Je vous livre ici le communiqué d'un nouveau collectif de défense (à Grenoble), ce sera assez éclairant pour vous faire une idée de l'impact sur les parents, les enseignants et certains élus.
Bonne lecture.
Nos enfants sont fichés,
ne nous en fichons pas !
Une réunion publique était organisée par le Collectif Isérois
pour le retrait de Base-élèves le mardi 12 février 2008 à la
Maison du Tourisme de Grenoble. Dans une salle au complet, il
y avait des parents d'élèves de diverses écoles, des enseignants
et des membres d'associations. Deux élus de la municipalité de
Grenoble étaient également présents. A la tribune, des parents à
l'initiative du collectif, la représentante d'un syndicat
d'enseignants (SNUipp) et celle de la Ligue des Droits de
l'Homme (LDH). Les interrogations et l'opposition à propos du
fichier Base-élèves ont été exprimées dans cette soirée.
Qu'est-ce que Base-élèves ?
Le Ministère de l'Education Nationale expérimente depuis 2004 un fichier centralisé qui vise à
inscrire tous les enfants, avec leur l'identité, celle des parents, la scolarité, ainsi que des données
confidentielles comme le suivi psychologique et le soutien apporté à l'enfant. Ce fichier est partagé
avec d'autres ministères et accessible par les municipalités. Ce fichier concerne 6 600 000 enfants et
leurs parents avec un identifiant national.
En Isère, un tiers des écoles en sont équipées. Après les directeurs d'écoles volontaires, l'Inspection
Académique exerce maintenant une pression sur les autres directeurs pour atteindre l'objectif de
généralisation en 2009.
Comment est né le Collectif Isérois pour le retrait de Base-élèves ?
Informés par des directeurs, les parents de plusieurs écoles de Grenoble s'inquiète de la mise en
place de ce fichier. Des motions sont votées en Conseil d'écoles. Les prises de position de la LDH,
des Délégués Départementaux de l'EN, de syndicats d'enseignants, renforcent leurs craintes. Le
collectif tient sa première réunion le 25 janvier. D'autres se créent en France.
Des municipalités en Isère, dont
Grenoble, Vif, Pont de Claix,
Crolles, St Martin d'Hères, se
déclarent opposées à Baseélèves.
Actuellement, le collectif
regroupe une centaine d'inscrits,
dont 75 parents sur 40 écoles.
Des associations soutiennent ce
collectif, la LDH, des syndicats,
la FCPE de l'Isère, Attac,...
Des parents et des directeurs
témoignent de la situation dans
leurs écoles. Ils souhaitent dépasser le cadre scolaire pour élargir le débat. Pour la LDH, la
généralisation des fichages dans tous les domaines est un instrument de contrôle social. Elle alerte
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l'opinion publique : qui peut affirmer que ces fichiers ne seront pas utilisés à d'autres fins que la
gestion scolaire ? Jusqu'à présent, le livret scolaire appartient à la famille, alors que ce fichier lui
échappe. Des quelques informations sur le livret, ce fichier passe à une soixantaine de champs, avec
des évolutions possibles. Il définit l'enfant par d'autres critères, il demande aux enseignants de jouer
un rôle nouveaux. Sans débat, sans réflexion sur la nécessité de conscience humaine pour contrôler
les dérives.
Le débat a porté sur les difficultés de l'argumentation auprès des parents, car la surveillance et le
fichage sont de nos jours souvent banalisés et acceptés. Le fait de ficher leurs propres enfants fait
néanmoins réagir de nombreux parents.
Au cours de la réunion, les activités du collectif sont exposées. Dans une école, les parents ont
obtenu un report en avril de la validation des données, mais tous les directeurs devraient entrer dans
Base-élèves avant juin sous menace de retenue sur salaire pour service non-fait. Un directeur
déclare persister dans son refus, parce qu'il estime que cette tache ne fait pas partie de sa mission. Il
précise qu'il ne pourra résister qu'avec l'appui de ses collègues, des parents et de la municipalité.
Des logiciels actuellement utilisés dans les écoles, comme "Le Directeur", peuvent être basculés
dans Base-élèves, sans information des parents. Le Ministère a donné des informations pour
faciliter cette bascule, estimant qu'il s'agit d'une procédure administrative qui ne concerne pas les
parents.
L'activité du collectif porte également sur la rédaction de documents pour aider les parents. Ils sont
en cours d'écriture et devraient être disponibles à la fin des congés d'hiver. Un groupe s'est constitué
pour intervenir vers la presse et diffuser les informations car ce sujet a été peu médiatisé jusqu'à
présent.
Autre activité, la perturbation des réunions des Inspecteurs de l'EN pour former les directeurs à
Base-élèves. Dans toutes les actions, dans les écoles et au dehors, le collectif tient à montrer qu'il ne
s'oppose pas aux directeurs, même ceux qui utilisent le fichier. Des enseignants affirment que la
prise de position des parents est "un appel d'air" pour les personnels qui se trouvent dans
l'obligation de jouer un rôle contraire à leurs convictions.
Les élus de la municipalité de Grenoble exposent leur opposition à Base-élèves, par le vote du
Conseil municipal du 25 juin 2007, les incohérences avec la CNIL, les défauts de sécurité du
dispositif, le manque d'information aux parents et l'accès à ce fichier par d'autres ministères.
Des participants souhaitent relier le refus de Base-élèves avec les autres fichages en cours, par la
vidéosurveillance, les tests ADN, la biométrie et le développement des diverses techniques de suivi
des personnes.
Des parents s'interrogent sur la position à prendre lorsqu'un directeur refuse de mettre Base-élèves à
l'ordre du jour d'un Conseil d'école, conformément aux consignes de l'Inspecteur d'Académie.
L'expression des parents élus dans un Conseil doit rester libre, le compte-rendu doit être complet.
Les parents ont également la possibilité de s'adresser directement à l'IA pour exposer leurs points de
vue.
Un directeur souligne le danger de mettre à mal la confiance entre les intervenants du système
éducatif. Des travailleurs sociaux s'engagent à ne pas collaborer avec l'utilisation de ce fichier.
D'autres fichiers, Base-enseignants et Base-écoles sont en préparation et risque d'instituer une mise
en concurrence entre les acteurs et entre les établissements.
La réunion se termine par les rendez-vous d'actions à venir, avec pour outil d'échange l'adresse du
collectif
baseeleves@gmail.com