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De la mutation du journalisme politique

txo
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De la mutation du journalisme politique

Messagepar txo » jeu. 13 déc. 2012, 01:59

Je propose ci-après une sorte de "tribune" offensive (je ne m'exprime pas en qualité de porte-parole mais d'adhérent Pirate) concernant les "mérites" (sans illusion) de la presse spécialisée. Cette tribune serait à replacer dans le contexte de la grossière attaque dont le PP a été l'objet dans "Le Monde" en guise de complément au "droit de réponse" que nous avons adressé à ce support… au cas où. Manière de montrer que le Monde ou un autre de ce calibre n'occupe pas non plus "tout le terrain" de la pensée journalistique.

———

Le net qui concerne chacun, indéniablement, jette le trouble dans le jeu politique par la bouche de ceux qui s’y investissent : associations, parti politique. Je ne mets pas de S au second terme de cette courte énumération puisque le parti qui en traite avec un sérieux sans condescendance se retrouve à l’heure actuelle assez seul : il s’agit du Parti Pirate.

Les vétilleux voudront croire, puisque j’en suis membre, que la démonstration est frappée de caducité - son prémisse serait en apparence taillé sur mesure pour mieux servir la conclusion ! Que nenni, c’est l’inverse, c’est parce que je n’ai trouvé qu’un seul parti qui s’occupait de manière crédible de ce qui me concerne : l’internet mais pas que… que je suis devenu un Pirate parmi les pirates qui sont légion… mais ceci est une autre histoire.

La piraterie politique n’est pas une activité hors sol, sans connexion avec la réalité. Elle s’alimente d’informations bien réelles, hélas trop réelles aurais-je envie d’ajouter. Pour s’en convaincre il n’est que de lire la presse ; pas n’importe quelle presse : celle que les classificateurs patentés déclarent spécialisée, dont je dirais le mérite ensuite.

Par convention quand un intellectuel bien né, entendez "adoubé par l'establishment", accole le qualificatif « spécialisé » au mot presse, c’est qu’il désire en diminuer la légitimité sur un plan global ou, tout au moins, miner sa capacité à articuler un discours politique recevable.

— "Imagine-t-on, insinuera sans phrase le pourfendeur des pédo-pornographes, des éditoriaux de haut vol dans un magazine (dit) de charme ?"
— "Non !"
Eh bien, il se trompe. Il fut un temps où les meilleures plumes s’exprimaient dans publications à poster central détachable. Il s’agissait là d’une astuce éditoriale puisqu’une fois épuisée les joies du « punaisage » de la roborative iconographie, le lecteur se laissait aller à lire… du meilleur. Ainsi ce lecteur dévorait-il à son insu des idées parfaitement conçues et exprimées, sous le couvert de divers pseudonymes, par un quarteron d’idéologues qui contribuaient de cette manière aussi souriante qu’efficace à sa « conscientisation », pour reprendre un vocable d’époque, choisi à l’exacte opposite du champ lexical en vigueur dans ces publications.

Las, cette période n’est plus - qui la regretterait… à la santé d’Anastasie ? mais un phénomène dont on mesurera à l’aune de cet exemple qu’il est moins nouveau qu’il parait, l’a remplacé. Aussi est-ce dans un autre type de presse spécialisée : classée « informatique et réseau », qui préfère la communication en ligne à la communication des lignes anatomiques, que le lecteur trouve désormais des articles dont la nature s’avère politique au sens plein de ce terme, en ce qu’ils l’informent sur la matière dont est pétri le monde qu’il habite.

J’en viens au fait. Alors que la grande presse, dite PQN (presse quotidienne nationale) se réserve le droit de délivrer, à temps compté, l’information concernant DADVSI, HADOPI ou le DPI (deep packet inspection) lorsque ses partisans-commanditaires de droite et/ou de gauche, sous l’égide de leurs "think tank(s)" respectifs, auront déterminé si cela était bel et bon dans une optique politicienne télécommandée par un marketing différentiel soucieux des parts du marché électoral, c’est dans la presse spécialisée que le lecteur trouvera les informations qui lui permettent de comprendre de quoi il est question; voie de recherche nécessaire avant qu’il lui soit demandé de faire entendre sa voix dans l'urne.

Avant que de tirer des conclusions orientées - quel que soit l’orient de référence - concernant l’impact de telle ou telle mesure, il est nécessaire, sinon suffisant, de décrypter l’arcane de telle ou telle technologie sur laquelle cette mesure s’appuie, dont elle se nourrit. Voilà le signalé service que rendent à leurs lecteurs les sites de la presse spécialisée. La plupart le font avec rigueur et talent et d’autres avec un goût prononcé pour une spéculation pas toujours exempte de sensationnel ou de mercantilisme lesquels, d’après ces derniers, attirent le clic public. Peu importe, tant que le clic n’est pas claque ! Les informations "politiques" résident là, n’en déplaise aux éditorialistes qui se relaieront ensuite à la Une des média nationaux pour expliquer ce qu’ils méconnaissent parce qu’ils méprisent le ou les « détails » derrière lesquels se cachent - les a-t-on pourtant averti - les diableries de notre XXIe siècle.

Il existe bien des blogs associés à certains de ces journaux de référence qui tentent d’assurer cette fonction nécessaire à l’information du citoyen mais ils publient à l’ombre tutélaire et morale de leur hébergeur - n’est-ce pas la mode de critiquer ce statut ? - dont les lecteurs pressentent bien que, selon un agenda fixé par des nécessités qui leur échappent, la parole du bloggueur, si talentueux fût-il, sera ignorée ou travestie par le politologue en titre et en cour. Celui-ci ne le cède en rien au contempteur zélote lorsqu’à la faveur d’une philippique de commande, il accrédite par prétérition ou par amalgame les accusations les plus éculées de pédo-pornographie qui revêtent aujourd'hui la gravité de celles de « meurtre rituel » hier. Est risible tant de fiel dans le but de discréditer définitivement - croit-il - le pirate ou l’associatif qui a le tort, à ses yeux, de croire la question plus importante qu’il la lui représente à la va-vite.

Pour juger en connaissance de cause de la neutralité du net ou de l’aspect pernicieux des algorithmes de contrôle des contenus dont l’écriture est décidée en haut lieu pour notre bien - toujours - le lecteur-surfeur-internaute (pléonasme technoïde pour éviter d'adresser le citoyen) se doit de comprendre ce dont il est question avec un degré de détail comparable à la granularité que les technocrates déclarent nécessaire à la compréhension de leur attendus liberticides. Toutes informations bienvenues… pas les leçons de morale !

Aussi la [r]-évolution de nombre de métiers initiée par les technologies numériques présente un effet de bord inattendu : tandis que les éditeurs veulent croire que la presse a réussi son retour en tête dans la course à l’info parce qu’il n’est plus guère de support qui ne possède son édition en ligne, une toute autre ligne de fracture est apparue. Cette fracture n’est en rien technique mais belle et bien éditoriale. Elle départit les supports généralistes des revues spécialisées capables de diffuser les informations pertinentes et nécessaires pour appréhender les enjeux politiques liés aux choix techniques. Le logiciel politique qui conditionne nos vies dépend plus de ces choix stratégiques que des déclarations de politique générale, qu’ils renforcent ou ruinent, si l’on n’y prend garde, au son de ronron discret de la machinerie mondiale, tout complotisme mis à part, puisqu'il s'agit ici de la gouvernance semi-opaque du réseau des réseaux et de ses dépendances.

Hier, en matière de géopolitique l’avantage appartenait à l’analyste doté d’une culture générale suffisante pour brosser le dessein et la volition des nations ; aujourd’hui, la balle est dans le camp de celui ou celle qui expose en quoi la gouvernance de l’UIT impacte nos vies via l’inspection fine des paquets (le fameux DPI qui sonde en secret nos correspondances) et à quel point elle s’avèrera plus déterminante pour la régulation des relations internationales - demain - que la lecture politicienne du budget de l'AFAA : association française d'action artistique, surgeon de la diplomatie nationale.

Wired, LA-Times, PC-impact, Numerama, à tire d’exemple et dans le désordre, ainsi que des dizaines d’autres supports sont devenus, au fil des brèves et des billets, les grands magazines politiques d’aujourd’hui en ce qu’il révèlent la substance atomique de notre quotidien.

Leurs erreurs parce que je n’ai pas la naïveté de les en croire exempts, ne seront - s’ils les doivent exploiter à mes dépens - que le miroir de mon inconséquence, de mon incapacité à les détecter et à croiser mes sources, très loin des incantations politiciennes de convenance dans lesquelles une partie significative de la presse d'ambition nationale se complaît et grâce auxquelles elle feint de croire hypnotiser.

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