Paradis pour tous
Publié : ven. 10 mai 2013, 10:56
Depuis des années, des femmes vont en Belgique et en Espagne pour faire une insémination artificielle avec donneur anonyme (IAD). Des dizaines de milliers d'enfants sont nés ainsi et comme leur état civil n'a pas mention d'un père, ces enfants sont adoptables. Dès promulgation de la loi, la mère pourra épouser sa compagne et l'épouse adoptera les enfants de manière plénière.
C'est là que vous applaudissez. Le progrès scientifique ouvre des horizons somptueux, le bien-être des individus ne dépend plus des contraintes de la nature, chacun peut exiger de la médecine qu'elle se mette au service de son bonheur. C'est le paradis sur terre enfin à portée de main.
Des esprits chagrins, rassis, conservateurs et homophobes s'en sont émus. Peu car peu de gens ont connaissance de cette avancée sociétale. Madame Taubira par excès de modestie ne l'a pas crié sur les toits. Les LBGT ont usé de précautions de langage, parlant "d'un nombre croissant de couples homos possédant un projet parental". Pourquoi cette réserve, pourquoi cette opposition de certains esprits ?
Il est vrai que la PMA pour homosexuelles et célibataires n'est pas autorisée en France. C'est inscrit dans les lois de bioéthique. Quel motif ? Le Conseil d'état l'a résumé en 2009 : "Il s'agirait de créer délibérément un enfant sans père, ce qui ne peut être considéré comme l'intérêt de l'enfant à naître".
Il est vrai aussi que la première génération d'enfants nés par IAD dans les couples hétéros où l'homme est stérile, est devenue adulte et a témoigné de la difficulté à se construire quand la moitié de soi reste inconnue. Lisez ceci : http://www.pmanonyme.asso.fr/ et repérez le nombre de fois où est mentionné le mot "visage".
Il est vrai enfin que sur les témoignages de ces adultes nés dans tous les pays européens, certains pays (essentiellement d'Europe du nord) ont fait évoluer leur législation dans les années 2000 et n'autorisent plus le don complètement anonyme. Les donneurs peuvent rencontrer leur descendance, l'enfant devenu adulte, connaître son géniteur et ses demi-frères et soeurs.
En France, la levée de l'anonymat n'a pas abouti. Le problème est complexe. Un des principes du droit français est la non-patrimonialité du corps. Nous ne sommes pas propriétaires de notre corps et il est interdit de vendre ou de donner ses organes, son sang, son sperme, ses ovocytes etc. Pour contourner cet interdit, le don est autorisé s'il passe par des établissement agréés qui se chargent de le rendre anonyme. En conséquence de ce principe, la gestation pour autrui est interdite.
Le progrès scientifique, certains l'ont déjà applaudi quand la stérilité de l'homme dans un couple hétéro a pu être compensée par le don d'un tiers anonyme. A l'époque, le CECOS (l'organisme qui gère les dons de gamètes) a recommandé aux parents de taire l'IAD. Pourquoi inquiéter les enfants en avouant que leur père n'est pas leur père ? Pourquoi forcer le père à avouer sa stérilité ? Pourquoi dire la vérité alors que le nom du géniteur restera inaccessible ? Ces autorités scientifiques ont cru bien faire, elles se sont trompées. Elles ont amalgamé l'IAD avec l'adoption : faire comme si le père était le père en oubliant la psychologie et la génétique. Ces enfants ne possèdent que la moitié de leurs antécédants familiaux.
Dans les somptueux horizons ouverts par le mariage pour tous, ce débat n'existe pas. Les enfants fabriqués à l'étranger pour contrer l'interdiction française ne sont pas concernés. Elevés par des lesbiennes, ils sont hors de toutes les lois communes : la psychologie (souffrir de ne pas connaître son géniteur), la génétique (souffrir de ne pas connaître ses antécédants médicaux), le droit (la pratique de l'IAD est illégale en France pour les homos et les célibataires) ne les touchent pas. Ils vivent au paradis. Un paradis consumériste où on peut acheter le droit à un enfant vierge de toute ascendance paternelle. Belgique et Espagne vendent cette virginité : ce sont les deux destinations préférées du tourisme procréatif.
Plus encore, Madame Taubira, ministre de la justice, par souci de protéger le douillet paradis consumériste de ses élues, leur permet d'adopter plénièrement le jouet fabriqué pour leur bien-être. Celle qui élève l'enfant sans être sa mère biologique, la belle-mère donc, devient le père. Là encore il faut applaudir. La filiation de l'épouse se substitue à la filiation paternelle. Le géniteur est totalement effacé. L'enfant n'aura plus la possibilité de rêver un père inconnu, il en a un qui est une femme et il est prié d'être satisfait.
"Il a deux mères" s'insurgent des pirates entre deux applaudissements. Non car la loi du mariage pour tous n'a pas changé l'article 310 du code civil, celui qui définit la filiation comme relevant d'un père et d'une mère biologiques. N'a pas changé non plus la présomption de paternité : l'enfant né au sein d'un couple marié est le sien sans besoin de reconnaissance spécifique. L'enfant créé par IAD dans un couple de femmes mariéees doit encore être adopté.
Cette incohérence ajoute une autre inégalité à l'inégalité entre enfants. La belle-mère devenue épouse, parce qu'elle est lesbienne et que la mère a transgressé la loi française, reçoit en récompense la possibilité, interdite aux beaux-parents, d'avoir une véritable autorité parentale sur l'enfant de sa conjointe. Un million d'enfants vivent pourtant dans les familles recomposées. Le paradis n'est pas pour eux.
Pour contrer ces inégalités, le Parti pirate doit s'engager dans le combat pour l'égalité consumériste. D'abord faire pression sur le Comité d'éthique qui doit décider en octobre d'ouvrir ou non l'accès aux techniques de procréation à d'autres que les couples hétéros stériles. Confiner la médecine aux soins est archaïque. La technologie médicale de la procréation doit être accessible à tous sans plus tenir compte de la différence discriminatoire entre individus bien-portants et stériles. IAD avec diagnostics pré-implantatoires poussés pour éliminer les embryons susceptibles de développer des maladies, gestation pour autrui, choix du sexe de l'enfant bien évidemment, en attendant que les progrès fulgurants de la génétique permettent de définir apparence physique et capacités intellectuelles et artistiques, tout doit être disponible pour tous gratuitement.
Dans le même temps, les pirates doivent partir à l'abordage de l'ignorance. Trop peu de gens savent que le paradis vient d'ouvrir ses portes. Il concerne des dizaines de milliers d'enfants, des centaines de milliers bientôt quand les lesbiennes mariées et les célibataires courront faire leur marché en Belgique et en Espagne. Il faut viser le plus grand nombre par une grande campagne de promotion et fermement militer pour interdire toute levée de l'anonymat sur le donneur en Belgique, en Espagne et en France. La protection des données privées n'est-elle pas un principe essentiel du parti pirate ? Le secret médical, un autre ?
Le paradis pour tous ? Progrès scientifique et mondialisation nous l'offrent, à vous de l'arracher aux esprits chagrins, réacs et homophobes.
C'est là que vous applaudissez. Le progrès scientifique ouvre des horizons somptueux, le bien-être des individus ne dépend plus des contraintes de la nature, chacun peut exiger de la médecine qu'elle se mette au service de son bonheur. C'est le paradis sur terre enfin à portée de main.
Des esprits chagrins, rassis, conservateurs et homophobes s'en sont émus. Peu car peu de gens ont connaissance de cette avancée sociétale. Madame Taubira par excès de modestie ne l'a pas crié sur les toits. Les LBGT ont usé de précautions de langage, parlant "d'un nombre croissant de couples homos possédant un projet parental". Pourquoi cette réserve, pourquoi cette opposition de certains esprits ?
Il est vrai que la PMA pour homosexuelles et célibataires n'est pas autorisée en France. C'est inscrit dans les lois de bioéthique. Quel motif ? Le Conseil d'état l'a résumé en 2009 : "Il s'agirait de créer délibérément un enfant sans père, ce qui ne peut être considéré comme l'intérêt de l'enfant à naître".
Il est vrai aussi que la première génération d'enfants nés par IAD dans les couples hétéros où l'homme est stérile, est devenue adulte et a témoigné de la difficulté à se construire quand la moitié de soi reste inconnue. Lisez ceci : http://www.pmanonyme.asso.fr/ et repérez le nombre de fois où est mentionné le mot "visage".
Il est vrai enfin que sur les témoignages de ces adultes nés dans tous les pays européens, certains pays (essentiellement d'Europe du nord) ont fait évoluer leur législation dans les années 2000 et n'autorisent plus le don complètement anonyme. Les donneurs peuvent rencontrer leur descendance, l'enfant devenu adulte, connaître son géniteur et ses demi-frères et soeurs.
En France, la levée de l'anonymat n'a pas abouti. Le problème est complexe. Un des principes du droit français est la non-patrimonialité du corps. Nous ne sommes pas propriétaires de notre corps et il est interdit de vendre ou de donner ses organes, son sang, son sperme, ses ovocytes etc. Pour contourner cet interdit, le don est autorisé s'il passe par des établissement agréés qui se chargent de le rendre anonyme. En conséquence de ce principe, la gestation pour autrui est interdite.
Le progrès scientifique, certains l'ont déjà applaudi quand la stérilité de l'homme dans un couple hétéro a pu être compensée par le don d'un tiers anonyme. A l'époque, le CECOS (l'organisme qui gère les dons de gamètes) a recommandé aux parents de taire l'IAD. Pourquoi inquiéter les enfants en avouant que leur père n'est pas leur père ? Pourquoi forcer le père à avouer sa stérilité ? Pourquoi dire la vérité alors que le nom du géniteur restera inaccessible ? Ces autorités scientifiques ont cru bien faire, elles se sont trompées. Elles ont amalgamé l'IAD avec l'adoption : faire comme si le père était le père en oubliant la psychologie et la génétique. Ces enfants ne possèdent que la moitié de leurs antécédants familiaux.
Dans les somptueux horizons ouverts par le mariage pour tous, ce débat n'existe pas. Les enfants fabriqués à l'étranger pour contrer l'interdiction française ne sont pas concernés. Elevés par des lesbiennes, ils sont hors de toutes les lois communes : la psychologie (souffrir de ne pas connaître son géniteur), la génétique (souffrir de ne pas connaître ses antécédants médicaux), le droit (la pratique de l'IAD est illégale en France pour les homos et les célibataires) ne les touchent pas. Ils vivent au paradis. Un paradis consumériste où on peut acheter le droit à un enfant vierge de toute ascendance paternelle. Belgique et Espagne vendent cette virginité : ce sont les deux destinations préférées du tourisme procréatif.
Plus encore, Madame Taubira, ministre de la justice, par souci de protéger le douillet paradis consumériste de ses élues, leur permet d'adopter plénièrement le jouet fabriqué pour leur bien-être. Celle qui élève l'enfant sans être sa mère biologique, la belle-mère donc, devient le père. Là encore il faut applaudir. La filiation de l'épouse se substitue à la filiation paternelle. Le géniteur est totalement effacé. L'enfant n'aura plus la possibilité de rêver un père inconnu, il en a un qui est une femme et il est prié d'être satisfait.
"Il a deux mères" s'insurgent des pirates entre deux applaudissements. Non car la loi du mariage pour tous n'a pas changé l'article 310 du code civil, celui qui définit la filiation comme relevant d'un père et d'une mère biologiques. N'a pas changé non plus la présomption de paternité : l'enfant né au sein d'un couple marié est le sien sans besoin de reconnaissance spécifique. L'enfant créé par IAD dans un couple de femmes mariéees doit encore être adopté.
Cette incohérence ajoute une autre inégalité à l'inégalité entre enfants. La belle-mère devenue épouse, parce qu'elle est lesbienne et que la mère a transgressé la loi française, reçoit en récompense la possibilité, interdite aux beaux-parents, d'avoir une véritable autorité parentale sur l'enfant de sa conjointe. Un million d'enfants vivent pourtant dans les familles recomposées. Le paradis n'est pas pour eux.
Pour contrer ces inégalités, le Parti pirate doit s'engager dans le combat pour l'égalité consumériste. D'abord faire pression sur le Comité d'éthique qui doit décider en octobre d'ouvrir ou non l'accès aux techniques de procréation à d'autres que les couples hétéros stériles. Confiner la médecine aux soins est archaïque. La technologie médicale de la procréation doit être accessible à tous sans plus tenir compte de la différence discriminatoire entre individus bien-portants et stériles. IAD avec diagnostics pré-implantatoires poussés pour éliminer les embryons susceptibles de développer des maladies, gestation pour autrui, choix du sexe de l'enfant bien évidemment, en attendant que les progrès fulgurants de la génétique permettent de définir apparence physique et capacités intellectuelles et artistiques, tout doit être disponible pour tous gratuitement.
Dans le même temps, les pirates doivent partir à l'abordage de l'ignorance. Trop peu de gens savent que le paradis vient d'ouvrir ses portes. Il concerne des dizaines de milliers d'enfants, des centaines de milliers bientôt quand les lesbiennes mariées et les célibataires courront faire leur marché en Belgique et en Espagne. Il faut viser le plus grand nombre par une grande campagne de promotion et fermement militer pour interdire toute levée de l'anonymat sur le donneur en Belgique, en Espagne et en France. La protection des données privées n'est-elle pas un principe essentiel du parti pirate ? Le secret médical, un autre ?
Le paradis pour tous ? Progrès scientifique et mondialisation nous l'offrent, à vous de l'arracher aux esprits chagrins, réacs et homophobes.