La déclaration des droits de l’homme de 1789, en affirmant que « la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté, dans les cas déterminés par la Loi » (art. XI), avait à la fois établi un droit et posé ses limites, laissant ouverte leur détermination future. Les abus évoqués pouvaient être de diverses sortes, du blasphème à la sédition, mais la plupart des révolutionnaires avaient fortement conscience, comme l’écrivait Brissot, qui fut lui-même journaliste et nouvelliste avant la Révolution, que « punir la calomnie sans menacer la liberté de la presse est le problème le plus difficile à résoudre en politique ».
Parti d’une interrogation sur le contrôle de l’esprit public sous la Révolution, Walton a rencontré la question des limites légitimes de la liberté d’expression : comment fonder la liberté de la presse tout en protégeant la réputation ou la dignité des individus ? C’est un enjeu auxquels nos sociétés libérales contemporaines sont sans cesse confrontées, et pour lequel l’héritage des Lumières est bien plus complexe, et donc plus intéressant, que la fameuse formule si souvent attribuée à Voltaire (« Je ne suis pas d’accord avec vos idées, mais je me battrai pour que vous puissiez les exprimer »), dont Walton rappelle opportunément qu’elle est évidemment apocryphe.
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