Vouze a écrit :Quel va-être l'avenir des bibliothèques ? Quel est l'avenir du métier d'éditeur, s'il n'a plus de livre physique à éditer ? Car chaque auteur pourra s'autoédité et publié son livre sur des portails comme Amazon...
Un jour, un critique littéraire qui est aussi auteur m'a expliqué comment ça marche le prix du livre. Je cite de tête.
En approximation, ça fait:
33% du prix c'est la fabrication (impression, papier...)
33% va dans le réseau de distribution (transport, librairies...)
29% va pour l'éditeur.
5% va à l'auteur
Maintenant avec le livre numérique, mes réflexions :(quand je dis eBook, c'est pour moi un terme générique, et ça suppose un format interopérable, sinon le marché ne peut pas fonctionner. Et qui dit interopérable, dit crackable).
Lorsqu'on achète un eBook :
* il n'y a plus de fabrication
* il n'y a pas de frais de distribution
Le prix du eBook devrait déjà être un tiers du prix du livre papier.
Autre changement: Un auteur n'a plus besoin d'un éditeur.
L'éditeur continue à être utile, pour la promo, la visibilité, l'effet marque, la pub, le réseau de distribution de vente en ligne, les têtes de gondole sur amazon...
Mais il n'est plus nécessaire. Le rapport de force est changé, l'auteur peut écrire son livre, et le vendre sur des sites d'auto-édition, vente au téléchargement, avec option tirage papier à la demande, pour un apport de zéro (j'ai testé). L'éditeur va faire la chasse aux auteurs, leur faire la cour, pour
SVP SVP viens signer chez moi, j'ai un dessinateur aux Philippines qui fait les illustrations pour pas cher.
Reste le problème de vendre : pour un auteur sans éditeur : à lui de faire son buzz et d'utiliser les réseaux sociaux, ou les éditeurs associatifs, indépendants, peu chers.. C'est jouable, très jouable...
Tendance : ce n'est qu'une question d'année avant que le livre ne devienne majoritairement numérique. Ceux qui disent que le livre papier a des propriétés physiques inégalables et que jamais on ne remplace le contact du livre dans la main : ceux là n'ont en général jamais lu de livre sur une liseuse électronique ergonomique, ou jamais essayé de lire un livre pas
de poche dans un bus bondé.
Lorsque le livre sera contaminé par le numérique, le métier d'éditeur va être en danger de disparaître pour de bon.
Conserver des prix élevés sur le eBook précipitera les lecteurs vers l'offre offshore (Suède, Espagne, Suisse...), précipitera la ruine du monde de l'édition, et maintiendra celle des écrivains.
La preuve : cherchez les eBooks de Patterson sur TPB :
James Patterson Collection (31 Ebooks), 13.02 MiB, 109 seeds.
Conclusion: Le prix du livre doit baisser en électronique de 67 à 95%, et pour chaque eBook vendu, la grosse part doit aller à l'auteur, et un petit pourcentage pour l'éditeur. La version papier restera toujours disponible, à un prix bien plus élevé que le eBook, et peut-être comparable au prix actuel, voire plus cher, car en vendant moins de pièce, le coût marginal va augmenter.
Le financement de l'écriture par les auteurs pourra (peut-être) être obtenue par ceux qui achètent le eBook, ou plutôt, qui consentent à le télécharger en échange d'une dime au lieu de le télécharger gratis, et par les méthodes complémentaires de financement des œuvres dans le monde internet-numérique que l'on a déjà évoqué.
Quant aux bibliothèques... Si le patrimoine est numérisé, on n'a plus besoin des bibliothèques IRL. Gallica, Wikisource, Gutemberg, ABU représentent les bibliothèques du futur. Mais si le partage continue d'être criminalisé, alors les bibliothèques seront prises entre la loi et leur mission de mise à disposition, qu'elles ne pourront pas assurer dans un monde numérique. Elles seront condamnées à rester au papier, seront ringardisées car elle n'auront pas les eBooks dans leur offre, et elles ne serviront à rien, car à cette époque, les gens seront tous passés au eBook. Elles seront des gouffres financiers de moins en moins utilisables et utilisées : les gens ne comprendront pas pourquoi il faut se déplacer pour accéder à un livre. Les bibliothèques grand public et de quartier vont disparaître. Seules les bibli institutionnelles perdureront : celles qui ont mission de conserver les œuvres (archives nationales), et non de les prêter comme les bibli de quartier, ou celles qui ont un public captif (écoles, universités).
finVoici des évidence que curieusement, on ne trouve pas dans le rapport Albanel sur le livre numérique.
Je devrais demander mes k€ pour cette étude...
Ce sont des notions importantes ; une fois acquises, ils s'en serviront toute leur vie: finir son travail ; respecter le travail des autres ; suivre une consigne ; régler les conflits sans se battre... Ce sont des apprentissages que nous enseignons à nos élèves, et lorsqu'ils les maîtrisent, je leur donne une gommette. -- Édith, directrice d'école maternelle.
"Je ne suis pas d'accord avec votre projet de bruler ce livre ou ce drapeau, mais je me battrai pour votre droit de le faire" - Voltaire