Bienvenue sur les archives forum du Parti Pirate


Le Parti Pirate refond complètement son forum et a migré vers un outil plus moderne et performant, Discourse !
Retrouvez nous ici : https://discourse.partipirate.org

Education - école et parents pirates

Avatar de l’utilisateur
OSB
Loup de mer
Messages : 624
Inscription : lun. 26 mars 2012, 16:16
Localisation : Paris 13eme

Re: Education - école et parents pirates

Messagepar OSB » mar. 17 avr. 2012, 23:54

Merci à tous... le débat est riche

Je suis un peu désespéré, mais je pense que Leguman a raison... en fin de compte penser qu'on pourrait changer la société en changeant l'école est une idée irréaliste parce que l'école est le produit de la société. Tout à l'air d'être complètement bloqué... Je pense à ces enfants qui vont souffrir si on les place dans un jardin avec un microscope et qui sont au désespoir de ne pas remplir leurs exercices de Bled... non je rigole un peu mais je suis sérieux aussi, je crois qu'il y a des psychorigidités qui sont mises en place dans les familles, et comment faire pour vaincre ça ? Le maître d'école est un peu démuni face à ça...

C'est sans doute d'abord la société qu'il faut changer pour que l'école puisse changer.

...Mais je te laisse poursuivre Leguman...

Avatar de l’utilisateur
Leguman
Délégué à la Vie Interne
Messages : 151
Inscription : lun. 16 avr. 2012, 17:23

Re: Education - école et parents pirates

Messagepar Leguman » mer. 18 avr. 2012, 16:35

Saperlotte, je n'avais pas conscience de brosser un tableau si noir. Étiez-vous naïf ou n'ai-je pas écrit assez sur l'espoir que l'état ou la collectivité puisse palier aux inégalités sociales? Ou pire, deviendrais-je cynique et fataliste sans m'en apercevoir? Brr, espérons que non.

Parmi mes grandes considérations concernant l'école, il y en a encore une que je voulais partager. Il s'agit en toute simplicité du rôle et de la fonction de l'enseignement. Qu'attend-on de l'école, quel doit-être l'horizon de l'enseignant? C'est un sujet qui me tient à cœur, qui est paradoxalement très peu discuté (hors du prisme historique) alors qu'il est évidemment central dans tout débat concernant l'Éducation nationale. Mais j'ai promis hier de parler de choses concrètes aujourd'hui, et comme je me présente aux législatives, je vais commencer à essayer de respecter mes promesses (la moralisation de la vie publique en marche). D'autant que qui dit concret dit projet. Qui dit projet dit espoir, et là, il y avait comme un manque.

Le sujet que je voudrais aborder ici est à mon avis parfaitement Pirate. Il touchera à la modernité, la technicité au service d'une amélioration du service et de la destruction de quasi-monopoles. Il caressera aussi un peu l'écologie et même la santé publique, et surtout beaucoup la différentiation dans l'éducation, dont le traitement du handicap. Et puis, il touchera le si délicieux thème du droit d'auteur.

J'ai nommé la liseuse.

Imaginons qu'il soit développé une liseuse (type Kindle, vous voyez?) un peu adaptée au monde scolaire, plus robuste notamment. Équipez-en vos élèves. Que voyez-vous disparaître? Les 10 ou 12 bouquins par enfant, d'abord. Ces séries de livres que chaque équipe choisit comme support, qui coûtent cher à acheter, à remplacer -et il faut les remplacer à chaque nouveaux programmes, c'est à dire à chaque présidentielle- que l'on doit stocker -des pièces entières dans les écoles sont consacrées à cela- qui alourdissent parfois de façon hallucinante le cartable des écoliers et leur cause des préjudices réels (le fameux cartable du gamin de 6ème qui fait parfois la moitié de son poids et provoque scolioses et compagnie)...
Ces livres sont édités et vendus par une poignée d'entreprises qui ont absolument verrouillé le réseau car ils faut être certifié Éducation nationale pour pouvoir entrer sur ce marché; et la transparence n'est pas, encore une fois, la règle ici. Lagardère, nous voilà.

Vous verrez également disparaître des tonnes (je pèse mes mots, comme toujours) de photocopies, de fichiers... Permettez à l'enseignant d'envoyer sur chacune des liseuses des textes, photos (même noir et blanc, hein, pas grave)... Permettez, lorsqu'une nouvelle version d'un même livre sort de n'en télécharger que le patch, permettez que des collègues se transmettent le contenu de leurs cours, tels exercices qu'ils ont conçus, spécialement en pensant aux goûts et au centres d'intérêt de leurs élèves cette année-là?... Imaginez les économies dans tout cela, imaginez la souplesse et l'efficacité.
Vous-voyez ici toute la place que pourra prendre les droits d'auteurs nouvellement défini par le parti pirate, les travaux de groupes d'enseignants partagés, peut-être de façon payante, mais surtout de façon raisonnable et non parasité par la grosse machinerie de l'édition.

Cet enfant est-il dyslexique? Ou, simplement a de lourdes difficultés en lecture? Plutôt de dire qu'il faudrait vraiment qu'il fasse des efforts et le laisser perdre le fil AUSSI en Histoire, en chimie, que l'enseignant concerné puisse débloquer pour lui une option qui lui permettra, à l'aide d'un casque, de suivre la lecture automatique du texte.

Je ne connais pas grand chose en technique, mais cela ne me paraît pas insurmontable. Le coût d'une Kindle est de quelques centaines d'euro. Pas bien plus je pense que l'ensemble des livres achetés par gamin et par an. Surtout avec l'économie d'échelle que l'on pourrait attendre. Vous en pensez quoi?

Avatar de l’utilisateur
palpatine
Messages : 13
Inscription : mer. 18 avr. 2012, 17:28

Re: Education - école et parents pirates

Messagepar palpatine » mer. 18 avr. 2012, 18:01

Je suis parent moi même de 2 bambins.

pour moi l’éducation commence a la maison, si elle est bien faite et dans les normes, les enfants la garderons a l’école, même si l'on sait qu'il vont s'en instaurer une nouvel, du fait qu'ils rencontrent d'autre enfants dans les établissements scolaire.

Mais, de retour a la maison, il faut remettre les pendules a l'heure, et leurs expliquer que nous ne somme pas leurs copains, mais leurs parents a qui ils doivent le respect et leurs expliquer qu'ils doivent en faire autant avec les autres!

le sujet de l’école en lui même est un débat beaucoup plus lourd, je suis d'accord sur l'idée qu'aujourd'hui on les parc pour les habitué a être en meute pour mieux accepter de bosser comme une machine a répéter les même geste, bref des petits automates qui font ce que les bigs boss leurs disent de faire.
A voir sur un autre débat.

Avatar de l’utilisateur
Gautier
Loup de mer
Messages : 705
Inscription : dim. 01 avr. 2012, 18:46

Re: Education - école et parents pirates

Messagepar Gautier » mer. 18 avr. 2012, 18:18

A peu près la même analyse sur les objectifs " sociologiques " de l'Education Nationale, mais c'est un problème plus large même je pense : à lire les textes reçus aujourd'hui pour les présidentielles j'ai été comme toujours surpris de voir à quel point toute l'éducation n'est vue que comme un moyen d'obtenir un job, quel qu'il soit et quel que soit son intérêt, pour l'individu comme la société. C'est donc probablement un ou plusieurs autres débats.

La solution " nouvelles technologies " est attractive, de même que les concepts de classes décentralisées etc... du moment qu'on pense à garder une forte composante sociale : le rôle de l'Ecole c'est aussi de fournir un endroit aux enfants ( puis aux adolescents) où ils sont entre mômes, leur petit monde à eux et pas celui des adultes. C'est un lieu d'apprentissage de la vie en communauté après tout.
Mais les progrès comme les liseuses et la possibilité d'un accès permanent à la Toile sont des outils du futur pour l'éducation, c'est une certitude.

Il existe plusieurs modèles d'écoles alternatives qui donnent des résultats assez stupéfiants, je me souviens par exemple de reportages sur une franchise aux USA qui pratique la scolarité à la carte : horaires ouverts, sujets d'étude libres, pas de professeurs, les gamins s'éduquent entre eux, transmettent et partagent. Bref cela ressemble à une sorte de communauté de minis hippies décrit comme ça ! Et pourtant leur taux de réussite dans les études secondaires puis dans le milieu de l'entreprise dépasse largement celui des enfants sortant du système classique.
Ceci dit une chose ne doit pas être négligée : les parents inscrivant leurs enfants dans de tels établissements ont les moyens et surtout la volonté de s'occuper de leurs gosses. Ils sont là pour répondre à leurs questions, pour leur fournir un cadre familial positif, les aider à travailler si nécessaire. Je ne sais pas du tout comment un tel établissement pourrait fonctionner avec des usines de plusieurs milliers d'élèves. Très mal certainement.

Avatar de l’utilisateur
Leguman
Délégué à la Vie Interne
Messages : 151
Inscription : lun. 16 avr. 2012, 17:23

Re: Education - école et parents pirates

Messagepar Leguman » mer. 18 avr. 2012, 18:44

Je suis heureux: la question du rôle de l'école se pose d'elle même. C'est pas toujours.

Je donnerai mes positions là-dessus demain. J'ai hâte.

Avatar de l’utilisateur
OSB
Loup de mer
Messages : 624
Inscription : lun. 26 mars 2012, 16:16
Localisation : Paris 13eme

Re: Education - école et parents pirates

Messagepar OSB » mer. 18 avr. 2012, 20:06

Dans le cas de Summerhill qui ressemble un peu à ce que tu décris, Gautier, c'étaient au contraire des enfants très difficiles, mais c'était un internat aussi.

La liseuse je trouve que c'est une idée carrément géniale. Je plussoie à fond, et je pense qu'elle peut être défendue dans le cadre Pirate de défense du logiciel ouvert, du partage et de la diffusion des connaissances.

Je suis toujours aussi déprimé par contre quand je lis les propos de Palpatine sur le respect, les pendules à l'heure et tout le baratin conservateur habituel... ce que je comprends en même temps, mais qui n'est pour moi définitivement pas la bonne approche. "On est pas des copains" bon ben oui, mais faut pas s'étonner après, d'être considéré comme un vieux croulant... Pour moi c'est la marque d'un échec profond dans les relations entre générations qui se paie au bout du compte... Mais je comprends que les parents ne sachent pas s'y prendre et éprouvent le besoin de s'imposer par la force. Que faire ? L'école des parents ? Et qui va les former ?

Avatar de l’utilisateur
palpatine
Messages : 13
Inscription : mer. 18 avr. 2012, 17:28

Re: Education - école et parents pirates

Messagepar palpatine » jeu. 19 avr. 2012, 10:07

Olivier Soares Barbosa a écrit :Dans le cas de Summerhill qui ressemble un peu à ce que tu décris, Gautier, c'étaient au contraire des enfants très difficiles, mais c'était un internat aussi.

La liseuse je trouve que c'est une idée carrément géniale. Je plussoie à fond, et je pense qu'elle peut être défendue dans le cadre Pirate de défense du logiciel ouvert, du partage et de la diffusion des connaissances.

Je suis toujours aussi déprimé par contre quand je lis les propos de Palpatine sur le respect, les pendules à l'heure et tout le baratin conservateur habituel... ce que je comprends en même temps, mais qui n'est pour moi définitivement pas la bonne approche. "On est pas des copains" bon ben oui, mais faut pas s'étonner après, d'être considéré comme un vieux croulant... Pour moi c'est la marque d'un échec profond dans les relations entre générations qui se paie au bout du compte... Mais je comprends que les parents ne sachent pas s'y prendre et éprouvent le besoin de s'imposer par la force. Que faire ? L'école des parents ? Et qui va les former ?


on peut ne pas être leurs copains, mais rien n’empêche d’être cool avec eux, on a pas un manche a balaie dans le c.. non plus, je suis jeune dans ma tète, je chahute avec mes mômes sans problème, je suis loin de l'image du vieux croulant a dictée ces règles qui gave tous le monde ^^, mais ils faut au départ pour un gosse des repères qui lui donne ensuite une voix a suivre, et la c'est lui qui choisira pour lui .

Avatar de l’utilisateur
Leguman
Délégué à la Vie Interne
Messages : 151
Inscription : lun. 16 avr. 2012, 17:23

Re: Education - école et parents pirates

Messagepar Leguman » jeu. 19 avr. 2012, 13:54

Avant de poster sur le rôle de l'école, je voudrais me mêler du petit différent entre Palpatine et Olivier. On a deux pôles, régulièrement opposés y compris dans les grands média. J'extrapole peut-être sur vos idées, ne m'en veuillez pas: c'est pour les besoin de mon argument.

L'éducation, nous dit l'un, c'est avant tout de donner les cadres clairs et rigoureux aux enfants, et ne pas leur permettre de les dépasser. Il ne s'agit bien évidemment pas de briser les personnalités, mais de leur fournir les structures nécessaires pour qu'ils puissent par la suite se saisir d'eux même des impératifs que la vie présente, et notamment la vie sociale.

L'éducation, nous dit l'autre, peut chercher à s'affranchir des vieilles lunes de l'autorité et aller vers un idéal plus haut. Créer les conditions d'un épanouissement de l'individu et encourager la curiosité et l'émerveillement. Que diable, ce n'est pas si révolutionnaire, puisque le vieux docteur disait déjà qu'instruire un enfant, ce n'est pas un vase à remplir mais un feu à allumer.

Qu'est-ce que j'ai pu l'entendre ce débat, et combien je l'entends encore souvent dans les conseils d'écoles où les parents opposent leur conceptions éducatives. Si vous pensez ici le clore, détrompez-vous.
Bien sûr j'ai mon opinion, et la voici. Non, Olivier, ce qui ne pense pas comme toi ne sont pas forcement des cons (je cite Brassens, hein, je ne te prête aucune insulte :-p ). Et de mon expérience, de mes observations, les enfants de parents plus autoritaire ne sont pas moins épanouis. Ton élan est généreux et je le partage, mais attention au monopole du cœur, cela paraît condescendant et ce n'est pas honnête. Non, Palpaline, tous les enfants de nécessitent pas des règles si fermes, et parfois ils peuvent avoir besoin de transgresser sans que cela ne soit pris au tragique (bon, parent de 2 bambins, dis-tu? tu dois bien savoir cela).

La réalité, c'est que l'on n'éduque pas tous les enfants de la même manière, parce que d'une part ils sont différents, et d'autre part les parents sont différents. Il ne s'agit pas de relativisme creux qui met sur une même étagère tous les modèles. Il y a des éléments centraux dans l'éducation qui concerne l'intérêt de l'enfant (gestion du sommeil, hygiène alimentaire, développement intellectuel...) et il y a des choix. Rêver une éducation absolument commune, c'est pour le coup très orwelien pour reprendre le terme d'un autre topic. Les Spartiates antiques arrachaient à leurs mères les enfants dès leurs 6ième année pour les éduquer à une citoyenneté uniforme. Cela faisait d'excellents soldats. Encore, selon l'autre bon docteur, tout se joue avant 6 ans.

L'important, ce me semble, c'est bien plus que les choix soient suivis et assumés par les parents, même lorsqu'ils sont contestés par l'enfant lui-même (à l'adolescence, notamment) que la nature de ces choix.
Ce qui me semble d'une importance dramatique de discuter ensemble de quels sont les points éducatifs sur lesquels la société dans son ensemble peut se mettre d'accord et penser une organisation pour diffuser ces points à toutes les familles. C'est le recours à la vie civile, à la solidarité locale dont je parlais tantôt. Je vous le dis d'avance, le rapport à l'autorité ne fera pas consensus.

Avatar de l’utilisateur
Mistral
Membre AFPP
Messages : 1027
Inscription : mar. 10 avr. 2012, 23:06

Re: Education - école et parents pirates

Messagepar Mistral » jeu. 19 avr. 2012, 19:19

Leguman, j'aime bien tes arguments, c'est pesé et assez juste.

Concernant la liseuse, c'est concret et effectivement ça aurait sa place. Mais par contre on ne règle pas les problèmes par la technologie. C'est pas d'avoir un truc informatique à la place d'un bouquin que ca donnera l'envie de lire. Du moins je ne le crois pas. Donc ok pour l'idée car mathématiquement on voit bien que c'est valable (encore qu'un kindle à 100€, il faudra le changer tous les 3/4 ans minimum et faudra quand même payer des éditeurs pour faire du contenu). Reste que cet outil pourrait proposer du contenu très variés et pourquoi pas donner un accès à la culture dans son sens le plus large : lecture, musique, vidéo et photographie.

Reviendrait alors la question des licences à obtenir pour se faire mais quand bien même on en resterait aux licences libre de consultation, ça serait déjà un outils culturel cohérent. Ensuite on pourrait proposer tout un ensemble de "guides". Dans l'esprit nous pourrions alors avoir des liens entre ce que consulte naturellement (ou pour ses recherches scolaires) l'enfant et des ressources associées (et transversales de manière à ouvrir à des choses nouvelles).
Mistral, Trésorier Bretagne
Membre SI Diversité
Président de l'association de financement

Avatar de l’utilisateur
Leguman
Délégué à la Vie Interne
Messages : 151
Inscription : lun. 16 avr. 2012, 17:23

Re: Education - école et parents pirates

Messagepar Leguman » jeu. 19 avr. 2012, 19:32

AAAh là on parle. J'aime qu'on me flatte :mrgreen:

Tu remarqueras que je n'ai pas parler de remplacer les livres de littérature mais bien plutôt les manuels scolaire dont aucun, je crois, n'a jamais dû donner le goût de lire à quiconque. :)

La suite de tes remarques, voilà des choses que j'attends d'une communauté telle que les pirates: tout de suite plein d'idées!

Avatar de l’utilisateur
OSB
Loup de mer
Messages : 624
Inscription : lun. 26 mars 2012, 16:16
Localisation : Paris 13eme

Re: Education - école et parents pirates

Messagepar OSB » ven. 20 avr. 2012, 06:53

Merci à toi Leguman :D
Finalement, ton souci de ne pas caricaturer nos positions t'amène à les formuler si bien que j'y souscrirais volontiers à l'une et à l'autre :

Leguman a écrit :
L'éducation, nous dit l'un, c'est avant tout de donner les cadres clairs et rigoureux aux enfants, et ne pas leur permettre de les dépasser. Il ne s'agit bien évidemment pas de briser les personnalités, mais de leur fournir les structures nécessaires pour qu'ils puissent par la suite se saisir d'eux même des impératifs que la vie présente, et notamment la vie sociale.

L'éducation, nous dit l'autre, peut chercher à s'affranchir des vieilles lunes de l'autorité et aller vers un idéal plus haut. Créer les conditions d'un épanouissement de l'individu et encourager la curiosité et l'émerveillement. Que diable, ce n'est pas si révolutionnaire, puisque le vieux docteur disait déjà qu'instruire un enfant, ce n'est pas un vase à remplir mais un feu à allumer.



Je demanderais peut-être à définir ce qu'on entend par "rigoureux" et "structures", les modalités du "ne pas permettre de dépasser" (comment ? quoi ? de quelle façon ? ). Je retirerais bien aussi le "par la suite" ... mais autrement je reste en accord avec la première proposition qui ne me semble pas du tout contradictoire avec la seconde.

Je ne dirais pas non plus que j'ai un différend avec Palpatine... après deux mots échangés sur Internet, j'aurais quand même la tête un peu près du bonnet :D et puis on peut exprimer des positions classiques en théorie (parce que c'est dans l'air du temps de formuler les choses comme ça...) et être un papa très cool en réalité, tout comme on peut défendre des grands principes de liberté (pour les mêmes raisons d'ailleurs) et être en fin de compte un vrai tyran... je me garderai bien de porter des jugements hâtifs sur des personnes dont j'ignore tout.

Ceci posé...

Renvoyer dos à dos les formes d'éducation comme tu le fais me semble non seulement effectivement relativiste mais même un brin conservateur non pas dans le sens où tu défendrais une position autoritaire, mais dans le sens où ta position revient à défendre le statu-quo... conservateur au sens où ça reconduit la société telle qu'elle est... Je veux dire que je crois que l'autorité est surtout liée à des habitudes multiséculaires et que les parents ne savent pas faire autrement :

"_ Ah bah oui, moi, Antoine, il ne veut rien comprendre justement, avec lui il y a que les coups de pied au cul, c'est bien simple... "

... je force un peu le trait mais tu vois ce que je veux dire ?

J'étais déjà un peu déprimé de penser que l'école ne pourrait pas changer la société parce que certains enfants pourraient souffrir dans une école trop libre, et je me disais qu'il fallait prendre le problème à partir de l'éducation donnée par les parents, mais si maintenant si tu m'expliques qu'on ne peut pas non plus changer l'éducation que les parents donnent à leurs enfants parce qu'elle conviendrait aux enfants pour lesquels elle est produite... et que même quand ils la contestent à l'adolescence il suffit que les parents "assument" le choix éducatif pour qu'il leur convienne... là je crois que tu veux m'achever ! :wink:

Bon non ça ne fera pas consensus, mais c'est pas grave :D

Avatar de l’utilisateur
palpatine
Messages : 13
Inscription : mer. 18 avr. 2012, 17:28

Re: Education - école et parents pirates

Messagepar palpatine » ven. 20 avr. 2012, 11:35

j aime beaucoup tes arguments Leguman, en fait j ai beaucoup de mal a écrire ce que je pense réellement et tes argument ce rapproche de ceux ci ^^

ils faut laisser aux enfants le moyen de ce découvrir eux même, mais il ne faut pas oublier que les parents sont la pour leur apporter leurs connaissances et expériences de leurs propre vie.
je suis largement pour laisser beaucoup de liberté a nos bambins ce qui leur favorise la curiosité, la découverte etc etc.

quand au sujet de l’école, je suis moi même en guerre avec leur système depuis si je me rappel bien la maternel, je doit avoir un problème avec la hiérarchie ou alors avec leurs façon de voir l’éducation scolaire ou voir même les 2 ^^
il est vrai que ce n'est pas l’école qui m'a donner envie de lire un roman, perso l’école devrait apprendre juste les base (lire écrire compter), après c'est a l'enfant de choisir ça voie vers ce qui l’intéresse et les parents sont la pour l'aiguiller mais sans l'influencer.

Avatar de l’utilisateur
Leguman
Délégué à la Vie Interne
Messages : 151
Inscription : lun. 16 avr. 2012, 17:23

Re: Education - école et parents pirates

Messagepar Leguman » ven. 20 avr. 2012, 17:41

Pour vous répondre aux uns et aux autres, j'ai encore besoin de présenter la dernière problématique d'ordre général que j'aurais déjà dû aborder hier: le rôle que l'on donne à l'école.

Le début de ce thread évoque ce que notre bon vieux Jules (en non Luc) avait derrière la tête. J'y ai lu l'idée de parquer les enfants et celle de les préparer à la guerre notamment. Parquer les enfants, c'est un argument que je peux entendre concernant l'école aujourd'hui, mais une contre-vérité évidente et un anachronisme grossier pour la fin du XIXème siècle. À l'époque, le Parti Opportuniste (et oui, sans blague: cela peut nous permettre de réfléchir sur le sens de ce mot) a surtout arraché les enfants aux champs et aux usines. Ces derniers n'empêchaient certes pas leur parents d'aller au charbon. Pour ce qui concerne la préparation à la guerre, on se souvient tous de nos leçon d'histoire (je serai soldat, tu seras soldat...). Remis dans le contexte, il s'agissait en définitive de créer le sentiment national, pour remplacer l'allégeance au souverain.
Parlons d'aujourd'hui. Concrètement l'école prend en charge en parti la responsabilité des enfants pendant que les parents travaillent. En parti seulement, car les horaires de l'école ne couvrent évidemment pas ceux des bureaux. À la question: est-il normal/souhaitable que l'État prenne en charge les enfants de ses administrés pour les laisser travailler, mon sentiment personnel répond, sans aucune ambiguïté, oui. Car il est de ma conviction profonde que la responsabilité des enfants est l'un des domaines de la fraternité, c'est-à-dire de la mutualisation des moyens. C'est exactement au même titre que l'instruction est obligatoire (c'est-à-dire que la nation restreint la liberté individuelle des parents): les enfants de France sont sous la responsabilité de la France - plus même que sous celle de leurs parents. Ce n'est pas rien de le souligner.
Pas de problème éthique, donc, à ce que l'école assume un rôle de garderie. Mais bien sûr, elle ne saurait se limiter à celui-ci.
Palpatine évoque une tentation que je trouve intéressante, toujours d'actualité: le retour aux fondamentaux. Lire, écrire, compter. Notre président bientôt sorti l'avait déjà promis au travers de la réforme de Darcos. Promis, mais, comme à son habitude, pas réalisé. En réalité, on s'est retrouver avec de l'histoire de l'art, de l'informatique,de l'anglais... plein de choses. Pas que l'anglais, l'informatique et tout cela ne soient pas intéressants, mais on est loin d'un retour aux fondamentaux. De fait, ce retour aux fondamentaux n'est pas aussi élémentaire qu'on voudrait bien le croire. Le piège est dans le mot "retour". On ne peut pas retourner à une situation antérieure, car la société à trop radicalement changé. Lire, écrire et compter, cela pêche aujourd'hui dans les deux sens: c'est trop et pas assez exigent. Je m'explique. Pas assez exigent parce qu'on oublie au moins trois, et je pense quatre aspects tout aussi fondamentaux: parler, comprendre, calculer et raisonner. Le langage oral notamment est premier dans tous le reste des apprentissages, et ses lacunes n'appartiennent pas aux seuls non-francophones ou mal-francophones. Trop exigent parce que savoir lire, c'est aussi bien l'apprentissage de toute une vie. La compréhension fine, implicite, érudite aussi bien qu'endurante, que mobilise la lecture de La recherche du temps perdu, n'est pas - à proprement parlé - dans les fondamentaux. Revenir à une simple Instruction publique pose donc autant de problème que cela n'en résoudrait. Cela dit, rien ne nous empêche de garder la piste ouverte. Je pense en particulier à dissocier l'Instruction publique de l'Éducation nationale.

L'autre direction consiste à prendre à bras le corps la mission éducative de l'école. À ce moment, comment définir son rôle? Comme le disait Gautier, il est toujours choquant de voir combien de représentants considèrent les études comme la formation qui mène au marché du travail. Entendons-nous bien. Je pense qu'il faut « professionnaliser » les filières publique de l'enseignement supérieur. Mais l'école, le collège et le lycée ne servent pas à faire de bons employés de bureau. A quoi cela sert-il?

Rôle numéro 1
Je vais vous faire part ici de la genèse de ma réflexion sur le sujet. Jeune instit', je me suis trouvé à remplacer une collègue dans un EMP (externat médico-éducatif). Il s'agissait d'une structure qu accueillait des psychotiques âgés de 6 à 21 ans. Les niveaux scolaires étaient, vous vous en doutez, extrêmement disparates, et, pour certain, il était clairement illusoire de rechercher ces apprentissages. L'un d'entre eux, un jeune homme de 18 ans avait des grosses difficultés à parler et ne savait pas même tenir un crayon. Mon année fut consacré à lui faire tracer la première lettre de son nom. À la fin, il savait signer son travail. Cet autre jeune homme n'a jamais appris à lire, mais il a finalement compris le sens de lecture et sa découverte des livres illustrées s'est ainsi enrichie. Cette jeune femme, enfin, a appris à déchiffrer, quoi qu'avec une lenteur extrême. Cela lui permet pourtant de se déplacer dans le métro parisien grâce au nom des stations. Dans tous les cas, on est bien loin des fondamentaux. Mais j'ai réalisé cette année-là que le rôle d'un enseignant est de permettre à ses élèves de conquérir des espaces de liberté. Cette pensée m'accompagne au quotidien et, maintenant que j'ai quitté l'enseignement dans le monde du handicap, je m'en sert encore en particulier dans ce que j'appelle (en pesant mes mots, comme à l'accoutumé) le handicap social.
Donner aux plus défavorisés les moyens de se saisir de l'école, donc d'avoir le vocabulaire et les outils conceptuels suffisants pour suivre leur scolarité, c'est le principal combat pour la liberté individuel que l'école dot mener. Mais on peut aller plus loin. Dans de nombreux aspects de la vie, les enfants sont la cible de stratégies d'aliénation particulièrement sournoises. Je pense notamment à l'industrie agro-alimentaire, mai il y a d'autres choses. Pour luter contre cela, c'est l'esprit critique qu'il convient de travailler, et l'on pense immédiatement à l'éducation à l'image et au média, à la philosophie, à l'Histoire. Plus ancré dans les petites classes, je pense moi à la discrimination sensoriel. À près tout, la conscience vient par les sens, et travailler en finesse ces outils sensoriels, c'est la voie royale pour échapper à l'aliénation. Comme l'œnologue sentira immédiatement l'excès de soufre dans un mauvais vin, les enfants peuvent apprendre à goûter au delà du sucre, et à percevoir les monstruosité gustatives des fast food.

Rôle numéro 2
Je ne retrouve plus sur le forum où j'avais lu que l'école servait aussi à construire une certaine expérience de la collectivité et, pourtant, participait à la construction du citoyen. Soulignons lourdement cet aspect que j'évoquais moi-même par d'autre biais. Qu'on le veuille ou non, et peut-être du fait même de ses imperfections, le système scolaire est LE creuset dans lequel chacun d'entre nous a participé au moins une fois (mais pendant plus de 15 ans) à la même expérience organisée par l'État. C'est là que se situe notre seul réel contact charnel avec la France. Je le dis sans patriotisme ronflant, et la preuve c'est que pour beaucoup d'entre nous, ces années n'ont laissé ni fierté ni enthousiasme. Mais quoi qu'on en dise, c'est à l'école que l'on devient français.
Il s'en faudrait de peu, à mon avis, pour que cette dimension pusse devenir particulièrement enthousiasmante. Gagner en mixité sociale dans les écoles, organiser de tutorats entre les élèves de différents niveaux et, pourquoi pas, laisser des espace de gestion aux élèves pour qu'ils découvrent, au travers d'élections internes, les vrais ressort d'une république. Au final, c'est la notion de fraternité qu'il est peut-être donné de travailler avec les enfants.

Rôle numéro 3
A l'heure actuelle, la loi rend obligatoire l'instruction, mais pas l'éducation. Un point est à faire ici. Qu'est-ce qu'éduquer? Éduquer, c'est donner les moyens à l'enfant de devenir adulte. La grande erreur lorsque l'on parle du libre choix des enfants, par exemple, ou comme Palpatine de guider sans influencer, c'est de penser l'enfant comme un petit adulte. L'enfant est radicalement autre, n'a pas les mêmes besoins, ni les mêmes motivations. Son besoin de liberté? C'est à l'éducation de le lui donner. Le grand défis de l'égalité des chances, c'est le renforcement de l'éducation dans les premières années de la vie. La première inégalité, c'est celle de la naissance.
La formule vient, je crois, de Mme Royal: donner plus à ceux qui ont moins. C'est sans doute la voie à suivre pour permettre aux futurs citoyens de conquérir une égalité de fait. Et en particulier, je voudrais ici relancer le débat et les propositions concernant le minimum éducatif. Dans l'idée d'une Éducation nationale pleinement en accord avec sa mission, chaque enfant doit être assuré d'avoir dans son éducation un certain nombre d'éléments, parmi lesquels une alimentation saine, un sommeil suffisant et une stimulation propre à éveiller sa curiosité et sa compréhension du monde.

J'essaye d'imaginer un dispositif qui permettrait aux familles, à l'échelle locale, de mutualiser leurs compétences éducatives. Une espèce de maison des familles où l'on viendrait se rendre service mutuellement, chercher conseil et en donner. Que nul parent, isolé ou non, ne soit plus seul face aux questions sur son rôle. Que la solidarité puisse s'exprimer et permettre aisément aux familles plus chanceuses de promener au parc l'enfant dont la mère célibataire travail de nuit... Voyez ici, d'ailleurs, que l'idée ne serait peut être pas en contradiction avec une séparation entre instruction et éducation...

Le rôle de l'école, c'est de construire la république que l'on attend toujours. Liberté, égalité, fraternité. Va-t-on lui en donner les moyens ou est-ce par trop accessoire?

Avatar de l’utilisateur
Leguman
Délégué à la Vie Interne
Messages : 151
Inscription : lun. 16 avr. 2012, 17:23

Re: Education - école et parents pirates

Messagepar Leguman » ven. 20 avr. 2012, 18:05

"_ Ah bah oui, moi, Antoine, il ne veut rien comprendre justement, avec lui il y a que les coups de pied au cul, c'est bien simple... "

... je force un peu le trait mais tu vois ce que je veux dire ?

J'étais déjà un peu déprimé de penser que l'école ne pourrait pas changer la société parce que certains enfants pourraient souffrir dans une école trop libre, et je me disais qu'il fallait prendre le problème à partir de l'éducation donnée par les parents, mais si maintenant si tu m'expliques qu'on ne peut pas non plus changer l'éducation que les parents donnent à leurs enfants parce qu'elle conviendrait aux enfants pour lesquels elle est produite... et que même quand ils la contestent à l'adolescence il suffit que les parents "assument" le choix éducatif pour qu'il leur convienne... là je crois que tu veux m'achever !


Faut pas déprimer, va, mais l'utopie, on en a trop bouffé dans le monde de l'éducation. Je voudrais surtout travailler dans le concret. Qu'est-ce qui est incontournable,qu'est-ce qu est un style de vie. Tu a l'air de penser que je trouve que touts les éducations se valent, et que tous les parents ont raison. Non, mais d'abord, je suis grand fan de la variété dans l'humanité, et d'autre part concrètement, les enfants ont plus besoin d'un cap que d'un bon cap, si tu vois ce que je veux dire. Tout plutôt que la démission. Après, pour l'Antoine, faut p'têt ben que quelqu'un cause à son paternel pour voir s'y aurait pas moyen de lui faire faire un peu des choses qui lui plairait...

Avatar de l’utilisateur
Mistral
Membre AFPP
Messages : 1027
Inscription : mar. 10 avr. 2012, 23:06

Re: Education - école et parents pirates

Messagepar Mistral » lun. 23 avr. 2012, 20:39

Toujours dans le même sujet je vous invite à consulter cette conférence très instructive (et très agréable à regarder) :
http://www.ted.com/talks/lang/fr/ken_ro ... ivity.html
Mistral, Trésorier Bretagne
Membre SI Diversité
Président de l'association de financement


Revenir vers « Éducation »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 4 invités