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La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

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pers
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Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar pers » dim. 03 juin 2012, 13:07

Pasmafaute a écrit :Bon, qui tape sur Biaise pour qu'elle tape sur MorganeMerteuil


C'est quoi ça, encore une pratique sexuelle déviante ? :-D

(Où est la sortie ? Ah oui, par ici...)
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OSB
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Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar OSB » dim. 03 juin 2012, 17:14

Que les prostituées qui choisissent leur activité librement ne soient qu'une minorité (en supposant que ce soit le cas ce qui reste à démontrer) ne change rien à l'affaire. On ne fait pas des lois qui piétinent les libertés de certaines personnes sous prétexte qu'elles sont moins nombreuses, ou que les droits fondamentaux pourraient être bafoués parce que les personnes concernées forment une quantité négigeable. Ce n'est pas du tout ça la démocratie ni surtout l'état de droit.

On doit prévoir une législation suffisamment subtile pour garantir à la fois le droit des personnes qui ne veulent pas se prostituer à ne jamais y être contraintes sous aucun prétexte, et celui de celles qui souhaitent le faire de pouvoir le faire librement quelles que soient les raisons personnelles qui les motivent et sans préjuger du bien-fondé de ces raisons. Une telle loi n'est pas difficile à rédiger. Si donc on ne veut pas le faire, et qu'on décide de s'opposer à l'un ou l'autre de ces choix de vie, c'est qu'on se situe dans une dérive autoritaire pour ne pas dire totalitaire contraire au principe de liberté. Se prétendre libertaire dans cette hypothèse est d'une totale incohérence.

De même qu'il est incohérent de la part des féministes d'avoir défendu le droit des femmes de disposer de leur corps pour leur interdire ensuite certaines activités jugées "indignes" ou "dégradantes" . La lutte contre le patriarcat ne consiste certainement pas à empêcher les femmes qui choisissent ces activités de les pratiquer, mais de changer le regard que la société porte parfois sur elles.

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Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar pers » dim. 03 juin 2012, 17:47

C'est intéressant, en lisant votre intervention j'ai eu l'impression d'être dans une discussion sur le voile islamique (d'ailleurs je ne suis pas le seul à avoir fait le lien) :

Olivier Soares Barbosa a écrit :On ne fait pas des lois qui piétinent les libertés de certaines personnes sous prétexte qu'elles sont moins nombreuses, ou que les droits fondamentaux pourraient être bafoués parce que les personnes concernées forment une quantité négigeable. Ce n'est pas du tout ça la démocratie ni surtout l'état de droit.

[...]

Si donc on ne veut pas le faire, et qu'on décide de s'opposer à l'un ou l'autre de ces choix de vie, c'est qu'on se situe dans une dérive autoritaire pour ne pas dire totalitaire contraire au principe de liberté. Se prétendre libertaire dans cette hypothèse est d'une totale incohérence.

De même qu'il est incohérent de la part des féministes d'avoir défendu le droit des femmes de disposer de leur corps pour leur interdire ensuite certaines activités jugées "indignes" ou "dégradantes" . La lutte contre le patriarcat ne consiste certainement pas à empêcher les femmes qui choisissent ces activités de les pratiquer, mais de changer le regard que la société porte parfois sur elles.
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Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar OSB » dim. 03 juin 2012, 19:10

Oui, je crois qu'il y a un parallèle dans le type d'argumentation, et je me situerais de la même façon sur la question du voile.

Je suis pourtant le premier à être choqué lorsque je vois un homme marcher trois pas devant sa femme engoncée de voiles qui la dissimulent entièrement, et je vois bien qu'elle est très certainement opprimée, et ça me fend le coeur, mais que puis-je faire ? Lui dire : "Madame, ôtez ces symboles de votre asservissement, et marchez à côté de votre compagnon que vous devez pouvoir quitter à tout instant" ? Et dois-je en faire autant avec la soeur carmélite ? "Otez cette cornette, vous n'avez pas le droit de faire voeu d'obéissance" ? ou des couples mariés "Comment Monsieur quittez votre alliance, symbole de votre servitude volontaire" ? Que vont me répondre toutes ces personnes ? Qu'elles ont choisi leur vie et que ça ne me regarde pas. Je peux toujours dire qu'elles sont "conditionnées" ... oui elles le sont sans-doute, mais elles sont supposées être majeures et responsables, ce qui signifie que leurs décisions sont souveraines. Même si leurs décisions me paraissent déterminées par leur culture ou leur éducation, même si ça consiste à se mettre une croix de quinze tonnes autour du cou et à s'infliger des mortifications et des autoflagellations.

La seule chose que je puisse faire, c'est de donner à tous les jeunes l'éducation la plus libre possible, de façon à faire en sorte que chacun puisse faire ses choix de façon autonome, qu'aucun choix ne soit jamais définitif, que si les femmes veulent un jour se dévoiler elles puissent le faire, mais il ne m'appartient pas de choisir pour les autres.

On ne peut pas être contraint à une liberté dont on ne veut pas et on doit toujours être libre de choisir des contraintes pourvu qu'elles soient volontaires. Parce que toute chose peut être vécue comme un bienfait ou comme un malheur par les uns ou par les autres et peut être librement choisie ou vécue comme insupportable.

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Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar daniel » dim. 03 juin 2012, 20:37

Olivier Soares Barbosa a écrit :Oui, je crois qu'il y a un parallèle dans le type d'argumentation, et je me situerais de la même façon sur la question du voile.

Je pense que l'exemple du voile islamique n'est bon car l'argumentaire qui "justifie" son interdiction est faux. La vraie raison de son interdiction est la volonté de limiter le prosélytisme musulman. Le port du voile est un comportement symbolique et l'interdiction d'un comportement symbolique n'est pas une vraie contrainte. On ne peut donc pas parler d'une répression réelle. Le comportement symbolique est juste un message qu'un individu envoie à son entourage et rien d'autre. Les règles de la politesse limitent cette liberté sans que cela choque quelqu'un. Le voile symbolique contient un message qui n'est pas le même que les autres symboles religieux. Il est donc absurde de traiter les mêmes symboles religieux d'une manière identique. Les femmes musulmanes m'ont bien expliqué qu'elles expriment ainsi leur attitude d'hostilité envers les hommes. Je trouve acceptable que l'on interdit certains symboles en fonction du message qu'ils contiennent.

La prostitution n'est pas un comportement symbolique et elle n'est pas associée à aucune idéologie. Les prostituées n'envoient aucun message par leur activité. Son interdiction est donc une vraie contrainte, une vraie répression.

Il y a aussi peu de risque qu'un comportement non symbolique devienne obligatoire un jour. L'esprit humain se complaît dans les symboles, pas dans des comportements dépourvus de contenu symbolique. Par contre l'interdiction de la prostitution relève d'un comportement symbolique, c'est probablement ce qui rend cette interdiction aussi attirante pour le cerveau humain. :mrgreen:

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OSB
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Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar OSB » dim. 03 juin 2012, 21:51

J'avoue que je ne suis pas certain de bien suivre toute ton argumentation, mais je propose qu'on reprenne la discussion dans un topic dédié

Pour en revenir à la prostitution, il y avait une manifestation Samedi à l'appel du Strass et l'on retrouve Morgane ici :

http://www.liberation.fr/societe/2012/0 ... oir_823208

MorganeMerteuil
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Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar MorganeMerteuil » dim. 03 juin 2012, 22:55

bonsoir me revoilà :)
j'ai été débordée ces derniers temps entre l'organisation des Assises et de la manifestation, mais me revoilà
vous vous douterez que je ne vais pas pouvoir répondre à tout ce qui a été dit depuis ...
j'avoue que je n'en ai de toutes manières pas la force; vous avez été nombreuxSES ici à défendre les positions que je défends moi-même, et je vous en remercie;
Pour ma part je suis assez lassée que les arguments légitimant pourquoi il ne faut pas criminaliser le travail sexuel, reposant pourtant sur du rationnel (tel loi aura telles conséquences et sera négative) ne soient de toutes manières pas prises en compte puisque les personnes abolitionnistes n'en ont que faire, se situant dans la sphère du pathos et du subjectif.
je suis en ce moment trop épuisée pour me battre, et n'ai pas envie de le faire ici à nouveau... tout a déjà été dit et redit, à peu près partout, mais le débat n'avance jamais, puisque notre parole ne vaut apparemment pas la peine d'être prise en compte, puisqu'elle ne serait qu'un symptôme de notre aliénation etc etc ...
tout cela a déjà été dit ici.
je me contenterai juste de deux ou trois remarques que les échanges que je viens de lire m'inspirent :
- je ne me bats pas contre le féminisme. Je me considère comme féministe. Je me bats contre l'instrumentalisation de la cause féministe pour faire valoir des lois répressives qui vont donner toujours plus de pouvoir aux flics. Je trouve paradoxal quand on se revendique féministe, plutôt que de favoriser la prise de pouvoir des femmes, d'appeler un instrument de l'ordre bourgeois et patriarcal pour protéger ces mêmes femmes... (et de demander à ceux mêmes qui sont les premiers à abuser de leur pouvoir pour nous violer, nous insulter et nous maltraiter, de venir nous protéger) (j'aimerais bien desfois voir des féministes dans les bois pour faire la morale aux clients tiens !)
en tant que libertaire je m'oppose à toutes répression des "crimes sans victimes" (ici, pénalisation d'une relation entre deux personnes consentantes)
- je ne prétend pas que la prostitution soit une manière d'échapper aux systèmes de dominations; ceux-ci imprègnent la société dans son ensemble, aucun domaine n'y échappe; je serai également soumise à bien des systèmes de domination dans une autre sphère professionnelle; pour autant celle-ci m'a choisi préférable (je voulais être prof à la fac au départ, mais vu la tendance que prend la politique universitaire, avec la LRU et la course à l'excellence, je me suis détournée de cette voix), et je milite pour le droit au choix, le chois de pouvoir faire quelque chose et le respect de la non-volonté de faire autre chose. (et évidemment pour l'accès à l'éducation permettant à chacunE de pouvoir juger au mieux, de la manière la plus éclairée qu'il soit, ce qu'il ou elle estime préférable)
- sur la représentativité ou pas du STRASS, je dirai d'abord que nos revendications ne sont celles d'une corporation défendant ses propres intérêts mais découlent d'une analyse globale de la société, et qu'en ce sens elles ont pour but d'améliorer les conditions de touTEs, travailleuses du sexe par "choix" ou personnes en situation d'exploitation ... Diverses institutions telles que le Conseil National du SIDA ou la Commission nationale Consultative sur les Droits de l'Homme ne disent pas autre chose que nous : la répression ne fait qu'empirer les conditions souvent déjà déplorables dans lesquelles les personnes se trouvent, qu'elles s'y trouvent par choix ou sous la menace.
Ensuite, on se voit également souvent repprocher que les personnes "médiatisées", "visibles" sont les plus favorisées. Bah oui, les nanas en ce moment au bois qui se prennent des PV et des gardes à vue tous les jours, elles n'ont pas le loisir de militer en effet. Mais quand elles me voient, elles me disent "merci pour ce que tu fais pour nous", et ça ça compte bien plus pour moi et me conforte d'autant plus dans ma lutte que toutes les attaques auxquelles je dois souvent faire face. Je sais très bien qui je représente, je sais très bien qui les personnes abo ne représentent pas.
- enfin, puisque, comme dit, les arguments rationnels n'ont de toutes manières aucun poids face aux personnes abolitionnistes, et qu'il semble qu'il faille en arriver là, c'est-à-dire jouer le jeu du pathos : à ceux et celles qui considèrent que le rapport prostitutionnel est un viol, cet argument est pour moi une insulte à toutes les victimes de viol. Je me suis fait violer, et affirmer qu'il n'y a pas de différence entre la situation où malgré mon refus de consentir, j'ai été contrainte à certaines choses, et une situation où j'ai décidé de faire ce que je faisais et que je pouvais arrêter à tout moment, constitue une violence dont vous n'avez, j'espère, aucune idée. C'est non seulement une insulte envers les prostituées, mais plus encore envers les personnes qui ont été victimes d'abus, que de comparer les deux situations. (cf ce texte que j'avais écrit et que j'ai peut-être déjà mentionné :http://www.acontrario.net/2012/03/05/viol-prostitution-consentement/
J'ai jusqu'ici toujours évité de me servir de cet "argument" pour défendre ma cause... J'aurais aimé l'éviter ici aussi. Hélas, ce n'est apparemment pas possible... les personnes abolitionnistes se fondent sur des vécus de victimes pour légitimer leurs pétitions de principe qui sert de base à leurs argumentaires; très bien. Mais alors fondez-vous sur TOUS les vécus, sinon cela n'a aucun sens et ne ferait que confirmer que vous avez juste choisi de défendre certaines femmes au détriment d'autres... et là, il faudra bien que vous finissiez à vous expliquer sur la raison de cette haine envers les putes qui ne correspondent pas au profil que vous aimez (puisque c'est bien ça au fond : "on fait pourtant tout pour que vous fassiez autre chose (cf le projet abolioniste); si malgré notre "aide" vous préférez toujours être pute, bah tant pis pour vous, vous pouvez vous faire exploiter ou choper le sida, c'est pas notre problème, on aura essayé de vous aider hein !"

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Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar daniel » lun. 04 juin 2012, 00:22

Olivier Soares Barbosa a écrit :J'avoue que je ne suis pas certain de bien suivre toute ton argumentation, mais je propose qu'on reprenne la discussion dans un topic dédié

Pour en revenir à la prostitution, il y avait une manifestation Samedi à l'appel du Strass et l'on retrouve Morgane ici :

http://www.liberation.fr/societe/2012/0 ... oir_823208

Le cœur de mon raisonnement basé sur le concept que le raisonnement conscient et la communication sont le même processus mental dans le cerveau humain. Ainsi tout comportement conscient ( basé sur un raisonnement conscient ) peut être perçu aussi comme un message, il s'agit d'une dualité entre le message et le comportement et entre le raisonnement conscient et le message. Ce message est généralement attribué sous forme d'un sens attaché au comportement. Le raisonnement a des propriétés de la communication et même des comportements ont certaines propriétés de la communication.

L'esprit humain a ainsi la tendance à attribuer un sens à tout comportement humain et même à tout évènement quelconque.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ethnom%C3%A9thodologie

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OSB
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Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar OSB » lun. 04 juin 2012, 02:06

Le lien que tu donnes, Daniel, est très intéressant, mais si on commence à partir sur un tel sujet, on va s'éloigner complètement du sujet initial sur ce fil et c'est ennuyeux à double titre. D'une part parce que le sujet sur la prostitution et les TDS mérite qu'on ne le mélange pas avec d'autres questions, et d'autre part parce que ces autres questions que tu évoques sur les comportements en société méritent d'être débattues pour elles-mêmes sur un ou plusieurs fils séparés. C'est par ailleurs entièrement de ma faute puisque c'est moi qui ait démarré le hors-sujet. :oops:

Je suis complètement prêt à poursuivre la conversation ailleurs.

[edit] c'est pas que je sois un grand obsessionnel, mais je crois que si les sujets sont un peu plus concentrés sur des fils différents, on pourra faire des sous-forums thématiques qui permettront de se reporter aux anciennes conversations ce qui me parait utile pour que le débat ait une utilité démocratique au bout du compte. Si toutes les idées, même les plus passionnantes sont mélangées au fur et à mesure qu'elles nous viennent dans tous les fils, on ne va jamais s'en sortir. :wink:

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Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar Zali L. Falcam » lun. 04 juin 2012, 07:55

- je ne me bats pas contre le féminisme. Je me considère comme féministe. Je me bats contre l'instrumentalisation de la cause féministe pour faire valoir des lois répressives qui vont donner toujours plus de pouvoir aux flics. Je trouve paradoxal quand on se revendique féministe, plutôt que de favoriser la prise de pouvoir des femmes, d'appeler un instrument de l'ordre bourgeois et patriarcal pour protéger ces mêmes femmes... (et de demander à ceux mêmes qui sont les premiers à abuser de leur pouvoir pour nous violer, nous insulter et nous maltraiter, de venir nous protéger) (j'aimerais bien desfois voir des féministes dans les bois pour faire la morale aux clients tiens !)
en tant que libertaire je m'oppose à toutes répression des "crimes sans victimes" (ici, pénalisation d'une relation entre deux personnes consentantes)


Dans mes bras. :D
Ça résume bien tout ce que je pourrais dire dans ce débat sans fin.
De retour de vacances, donc pleinement joignable, avec un million de dossiers en retard sur le bureau.
Je suis votre aimable et dévoué modérateur chéri, à votre disposition par MP pour toute question.

Si vous êtes gentil, n'hésitez pas à me faire coucou sur mon blog.

Si vous souhaitez aider, l'équipe qui s'occupe de synthèses de débat recrute toutes les bonnes âmes !
Vous trouverez des propositions malhonnêtes ici, où vous pourrez voir en quoi tout cela consiste. Venez nombreux, on mord pas !

kabizbak

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar kabizbak » lun. 04 juin 2012, 09:29

Olivier Soares Barbosa a écrit :Que les prostituées qui choisissent leur activité librement ne soient qu'une minorité (en supposant que ce soit le cas ce qui reste à démontrer) ne change rien à l'affaire. On ne fait pas des lois qui piétinent les libertés de certaines personnes sous prétexte qu'elles sont moins nombreuses, ou que les droits fondamentaux pourraient être bafoués parce que les personnes concernées forment une quantité négigeable. Ce n'est pas du tout ça la démocratie ni surtout l'état de droit.

Quel droit fondamental bafoue donc l'abolition de la prostitution ? Pourriez-vous, cher Monsieur Olivier Soares Barbosa, répondre, succinctement, à cette question cruciale ?

Olivier Soares Barbosa a écrit :Je peux toujours dire qu'elles sont "conditionnées" ...

Par conditionnées, vous entendez un conditionnement moral, spirituel, religieux. Et vous laissez de côté le conditionnement économique, comme il est laissé de côté par les partisans de la loi frappant ces femmes. Par la loi, l'état leur impose une libération que le système économique de ce même état leur refuse. Se propose-t-on de leur fournir les armes économiques de cette libération ? Non.

"Enlevez ce voile, cette burqa, et faites donc vos courses sans dénaturer le paysage avant de retourner chez vous faire la soupe aux enfants de votre islamiste de mari.", voilà ce que l'état leur dit.

daniel a écrit :La prostitution n'est pas un comportement symbolique et elle n'est pas associée à aucune idéologie. Les prostituées n'envoient aucun message par leur activité. Son interdiction est donc une vraie contrainte, une vraie répression.

Le fait de se prostituer, n'est empreint d'aucune idéologie. Le fait de considérer la prostitution comme une activité économique au même titre que le secrétariat, la vente, le chant, l'enseignement ou je-ne-sais-quoi d'autre encore, si. Et même de plusieurs.

MorganeMerteuil a écrit :bonsoir me revoilà :)

Coucou.

MorganeMerteuil a écrit :Je sais très bien qui je représente, je sais très bien qui les personnes abo ne représentent pas.

Dites-moi donc, qui, moi abo, je représente ?

MorganeMerteuil a écrit :- enfin, puisque, comme dit, les arguments rationnels n'ont de toutes manières aucun poids face aux personnes abolitionnistes, et qu'il semble qu'il faille en arriver là, c'est-à-dire jouer le jeu du pathos : à ceux et celles qui considèrent que le rapport prostitutionnel est un viol, cet argument est pour moi une insulte à toutes les victimes de viol. Je me suis fait violer, et affirmer qu'il n'y a pas de différence entre la situation où malgré mon refus de consentir, j'ai été contrainte à certaines choses, et une situation où j'ai décidé de faire ce que je faisais et que je pouvais arrêter à tout moment, constitue une violence dont vous n'avez, j'espère, aucune idée. C'est non seulement une insulte envers les prostituées, mais plus encore envers les personnes qui ont été victimes d'abus, que de comparer les deux situations. (cf ce texte que j'avais écrit et que j'ai peut-être déjà mentionné :http://www.acontrario.net/2012/03/05/viol-prostitution-consentement/

Votre recours à ce que vous appelez le "pathos" (acte symbolique s'il en est, et particulièrement empreint d'une idéologie bien particulière) n'a à mon sens rien d'insultant pour notre intelligence. J'ai moi-même vécu une sorte de viol, et pourtant je sais reconnaitre les similitudes entre devoir subir un viol et avoir à se prostituer, suis favorable dans l'absolu à l'abolition de la prostitution, et très méfiant à l'égard d'une modification de nos lois relatives au travail dans ce domaine, même pour rendre la prostitution moins dangereuse et moins pénible.

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Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar daniel » lun. 04 juin 2012, 12:00

kabizbak a écrit :
daniel a écrit :La prostitution n'est pas un comportement symbolique et elle n'est pas associée à aucune idéologie. Les prostituées n'envoient aucun message par leur activité. Son interdiction est donc une vraie contrainte, une vraie répression.

Le fait de se prostituer, n'est empreint d'aucune idéologie. Le fait de considérer la prostitution comme une activité économique au même titre que le secrétariat, la vente, le chant, l'enseignement ou je-ne-sais-quoi d'autre encore, si. Et même de plusieurs.
Nous sommes au cœur des dysfonctionnements de la communication humaine. L'expéditeur d'un message ne peut que deviner le sens que le destinataire va attribuer à son message et le destinataire ne peut que deviner le sens du message que l'expéditeur lui a envoyé. Et c'est encore pire, le destinataire ne sait même pas si un message lui a été envoyé et il attribue un sens à des gestes ou à des comportements comme si c'étaient des messages que l'expéditeur lui a envoyés.

Quand il s'agit des comportements symboliques il s'agit effectivement d'un message même si le destinataire n'en connaît pas forcément le contenu. Mais quand un comportement n'est pas symbolique le fait d'y attribuer un sens d'un message devient vraiment pénible. C'est le destinataire qui y attribue un sens d'une manière arbitraire et il peut même tenter d'interdire ce comportement juste à cause du sens qu'il lui a attribué. C'est une méthode d'agression assez courante qui fait partie de la violence symbolique.

L'hostilité à la prostitution ne provient pas de la prostitution même mais du sens que les observateurs extérieurs attribuent à la prostitution. Cet acte d'attribution du sens est complètement irrationnel, la personne l'attribue d'une manière arbitraire à sa guise. Quand on compare la prostitution à n'importe quelle autre activité économique on ne cherche pas à donner un sens à la prostitution mais justement éviter que l'on lui donne un sens.

De mon côté la position est claire. La seule personne qui a l'autorité d'expliquer le sens d'un comportement est l'auteur de ce comportement. Et pas un observateur extérieur. Aucun compromis n'est possible pour moi avec les personnes qui revendiquent l'autorité d'attribuer un sens à des comportements qui ne sont pas les leurs et qui ne les concernent pas directement. Je considère que cette attitude de vouloir imposer un sens à quelqu'un est une forme d'agression.

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Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar MorganeMerteuil » lun. 04 juin 2012, 12:25

Dites-moi donc, qui, moi abo, je représente ?


qui vous représentez en dehors de vous-même, je n'en sais rien ... ce qui est certain c'est que vous ne représentez pas les prostituées. cela me suffit.

suis favorable dans l'absolu à l'abolition de la prostitution, et très méfiant à l'égard d'une modification de nos lois relatives au travail dans ce domaine, même pour rendre la prostitution moins dangereuse et moins pénible.

d'accord, donc vous favoriser l'idéologie, au détriment de la vie des personnes qui exercent cette activité. Don't act. Au moins, on ne peut pas vous reprocher votre hypocrisie.

La seule personne qui a l'autorité d'expliquer le sens d'un comportement est l'auteur de ce comportement. Et pas un observateur extérieur. Aucun compromis n'est possible pour moi avec les personnes qui revendiquent l'autorité d'attribuer un sens à des comportements qui ne sont pas les leurs et qui ne les concernent pas directement. Je considère que cette attitude de vouloir imposer un sens à quelqu'un est une forme d'agression.

ça fait du bien à lire ce genre de commentaires, merci !

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Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar OSB » lun. 04 juin 2012, 13:11

kabizbak a écrit :Quel droit fondamental bafoue donc l'abolition de la prostitution ? Pourriez-vous, cher Monsieur Olivier Soares Barbosa, répondre, succinctement, à cette question cruciale ?


Mais la liberté cher Monsieur Kabizbak.

Le droit de disposer de son corps librement.

kabizbak

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar kabizbak » lun. 04 juin 2012, 13:33

daniel a écrit :Nous sommes au cœur des dysfonctionnements de la communication humaine.

Je crains pour vous que ce que vous appelez les "dysfonctionnement de la communication humaine" ne soient tout simplement que la communication humaine.

Vous nous faites part ce faisant, de manière adroite et discrète, de l'affection que vous portez à un mythe : celui d'un monde humain harmonieux, où chacun comprendrait parfaitement chacun. Vous partez de l'idéal pour définir ce qu'est la communication, et vous appelez ensuite la réalité factuelle un dysfonctionnement.

daniel a écrit :L'hostilité à la prostitution ne provient pas de la prostitution même mais du sens que les observateurs extérieurs attribuent à la prostitution. Cet acte d'attribution du sens est complètement irrationnel, la personne l'attribue d'une manière arbitraire à sa guise. Quand on compare la prostitution à n'importe quelle autre activité économique on ne cherche pas à donner un sens à la prostitution mais justement éviter que l'on lui donne un sens.

Absolument. Et ceci est un choix idéologique. C'est du nihilisme. Le sens pose problème, ne nous interdit pas de nous tromper et de l'utiliser à mauvais escient, donc vous supprimez le sens.

daniel a écrit :De mon côté la position est claire. La seule personne qui a l'autorité d'expliquer le sens d'un comportement est l'auteur de ce comportement. Et pas un observateur extérieur. Aucun compromis n'est possible pour moi avec les personnes qui revendiquent l'autorité d'attribuer un sens à des comportements qui ne sont pas les leurs et qui ne les concernent pas directement. Je considère que cette attitude de vouloir imposer un sens à quelqu'un est une forme d'agression.

C'est ce que vous faites, pourtant. C'est ce que je fais, et c'est ce que nous faisons tous en nous exprimant. Nous nous agressons tous et toutes dans l'ether de la langue, pour résoudre les problèmes existants dans la réalité matérielle, pour ne pas en créer de nouveaux, pour exister, pour appartenir, pour tenir à distance, pour jouer, pour gagner, pour perdre, pour sauver, pour achever, pour protéger ses intérêts, pour passer nos nerfs, et/ou pour mille autres motifs encore.

La réalité, c'est qu'il existe une énorme différence entre une parole, et un coup de poing en pleine figure ou une balle logée en pleine tête. Métaphoriquement, il est tout à fait juste de dire que la parole est une arme. Mais prendre cette métaphore au pied de la lettre, revient à stériliser nos communications.

David Cooper, dans "Le langage de la folie" entame une réflexion sur l'attitude que nous devrions adopter pour améliorer notre sort par ces mots :
"En réfléchissant à ces institutions et en considérant sérieusement la merde dans laquelle nous sommes, la merde que nous avalons, que nous rejetons ou recrachons les uns sur les autres,..."

Je tiens compte de ce fait, et accepte la merde qui se déverse sur moi par l'intermédiaire de n'importe lequel de mes interlocuteurs, que celle-ci soit parfumée à l'eau-de-rose humaniste ou non (ça reste de la merde). Parce que je sais que nous sommes dans la merde, et qu'il sera impossible d'en sortir sans la remuer.

MorganeMerteuil a écrit :qui vous représentez en dehors de vous-même, je n'en sais rien ... ce qui est certain c'est que vous ne représentez pas les prostituées. cela me suffit.

En quoi serais-je habilité à représenter qui que ce soit d'autre que moi même en définitive ? Je ne représente pas les partisans de l'abolition de la prostitution, et pourtant j'en suis un.

MorganeMerteuil a écrit :d'accord, donc vous favoriser l'idéologie, au détriment de la vie des personnes qui exercent cette activité. Don't act. Au moins, on ne peut pas vous reprocher votre hypocrisie.

Non, je donne de l'importance à une fable, et moins à une autre. Je viens vous apprendre ceci : on peut être pour l'abolition de la prostitution, et favorable à l'élaboration de mesures d'urgence permettant d'améliorer la vie de ceux et celles qui se prostituent.

Olivier Soares Barbosa a écrit :Mais la liberté cher Monsieur Kabizbak.

Le droit de disposer de son corps librement.

Vous avez tout à fait le droit de vous prostituer gratuitement, si vous le souhaitez.

Ce que vous tentez de nous donner comme droit, c'est celui d'utiliser les contraintes économiques pour obtenir des faveurs sexuelles que nous n'aurions pas obtenu sans ces contraintes économiques.


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