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Projet de réponse aux déclarations de NVB in le Monde

txo
Porte-Parole
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Projet de réponse aux déclarations de NVB in le Monde

Messagepar txo » ven. 26 oct. 2012, 08:07

J'insère ici un projet de réponse (envisagée à titre personnel, je ne parle pas en temps que pirate es qualité) suite aux déclarations de Najat Vallaud-Belkacem faute de trouver un espace plus adapté comme un topic "relations avec les élus" par exemple, de sorte à ouvrir et prolonger le débat… en réponse aux propositions gouvernementale (perte de temps ou pas ?).

référence ;
http://www.lemonde.fr/politique/article ... 23448.html
————

Madame la Ministre des Droits de la Femme, Porte-Parole du Gouvernement

Madame la Ministre,

je viens vers vous, sous cette forme écrite, suite à la lecture dans le Monde.fr daté du 22 octobre 2012 d’un article qui expose, en reprenant l’AFP, les actions de ce vous pensez nécessaire d’entreprendre pour illustrer la défense de la communauté LGBT.

Cet article assez court, considérant l’étendue que son propos embrasse : Éducation, Communication institutionnelle, Diplomatie (via les Nations Unies), amalgame plusieurs sujets autour d’un axe unique consistant à assurer de la sollicitude gouvernementale nos concitoyens qu’une forme d’intolérance fragilise voire menace et accable, souvent gravement, en raison de leur orientation sexuelle.

L’intention est louable et le citoyen « LGBT* » que je suis vous en remercie mais le pirate - qui ne dort que d’un œil en moi - s’interroge. Non pas tant sur le fait que l’opinion se montre plus préoccupée - nous assure-t-on - de la détérioration de la situation économique et celle de l’emploi, projetant que votre intervention participe d’un divertissement médiatique - je laisse cette critique superficielle à ceux qui conçoivent l’action du gouvernement de notre grand pays comme linéaire et « mono-tâche » - mais parce que votre propos me donne l’occasion d’exprimer le mien qui en poursuivant un but identique au vôtre s’appuie sur des conceptions très éloignées pour ne pas dire antagonistes.

Le « passage en revue » - oh comme cela semble militaire (l’uniforme recèle, il est vrai, des ressources secrètes…), des manuels scolaires, au motif de faire cesser « l’omerta » éducative concernant l’orientation sexuelles des artistes auteurs au programme, implique une normativité de l’homosexualité et partant de la sexualité que je ne crois pas conforme à la liberté qu’exerce chaque citoyen-ne au travers de ses pratiques sexuelles. Exciper de l’homosexualité de Rimbaud pour expliquer son œuvre poétique, ce n’est pas donner à un ou une jeune homosexuel-le l’outil pour se construire car confronter ses émois à ceux d’autrui, dans une une singularité qu’il ne pourra jamais rencontrer autrement qu’au travers de ce que l’auteur a désiré en laisser paraître, revient à renforcer sa solitude face à l’art qui "demeure encore moins « intéressante » que la vie", dans ce cas, pour évoquer furtivement Robert Filliou.

En revanche, le risque est grand de le confronter à une normativité abstraite et intellectualisée dont personne ne peut décider qu’elle le concerne, ni comment. La lecture sans marqueur de genre permet à l’amateur de grands textes de découvrir ce qui le rapproche OU non du poète. Personne n’est homosexuel (ou hétérosexuel d’ailleurs) de la même façon. Seuls les pornographes professionnels en tirent bénéfice car la segmentation reste la grande dispensatrice de marges commerciales confortables. À ce propos, il me souvient qu’une lutte a traversé la communauté homosexuelle pour se départir de cette forme d’élitisme à rebours. La valorisation du « pédé poète » complique singulièrement la vie quotidienne du camionneur homosexuel. Un routier qui manœuvre bien son véhicule réalise de « grandes choses », il n’est point besoin de procéder à la recension des « nobelisés » pour qu’un-e homosexuel-le se voit accorder une « légitimité » supplémentaire à être ce qu’il est, veut ou voudrait être.

L’homosexualité n’est pas soluble dans le « supplément d’âme ».

Par ailleurs, se pose le problème du consentement a posteriori d’auteurs disparus de voir ainsi leur vie ou leur travail placé sous une égide** qu’ils n’ont pas voulu explicite ou « tout public », si l’on fait abstraction des œuvres spécifiquement érotiques dans lesquelles l’écrivain, le peintre ou le photographe se révèle. Encore l’enseignant devrait-il se garder de toutes conclusions hâtives car même ces « enfers » là : ceux du rayon supérieur de la bibliothèque - sont pavés de bonnes intentions. Comment le sachant distingue-t-il le fantasme de la pratique effective ? Devra-t-il en décider en l’absence de certitudes, sinon de preuves formelles ? Que décider concernant la volonté de l’auteur ou de ses ayants-droit d’en désirer la publicité. En la matière, le désir reste central, ou le devrait.

Pour une belle part, la magie d’un texte procède de ce que l’on appelle désormais le sous-texte. Faut-il le trousser quoiqu’il advienne, le « déflorer » pour en revenir à Rimbaud ?

Actionner la Miviludes pour lutter contre les « thérapies de transition », qui n’ont de thérapies que le nom, nous en tombons d’accord, présente le risque de voir ses promoteurs se draper dans la persécution religieuse et acquérir à bien peu de frais le statut de victimes aux yeux de leurs sympathisants. Deux moyens de lutte contre cette forme de barbarie mentale nous sont pourtant offerts, lesquels découlent précisément de la teinture scientifique que ses thuriféraires entendent lui conférer. L’emploi du mot thérapie renvoie au soin, à l’univers médical donc. De deux choses l’une, soit le « thérapeute » exerce sans titre : nous sommes en face d’un exercice illégal de la médecine : il est condamnable, soit le pratiquant dispose d’un diplôme et le conseil de l’ordre des médecins se trouverait dans son rôle de questionner sérieusement son droit d’exercer considérant que l’homosexualité ne fait plus partie des pathologies ou des paraphilies y compris dans le DSM IV américain, derrière lequel les zélotes de toutes les normalisations se réfugient avec une délectation malsaine; la « perversion » n’étant pas, en l’occurrence, du côté qu’on croit.

La conjonction de ces moyens déjà opérationnels éviterait que nous en vînsions à stigmatiser une communauté religieuse quelque obscurantisme qu’elle manifesta.

Vous concluez sur l’annonce d’une action d’envergure internationale pour la dépénalisation universelle de la homosexualité. C’est fort mais moins grand que les termes employés ne le laissent accroire. Est-ce le média dans lequel vous vous exprimiez qui en a conditionné l’usage ? Pierre Bourdieu ne manquerait pas de soulever la question. Mais au delà des contingences éditoriales, ne devons-nous pas revenir à la notion incluante, citoyenne et, au fond, la seule qui soit républicaine, celle qui prône la lutte sans merci contre toutes les atteintes à la personne humaine, institué-e citoyen-ne. Le vainqueur de Dien Bien Phu, le général Giap explique que plus on couvre de terrain plus on dilue ses forces mais que plus on concentre ses forces plus on perd de terrain. Appliqué à notre sujet, la France et l’Europe en affirmant, partout où elles se trouvent c’est-à-dire sur le territoire de l’Union et dans leurs légations diplomatiques qu’aucune atteinte aux personnes ne sera tolérées ou cautionnées serviraient d’un seul coup la cause de la justice; celle qui est déniée aux Pussy Riot comme aux homosesuel-les menacés de mort, aux opposants politiques et aux minorités religieuses, à Julian Assange comme à Mikhaïl Khodorkhovski, aux déshérités et à toutes les victimes d’être ce qu’elles sont : les figures de l’altérité, comme nous l’a enseigné Emmanuel Levinas (zal).

La personne humaine dans la gloire de son altérité est le pilier central de la démocratie.

A mon tour de conclure cette « réponse » déjà trop longue, en évoquant les valeurs pirates : entraide et partage. Elles supposent que l’on réunissent ce qui est épars, pour concourir à la démocratie. Ce rassemblement des énergies et des êtres fonde la citoyenneté autour de la protection des personnes poursuivies en raison de leur qualité substantielle d’humain. N’est-ce pas une belle ambition, en plus d’être une base programmatique, qui applique la vertu citoyenne à la liberté, à l’égalité et à la fraternité. Réunir ce qui est épars dessine le contour d’un continent unique - Utopia ricaneront les cyniques, « TAZ » suggèrerons les esthètes - qui est le port d’attache, s’il existe, du projet pirate en ce que l’humanité est une, définitivement UNE. Ne risquons-nous pas d’effriter ce sentiment, patiemment élaboré, d’unité en fragmentant notre défense de l’humanité. Il est urgent de cesser la diffraction des causes et des objets pour se concentrer sur notre but, la citoyenneté et ses attributs qui épargne à l’être humain de la malédiction ontologique de la pure nécessité.

La réaffirmation de la citoyenneté passe par l’élaboration des modalités de son autonomie politique.

L’une des plus belles propositions de François Hollande candidat - belle en ce qu’elle nourrit le symbolique qui est l’aliment du citoyen, annonçait la suppression du mot « race » de la constitution française. Voilà bien une avancée qui importe au moment où le lien social craque entre français, leurs invités légaux et illégaux, les européens du Nord et du Sud… les nations du Ponant et celles du Levant. À la suite de cette première râture, l’encre n’ayant encore dégoûté de la plume, il est urgent de biffer de conserve les vocables d’antiracisme, d’antisémitisme, d’homophobie, d’islamophobie, de lesbophobie, de cathophobie… sinon à la liste interminable des maux, nous n’aurons bientôt plus de mots à ajouter pour spécifier comment l’être humain est attaqué, ses droits anéantis, sa dignité bafouée et sa vie détruite cependant que nous ne disposerons pas de remède pour autant. Pourtant le concept de citoyenneté est plus que jamais disponible, plus que jamais nécessaire, plus que jamais le pivot de ce qui est possible de vivre entre les personnes désireuses de protéger l’humanité parce qu’elle est altérité, sans restriction mentale ni exclusive.

Parce que le-la pirate est un-e humaniste réel-le, il-le brandit le drapeau noir, dont la signification vexillologique est « je passe à l’attaque ». Ce pavillon qui inquiète l’inattentif ou réjouit le goguenard, signale l’alarme qui saisit l’observateur devant un danger supérieur. Nous devons agir avant que le drapeau rouge (en langage pirate : pas de quartier) ne soit hissé par ceux qui cultivent le goût du chaos et du sang et dont les œuvres, urbi et orbi, ne constituent pas, hélas, une utopie ou une uchronie pirate mais le terrible spectacle du monde, ici et maintenant … en Syrie, tout de suite, et ailleurs, hier et demain. La figure du citoyen est la seule construction culturelle capable de relever ce défi universel. Ne participons pas au déshabillage des concepts sous-jacents. Soyons pirates, c’est-à-dire : libres, égaux, fraternels et sororaux, avant d’être les victimes de l’intime ou les abonnés à la "très sainte consommation" de nos discordes.

Le citoyen, la citoyenne n’a à craindre que d’une chose : la perte de ce statut extraordinaire, au sens littéral, toujours perfectible, qui fait de lui un et un-e combattant-e légal-e au service de l’altérité produite comme respect absolu de l’être. S’il se trouve des raisonneurs blasés ou stipendiés pour me suspecter d’entrechoquer des mots vides pour augmenter le bruit de fond médiatique, je leur réponds par avance qu’ils ne sont tels, ces mots qu’ils affectent de croire désuets, qu’à concurrence de leur désintérêt et de leur lassitude et parce qu’ils renonçent à les emplir chaque jour de leur humanité. Ce n’est pas mon choix car ici jaillit le chantier liquide, l’onde de choc vraiment pirate, le flot qui emportera l’adversité des privatisations opérée par notre peur d’être nous-même.

Madame la ministre, vous m’en donnerez acte : nos buts convergent mais nos chemins divergent. L’altérité consacre aussi ce fait ; la différence tenant à ce que votre pouvoir procède de mon existence, tandis que mon être le subit. Avant d’agir - le verbe servant l’art royal du porte-parole, veuillez aussi considérer ce très modeste point de vue que je vous devais, selon l’acception de la citoyenneté que je viens de développer.

Je vous prie, madame la Ministre, de bien vouloir agréer l’expression des mes sentiments citoyens les plus vifs.

[nom patronymique]


* J’ai exprimé, en son temps, au coordinateur de l’inter-LGBT Alain Piriou, toutes les réserves inhérentes à la définition LGBT laquelle peine à représenter toutes les orientations sexuelles : asexuel-le, sadomasochiste,… etc.

** André Gide (andr[os] égide) - du grec : andros et égis - sous l’égide du mâle, est-ce transparent ?

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clemage
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Re: Projet de réponse aux déclarations de NVB in le Monde

Messagepar clemage » ven. 26 oct. 2012, 13:20

Très joli texte quoique difficilement accessible pour le non initié (mais bon, j'espère que NVB est une initiée).
Par contre, à part la demande de revoir les manuels scolaires, qui je pense, n'a pas a être faite pas le gouvernement (on indique pas que les poètes hétéros l'étaient), je ne peux que soutenir ses autres propositions.


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