Zest a écrit :(NB: j'ai personnellement une expérience limitée de facebook)
Aha ! Moi j'ai l'expérience de Facebook : 48h d'expérience, que je vais vous faire partager.
Attention c'est long.
Je suis allé faire un petit tour sur Facebook
J'ai une nièce lycéenne de 18 ans qui y est en plein dedans. Je suppose vaguement que c'est leur cœur de cible. Je me suis donné pour objectif de savoir si elle a un nouveau boyfriend et si possible trouver des photos compromettantes.
Alors c'est parti. Depuis le web : rien du tout. Il faut entrer dans Facebook. Je ne veux pas mettre mon vrai nom ni rien de privé, alors je remplis les champs au hasard : je me fais un profile, tout bidon. Nom, ville, écoles, photo : je prends tous sur wikipédia 'article au hasard'. Je ne fais pas une fausse identité par plaisir ou à dessein, il faut bien remplir les champs que Facebook me demande de remplir, mais c'est le résultat obtenu : une fausse identité bien détaillée. Je ne suis pas fier de facebooker avec ça, mais je n'ai pas le choix.
Une fois dans Facebook, c'est l'
El Dorado : je trouve pour chacun son nom, sa photo, la liste des musiques et films qu'il aime, les sites web et les billets blog qu'il aime (ils devrait aussi rajouter les liens torrent qu'il a "liké", histoire de fâcher tout rouge l'ALPA), et surtout :
la liste et les noms, photos et profils de tous ses amis .
Ma cible a mis une photo en maillot de bain sur la plage. Si tous ses amis ont chacun mis une photo d'eux qui les ressemble, alors je me fais une bonne idée de chacun rien qu'en regardant la tête de leurs amis, le look de leur "tribu". Je saurai s'ils aiment plutôt les filles ou les garçons, s'ils sont plutôt jeunes ou plutôt vieux, plutôt exhibi ou réservés, plutôt BCBG ou grunge, plutôt fêtard ou plutôt studieux... Enfin
tout ce qu'un employeur veut savoir avant d'embaucher un pti jeune.
Mais je n'avais pas atteint mon objectif. J'appuie sur le bouton "je veux être ton ami" et j'éteins l'ordi. Après ça, je ne sais pas trop ce qui s'est passé. Je suppose qu'elle a eu un popup "Tartempion veut devenir ton ami". Et la tête de linotte, devinez, elle a cliqué OK! Elle m'a admis, moi, complet inconnu, dans son cercle d'amis.
Et là
c'est le jack-pot. J'avais accès à toutes ses photos. Toutes ses après-midi shopping, ses soirées entre potes, ses sorties boîte de nuit, ses skins-contacts avec ses pré-boyfriends, ses instants kodack fou-rires et décoltés.
Sur les photos, il y a un bouton "identifier cette personne", à utiliser par les visiteurs sur les photos de groupe, et je voyais effectivement inscrit sur certaines photos les noms des personnes (avec des liens vers leurs profils, c'est sans fin).
Sur son profil, je voyais sa composition familiale (avec liens vers les profils des ses frères, sœurs, parents, oncles...) tout ce qu'elle partageait avec ses amis, ses humeurs, ses messages... Par exemple je savais qu'hier soir elle avait eu la migraine.
Mais ce n'est pas tout. En étant son ami,
j'avais automatiquement accès aux photos de ses amis !!

L'amitié c'est transitif, comme de bien entendu! Et je suis donc allé sur les profils de ses amis, et j'ai vu s'étaler là les sorties, les bitures, les couples, les familles, les voyages, les intérieurs, les jardins, les enfants, tous avec leurs photos, noms, lieu d'origine et de résidence... Jusqu'à ce que je trouve : devinez quoi, les bobines de ma propre famille : mes bébés, jouant sur les canapés, dans les bras des cousins, ma fille en robe de baptême, le nouveau boyfriend de ma belle-sœur alors même que son divorce n'est pas finit, tout ça sur les profils de la maman et de la tante et des autres amis d'amis. La boucle était bouclée.
Sur chaque album, il y avait un bouton :
share this album. Facebook me propose de partager les albums des autres qui ne sont même pas mes amis ! Je n'ai pas cliqué, mais j'imagine ce que c'est. Certainement que ces photos vont être copiés sur mon profil, et comme ça, si le posteur les efface, elles seront toujours en circulation.
Du coup j'appelle ma nièce au téléphone, je lui dit que je suis désolé pour sa migraine, mais qu'elle devrait faire attention à qui elle valide dans son cercle d'amis. "Bein oui, dit-elle, c'est mon style, si quelqu'un veut être mon ami, je clique OK". C'est le syndrome
Streetcar : "
un inconnu est un ami qu'on a pas encore rencontré". Soit, je peux accepter ça : ma nièce est philanthrope, elle a foi en la nature humaine, elle n'a rien à cacher, et ce serait bien qu'il y ait plus de gens comme elle sur cette terre.
Donc, c'est après Fecebook que j'en ai. Je ne vais pas refaire la liste des griefs qui sont connus, en gros : tout ce qu'on met dans le profil est, ou devient, public, sans que l'usager soit prévenu. Surtout ce que je reproche : qu'en acceptant un usager dans mon cercle d'amis, ça lui ouvre la porte sur les données privées de mes amis à moi.
Il y a loin de
my casa est su casa à
todo les casas de mi amigos son su casa.
Quelques slogans pour un campagne anti-facebook:
*Facebook is evil
*With Facebook, the web knows more about you than God
*If it's Facebook it's public!
*They will publish not only your Face and your Book,
but also your name, your town, where you're from, your schools, your photos, your friends, your likes, and so much more
Comment forcer Fecebook à nous aider :
* Se pointer aux apéros géants, non pas pour leur dire fecebook c'est nul, ce serait parler à un sourd, mais pour leur distribuer des tracts pirates "copier c'est pas voler", "aidez-nous à préserver vos libertés numériques", et autres slogans sympas.
* Ouvrir un compte PPfr sur Fecebook ? Pourquoi pas s'il y a des volontaires pour l'animer (pas moi). Aussi bien Fecebook est EVIL pour la vie privé, mais pour faire de la promo et de la Com, c'est pain béni.
Voilà voilà, vous en savez autant que moi...
Ce sont des notions importantes ; une fois acquises, ils s'en serviront toute leur vie: finir son travail ; respecter le travail des autres ; suivre une consigne ; régler les conflits sans se battre... Ce sont des apprentissages que nous enseignons à nos élèves, et lorsqu'ils les maîtrisent, je leur donne une gommette. -- Édith, directrice d'école maternelle.
"Je ne suis pas d'accord avec votre projet de bruler ce livre ou ce drapeau, mais je me battrai pour votre droit de le faire" - Voltaire