepar Gautier » jeu. 12 juil. 2012, 14:39

Si le coût est payé par la collectivité, cela ne changerait rien du point de vue des impôts.
Par contre je réfute l'idée que tout le monde se sente concerné... enfin on ne se sent pas concerné simplement parce que l'EN est le premier poste de dépenses de l’État, je veux dire. Et sinon je connais des gens qui ont fait le choix philosophique de ne jamais avoir d'enfants qui ne se sentent pas du tout concernés et aimeraient bien ne pas l'être pour de vrai, d'ailleurs.

Fredkzb, je suis content que tu ais débarqué ici :]
Très bonne intervention.

Pour cadrer ma propre vision : dans un système pareil la somme allouée aux familles par enfants est strictement la même et les écoles n'ont absolument pas le droit de poser le moindre frais supplémentaire par dessus.

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Re: Chèque éducation

Messagepar Fanouch » jeu. 12 juil. 2012, 16:21

Gautier a écrit :Si le coût est payé par la collectivité, cela ne changerait rien du point de vue des impôts.


Mon raisonnement sur les impôt est mauvais en effet .. mea culpa !

Par contre je réfute l'idée que tout le monde se sente concerné... enfin on ne se sent pas concerné simplement parce que l'EN est le premier poste de dépenses de l’État, je veux dire.


Je n'ai pas dit que tout le monde se sentent concernés, j'ai juste dit que toutes les personnes n'ayant pas son bambin dans une école se sentira beaucoup moins concerné (les grands-parents, les familles d'accueil, les nounous, ...).

Et sinon je connais des gens qui ont fait le choix philosophique de ne jamais avoir d'enfants qui ne se sentent pas du tout concernés et aimeraient bien ne pas l'être pour de vrai, d'ailleurs.


Quid de la solidarité alors ! ?

Pour cadrer ma propre vision : dans un système pareil la somme allouée aux familles par enfants est strictement la même et les écoles n'ont absolument pas le droit de poser le moindre frais supplémentaire par dessus.


Ce je que continue à craindre avec un tel système, c'est le clientélisme. L'école ne cherchera plus à faire mieux, mais à faire plaisir aux parents...
Je défends une plus grande place dans l'école pour les parents, au niveau des prises de décisions notamment, mais que cela se fasse par l'argent me dérange fortement !

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Re: Chèque éducation

Messagepar fredkzb » jeu. 12 juil. 2012, 16:47

(Merci Fanouch ! et merci aussi Gautier ! :wink: )

Sachant ce que sous-entend réellement la mise en place du principe de "'chèque éducation", je pense qu'il ne faut pas hésiter à regarder au plus profond (i.e. les valeurs).
Sans doute, nous faut-il bien prendre le temps d'interroger nos propres valeurs, au regard des implications fortes d'une mise en oeuvre de ce principe.

Il me semble alors que les questions que l'on devrait se poser à ce sujet pourraient être celles-ci :

- Comment nous positionnons-nous vis-à-vis du principe de financement payant par les usagers (en partie ou en totalité) appliqué aux "services publics" quels qu'ils soient ?
- Comment nous positionnons-nous vis-à-vis de l'essor, chez les usagers du "service public" d'éducation, de l'état d'esprit d' "acheteur" et de "consommateur" de services (et qui peut éventuellement rejaillir sur les personnels qui le font fonctionner) ?
- Comment nous positionnons-nous vis-à-vis de la mise en place d'un marché des établissements ?
- Comment nous positionnons-nous vis-à-vis de la mise en oeuvre d'une liberté de recrutement des salariés par les directions des établissements scolaires et "post-bac." ?
- Que préférons-nous : une démocratie de consommateurs utilisant des "chèques éducation" ou une démocratie de citoyens décidant collectivement du financement des établissements au travers de leurs institutions politiques (ce qui présuppose à son tour obligatoirement la mise en oeuvre d'une profonde démocratisation des institutions politiques actuelles) ?
(La liste des questions n'est pas limitative...)

Des réponses à ces questions (entre autres), découlera presque "naturellement" notre détermination de la pertinence de soutenir ou non le principe de "chèque éducation" et, en cas d'avis favorable, d'en prévoir les modalités concrètes d'application.

PS : Quant à moi, je ne suis pas tout à fait ( :wink:) persuadé que le principe du "chèque éducation" soit bien la bonne réponse aux défauts, pointés ça et là, de notre système éducatif... J'aurais aussi spontanément tendance à être d'accord avec la dernière réflexion de Fanouch, à savoir oeuvrer pour une plus grande démocratisation interne, et liberté des établissements, sans que cela doive passer par la mise en place de relations monétaires...
Mais je continue de m'instruire des avis de chacun...
"Si le bonheur égoïste est le seul but de votre existence, votre existence sera bientôt sans but." (Romain Rolland)
"La politique se ressourcera non pas en créant de grands systèmes inapplicables, mais en fabriquant de petits dispositifs redoutables comme un grain de sable dans le rouage d'une machine perfectionnée. Fin de l'histoire immodeste, avènement de l'histoire modeste, mais efficace." (Michel Onfray)

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Re: Chèque éducation

Messagepar Amatai » jeu. 12 juil. 2012, 18:57

Juste une petite citation d'un républicain qui si j'ai bien compris, à la côte au parti pirate.

L'école doit être publique, laïque et obligatoire



Ce chèque éducation n'est il pas un moyens de tuer les grandes écoles? (qui sont gratuite en France et payante dans le reste du monde).
Le drapeau europe-pirate a été fait par Hadrien Lagrange.

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Re: Chèque éducation

Messagepar Gautier » jeu. 12 juil. 2012, 19:23

Tu penses à quoi quand tu dis " grandes écoles " ?

GPU ( ??? )
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Re: Chèque éducation

Messagepar GPU ( ??? ) » ven. 13 juil. 2012, 09:21

Si j'ai bien compris, dans la majorité des cas le chèque éducation se combine avec un système éducatif "payant". Les familles payent avec l'argent qu'elles reçoivent des contribuables (le chèque). Le ticket d'entrée dans l'établissement suit plus ou moins l'inflation (hausse des coûts du matériel, hausse (?) des rémunérations des agents, etc.).
Que se passe-t-il alors quand les décideurs publics, qui tiennent les cordons de la bourse, ont d'autres chats à fouetter ? Soit qu'ils décident de ne pas revaloriser la valeur du chèque, soit qu'ils décident carrément de la diminuer (restrictions budgétaires, ou autres dépenses plus importantes à faire comme réduire les impôts des plus aisés, etc.) ?
Eh bien, je crois que la réponse est : toutes les familles doivent mettre la main à la poche pour contribuer à financer les études de leurs enfants.
Et qui va s'en sortir mieux que d'autres ?
Devinez !
"Si l'on veut gagner sa vie,
il suffit de travailler.
Si l'on veut devenir riche,
il faut trouver autre chose."
Alphonse Karr.

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Re: Chèque éducation

Messagepar Inventio » sam. 14 juil. 2012, 12:45

Je suis assez admiratif devant les différentes interventions de qualités exposées plus haut. Notamment devant celles de ceux (fredkzb et quelques autres) plus attachés à faire avancer la réflexion collective que leurs propres idées. Je crains ne pas avoir votre patience ! Et j'aurais presque envie de rapidement saborder le topic. Car lancer une idée -bonne ou mauvaise- comme le chèque éducation plutôt qu'une autre, c'est mettre la charrue avant les bœufs.
Comprenons-nous : réfléchir à la notion de chèque éducation, à ses différentes implications, à ses impacts probables, c'est intellectuellement stimulant et même... passionnant. Mais des bonnes idées pour réformer l'éducation, on peut en trouver pas mal. Il me démange même d'en publier quelques-unes ici. Pourquoi celles-ci et pas quelques autres ?

J'avais déjà suggéré (http://forum.partipirate.org/programme/programme-parti-pirate-quel-programme-t8263.html) qu'un amoncellement de (bonnes) idées ne fait pas un programme. Cela fait juste un tas d'idée. Au contraire, avant de proposer des solutions sorties du chapeau, je recommanderais de réfléchir et d'identifier le(s) problème(s), grâce à l'une des deux méthodes suivantes :

- Soit réfléchir à un diagnostic : quel est aujourd'hui le point le plus faible de l'éducation en France ? Comment se situe le système éducatif français par rapport à d'autres systèmes, de manière quantitative (par exemple, via les études PISA http://fr.wikipedia.org/wiki/Programme_PISA) et qualitative (par exemple avec des ouvrages comme La Finlande : un modèle éducatif pour la France ? (http://www.amazon.fr/La-Finlande-%C3%A9ducatif-secrets-r%C3%A9ussite/dp/tags-on-product/271011934X) ?
Puis hiérarchiser les priorités, repérer les politiques les plus urgentes à mettre en œuvre et faire des choix en fonction d'un budget nécessairement limité. Au final, déduire de ce diagnostic, un plan d'action conforme aux valeurs du Parti pirate. C'est seulement ensuite que l'on peut commencer à débattre de nouvelles "idées" et leur opportunité respective.

- Soit réfléchir au futur que nous souhaitons pour notre pays. Au futur, pas à demain. Au long-terme (plus de 25 ans), pas au court-terme ! Quel futur souhaitons-nous construire pour la France, pour l'Europe de dans 25 ans ? Pour repérer les grandes lignes, les différents sentiers de cheminement, je recommanderais la lecture de penseurs proposant un regard sur les sociétés de demain comme Rifkin ( http://internetactu.blog.lemonde.fr/2012/04/13/rifkin-nous-avons-a-nouveau-un-futur/), Rosanvallon (http://www.rue89.com/rue89-politique/2012/06/27/pierre-rosanvallon-le-fn-devient-un-parti-structurant-de-la-culture-de), etc. ou sur la manière dont celles d'aujourd'hui ont été construites : Michel Serres (http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/03/05/eduquer-au-xxie-siecle_1488298_3232.html), Edgar Morin (http://www.rue89.com/entretien/2011/01/23/edgar-morin-une-voie-pour-eviter-le-desastre-annonce-187032... Liste non exhaustive !

A la réflexion, ces deux approches se combinent. Et il serait souhaitable de les mener de front. C'est seulement une fois que nous aurons établi à la fois un diagnostic sur l'éducation d'aujourd'hui et proposé un projet global pour celle dont notre pays a besoin demain, que nous pourrons réfléchir aux "idées". Que nous pourrons être rigoureux et efficace dans nos échanges autour de celles-ci. Bref, un peu de méthode, avant toute chose !

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fredkzb
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Re: Chèque éducation

Messagepar fredkzb » sam. 14 juil. 2012, 17:49

Trouvons des points communs à quelques-unes des démarches proposées ou suivies.
Et excluons celle de poser une solution (par exemple le "chèque éducation"), pour remonter éventuellement ensuite aux problèmes auxquels elle pourrait répondre.

Inventio, vous proposez deux types de démarches. Je ne vais pas chercher à les disqualifier, car je les trouve intéressantes l'une comme l'autre. Cependant, que vous partiez d'un diagnostic ou d'une vision prospective, dans les deux cas, l'un et l'autre ont comme sous-jacents des valeurs, non ?
Ce qui m'amène à évoquer, en complément, une troisième manière d'appréhender les problèmes de la société, ou de tel ou tel champ de la société, que l'on peut constater.
Cette démarche pourrait consister à d'abord identifier clairement et à mettre en exergue un certain système de valeurs. Quelles valeurs ? Celles de l'autonomie, la coopération, le libre accès aux biens collectifs, etc., c'est-à-dire celles qui (selon moi) rendent notre vie "humaine"... et notre humanité vivable (et la rendraient plus vivable encore si elles étaient plus développées) ... Valeurs qui, par un hasard des plus heureux (!), correspondent, à peu de choses près, à celles du PP.
Elle consisterait ensuite à analyser, à l'aune de ces valeurs, ce qui fonctionne et ce qui dysfonctionne dans notre société prise globalement, ou dans tel ou tel champ de notre société (économie, environnement écologique, éducation, etc.) lorsque l'on rentre dans le détail.
Ce système de valeurs serait le réverbère (symbolique) auprès duquel nous pourrions nous tenir pour observer la réalité qui nous entoure, la critiquer lorsqu'il y a lieu (négativement et positivement), et enfin proposer (puisqu'il n'est pas de critique utile sans propositions).
Au-delà d'une volonté d'éclaircissement de la réflexion, mon approche est celle-là, lorsque j'invite à se poser les questions suivantes avant même de continuer toute discussion sur le "chèque éducation" :

fredkzb a écrit :Il me semble alors que les questions que l'on devrait se poser à ce sujet pourraient être celles-ci :

- Comment nous positionnons-nous vis-à-vis du principe de financement payant par les usagers (en partie ou en totalité) appliqué aux "services publics" quels qu'ils soient ?
- Comment nous positionnons-nous vis-à-vis de l'essor, chez les usagers du "service public" d'éducation, de l'état d'esprit d' "acheteur" et de "consommateur" de services (et qui peut éventuellement rejaillir sur les personnels qui le font fonctionner) ?
- Comment nous positionnons-nous vis-à-vis de la mise en place d'un marché des établissements ?
- Comment nous positionnons-nous vis-à-vis de la mise en oeuvre d'une liberté de recrutement des salariés par les directions des établissements scolaires et "post-bac." ?
- Que préférons-nous : une démocratie de consommateurs utilisant des "chèques éducation" ou une démocratie de citoyens décidant collectivement du financement des établissements au travers de leurs institutions politiques (ce qui présuppose à son tour obligatoirement la mise en oeuvre d'une profonde démocratisation des institutions politiques actuelles) ?
(La liste des questions n'est pas limitative...)

Des réponses à ces questions (entre autres), découlera presque "naturellement" notre détermination de la pertinence de soutenir ou non le principe de "chèque éducation" et, en cas d'avis favorable, d'en prévoir les modalités concrètes d'application.


Certes, je n'invite pas à se projeter dans 25 ans... Mais si les valeurs, suggérées rapidement plus haut, ont une quelconque pertinence aujourd'hui, nous pouvons considérer qu'elles pourront, au moins en grande partie, les conserver d'ici là... Car qu'y a-t-il de plus favorable à l'humanité que les valeurs sociales qui la valorisent ?

Evidemment, il s'agit d'une démarche à coloration sans doute plus explicitement idéologique que l'une ou l'autre des vôtres.
Mais que la référence aux valeurs soient implicite ou explicite, celles-ci n'en sont pas moins présentes, dans tous les cas. Or, qu'est-il mieux, adopter une démarche qui les sous-entend ou une démarche qui les met à la vue de tous (transparence) et les pose comme référent ?
J'avoue ne pas avoir de réponse définitive (mais une préférence).

Au final, s'il y a bien une différence entre les trois démarches, à savoir le point de départ de l'analyse (réalité / futur plus ou moins bien anticipé / système de valeurs), je crois qu'elles se rejoignent sur le but : concevoir des propositions qui soient adaptées à la réalité et conformes au système de valeurs.
"Si le bonheur égoïste est le seul but de votre existence, votre existence sera bientôt sans but." (Romain Rolland)
"La politique se ressourcera non pas en créant de grands systèmes inapplicables, mais en fabriquant de petits dispositifs redoutables comme un grain de sable dans le rouage d'une machine perfectionnée. Fin de l'histoire immodeste, avènement de l'histoire modeste, mais efficace." (Michel Onfray)


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