De toute façon la base du problème n'est absolument pas de savoir si l'on doit ou pas réguler les échanges de fichiers, c'est de dire que c'est impossible de le réguler. Par impossible, j'entends que le coût nécessaire à la mise en place de contrôle d'Internet est énorme. A chaque invention d'un gouvernement pour réguler Internet, les internautes trouveront un moyen de le contourner. Car la nature d'Internet c'est d'échanger les informations. Le premier qui trouve un moyen de contournement le fait savoir instantanément à tout le monde, et il y aura toujours plus d'internautes voulant partager que de personnes voulant restreindre les droits fondamentaux des internautes. L'état français vient de se lancer dans une escalade sans fin, avec des coûts à chaque fois plus élevés et des atteintes de plus en plus flagrants à la vie privée de chacun. Le filtrage est un autre exemple de délire gouvernemental.
Il n'y a pas de nécessité d'être rémunérée pour créer. Tout le monde et moi en premier sommes tous des créateurs en puissance : il suffit qu'on prenne un pinceau pour devenir peintre, qu'on prenne un crayon pour être écrivain. Les industries du copyright ont largement tué la création en faisant croire que seule la création rémunérée était valable. Or avec Internet se développe plein de contenu amateur, que ce soit des BD, des vidéo, des blogs ou de la musique de qualité supérieure à la qualité professionnelle des années 90 à 2000. Or les professionnels de demain sont forcément des amateurs aujourd'hui. Et enfin, toutes les œuvres n'ont pas besoin d'une qualité professionnelle tout le temps. Une vidéo de chat n'a pas besoin d'une haute résolution pour être vue et échangée par un million de personnes.
Maintenant, parlons des professionnels : la nature même d'Internet et des biens culturels dématérialisés doivent obliger l'industrie du copyright à repenser la manière dont elle va se rémunérer. Par nature, on ne peut plus restreindre à une seule personne la diffusion de l'information. Un support physique ne peut être utilisé que par une seule personne ; ce n'est plus le cas, quand il n'y a plus de matière attaché à chaque copie de l'œuvre. C'est tout un schéma de pensée à réformer du côté des ayants-droit.
La vente de copies n'a jamais été le seul moyen de rémunéré les auteurs ; entrée de concerts, diffusion radio, exécution dans des lieux public, utilisation dans des publicités, pré-ventes ; autant de moyen de rémunération.
Prenons l'exemple simple de la musique : à la création de la SACEM, les éditeurs ne fabriquaient pas de disques, mais imprimaient des partitions. A chaque évolution technologique, ils ont toujours, mais vraiment toujours freiner des 4 fers. Que ce soit, le disque vinyle, la radio, les chaînes de télé musicale (MTV), la cassette, le CD, le DAT, le MP3, le P2P, ils ont toujours été contre toutes les innovations qui pourtant leur ont largement rapporté par la suite.
Et encore et toujours cette confusion permanente entre créateur, producteur et éditeur qui sont des métiers différents qui s'opposent quand il s'agit de répartir l'argent entre eux. Elle parle tout le temps de défendre le créateur, alors que le "créateur" est bien souvent payé au forfait, contre le renoncement de ses droits envers le producteur. A la charge de l'éditeur de diffuser et promouvoir l'œuvre. Le créateur s'il ne s'autopublie pas ne fait jamais le choix du mode de diffusion qu'elle réclame. L'auteur de chanson pourra éventuellement être rétribué par la SACEM, mais ces revenus sont très symboliques par rapport à ce qu'il touchera par ailleurs. Il sera de nouveau rémunéré seulement si sa première œuvre a suffisamment plu, et qu'on lui demande une nouvelle création.
"Il faut que les consommateurs aient envie d'aller vers ces offres légales", dit-elle. Donne-t-on "envie" en punissant massivement les consommateurs, et en lui donnant un sentiment de profonde injustice de cette punition ?
L'offre légale peut faire concurrence à l'offre gratuite en offrant un meilleur service. Des services à inventer, mais par exemple, la disponibilité immédiate en haute qualité de n'importe où, semble être un minimum. Quant au coût démentiel supposé, le streaming en P2P est justement la solution à moindre coût :
http://www.pcinpact.com/actu/news/57987 ... orrent.htm
"La création européenne" parlons-en : il n'y a pas de culture commune européenne. Chaque état s'est enfermé dans son exception culturelle, trop occupé à protéger son marché intérieur au lieu d'échanger avec ses voisins. Finalement, la seule culture commune entre les européens, c'est Hollywood, la culture américaine, et dans une moindre mesure, les dessins-animés japonais.
Les américains ont dû bien se marrer en voyant les européens se tirer une balle dans le pied, en inventant "l'exception culturelle".
http://fr.wikipedia.org/wiki/Exception_culturelle