Parité et listes électorales
Publié : jeu. 19 sept. 2013, 00:02
Cela fait plusieurs fois que j'entends parler de la parité sur les listes comme un élément négatif au motif qu'elle serait là pour "empêcher les petits partis de se présenter".
Je m'inscris en faux contre cette affirmation pour deux raisons.
La première raison : la parité, c'est un idéal à atteindre.
Il n'y a aucune prédestiné à ce qu'un parti politique, aussi petit soit-il, n'arrive pas à réunir la parité dans ses rangs. Parité de sexe, puisque c'est de ça dont il s'agit dans la loi. A partir du moment où une certaine diversité est présente au sein du corps éligible, mais pas au niveau des candidatures, il y a nécessairement un biais quelque part. Ce biais n'est pas toujours conscient et le tord se partage souvent au sein de notre patrimoine commun qu'on appel "la société" (on est donc pas responsable mais à la fois tous coupables). On pourra arguer des arguments mathématiques pour dire qu'il est plus difficile de faire des statistiques représentatives sur un petit groupe d'individus. C'est vrai. Il n’empêche que sur la question homme/femme, on arrive généralement à former des groupes au plus petit dénominateurs assez strictement paritaire (à l'exception de quelques déviants-infâmes bien entendu), preuve que cela reste possible, même avec un haut niveau d’exigences (je m'efforce de m'adapter au public "manif pour tous" : bel effort d'intégration, n'est-il pas ?).
=> Donc, première conclusion, s'il n'y a pas la parité, loin de devoir chercher à ignorer le problème, nous devons au contraire l'avoir à l'esprit et conserver le soucis d'y remédier. Non pas pour satisfaire les statisticiens (ou bien mon public "manif pour tous"), mais pour simplement bénéficier d'une diversité, facteur de démocratie, d'innovation et - en un mot - de progrès sociétal.
La seconde raison : La politique française ne veut pas des petits Partis
En France, on ne veut pas des petits partis. Il y a les partis de gouvernement et les "divers gauches" ou "divers droite" (voir "divers centre") qui doivent rentrer dans des cases pour pouvoir s'exprimer. A défaut d'accepter ce jeu, nous somme classés hors jeu (quant est-ce que Le Monde cessera de nous positionner à la rubrique "Technologie" ?!).
La problématique que nous avons pour compléter nos listes n'est pas de créer des listes répondants aux critères de diversité (auxquels nous croyons fermement par ailleurs). Notre problématique, c'est que pour présenter des candidats, nous devons présenter des listes complètes.
Or, présenter une liste complète est une véritable gageure. La liste majoritaire n'a pas trop de mal mais l'opposition rame (même parmi les gros partis) parce qu'il est beaucoup plus difficile de motiver un-e candidat-e en lui proposant une place de 50ième, tout en ayant pour objectif de faire plus de 10% afin d'espérer avoir un ou deux élu-e-s. Même une liste qui s'en sortirait bien avec 25% des voix, elle ne pourra généralement faire entrer au conseil, qu'un peu moins de 12,5% de sa liste. Résultat, soit les listes abandonnent (ce qui gonfle l'abstention, déjà pourtant assez haute), soit elles s'allient avec d'autres (s'asseyant parfois sur leurs valeurs), soit encore, elles motivent amis, familles, voisins pour signer (en les dégoûtants définitivement par la même).
=> Donc la seconde conclusion, c'est que le problème vient de là. Dans beaucoup de pays, il est possible de présenter des listes avec autant de candidat-e-s que l'on souhaite. Ainsi nul besoin de faire du remplissage : les candidat-e-s investis peuvent respecter les règles de parité et de qualité que nous attendons d'eux. Il y a juste moins de candidat-e-s
S'il vous plait, ne vous trompez pas de cible !
C'est le système électoral qui complique la diversité politique... et pas la parité qui complique notre action politique. Pirate, soyez attentif à cela car en critiquant la parité :
1/ Vous exprimez une contre vérité sur notre combat qui est d'introduire la diversité en politique
Nous défendons des valeurs fortes, notamment au sein de la section interne diversité, mais cela se retrouve aussi bien évidement dans l'essence même de notre parti qui ne veut plus faire de la politique un espace à part. La politique concerne tous les citoyen-ne-s, et lorsque nous présentons des candidat-e-s, il est important que nous puissions exprimer du mieux possible le panachage culturel, social, professionnel, etc.
2/ Vous donnez une image très utilitariste des femmes qui s'engagent au sein de notre parti
Les femmes qui s'engagent au Parti Pirate ne le font pas parce qu'elles sont femmes. Elles le font par conviction sur les valeurs politiques que nous défendons. Ne laissons pas croire que l'on jugera leurs propositions avec moins de rigueur. D'une part, c'est souvent faux et on se montrera tout aussi intransigeant et d'autre part, ce serait accorder importance moindre à ce qu'elles pourront apporter au parti que de ne pas le faire.
L'ordre sur la liste se devra d'être alterné (c'est la loi) mais nous devons garder comme préoccupation première de présenter des listes de qualité. C'est notre seule obligation vis-à-vis de nos électeurs. Quant à nos candidat-e-s, nous devons croire en eux et identifier leur valeur. C'est ce que nous devons valoriser afin de leur donner la confiance et le courage pour avancer dans cette aventure.
Ne rabaissons pas nos candidat-e-s en ramenant la question de la parité comme si elle était un passe-droit. Les listes paritaires sont des atouts car nous avons une campagne électorale à faire et on ne la fera pas qu'avec la moitié de la population. Il n'y a aucune faveur dans cet état de fait.
Enfin, mais c'est plus facile à dire qu'à faire, ne poussons pas nos candidat-e-s sur les listes. Nous avons encore quelques mois devant nous (pour les européennes) afin de leur donner envie de les rejoindre et d'y trouver leur place. C'est un engagement politique et bénévole très important. Il faut respecter ce temps de maturation et accepter que certain-ne-s décident de supporter les listes sans en faire parti. Si nous ne présentons pas des listes dans toutes les circonscriptions, nous perdons en visibilité mais si nous forçons nos militant-e-s à se donner à 300%, nous nous épuiserons d'ici à la prochaine. C'est en particulier vrai pour les femmes, car moins représentées parmi nos militant-e-s, cette charge pèsera proportionnellement plus sur leurs épaules.
Je m'inscris en faux contre cette affirmation pour deux raisons.
La première raison : la parité, c'est un idéal à atteindre.
Il n'y a aucune prédestiné à ce qu'un parti politique, aussi petit soit-il, n'arrive pas à réunir la parité dans ses rangs. Parité de sexe, puisque c'est de ça dont il s'agit dans la loi. A partir du moment où une certaine diversité est présente au sein du corps éligible, mais pas au niveau des candidatures, il y a nécessairement un biais quelque part. Ce biais n'est pas toujours conscient et le tord se partage souvent au sein de notre patrimoine commun qu'on appel "la société" (on est donc pas responsable mais à la fois tous coupables). On pourra arguer des arguments mathématiques pour dire qu'il est plus difficile de faire des statistiques représentatives sur un petit groupe d'individus. C'est vrai. Il n’empêche que sur la question homme/femme, on arrive généralement à former des groupes au plus petit dénominateurs assez strictement paritaire (à l'exception de quelques déviants-infâmes bien entendu), preuve que cela reste possible, même avec un haut niveau d’exigences (je m'efforce de m'adapter au public "manif pour tous" : bel effort d'intégration, n'est-il pas ?).
=> Donc, première conclusion, s'il n'y a pas la parité, loin de devoir chercher à ignorer le problème, nous devons au contraire l'avoir à l'esprit et conserver le soucis d'y remédier. Non pas pour satisfaire les statisticiens (ou bien mon public "manif pour tous"), mais pour simplement bénéficier d'une diversité, facteur de démocratie, d'innovation et - en un mot - de progrès sociétal.
La seconde raison : La politique française ne veut pas des petits Partis
En France, on ne veut pas des petits partis. Il y a les partis de gouvernement et les "divers gauches" ou "divers droite" (voir "divers centre") qui doivent rentrer dans des cases pour pouvoir s'exprimer. A défaut d'accepter ce jeu, nous somme classés hors jeu (quant est-ce que Le Monde cessera de nous positionner à la rubrique "Technologie" ?!).
La problématique que nous avons pour compléter nos listes n'est pas de créer des listes répondants aux critères de diversité (auxquels nous croyons fermement par ailleurs). Notre problématique, c'est que pour présenter des candidats, nous devons présenter des listes complètes.
Or, présenter une liste complète est une véritable gageure. La liste majoritaire n'a pas trop de mal mais l'opposition rame (même parmi les gros partis) parce qu'il est beaucoup plus difficile de motiver un-e candidat-e en lui proposant une place de 50ième, tout en ayant pour objectif de faire plus de 10% afin d'espérer avoir un ou deux élu-e-s. Même une liste qui s'en sortirait bien avec 25% des voix, elle ne pourra généralement faire entrer au conseil, qu'un peu moins de 12,5% de sa liste. Résultat, soit les listes abandonnent (ce qui gonfle l'abstention, déjà pourtant assez haute), soit elles s'allient avec d'autres (s'asseyant parfois sur leurs valeurs), soit encore, elles motivent amis, familles, voisins pour signer (en les dégoûtants définitivement par la même).
=> Donc la seconde conclusion, c'est que le problème vient de là. Dans beaucoup de pays, il est possible de présenter des listes avec autant de candidat-e-s que l'on souhaite. Ainsi nul besoin de faire du remplissage : les candidat-e-s investis peuvent respecter les règles de parité et de qualité que nous attendons d'eux. Il y a juste moins de candidat-e-s
S'il vous plait, ne vous trompez pas de cible !
C'est le système électoral qui complique la diversité politique... et pas la parité qui complique notre action politique. Pirate, soyez attentif à cela car en critiquant la parité :
1/ Vous exprimez une contre vérité sur notre combat qui est d'introduire la diversité en politique
Nous défendons des valeurs fortes, notamment au sein de la section interne diversité, mais cela se retrouve aussi bien évidement dans l'essence même de notre parti qui ne veut plus faire de la politique un espace à part. La politique concerne tous les citoyen-ne-s, et lorsque nous présentons des candidat-e-s, il est important que nous puissions exprimer du mieux possible le panachage culturel, social, professionnel, etc.
2/ Vous donnez une image très utilitariste des femmes qui s'engagent au sein de notre parti
Les femmes qui s'engagent au Parti Pirate ne le font pas parce qu'elles sont femmes. Elles le font par conviction sur les valeurs politiques que nous défendons. Ne laissons pas croire que l'on jugera leurs propositions avec moins de rigueur. D'une part, c'est souvent faux et on se montrera tout aussi intransigeant et d'autre part, ce serait accorder importance moindre à ce qu'elles pourront apporter au parti que de ne pas le faire.
L'ordre sur la liste se devra d'être alterné (c'est la loi) mais nous devons garder comme préoccupation première de présenter des listes de qualité. C'est notre seule obligation vis-à-vis de nos électeurs. Quant à nos candidat-e-s, nous devons croire en eux et identifier leur valeur. C'est ce que nous devons valoriser afin de leur donner la confiance et le courage pour avancer dans cette aventure.
Ne rabaissons pas nos candidat-e-s en ramenant la question de la parité comme si elle était un passe-droit. Les listes paritaires sont des atouts car nous avons une campagne électorale à faire et on ne la fera pas qu'avec la moitié de la population. Il n'y a aucune faveur dans cet état de fait.
Enfin, mais c'est plus facile à dire qu'à faire, ne poussons pas nos candidat-e-s sur les listes. Nous avons encore quelques mois devant nous (pour les européennes) afin de leur donner envie de les rejoindre et d'y trouver leur place. C'est un engagement politique et bénévole très important. Il faut respecter ce temps de maturation et accepter que certain-ne-s décident de supporter les listes sans en faire parti. Si nous ne présentons pas des listes dans toutes les circonscriptions, nous perdons en visibilité mais si nous forçons nos militant-e-s à se donner à 300%, nous nous épuiserons d'ici à la prochaine. C'est en particulier vrai pour les femmes, car moins représentées parmi nos militant-e-s, cette charge pèsera proportionnellement plus sur leurs épaules.