voici un extrait du manifeste des hackers (
http://www.partipirate.org/blog/com.php?id=1272 ) qui explique assez bien la position philosophique du mouvement pirate dans son ensemble :
14. La propriété se présente sous la forme d’un plan abstrait sur lequel toutes choses peuvent exister sous la même qualité commune, celle de la propriété. Le sol est la forme première de la propriété. Les pastoralistes acquièrent le sol comme propriété privée à travers la dépossession forcée des paysans qui en partageaient une portion sous la forme d’une possession collective. Le capital est la seconde forme de la propriété, la privatisation de biens productifs sous la forme d’outils, de machines et de matériaux de travail. Le capital, au contraire du sol, n’est pas un objet fixe ni supplet à une subsistance. Il peut être modelé et remodelé, transporté, accumulé et dispersé. Un degré infiniment supérieur de potentialité peut être extrait du monde comme ressource productive, dès lors que le plan abstrait de la propriété tient à la fois du sol et du capital. Mais l’abstraction de la production de marchandises ne prend pas terme avec le capitalisme. La transformation de l’information en une forme bien plus abstraite de la propriété, y compris de son expression matérielle, mène la marchandisation dans une troisième phase de développement, jusqu’ici non théoriquement prise en charge.
15. Les hackers doivent évaluer leurs intérêts non pas comme propriétaires, mais comme producteurs, ce qui les distingue précisément de la classe vectorialiste. Les hackers ne tirent pas profit ni possession du simple fait de détenir de l’information. Ils produisent une information nouvelle, les producteurs éprouvant le besoin d’y accéder, au delà de la domination absolue de la forme-marchandise. Le hacking comme activité expérimentale pure, et libre, doit se libérer de toute contrainte sauf auto-imposée. C’est seulement par sa liberté autonome qu’il produit les moyens de production d’un excèdent de liberté, et de liberté comme excèdent.
Le droit à la propriété peut être considéré comme le socle philosophique de tous les partis politiques français, y compris les communistes : la nationalisation de leur point de vue n'est rien d'autre que le fait de rendre à leurs propriétaires légitimes un bien commun usurpé par la classe des riches au peuple.
De plus le Parti Pirate a été en partie fondé pour remettre en question le concept de propriété en particulier dans le domaine de l'information et non pour sanctifier un libéralisme au nom duquel le droit d'auteur et les brevets ont été érigés.
Si le libéralisme est un socle philosophique éminemment moral et religieux (la main invisible) qui englobe les fondamentaux démocratiques et républicains de la société française, il va de soi que le parti pirate trouve dans le libéralisme un ancêtre et un cadre de référence.
Néanmoins je dirais que l'origine philosophique du pp n'est pas le libéralisme mais la remise en cause du libéralisme et sa critique, notamment au travers des dérives de la propriété intellectuelle.
Toute cette réflexion sur la propriété est importante au pp, néanmoins la protection des libertés individuelles est un thème beaucoup plus large qui englobe la propriété (qui serait plutot un droit qu'une liberté) et qu'il est indispensable de contextualiser dans le développement des nouvelles technologies.
Ainsi je dirai que les positions (ultra)libérales que j'ai pu lire ici sont non seulement hors sujet par rapport au parti pirate, mais en plus conservatrices et dogmatiques.
Critiquer un héritage ou le remettre en question, ça ne veut pas dire le renier.
Comme l'ensemble du système mondialisé est aujourd'hui dirigé par des principes libéraux, il est naturel que le pp conserve certaines orientations libérales ou principes.
Cependant son rôle n'est pas d'appeler à un retour vers des théories âgées de plusieurs siècles, mais bien d'appeler les citoyens à devenir les créateurs de nouvelles théories, dans le respect de la diversité induite par la subjectivité de toute théorie.
Cette même subjectivité que certains n'ont de cesse d'occulter par "l'absolu", "le bon sens" (= morale d'influence religieuse ou opinion au passage) ou "le ridicule" est nécessaire à notre créativité et à notre analyse raisonnable des différents systèmes théoriques qui s'opposent aujourd'hui.
Je pense donc non seulement que le pp n'est pas libéral, ou "pas plus que les autres", mais encore que ce terme fourre-tout , sujet à toutes les récupérations, ne peut pas aider le pp à innover autrement que par le biais de sa critique sous peine de tomber dans le dogmatisme voire la compromission.