Pfiew, 10 lignes... tendu tendu =) En plus les pédo-terroristes nazis sont le cheval de bataille de certains lorsqu'ils parlent du méchant Internet qui corrompt notre belle et fière jeunesse (d'ailleurs lorsqu'ils ne terrorisent pas le net, les pédo-terroristes nazis aiment bien produire des jeux-vidéos violents, c'est bien connu =)).
Bon, juste avant les suggestions, quelques informations.
La Convention sur la cybercriminalité signée à Budapest le 23 Novembre 2001 prévoit que les Etats signataires doivent adopter/harmoniser un certain nombre de dispositions et procédures en droit interne. Cette Convention a été signée si je ne m'abuse par les pays membres du Conseil de l'Europe ainsi que le Canada, le Japon, les Etats Unis et l'Afrique du Sud (à vérifier). La Convention se trouve ici:
http://conventions.coe.int/Treaty/fr/Treaties/Html/185.htmEn cache sur google:
http://209.85.229.132/search?q=cache:Gh5UqqH6DIwJ:conventions.coe.int/Treaty/fr/Treaties/Html/185.htm+convention+sur+la+cybercriminalit%C3%A9&cd=1&hl=fr&ct=clnk&gl=frOn trouve notamment:
Article 9 – Infractions se rapportant à la pornographie enfantine
Article 16 – Conservation rapide de données informatiques stockées
Article 17 – Conservation et divulgation rapides de données relatives au trafic
Article 18 – Injonction de produire
En pratique, ce système trouve ses limites en matière d'escroquerie et de nazisme/xénophobie/etc.
1. En matière d'escroquerie:Les petits litiges sont difficiles à poursuivre car les procédures sont lourdes (à développer). Il semble qu'en dessous d'un certain montant les policiers ne seront pas très chauds pour enquêter si l'auteur de l'infraction habite hors de France.
2. En matière d'abus de la liberté d'expression:Tous les Etats n'ont pas la même conception de la liberté d'expression. On en a eu la parfaite illustration dans une affaire dite "Yahoo" où Yahoo se voyait reprocher la vente aux enchères d'objets nazis sur certains de ses services accessibles aux internautes français (vente illicite en France).
Ainsi a commencé pour Yahoo une longue traversée judiciaire en France:
- TGI Paris, ordonnance de référé, 22 mai 2000, UEJF et LICRA contre Yahoo ! Inc. Et Yahoo France :
http://www.legalis.net/breves-article.php3?id_article=175- TGI Paris, ordonnance de référé, 11 août 2000, UEJF et LICRA contre Yahoo ! Inc. Et Yahoo France :
http://www.legalis.net/jurisprudence-decision.php3?id_article=219- TGI Paris, ordonnance de référé, 20 novembre 2000, UEJF, LICRA et MRAP contre Sociétés Yahoo ! Inc. Et Yahoo France :
http://www.legalis.net/breves-article.php3?id_article=217- TGI Paris, 17ème chambre – chambre de la Presse, 26 février 2002, Amicale des déportés d’Auschwitz et des camps de haute Silésie contre Timothy K. et Yahoo Inc.,
http://www.juriscom.net/jpt/visu.php?ID=320- TGI Paris, 11 février 2003, Amicale des dép. d'Ausch. et des camps de H. Silésie et MRAP c/ M. Timothy K. et Yahoo Inc.,
http://www.juriscom.net/jpt/visu.php?ID=474Dossier plutôt complet ici:
http://www.juriscom.net/txt/jurisfr/cti/tgiparis20000522.htmPuis aux Etats Unis:
- District Court for the northern district of California, San Jose Division, 7 novembre 2001, Yahoo Inc. Contre La ligue contre le racisme et l’antisémitisme
http://www.juriscom.net/en/txt/jurisus/ic/dccalifornia20011107.htmLes pages 8 et 21 de la décision américaine sont assez importantes, pointant le fait que ce qu'écrit un utilisateur peut être illégal dans d'autres pays du monde (et pas nécessairement dans le sien). Le juge fait prévaloir le 1er amendement de la Constitution américaine (liberté d'expression en l'espèce) sur le jugement français et refuse donc que le jugement français puisse être exécuté aux Etats Unis (je ne vais pas plus dans le détail volontairement).
Bon je vais passer sur les décisions portant sur le filtrage, juste faire un lien vers 3 affaires si ça intéresse certains:
http://www.juriscom.net/jpt/visu.php?ID=313http://www.legalis.net/jurisprudence-decision.php3?id_article=195 (ici par le filtrage mais l'obligation de surveillance des informations stockées par l'hébergeur avant la loi du 1er août 2000, les dispositions applicables actuellement sont celles de l'article 6 de la loi pour la confiance dans l'économie numérique)
http://www.legalis.net/jurisprudence-decision.php3?id_article=1443Et donc, comme suggestions (en moins de 10 lignes):
- Améliorer la coopération judiciaire internationale avec des procédures simplifiées en matière d'escroquerie (à développer - manque d'informations)
- Sur la question de la liberté d'expression, 2 voies possibles pour les infractions pénales les plus graves:
1. le filtrage (très critiqué, coûteux, efficacité douteuse, un peu disproportionné en matière de liberté d'expression)
2. Pouvoir limiter la diffusion des sites Internet par le biais d'une procédure qui permettrait d'ordonner à un site de ne pas fournir ses informations et services aux internautes d'un Etat spécifique si le contenu du site est illégal dans l'Etat en question (cela obligerait cependant le site à filtrer les adresses IP, avec un coût, un risque d'erreur et bien évidemment la possibilité de contourner facilement le dispositif). Un système qui nécessiterait la signature d'une Convention Internationale et qui en plus ne serait pas parfait...
Aucune de ces solutions n'est satisfaisante. Le système actuel est peut-être préférable...
La question de la liberté d'expression est vraiment très sensible: vous faites quoi demain si une décision judiciaire chinoise demande par exemple à votre site de filtrer les IP d'internautes chinois pour les empêcher d'y accéder? Ou alors une décision d'un tribunal iranien demandant à un site d'une association française de lutte pour les droits des femmes de filtrer les IP iraniennes?