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Publié : mar. 25 août 2009, 20:06
par nfs17
Bonjour,

assez loin de la politique, je trouve assez bonne l'idée de, sans forcement les bannir, mieux reglementer les brevets et en particulier les " brevets sur la vie ".

Pour cela, je crée ce post pour tenter de degager un consensus.

Les vaccins, medicaments, et autres devraient faire partie d'une législation spécifique.
Il en va de meme pour les brevets sur les plantes et graine ( OGM ).


Le débat est lancé.

Re: brevet sur la vie

Publié : ven. 15 janv. 2010, 14:24
par Yannanaï
Je vous invite à lire cet article de Geneviève Azam, « Les droits de propriété sur le vivant », http://developpementdurable.revues.org/index5443.html
Il faut prendre le temps de le comprendre.
Mais je me contenterait de vous citer ce passage : " Les paysans peuvent être alors assimilés à des pirates qui exercent un monopole illégitime sur la Nature, dans le droit-fil de ce qu’expriment régulièrement les responsables des firmes agro-alimentaires "

Re: brevet sur la vie

Publié : ven. 15 janv. 2010, 16:36
par Iv
Si j'admire l'intention, j'attire votre attention sur le fait que le vivant est difficile à définir. Inclus-t-il les virus, les prions, les médicaments, les vaccins contenant des virus dégradés, les brins d'ADN, d'ARN, les protéines, etc... ?

Pour moi les problèmes soulevés sont encore dus à la recherche de cet équilibre qui a donné naissance au système des brevets : le fait que la recherche puisse être rentable financièrement sans créer d'abus et de situations de monopole. Je ne suis pas sur que le vivant soit un cas à part.

Je pense qu'il est très difficile de savoir où se situe cet équilibre et que cela demande des experts du domaines, indépendants, incorruptibles, insensibles aux lobbies et ayant à coeur les intérêts de la recherche et de la santé publique (je paie un pot à quiconque parvient à me rassembler 10 personnes correspondant à cette description).

Après il existe des solutions simples (et un peu extrémistes) qui peuvent marcher :
- Interdiction des brevets. Toute recherche doit être publique. Cela fera baisser les effectifs des labos privés mais coordonné avec une vraie politique de recherche nationale, ça peut fonctionner correctement.
- Raccourcissement drastique de la durée des brevets médicaux (genre 1 à 2 an au lieu des 20 actuels), mais à compter de la première commercialisation/distribution du produit et pas du dépôt de l'idée. A cela s'ajouterait une durée de maximum entre le dépôt du brevet et la commercialisation (5 ans par exemple). Si au bout de 5 ans aucun produit n'est commercialisé/distribué, le brevet tombe dans le domaine public.
- Ma solution préférée : Licence obligatoire du brevet. Aujourd'hui le brevet permet à son auteur de négocier des licence d'exploitation ou de les refuser purement et simplement. Cette solution proposerait d'instituer une licence que tout détenteur de brevet se verrait obligé d'accepter. Evidemment, les conditions de cette licence avantageraient généreusement le propriétaire du brevet mais l'empêcheraient de bénéficier d'une situation de monopole exagérée. Elle peut par exemple prendre la forme d'une royalties de 50% du prix net de toute marchandise vendue faisant usage du brevet. C'est beaucoup, c'est énorme même, mais ça éviterait que des détenteurs de brevets s'arrogent un monopole artificiel leur permettant de vendre dix fois plus cher une chose facile à produire. Une royalties de 50% garantit toutefois au détenteur du brevet qu'il pourra toujours être le plus compétitif sur son invention ou qu'il touchera une part honnête des fruits de son travail.

Re: brevet sur la vie

Publié : ven. 15 janv. 2010, 23:04
par Yannanaï
A défaut de te donner une définition je reprendrais seulement le terme de « res communis ».
C’est bête mais je pense que contrairement à une invention (un programme novateur, médicament, nouvelle lignée de plante) une découverte (gène, équation, système stellaire) ne peut pas être brevetée. De fait peut importe, la définition du vivant, puisqu’il s’agit d’un bien commun et que celui-ci ne dois pas être accaparé au seul bénéfice d’une minorité.

Si je suis contre le fait qu’on brevète un gène, je ne suis pas contre qu’on protège une plante dont le génome a été modifié pour acquérir certaines caractéristiques (procédé par ajout d’un nouveau matériel génétique lui confère la caractéristique désirée : une invention).

Je dit bien protégé et pas breveté !

En effet, il existe une protection pour les nouvelles variétés de plante. Il s’agit de l’inscription au catalogue officiel. La variété est protégé (bénéfice à l’obtenteur) mais quiconque souhaite utiliser cette variété pour en créer une autre le peut (ça vous rappel rien ?) Le système est loin d’être parfait mais il me semble être une base intéressante pour une protection pour l’obtenteur tout en garantissant une possibilité de modifier (améliorer qui sait) la variété (qui pourra être protégée si elle présente assez de différence avec la variété source).
Cela pourrait être étendu aux plantes animaux bactéries, virus pourquoi pas.

Cependant cela ne tient pas comptes des médicaments. Si l’on considère que les médicaments sont en générales des assemblages de matériel divers et variés (souvent issues de synthèse chimique ou produit in vivo), un modèle de brevet peut être envisagé.
J’ai été d’abord séduit, comme toi, par la licence obligatoire j’ai eu des doutes suite à la lecture de cet article.
http://www.scidev.net/fr/health/hiv-aid ... i-vih.html

Comme tu pourras le lire les arguments laisse entendre que ce type de licence ne favorise pas la recherche.
J’avancerais donc une quatrième proposition qui coule de source sur ce forum (enfin je pense) : à savoir un brevet de durée réduite qui protège l’utilisateur sur 5 ou 10 ans (le temps de se rembourser et de faire du bénéfice dans des proportions raisonnable) mais qui garantie l’accès à la formulation du composant actif.
Il est raisonnable de penser que cela favoriserait encore l'émulation dans le domaine de recherche concerné.

Ne léser personne tout en garantissant l'accès à l'information.

Re: brevet sur la vie

Publié : sam. 16 janv. 2010, 00:46
par Iv
Yannanaï a écrit :Si je suis contre le fait qu’on brevète un gène, je ne suis pas contre qu’on protège une plante dont le génome a été modifié pour acquérir certaines caractéristiques (procédé par ajout d’un nouveau matériel génétique lui confère la caractéristique désirée : une invention).

Oui mais...
Je suis pas biologiste, mais il me semble que la procédure actuelle c'est 'j'isole un gène intéressant chez la loutre Sibérienne, je le mets dans un plan de maïs, ça marche ! je brevête le tout". La plante et le gène sont tous deux naturels, c'est leur combinaison qui est inédite, mais le plus gros de l'effort est dans l'isolement du gène. Si seule la plante peut être brevetée, le premier concurrent venu prendra le gène et le mettra dans des épinards et bingo ! Il faudrait à la première entreprise breveter toutes les combinaisons possibles pour valider sa position et rentabiliser son travail. C'est pour éviter ça qu'on accepte de breveter des séquences génétiques, non ?

Yannanaï a écrit :Je dit bien protégé et pas breveté !
Là je veux bien que tu m'expliques, parce que si c'est pour remplacer le brevet par du copyright, je suis contre à 100% ! Les conditions du copyright sont bien pires !

Yannanaï a écrit :En effet, il existe une protection pour les nouvelles variétés de plante. Il s’agit de l’inscription au catalogue officiel. La variété est protégé (bénéfice à l’obtenteur) mais quiconque souhaite utiliser cette variété pour en créer une autre le peut (ça vous rappel rien ?) Le système est loin d’être parfait mais il me semble être une base intéressante pour une protection pour l’obtenteur tout en garantissant une possibilité de modifier (améliorer qui sait) la variété (qui pourra être protégée si elle présente assez de différence avec la variété source).
Tu m'apprends quelque chose que j'ignorais avec cet exemple et le lien cité plus loin : le brevet interdit l'utilisation aux fins de recherches ? Mais c'est idiot ! C'est contraire même à l'esprit des brevets ! (qui consiste justement à publier les découvertes afin de les protéger tout en permettant de les partager). Il me semble évident que les gains compenseraient largement les couts si cette protection sautait. En effet ça semble être une bonne idée que tu décris, tu as plus de liens ?

Yannanaï a écrit :Cela pourrait être étendu aux plantes animaux bactéries, virus pourquoi pas.
Aux gènes ? Aux prions (qui savent se reproduire mais sont juste de complexes molécules) ? Aux protéines ? Aux versions non-fonctionelles de virus présentes dans les vaccins ?

Yannanaï a écrit :J’ai été d’abord séduit, comme toi, par la licence obligatoire j’ai eu des doutes suite à la lecture de cet article.
http://www.scidev.net/fr/health/hiv-aid ... i-vih.html
Comme tu pourras le lire les arguments laisse entendre que ce type de licence ne favorise pas la recherche.
Franchement, je doute que les pays cités aient proposé des termes aussi généreux que 50% de royalties dans leur licence obligatoire. Et je crois que ça change tout. 50% garantit que ton concurrent se fera moins d'argent que toi mais t'empêchera te faire payer plus du double de ce que ce qu'il est capable de faire. Ca permettrait à des labos d'être rentable sans même s'occuper de la gestion d'une production ou de la vente de leurs droits. Juste en attendant qu'un industriel produise leur molécule et les paye leur dû (ok, il leur faut sûrement un service légal minimum).

Yannanaï a écrit :J’avancerais donc une quatrième proposition qui coule de source sur ce forum (enfin je pense) : à savoir un brevet de durée réduite qui protège l’utilisateur sur 5 ou 10 ans (le temps de se rembourser et de faire du bénéfice dans des proportions raisonnable) mais qui garantie l’accès à la formulation du composant actif.
Ca ressemble beaucoup au brevet actuel qui dure 20 ans, (c'est beaucoup mais pas tant que ça quand on compare au copyright) et qui impose la publication de l'invention. Par contre ça me semble essentiel d'autoriser l'utilisation du brevet à des fins de recherche. Je ne comprends pas pourquoi c'est interdit...

Re: brevet sur la vie

Publié : sam. 16 janv. 2010, 00:54
par pers
Le débat sur les brevets fait rage dans tous les Partis Pirates. Voici, en l'état de nos connaissances et de nos réflexions, la position officielle :
abolition des brevets software et mathématiques
abolition des brevets biotech (génome, espèces existantes, OGM etc)
assouplissement du droit des brevets en matière pharmaceutique pour les pays pauvres
réduction générale de la durée des brevets (de combien ? c'est à définir).

Re: brevet sur la vie

Publié : sam. 16 janv. 2010, 01:56
par Iv
pers a écrit :Le débat sur les brevets fait rage dans tous les Partis Pirates. Voici, en l'état de nos connaissances et de nos réflexions, la position officielle :
abolition des brevets software et mathématiques
abolition des brevets biotech (génome, espèces existantes, OGM etc)
assouplissement du droit des brevets en matière pharmaceutique pour les pays pauvres
réduction générale de la durée des brevets (de combien ? c'est à définir).


C'est la position officielle du PPI ou du Français ? L'argumentaire est détaillé quelque part ?
Pour les softs et mathématiques, ce ne serait que rétablir le respect de la loi existante.
Pour le biotech, je pense que ça doit être indissociable d'une grosse incitation à la recherche publique.

Re: brevet sur la vie

Publié : sam. 16 janv. 2010, 11:49
par Yannanaï
Iv a écrit :
Yannanaï a écrit :Si je suis contre le fait qu’on brevète un gène, je ne suis pas contre qu’on protège une plante dont le génome a été modifié pour acquérir certaines caractéristiques (procédé par ajout d’un nouveau matériel génétique lui confère la caractéristique désirée : une invention).

Oui mais...
Je suis pas biologiste, mais il me semble que la procédure actuelle c'est 'j'isole un gène intéressant chez la loutre Sibérienne, je le mets dans un plan de maïs, ça marche ! je brevête le tout". La plante et le gène sont tous deux naturels, c'est leur combinaison qui est inédite, mais le plus gros de l'effort est dans l'isolement du gène.

Il faudrait avoir les disposition exact mais si il me semble (à vérifier dans le détail) que c’est bien le gène sous forme de construction (avec un promoteur et une séquence terminale qui rende le gène fonctionnel dans un organisme en principe) qui est déposé…ce qui revient à protéger le gène de fait.

Iv a écrit : Si seule la plante peut être brevetée, le premier concurrent venu prendra le gène et le mettra dans des épinards et bingo ! Il faudrait à la première entreprise breveter toutes les combinaisons possibles pour valider sa position et rentabiliser son travail. C'est pour éviter ça qu'on accepte de breveter des séquences génétiques, non ?

Certes, mais comme je l’ai dit le système, loin d’être parfait du catalogue officiel, peut être amendé et permettre d’éviter l'exemple que tu donne.

Iv a écrit :
Yannanaï a écrit :Je dit bien protégé et pas breveté !
Là je veux bien que tu m'expliques, parce que si c'est pour remplacer le brevet par du copyright, je suis contre à 100% ! Les conditions du copyright sont bien pires !

Donc j’ai bien dit protégé si si par une inscription au catalogue qui protège mais laisse libre court à l’utilisation dans une cadre de recherche en vue d’une amélioration. Aujourd’hui si tu utilise un OGM sans en avoir l’autorisation tu te prends un procès (une certaine aux US en ce moment) si tu veux l’utiliser en recherche c’est compliqué pour un privé sans accord du détenteur du brevet.
Je n'avait pas pensé catalogue=copyright, qu'est ce qui t'y a fait pensé?
Oui c’est idiot mais l’OMPI auquel la France participe n’est pas très souple sur ses points me semble t’il…Je pense que malheureusement l’esprit des brevets a été violé par des entreprises..Monsanto Microsoft même combat ?

Iv a écrit :
Yannanaï a écrit :En effet, il existe une protection pour les nouvelles variétés de plante. Il s’agit de l’inscription au catalogue officiel. La variété est protégé (bénéfice à l’obtenteur) mais quiconque souhaite utiliser cette variété pour en créer une autre le peut (ça vous rappel rien ?) Le système est loin d’être parfait mais il me semble être une base intéressante pour une protection pour l’obtenteur tout en garantissant une possibilité de modifier (améliorer qui sait) la variété (qui pourra être protégée si elle présente assez de différence avec la variété source).
Tu m'apprends quelque chose que j'ignorais avec cet exemple et le lien cité plus loin : le brevet interdit l'utilisation aux fins de recherches ? Mais c'est idiot ! C'est contraire même à l'esprit des brevets ! (qui consiste justement à publier les découvertes afin de les protéger tout en permettant de les partager). Il me semble évident que les gains compenseraient largement les couts si cette protection sautait. En effet ça semble être une bonne idée que tu décris, tu as plus de liens ?

C’est totalement idiot et l’OMPI auquel la France participe n’est pas très souple sur ses points me semble t’il…Je pense que malheureusement l’esprit des brevets a été violé par des entreprises… Monsanto Microsoft même combat ?
Je n’ai pas encore trouvé d’autres liens mais j’ai fouille depuis un moment et je tombe régulièrement sur des articles assez anciens. Je pense que je suis loin d’avoir tout trouvé. Je vais essayer de faire une liste de liens.

Iv a écrit :
Yannanaï a écrit :Cela pourrait être étendu aux plantes animaux bactéries, virus pourquoi pas.
Aux gènes ? Aux prions (qui savent se reproduire mais sont juste de complexes molécules) ? Aux protéines ? Aux versions non-fonctionelles de virus présentes dans les vaccins ?

Pour moi les protéines (séquence d’acides aminées, un gène étant une séquence d’acides nucléiques) ne doivent pas être sujettes à brevet.
Les virus même inactivés sont des séquences nucléiques (ADN ou ARN) et des protéines (pour simplifier à l’extrême) donc pour ma part je suis contre le fait qu’on puisse breveter. Mais par contre je ne suis pas contre que le médicament utilisant ce type de matériel puisse être protégé.
Je ne suis pas contre la protection de la recette si les informations relative au virus (à la protéine ou au gène) est librement accessible à des fin de recherche.

Iv a écrit :
Yannanaï a écrit :J’ai été d’abord séduit, comme toi, par la licence obligatoire j’ai eu des doutes suite à la lecture de cet article.
http://www.scidev.net/fr/health/hiv-aid ... i-vih.html
Comme tu pourras le lire les arguments laisse entendre que ce type de licence ne favorise pas la recherche.
Franchement, je doute que les pays cités aient proposé des termes aussi généreux que 50% de royalties dans leur licence obligatoire. Et je crois que ça change tout. 50% garantit que ton concurrent se fera moins d'argent que toi mais t'empêchera te faire payer plus du double de ce que ce qu'il est capable de faire. Ca permettrait à des labos d'être rentable sans même s'occuper de la gestion d'une production ou de la vente de leurs droits. Juste en attendant qu'un industriel produise leur molécule et les paye leur dû (ok, il leur faut sûrement un service légal minimum).

Je pense qu’ils n’ont rien proposé de tel car 50% doit être un montant très élevé…D’où la question du financement et du prix du générique. Si ça doit couter aussi chère que l’original autant acheter directement les médocs originaux. Hors le prix n’est il pas le point crucial qui amène certains pays à adopter cette tactique ?


Iv a écrit :
Yannanaï a écrit :J’avancerais donc une quatrième proposition qui coule de source sur ce forum (enfin je pense) : à savoir un brevet de durée réduite qui protège l’utilisateur sur 5 ou 10 ans (le temps de se rembourser et de faire du bénéfice dans des proportions raisonnable) mais qui garantie l’accès à la formulation du composant actif.
Ca ressemble beaucoup au brevet actuel qui dure 20 ans, (c'est beaucoup mais pas tant que ça quand on compare au copyright) et qui impose la publication de l'invention. Par contre ça me semble essentiel d'autoriser l'utilisation du brevet à des fins de recherche. Je ne comprends pas pourquoi c'est interdit...

Oui je pense que tu as raison, l’esprit du brevet a été pervertit. Ramener la durée de validité à une valeur plus raisonnable et de faire en sorte que la technologie puisse être utilisée en recherche et de développement serait un réelle avancée.

D'ailleurs, peut on parler d’open source dans ce cas?



En attendant, que le débat avance, je soutient la position actuelle du parti ;)

Re: brevet sur la vie

Publié : sam. 16 janv. 2010, 13:23
par Iv
Je crois qu'à part la sémantique on est d'accord sur plein de points. En espérant faire avancer le débat, quelque remarques :
Yannanaï a écrit :Pour moi les protéines (séquence d’acides aminées, un gène étant une séquence d’acides nucléiques) ne doivent pas être sujettes à brevet. Les virus même inactivés sont des séquences nucléiques (ADN ou ARN) et des protéines (pour simplifier à l’extrême) donc pour ma part je suis contre le fait qu’on puisse breveter. Mais par contre je ne suis pas contre que le médicament utilisant ce type de matériel puisse être protégé.
Difficile de faire la différence entre le médicament et la molécule ! A mon avis on va se retrouver avec le même genre de situation qu'on a en France sur les brevets logiciels : les brevets logiciels ne sont pas recevables en théorie, alors ce qu'on brevête, c'est une machine qui exécute le programme décrit. J'ai peur qu'avec ta proposition on se retrouve dans une situation où on ne puisse pas breveter la molécule A mais où on puisse breveter toute solution contenant plus de 1% de A.

Ca me parait assez difficile de trouver une limite raisonnable entre vivant/produit du vivant/inerte. Une recette de cuisine, brevetable ? De vin ? De fromage ? De bière ? Un nouveau type d'aglo ? Une colle organique ? Si demain on trouve un moyen de synthétiser chimiquement la molécule du fil d'araignée ? Remarque, les lois et les traités internationaux ne s'encombrent pas de définitions tranchées, ils préfèrent souvent compenser par 400 pages de jurisprudences. En fait je crois que "le vivant et les produits du vivant" c'est tellement large qu'il faut s'attendre à des débats sans fins sur les cas limites. Je dois avouer que je préfère une approche qui élargisse le scope des brevets mais qui limite sérieusement leurs droits.

Yannanaï a écrit :Je ne suis pas contre la protection de la recette si les informations relative au virus (à la protéine ou au gène) est librement accessible à des fin de recherche.
Pour moi c'est l'essentiel et c'est le but premier du brevet : rendre les découvertes accessibles à la recherche. Il faut absolument que ce droit revienne.

Yannanaï a écrit :
Iv a écrit :Franchement, je doute que les pays cités aient proposé des termes aussi généreux que 50% de royalties dans leur licence obligatoire. Et je crois que ça change tout. 50% garantit que ton concurrent se fera moins d'argent que toi mais t'empêchera te faire payer plus du double de ce que ce qu'il est capable de faire. Ca permettrait à des labos d'être rentable sans même s'occuper de la gestion d'une production ou de la vente de leurs droits. Juste en attendant qu'un industriel produise leur molécule et les paye leur dû (ok, il leur faut sûrement un service légal minimum).

Je pense qu’ils n’ont rien proposé de tel car 50% doit être un montant très élevé…D’où la question du financement et du prix du générique. Si ça doit couter aussi chère que l’original autant acheter directement les médocs originaux. Hors le prix n’est il pas le point crucial qui amène certains pays à adopter cette tactique ?
Note qu'avec 50% je parle juste de conditions que le détenteur du brevet est obligé d'accepter. Il aurait tout à fait le droit de proposer de meilleures conditions. Je prends 50% car je n'ai pas toutes les données en tête, mais 50% garantit quelque propriétés intéressantes. Déjà, la polémique sur les génériques concernait une différence de prix qui allait de 4x à 10x entre le générique et l'officiel, si je me souviens bien. C'est à dire que pour 10$, quelqu'un pouvait produire un truc vendu par l'inventeur 100$. Avec la licence à 50%, le mec qui produit le truc à 10$ a la possibilité de le vendre à 20$ (puisqu'il doit réserver 10$ au détenteur du brevet). C'est extrême mais ça permet de limiter à x2 l'abus de monopole. Sachant que la bonne pratique serait quand même que le producteur réussisse à négocier une licence du brevet plus raisonnable.

Yannanaï a écrit :D'ailleurs, peut on parler d’open source dans ce cas?
Je ne crois pas, ça serait plutôt proche d'une licence "recherche". L'open source en général se caractérise par une obligation d'autoriser tout le monde à accéder à la formule, même les concurrents potentiels.

Re: brevet sur la vie

Publié : sam. 16 janv. 2010, 20:41
par pers

Re: brevet sur la vie

Publié : lun. 18 janv. 2010, 11:54
par Yannanaï
Iv a écrit :Je crois qu'à part la sémantique on est d'accord sur plein de points [/quote="Iv"]
Je suis du même avis.


Yannanaï a écrit :D'ailleurs, peut on parler d’open source dans ce cas?
Je ne crois pas, ça serait plutôt proche d'une licence "recherche". L'open source en général se caractérise par une obligation d'autoriser tout le monde à accéder à la formule, même les concurrents potentiels.


C'est donc bien ce que j'entendais par là (merci :)). l’accès à la formule par tous devrait être un plus. Chacun essayant de faire mieux et cela entrainant : - une recherche et développement de solution plus intense.
- le maintient d’un prix de la technologie plus bas et donc plus abordable par le malade (dans le cas d’un médicament) afin de rester attractive face aux nouvelles versions.

Le blé (non-OGM) a été constamment retravaillé par des sélectionneurs afin de le rendre plus productif. Cela s’est fait avec des variétés pré-existantes sans que les grands groupes semenciers ne fassent faillite (et cela depuis plus de 70 ans à leurs grand dame, ceux-ci faisant du lobbying pour une disparition de ce système au profit d’une extension du domaine des brevets).
Si les variétés pré-existantes n’avaient pas été utilisées comme base pour le travail d’amélioration, combien de temps aurait-il fallu pour avancer d’autant dans l’amélioration variétale?
Aujourd'hui nombre de brevet prennent en otage la recherche sur le sida (par exemple). Que se passerait-il si un système open source mis était en place? On ne trouverait peut être pas une solution miracle à la pandémie mais les progrès ne seraient pas plus nombreux que dans le cadre d’une simple licence recherche, non?
D’ailleurs la recherche publique à l’aide d'un produit breveté est elle interdite?
(je pose la question j'ai un doute)

Re: brevet sur la vie

Publié : lun. 18 janv. 2010, 12:30
par Iv
Yannanaï a écrit :D’ailleurs la recherche publique à l’aide d'un produit breveté est elle interdite?
(je pose la question j'ai un doute)

Bin je pensais que non mais les liens que tu as posté semblent dire que si.

Re: brevet sur la vie

Publié : lun. 18 janv. 2010, 19:18
par Ogulak
abolition des brevets software et mathématiques
abolition des brevets biotech (génome, espèces existantes, OGM etc)
assouplissement du droit des brevets en matière pharmaceutique pour les pays pauvres
réduction générale de la durée des brevets (de combien ? c'est à définir)


J'apporterai un bémol sur la deuxième phrase. L'Etat n'a pas les moyens de financer la recherche scientifique. C'est pas nouveau donc je vois pas pourquoi ca changerait. Réduire la durée des brevets peut paraitre séduisant mais dire à un industriel qui a pris 15a en R&D et phases cliniques de test, qu'au bout bout de 2/5a c'est du public, ben ça marchera pas.
C'est un peu comme la musique y a les titres stars qui rapportent et qui permettent de faire tourner la boite (j'extrapole).

Le SIDA est un cas à part puisqu'on peut hesiter entre une mauvaise orientation des decisions (curatif/preventif), et parce que c'est la maladie du pauvre du pd et du drogué dans les consciences des gens et donc de nos politiques aussi.

Je suis plus pour légiférer sur la question (et non plus que ca reste exclusivement du domaine de la propriete intellectuelle comme apres ce sont quand mme des produits manufactures ou autres en bout de chaine) car on connait tous la nature humaine, il y aura toujours un petit malin pour tordre le système dans un sens ou dans l'autre pour qu'il en ressorte plus de jus. On peut aussi jouer sur le levier financier d'une taxation qui abonderait un fonds spécial de recherche publique? (mais alors quid des medicaments uniques dans leur genre?).
Une meilleure formation ou une meilleure composition (comprenez degagez de tout conflit d'interet) au niveau des instances depositaires permettrait aussi de ne pas accepter tout et n'importe quoi.

A noter que pr la 3eme phrase les textes internationaux prevoient deja une sorte de tolerance jusqu'a des dates butoir (2011/2015) jusqu'au prochain cycle de negociations en gros (sachant que le cycle precedent s'est termine sur un echec)

Je rajoute qu'outre l'aspect medical/humanitaire que ces brevets peuvent engendrer il faut voir un autre pb. Les industries pharmaceutiques et chimiques (et ttes celles que vous voulez du moment qu'elles possedent au moins un brevet :p) emploient des personnes et pas que 20. Donc il faut aussi penser à cet aspect là car bien sur le manque à gagner leur permettrait encore largement d'assurer leur masse salariale mais au niveau des actionnaires ca pense pas forcement pareil; donc s'il faut remonter un peu le nvo de rentabilite ben bim on tranche dans les effectifs.

Re: brevet sur la vie

Publié : lun. 18 janv. 2010, 20:53
par Yannanaï
Je vient de trouver ce lien
http://www.science-decision.fr/cgi-bin/ ... &chapter=2

Je n'ai pas encore eu le temps de fouiller mais ils donnent quelques chiffres (pas très frais certes : 2005...).

Re: brevet sur la vie

Publié : mar. 19 janv. 2010, 14:41
par Iv
Ogulak a écrit :Réduire la durée des brevets peut paraitre séduisant mais dire à un industriel qui a pris 15a en R&D et phases cliniques de test, qu'au bout bout de 2/5a c'est du public, ben ça marchera pas.

Réduire la durée est une chose, mais je trouve également important de commencer à compter à partir de la première commercialisation. Comme tu dis, il peut falloir plusieurs années pour qu'un brevet soit utilisable, mais sa période de commercialisation peut être adaptée. Les entreprises feront leur business plan en fonction. Ca peut augmenter le prix des médicaments à court terme (il faut rentabiliser la recherche en moins d'années) mais au final le domaine public s'enrichit plus vite sans qu'il y ait nécessairement une perte chez les industriels.