Lettre ouverte : bilan des législatives partielles
Publié : dim. 16 déc. 2012, 12:12
L’équipe en charge des élections législatives partielles pour la première circonscription du Val-de-Marne s’est réunie jeudi et a englouti un bon nombre de litres de bière. Passé le feu de l’action, nous avons souhaité tirer les leçons de cette expérience plutôt singulière et écrire cette lettre ouverte aux adhérents du Parti Pirate.
Un succès incontestable
Comme vous le savez, le 9 décembre, Kevin Cornet et Barbara Bing ont atteint 2,9% et 694 voix lors des législatives partielles de dimanche dernier (contre 396 voix et 0,82% en juin), enregistrant le meilleur score jamais atteint par des candidats pirates français. Nous ne nous perdrons pas en analyses labyrinthiques de cette élection. Notons seulement qu’il s’agissait d’une circonscription conservatrice et franchement à droite, absolument pas bobo / branchée et que nous n’avions pas le monopole du vote contestataire et décalé puisque le parti du vote blanc présentait aussi un candidat.
Un succès important et incontestable, donc, mais qui ne nous autorise pas à verser dans l’autosatisfaction béate car cette campagne a été également révélatrice de plusieurs de nos faiblesses qu’il nous faut comprendre, analyser et dépasser à horizon des prochaines échéances :
Comprendre nos faiblesses pour les dépasser
- D’abord, il n’y a eu qu’une campagne, alors que trois circonscriptions étaient en jeu. Notre parti, qui compte 1000 adhérents, n’a pas été capable de trouver trois équipes pour au moins faire de la présence. C’est fort dommage car nous avons perdu là une vraie occasion de gagner en crédibilité. Certes, nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour nous retourner mais c’était également le cas pour les autres partis.
- Nous avons connu un tout début de campagne difficile car nous ne savions pas sur quel pied danser avec les questions de financement. De ce point de vue, cette campagne nous a permis d’affiner nos compétences. Et d'améliorer nos méthodes de financement en restant dans les clous. La prochaine étape sera une campagne avec expert-comptable. Certains en ont fait en Juin, un retour de leur part (prix, complexité, écueils à éviter ) serait bienvenu.
Kevin nous a expliqué que sa désormais très célèbre affiche avait été refusée par la commission de propagande parce que la photo était en format paysage. Il les a collées quand même. Le risque qu’il courrait ? Fournir à ses opposants un élément de contestation s’il gagnait l’élection avec une faible marge. Autant dire que ce n’était pas près de nous arriver et que Kevin a fait le bon choix.
Donc pour les prochaines échéances, il ne nous suffira pas de connaître la loi. Il faudra également savoir ce que nous risquons à chaque fois que nous l’enfreignons : certaines incartades peuvent avoir des conséquences très graves et nous ne nous devons pas nous les autoriser, d’autres ne nous font courir aucun risque et tous les autres partis le savent et se les permettent.
- Notre présence dans les médias a été faible, presque insignifiante et les meilleurs articles que nous avons obtenus sont sortis après l’élection. Pour tout dire, cette partielle a moins intéressé le public et les journalistes que le feuilleton UMP... Il n’en demeure pas moins que nous avons du progrès à faire pour intéresser les journalistes.
- Finalement, le plus grave, est que très peu de pirates se sont mobilisés pour cette élection, une dizaine en gros (sur la région et à distance) mais ils ont été, par contre, très efficaces. Nous sommes pourtant plusieurs centaines à habiter en région parisienne (cette élection n’était pas la chasse gardée de la section IDF stricto sensu) et des pirates éloignés auraient pu également aider pour bloguer, pour twitter, pour être actifs sur la toile.
Ce point, forcément, nous interroge.
Développons une culture du terrain et de la proximité
Chacun est libre de son emploi du temps et de son engagement. Il ne s’agit donc pas de froncer le sourcil et d’adopter une posture mi-christique, mi-professorale. Pour autant, nous sommes forcés de constater que les militants de tous les autres partis sont capables de se lever le dimanche matin pour assurer une présence constante et massive sur les marchés. Et que le fait de l’avoir fait nous a permis de toucher une population qui n’est pas connectée à twitter, à qui nous avons aussi des choses à dire et qui ignorait l’existence du Parti Pirate.
En bref, nous devons acquérir une culture du terrain et de la proximité. Et déporter peut être une partie de l’intense énergie que nous consacrons à nos débats et à notre organisation interne pour de l’action tournée vers l’extérieur. Nous notons que l’équipe Elections travaille dans ce sens et nous l’en félicitons.
Le Parti Pirate a un capital électoral
Les raisons du succès de dimanche dernier sont multiples : d’abord nos candidats étaient motivés, investis et photogéniques. Ils ont été présents sur le terrain et ont organisé des tractages sur les marchés. Ensuite, ils ont eu les moyens de faire une campagne officielle complète avec professions de foi, affiches et bulletins. Enfin, il est possible que nous commencions à acquérir un début de vrai socle électoral. Dans des situations de communication correcte, nous aurions déjà de 1 à 2% d’électeurs acquis.
Ca veut dire que le Parti Pirate a monté la première marche d’un grand escalier. Ca veut dire qu’il possède un capital électoral qu’il va pouvoir faire fructifier. Ca veut dire que nous avons de bonnes perspectives pour l’avenir. Mais ça veut dire qu’il va falloir qu’on joue de plus en plus sérieusement.
Parce que ça veut dire que désormais, le Parti Pirate a quelque chose à perdre.
Signataires :
Kevin Cornet
Barbara Bing
Kyle Butler
IvanL
Alix Guillard
François Vermorel (Thufir)
Thomas Vermorel (Leguman)
Un succès incontestable
Comme vous le savez, le 9 décembre, Kevin Cornet et Barbara Bing ont atteint 2,9% et 694 voix lors des législatives partielles de dimanche dernier (contre 396 voix et 0,82% en juin), enregistrant le meilleur score jamais atteint par des candidats pirates français. Nous ne nous perdrons pas en analyses labyrinthiques de cette élection. Notons seulement qu’il s’agissait d’une circonscription conservatrice et franchement à droite, absolument pas bobo / branchée et que nous n’avions pas le monopole du vote contestataire et décalé puisque le parti du vote blanc présentait aussi un candidat.
Un succès important et incontestable, donc, mais qui ne nous autorise pas à verser dans l’autosatisfaction béate car cette campagne a été également révélatrice de plusieurs de nos faiblesses qu’il nous faut comprendre, analyser et dépasser à horizon des prochaines échéances :
Comprendre nos faiblesses pour les dépasser
- D’abord, il n’y a eu qu’une campagne, alors que trois circonscriptions étaient en jeu. Notre parti, qui compte 1000 adhérents, n’a pas été capable de trouver trois équipes pour au moins faire de la présence. C’est fort dommage car nous avons perdu là une vraie occasion de gagner en crédibilité. Certes, nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour nous retourner mais c’était également le cas pour les autres partis.
- Nous avons connu un tout début de campagne difficile car nous ne savions pas sur quel pied danser avec les questions de financement. De ce point de vue, cette campagne nous a permis d’affiner nos compétences. Et d'améliorer nos méthodes de financement en restant dans les clous. La prochaine étape sera une campagne avec expert-comptable. Certains en ont fait en Juin, un retour de leur part (prix, complexité, écueils à éviter ) serait bienvenu.
Kevin nous a expliqué que sa désormais très célèbre affiche avait été refusée par la commission de propagande parce que la photo était en format paysage. Il les a collées quand même. Le risque qu’il courrait ? Fournir à ses opposants un élément de contestation s’il gagnait l’élection avec une faible marge. Autant dire que ce n’était pas près de nous arriver et que Kevin a fait le bon choix.
Donc pour les prochaines échéances, il ne nous suffira pas de connaître la loi. Il faudra également savoir ce que nous risquons à chaque fois que nous l’enfreignons : certaines incartades peuvent avoir des conséquences très graves et nous ne nous devons pas nous les autoriser, d’autres ne nous font courir aucun risque et tous les autres partis le savent et se les permettent.
- Notre présence dans les médias a été faible, presque insignifiante et les meilleurs articles que nous avons obtenus sont sortis après l’élection. Pour tout dire, cette partielle a moins intéressé le public et les journalistes que le feuilleton UMP... Il n’en demeure pas moins que nous avons du progrès à faire pour intéresser les journalistes.
- Finalement, le plus grave, est que très peu de pirates se sont mobilisés pour cette élection, une dizaine en gros (sur la région et à distance) mais ils ont été, par contre, très efficaces. Nous sommes pourtant plusieurs centaines à habiter en région parisienne (cette élection n’était pas la chasse gardée de la section IDF stricto sensu) et des pirates éloignés auraient pu également aider pour bloguer, pour twitter, pour être actifs sur la toile.
Ce point, forcément, nous interroge.
Développons une culture du terrain et de la proximité
Chacun est libre de son emploi du temps et de son engagement. Il ne s’agit donc pas de froncer le sourcil et d’adopter une posture mi-christique, mi-professorale. Pour autant, nous sommes forcés de constater que les militants de tous les autres partis sont capables de se lever le dimanche matin pour assurer une présence constante et massive sur les marchés. Et que le fait de l’avoir fait nous a permis de toucher une population qui n’est pas connectée à twitter, à qui nous avons aussi des choses à dire et qui ignorait l’existence du Parti Pirate.
En bref, nous devons acquérir une culture du terrain et de la proximité. Et déporter peut être une partie de l’intense énergie que nous consacrons à nos débats et à notre organisation interne pour de l’action tournée vers l’extérieur. Nous notons que l’équipe Elections travaille dans ce sens et nous l’en félicitons.
Le Parti Pirate a un capital électoral
Les raisons du succès de dimanche dernier sont multiples : d’abord nos candidats étaient motivés, investis et photogéniques. Ils ont été présents sur le terrain et ont organisé des tractages sur les marchés. Ensuite, ils ont eu les moyens de faire une campagne officielle complète avec professions de foi, affiches et bulletins. Enfin, il est possible que nous commencions à acquérir un début de vrai socle électoral. Dans des situations de communication correcte, nous aurions déjà de 1 à 2% d’électeurs acquis.
Ca veut dire que le Parti Pirate a monté la première marche d’un grand escalier. Ca veut dire qu’il possède un capital électoral qu’il va pouvoir faire fructifier. Ca veut dire que nous avons de bonnes perspectives pour l’avenir. Mais ça veut dire qu’il va falloir qu’on joue de plus en plus sérieusement.
Parce que ça veut dire que désormais, le Parti Pirate a quelque chose à perdre.
Signataires :
Kevin Cornet
Barbara Bing
Kyle Butler
IvanL
Alix Guillard
François Vermorel (Thufir)
Thomas Vermorel (Leguman)