Forum du Parti Pirate

*me s'accoude au bar les yeux vitreux et l'haleine pas fraiche

A je ne sais plus quelle occasion, je ne sais plus quand, je ne sais plus qui a abordé la question du "populisme" du Parti Pirate. Je crois que cette personne souhaitait éviter cet adjectif péjoratif.
Mais péjoratif pourquoi ? J'ai beau lire et relire la définition, le populisme me paraît presque évident et... hum... tout à fait applicable au PP (sauf qu'on accuse pas les politiciens de TOUS les maux. Ils sont pas forcément mauvais, juste déconnectés)
Qui a décidé que le populisme était une idéologie à bannir ? L'élite ? Cette même élite qui, au lieu de simplifier la politique pour que les citoyens se la réapproprient, la complique pour s'en réserver les bénéfices ?
Je crois que je deviens populiste. C'est grave docteur ?

Non c'est très bien :]
Les mots ont un pouvoir énorme, " populiste " a été dénaturé pour servir à diaboliser tout discours contre l'aristocratie actuelle.
Dans le même registre de dérives sémantiques volontaires on pourrait tout autant parler de " courageux ", " moderne ", " assumer " qui sont devenus synonymes de " conservateur soumis " en réalité
Ou encore de " antisémite " pour toute atteinte à un certain pays ou si on touche à une certaine religion.
Ou " Islamophobe " à la place de " raciste ".
Etc...

Sans oublier le "droitdelhommiste", terme forgé par des messieurs bien comme il faut qui ont trouvé là une façon bien pratique de masquer leur propre crypto-fascisme...

Pour en revenir au sujet. Ce que j'entends derrière le terme de populisme, c'est le procédé qui consiste à exciter les passions du peuple plutôt que de faire appel à son intelligence et sa raison. C'est surfer hâtivement sur des préjugés et des idées fausses plutôt que de prendre le temps d'expliquer posément les tenants et aboutissants.

Donc : "simplifier la politique" me paraît dangereux. Si des problèmes sont compliqués il faut le DIRE et expliquer pourquoi ils le sont. D'ailleurs "les élites" ne se complaisent pas _toujours_ à embrouiller les choses, au contraire dans beaucoup de cas elles traitent le peuple avec mépris et font appel à une forme de paresse intellectuelle, cette construction de merde appelée "le bon sens" et c'est, il me semble, beaucoup plus insidieux.

Je pense qu'en tant que Pirates, nous n'avons pas plus besoin de nous définir nous-mêmes comme "populistes" ou "élitistes" ou que sais-je, que de nous déclarer de "droite" ou "gauche". Tout ce que nous devons viser, c'est d'élever le débat en apportant des réponses concrètes, honnêtes et utiles, et non des attrape-couillons. Que des commentateurs se sentent autorisés à nous qualifier de "populistes" ou de "socialistes" (terme que m'a lancé l'autre soir une députée UMP comme la pire insulte dont elle se sente capable), ou de quoi que ce soit, ça ne nous regarde que très lointainement.

Schlum a écrit :J'ai beau lire et relire la définition, le populisme me paraît presque évident et... hum... tout à fait applicable au PP.

La définition ? Quelle définition ? Pour moi, je souscris à celle de Pers. Dans ce sens, le populisme frise avec la démagogie, c'est la croyance (irrationnelle donc) que "le peuple" (notion qui reste à définir, le "peuple français" de Marine le Pen n'est pas celui que nous connaissons aujourd'hui par exemple...) a toujours raison. Exemple flagrant : N. Sarkozy qui dit vouloir "s'adresser au peuple sans les entraves des corps intermédiaires". Oh bah oui, faisons fi des profs, des journalistes, des syndicats, et même des parlementaires (qui sont des citoyens par ailleurs, ah oups j'avais oublié). Le populisme, la démagogie, c'est la dictature de la majorité.

Bien entendu, le peuple peut tout à fait avoir raison, mais il faut qu'il soit éduqué, éclairé. Si "le peuple" a le niveau de la discussion de comptoir, on va pas aller très loin. Je croiserait donc volontiers le concept de démocratie avec celle du "roi philosophe" de l'Antiquité ou du "monarque éclairé" des Lumières. Sauf que là, le souverain (dans tout les sens du terme) et bien, c'est le démos. C'est difficile à mettre en place, car l'éducation peut masquer un processus de manipulation.

Et la citation qui fait bien pour conclure : "si une partie de nos citoyens sont dénigrés parce que "bien-pensants" ça veut dire que les autres sont des mal-pensants ?"

Et qu'est-ce qui permet de définir qu'une population est suffisamment éduquée ou éclairée ?

Gautier a écrit :Et qu'est-ce qui permet de définir qu'une population est suffisamment éduquée ou éclairée ?

Sa propension à élire des personnes qui ont prouvé qu'elles étaient capables de hauteur de vue, de ne pas (sur)réagir de manière émotive à un événement médiatique isolé, et de ne pas faire voter des lois inapplicables SAUF sur le fait divers qui vient de se passer

Petit bump
http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/05/05/le-racisme-des-intellectuels-par-alain-badiou_1696292_1471069.html
(attention y a plein de gros mots : racisme, xénophobie, islam, juif, ouvrier, intellectuel, philosophe, gens d'en bas, provinciaux, constitution européenne, oligarchie économique, jeunes, arabes, Le Pen, communistes, populisme, banlieue, sécurité, laïcité, France, etc.)

Horreur, de la littérature de gauchiste !

Bon, si c'est comme ça j'y vais aussi de mon petit lien sur le même sujet : http://lmsi.net/La-souffrance-du-lepeniste

pers a écrit :Horreur, de la littérature de gauchiste !

Bon, si c'est comme ça j'y vais aussi de mon petit lien sur le même sujet : http://lmsi.net/La-souffrance-du-lepeniste

Je comprends pas toujours ton second degré. Tu cautionnes l'article ?

Celui de Tevanian, oui. Celui de Badiou aussi, quoique dans une moindre mesure (je ne rejoins pas sa définition du terme "intellectuel").