Gautier a écrit :Même si globalement je suis assez proche de toi, je pense que tu négliges certain aspects.
Les allègements de peine ne le sont pas forcément au nom de la morale mais aussi au nom de la hiérarchie de la Loi, par exemple voler pour se nourrir lorsqu'on est en situation de malnutrition n'est pas considéré comme un délit, car la Loi considère techniquement que la santé d'un citoyen passe avant toute autre considération. Tout comme on a le droit de tuer quelqu'un nous menaçant avec une arme létale sans risquer d'être condamné pour homicide, en théorie.
Le problème n'est pas juste le châtiment, c'est surtout ses conséquences. Les fourchettes servent aussi à ça : mettre un gosse de 18 ans en prison pour 20 ans c'est fabriquer de manière quasiment certaine une bête humaine violente et brutale. Autant lui tirer une balle dans la nuque, ce serait limite plus humain.
Les allégements de peine ne sont que de la morale. Une morale qui se mord la queue, car elle se sait n'avoir en définitive aucun fondement objectif, mais ça n'en reste pas moins de la morale. Les moralistes veulent nous rendre meilleurs, ils condamnent donc le vol, poursuivent et punissent les voleurs. En cours de route il se rendent comptent que les voleurs qu'ils punissent ne sont que des petits voleurs, et que leurs camarades de classe sociale effectuent des vols de bien plus grande ampleur sans y être poussé par autre chose que leur cupidité (de classe), et donc pour flatter leurs égos de moralistes sans pousser la conscience jusqu'à s'en prendre à leur propre classe sociale, et pour ainsi se prendre quelques quarts d'heure durant pour de bons samaritains, ils allègent -on ne peut plus légèrement- les peines de quelques pauvres erres méritant qu'ils trieront au faciès moral. Mais ils seraient de bien meilleurs samaritains s'ils se proposaient de condamner les voleurs quels qu'ils soient, de quelque milieu qu'ils soient, sans s'occuper des circonstances.
Ce qui est d'ailleurs en réalité en bonne voie de nos jours, mais seulement pour juger les pauvres. Un pauvre qui se fait prendre se verra attribuer gracieusement un avocat débutant qui le défendra comme il pourra lors d'une comparution immédiate. Un riche lui se choisira un avocat reconnu pour sa grande compétence et aura droit à un procès fleuve. Le pauvre n'aura en réalité droit qu'à un examen on ne peut plus succin des circonstances de ses actes, le riche pourra donner à cet examen une importance totalement disproportionnée.
Ma proposition peut paraître choquante si on se place dans le paradigme de la prison d'aujourd'hui, c'est à dire dans le paradigme de la peine punitive (peines longues, dégradantes et humiliantes). Mais si l'on se place dans l'optique d'une peine non punitive mais de simple mise à l'écart -voire à l'épreuve- comme ça se pratique dans le sport par exemple, être condamné à une peine ne revêtirait pas la même gravité que de nos jours.
Toute simplification sert le peuple, toute complexification sert l'élite. En définitive, nous ne devrions retenir que deux types de condamnation : celle du crime où la vie, l'intégrité physique d'une ou de plusieurs personnes a été mise en danger, et celle du délit ou les biens ou la tranquillité d'une ou de plusieurs personnes ont été mis en danger. Tous le reste, tous ces comptes d'apothicaires juridiques n'est qu'un sombre commerce en totale opposition avec l'intérêt général.
Quant à la peine de mort, c'est un autre débat. Pour ma part, je n'y suis pas fondamentalement opposé.