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Watson, langage naturel et DSM V -

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Berserk
Loup de mer
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Watson, langage naturel et DSM V -

Messagepar Berserk » ven. 18 févr. 2011, 10:56

Watson, le dernier supercalculateur d'IBM, est désormais capable de traiter automatiquement des éléments de langage ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Traitement_automatique_du_langage_naturel ) et accessoirement de battre des humains au jeu jeopardy http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeopardy!.

Pendant quatre ans, plus de 15 chercheurs ont mis au point des milliers d'algorithme pour que Watson soit capable de décortiquer le langage, la fonction et la relation entre des mots. Parallèlement, ils l'ont nourri avec plusieurs millions de textes (encyclopédie, dictionnaires, pièces de théâtre, romans, bible).

Pour répondre à une question, Watson lance ses algorithmes en parallèle et évalue la certitude de chaque réponse. Comme un candidat, s'il n'est pas suffisamment sûr de lui, il ne buzze pas. Pour organiser ce grand match, il a dû attendre de progresser jusqu'à un taux voisin de 90% de bonnes réponses.

S'il excelle sur les questions factuelles, il a encore du mal avec les jeux de mot ou les sous-entendus, nombreux dans le jeu. Mais sa plus grande force, explique David Gontek, d'IBM, à Engadget, c'est «d'avoir appris de ses erreurs.» Concrètement, au cours des dizaines de matches d’entrainement qu'il a livrés contre des candidats humains, en cas d'erreur, il a appris qu'il devait faire moins confiance à tel ou tel algorithme selon le contexte (géographie, science etc).


Cet article de 20 minutes ( source : http://www.20minutes.fr/article/666004/high-tech-watson-machine-ibm-prepare-defier-deux-champions-humains-jeopardy ) m'a interpellé, en particulier la phrase suivante :


Si le grand affrontement est un coup médiatique, les applications potentielles de Watson sont des plus sérieuses. Il pourrait par exemple aider les médecins dans le processus de diagnostique différentiel en analysant des centaines de milliers de sources et de cas précédents.


Si en médecine organique, une telle aide informatisée serait utile, elle comporte de grands dangers en psychiatrie et psychopathologie. Y compris en médecine somatique, les diagnostics automatisés ne devraient pas supprimer l'écoute nécessaire à la prise en charge de la souffrance psychologique des êtres humains.

C'est toute une conception du soin, de la clinique et de notre avenir qui se prépare, sous l'impulsion des laboratoires pharmaceutiques et des entreprises privées, en dehors de toute réflexion éthique.
Qu'en est il du respect de la vie privée et du secret médical dans les fichiers médicaux que l'on se propose de stocker dans les disques durs des ordinateurs à diagnostic ?

En outre, le terrain a été préparé bien en amont par les laboratoires qui rémunèrent en millions de dollars les psychiatres à l'origine de la classification soit-disant "athéorique" des troubles mentaux du DSM (Manuel statistique et diagnostic ) ( http://fr.wikipedia.org/wiki/DSM_%28psychiatrie%29 ) , qui n'a pas d'autre but que de créer de nouvelles maladies pour vendre encore d'avantage de médicaments.
Ces mêmes laboratoires ont réussi à démocratiser l'utilisation clinique du DSM alors qu'il était à l'origine destiné à la recherche épidémiologique en psychiatrie en bombardant les services de psychiatrie français nottamment d'exemplaires gratuits.

Dans la nouvelle version du DSM, la V, qui va prochainement sortir et dont un avant-projet est consultable en anglais ( http://www.dsm5.org/Pages/Default.aspx ) , on trouve par exemple le "trouble oppositionnel avec provocation et réfraction de la pensée" , visant tout particulièrement les enfants hyperactifs, qui sont décelés par des signes comme "courrir dans la cour de récréation" puis traités avec des médicaments objectivement nocifs pour le développement.

La question de savoir si le DSM V est compatible avec le principe démocratique de nos sociétés, avec la liberté d'expression, l'opposition politique ainsi que les Droits de l'Homme se pose aujourd'hui.

Bien plus qu'un manuel ou une aide pour les médecins, le DSM est une novlangue dont l'enseignement a remplacé la formation des psychiatres au soin et à l'écoute. On trouve déjà dans la version IV la notion "d'algorithme diagnostic", qui révèle les présupposés théoriques à l'origine du DSM, à savoir l'automatisation des diagnostics et la médicalisation de la vie émotionnelle quotidienne, ouvrant la porte sans garde-fou à toutes les applications rendues techniquement possibles par un projet comme le Watson d'IBM. Le risque est de tomber encore d'avantage dans l'étiquetage des patients, dont on peut penser que c'est une forme de violence engendrant de la souffrance psychique et des symptômes, touchant à l'identité même des individus.

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