daniel a écrit :Le fait de ne pas pouvoir violer est une contrainte mais le fait de subir un viol en est une aussi. Il s'agit d'un arbitrage entre deux contraintes. En plus les deux contraintes ne sont pas symboliques. On élimine une pour la remplacer par une autre. C'est une logique acceptable.
Le fait de ne pas pouvoir violer sans être condamné pénalement n'est une contrainte que pour ceux qui ont envie de violer, tandis qu'être violé est un désagrément pour tous. Ce n'est donc pas en terme de contrainte que le législateur raisonne -sans quoi il ne lui resterait plus qu'à se coiffer d'une crête, se munir d'une Kro et d'une fiole d'éther, d'un T-shirt avec un grand A épinglé d'une svastika, et d'aller se prosterner sur la tombe de Sid Vicious-, mais en terme d'intérêt général.
daniel a écrit :Non, ce n'est pas la même chose. La seule contrainte que la prostitution provoque est le ressenti associé au sens que l'on attribue à la prostitution. Il ne s'agit donc pas d'une contrainte réelle mais symbolique, provoquée uniquement par l'attribution du sens à la prostitution.
Exactement, tout comme la dépénalisation du viol serait porteuse de sens. Ne plus pénaliser le viol signifierait que le législateur est un punk qui ne se soucie plus du tout de l'intérêt général, mais uniquement d'un dogme anarcho-régressif se résumant à laisser les plus forts faire ce que bon leur semble des plus faibles.
Tout acte fait sens, plus ou moins explicitement. Vous aurez beau tortiller, à moins de vous faire un trou dans la cervelle : vous interpréterez le réel pour en faire une réalité.
daniel a écrit :L'interdiction de la prostitution est une contrainte matérielle, c'est une interdiction d'une partie des relations sexuelles.
Absolument pas, tout comme la prohibition du viol n'est pas une interdiction d'une partie des relations sexuelles, l'abolition de la prohibition n'est pas une interdiction d'une partie des relations sexuelles. Tout comme la prohibition de l'excision, qui pourtant traite des parties génitales, n'est pas une interdiction d'une partie des relations sexuelles.
La sexualité n'a strictement rien à faire dans cette histoire, en réalité. Pour des raisons qui touchent à notre histoire, il est probable que l'argumentaire utilisé pour promulguer, et défendre cette abolition, ait été souvent teinté de morale, mais c'est uniquement par une maladresse quasi pavlovienne. La seule chose que sous-tende cette abolition, c'est que le législateur ne souhaite pas légitimer la primauté de l'économie sur toute autre considération.
"Tout homme peut engager ses services, son temps, mais il ne peut se vendre, ni être vendu ; sa personne n'est pas une propriété aliénable. La loi ne connaît point de domesticité ; il ne peut exister qu'un engagement de soins et de reconnaissance entre l'homme qui travaille et celui qui l'emploie." Art XVIII de la déclaration des droits de l'homme de 1793daniel a écrit : Cela n'a rien de symbolique.
Tout acte fait sens, plus ou moins explicitement. Vous aurez beau tortiller, à moins de vous faire un trou dans la cervelle : vous interpréterez le réel pour en faire une réalité.
daniel a écrit :On ajoute une contrainte réelle pour faire disparaître une contrainte imaginaire. Et ce n'est pas acceptable.
En abolissant la prostitution on souhaite rendre la société plus douce. Comme c'était là l'objectif de la pénalisation du viol ou de abolition de l'esclavage qui affirmaient la prévalence de l'intérêt général sur des intérêts au combien particuliers, le législateur affirme ici, dans le cas de l'abolition de la prostitution, la prévalence de l'individu -l'intérêt général : nous sommes tous des individus- sur l'économie -intérêts particuliers-.