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Finance : texte du 21 mai (partie I)

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txo
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Finance : texte du 21 mai (partie I)

Messagepar txo » mer. 23 mai 2012, 21:38

Texte de l'intervention concernant le système financier international

« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde »
écrivait Albert Camus dans « la Peste », en 1947.

Le romancier stylise la formule que Platon,
dans son dialogue « Phédon », place dans la bouche de Socrate :

« Sache bien en effet, excellent Criton, lui dit-il (c’est Socrate qui parle),
qu’un langage impropre n’est pas seulement défectueux en soi, mais qu’il fait encore du mal aux âmes ».
La traduction est celle de Victor Cousin.

Sur autre continent, un siècle avant Platon, Confucius - le Maître Kong des chinois - énonçait une idée proche de la façon suivante :
« si le langage n’est pas adéquat, les choses ne peuvent être menées à bien. »

C’est le même souci pour le juste « nommage », comme dirait les informaticiens, qui conduisit Maïmonide - le Rambam - à faire précéder les développements de son œuvre majeure : le Guide des Égarés, qui concilie judaïsme et aristotélisme, d’une série de 72 définitions ou, pour être exact, de 72 discussions sémantiques sur les termes qu’il emploie ensuite.

Autant de vénérables parrainages ne peuvent que conforter l’admirateur de Wittgenstein, attaché au formalisme de la connaissance, que je suis, qu’il fasse sienne - une position qui n'est ni nouvelle, ni isolée – quoiqu’elle manque souvent d'être suivie.

« On réfléchit peu à coup de slogans. »

Une autre façon de mal nommer les choses, en ne les nommant pas vraiment, consiste à abuser des abréviations et des acronymes; activité dans laquelle excelle le monde de la finance.

Avant de parler des CDS, CDO et autres ABX, il me faut accomplir deux détours pour préciser deux concepts.

Le premier dira combien le rôle de la piraterie est mal apprécié ;

le second résumera en quoi le Père Noël a permis non seulement l’apparition du « pirate », mais plus encore comment il continue d’alimenter certains préjugés communs en économie.

Examiner ce qu’est la piraterie et partant le pirate - c’est-à-dire son acteur le plus mal famé - nous conduit à le remplacer au sein d’une trinité fonctionnelle constituée par
le flibustier,
le corsaire
et le pirate.

En l’occurrence, il s’agit bien entendu des pirates modernes, nettement distincts des pirates antiques cités par Ciceron dans son « contre Verres », car ils étaient alors considéré comme les membres d’une entité politique indépendante.

L’apparition de ces trois acteurs de la navigation est concomitante de l’essor de la première première révolution industrielle, basée sur l’autonomie du financement des activités drapières, qui eut pour cadre les Provinces Unies des « bas pays Espagnols », autrement dit la Hollande ; précisément là où vit le jour, ce que les historiens ont identifiés, comme la première banque moderne.

L’Amsterdamsche Wisselbank est l’une des toutes premières banques de dépôt d’Europe. Cette banque d’Amsterdam - c’est plus facile à prononcer - est créée en 1609 avec la garantie et l’accord des États de Hollande, à peine reconnus par la France en 1596 et qui devront attendre 1648 pour leur reconnaissance par l’Espagne. Il s’agit d’un établissement public contrôlé par la municipalité d’Amsterdam. En contrepartie de ce contrôle la ville concède à la banque le monopole du change des monnaies d’où cette dernière tire son nom explicite de Wissel bank.

La banque d’Amsterdam exerçait une activité de gestion des dépôts, au sens où nous le connaissons, sans préjudice de ses activités de prêts pour financer les armements maritimes (y compris ceux des pirates) et celle des lettres de change destinées à épargner aux commerçants itinérants à l’époque : les marchands au sens littéral, les risques de se déplacer avec de grandes quantités de numéraire en or-métal.

Aussi incroyable que cela paraisse, la banque et la finance modernes sont les héritières en ligne directe de cette mise en forme conçue par les hollandais alors qu’il se trouvaient en pleine révolution émancipatrice du joug espagnol, au dix septième siècle, sous la conduite du staathouder Guillaume d’Orange. L’économiste Irving Fisher s’étonnera bien plus tard vers 1930 de la persistance de ce bricolage original.

Dans cette ré-organisation du monde économique, qui cherche à tracer une voie nouvelle après avoir secoué le joug que l’église catholique imposait au pays au travers de la domination espagnole, le pirate, comme son étymologie l’indique, représente l’entrepreneur indépendant par excellence, tandis que le flibustier, plus intégré à la société de l’époque, représente une coalition d’intérêts privés.

Le flibustier est financé par des groupes de marchands soucieux de s’ouvrir des débouchés ultramarins, tandis que les corsaires représentent - si j’ose dire - le service public des naufrageurs puisque c’est sous le couvert de la « lettre de course », délivrée par un souverain, que le corsaire obtient licence de tuer et de piller à la condition expresse, plus ou moins respectée, d’épargner les intérêts et les sujets de son commanditaire.

Comme on le voit le pirate, loin d’être un ferment d’anarchie pure est un élément certes contestable et contesté, au point d’être pendu et haut quand on l’attrape, de la nouvelle configuration économique en rapport avec l’émergence de la banque dont il est sur mer le bras armé. De facto, le pirate est un des agents nécessaires au triomphe du pré-capitalisme.

En outre, la distinction entre ces trois statuts est loin d’être aussi franche que leur définition semble le postuler.

Pour illustrer ce glissement statutaire toujours menaçant chez les « gueux de mer » - appellation péjorative d’époque - il importe de se rappeler que la création de la « Compagnie néerlandaise des Indes orientales », modèle des grandes compagnie de commerce internationale, doit son existence à Olivier van Noort, flibustier commandité par la bonne bourgeoisie hollandaise…
armer quatre bateaux n’est pas à la portée de toutes les bourses…
… or ce hardi marin ne choisissait pas toujours avec le discernement souhaitable, du point de vue de ses victimes, entre la flibuste tolérable, le course tolérée et la piraterie pure et simple autant qu’abominable.

Pas commode dans ces conditions de rejeter les pirates à la marge du système pré-capitaliste comme une simple anomalie criminelle.

Cette triple partition de l’aventure économique d’alors évoque l’actualité des différents statuts de l’entrepreuneuriat moderne qui met aux prises :
les raiders, auteurs des OPA hostiles ou plus trivialement, les fameux patrons-voyous,
les TNC, ou transnational corporation, entités transnationales tout à fait respectables mais qui ne dédaignent pas de fréquenter les paradis fiscaux qui se situent géographiquement - sans doute par hasard - dans les zones où les pirates d’antan avaient établis leur quartiers généraux,
et les administrations centrales lesquelles, à coup d’accords bilatéraux signés sous la pressions des compagnies classiques ancrées dans l’establishment économique, leur délivre de véritables lettres de course modernisée, afin qu’elles leur donne la chasse plus ou moins mollement, en pratiquant comme c’est le cas pour la lutte contre le trafic de drogue, la provocation positive.

Cette technique présente le désavantage de transformer les agents de l’état en trafiquant de devises et de drogues comme le remarquait un rapport sénatorial américain à l’occasion du vote du budget de la US FDA (food and drug administration) qui réclamait des moyens supplémentaires pour lutter contre Manuel Noriega, chef d’État et empereur de la drogue, de sinistre mémoire.

Encore faillait-il pour qu’éclose la piraterie moderne, auxiliaire encombrant mais objectif du pré-capitalisme, une préparation idéologique suffisamment importante pour desserrer l’étau de la réprobation morale - d’origine religieuse - qui frappait d’opprobre le désir de profit et en particulier celui lié au commerce de l’argent. L’entreprise qui devait triompher au 17ème siècle avec la première révolution industrielle pré-capitaliste et assurer, entre autre, l’armement des navires pirates, voit remonter ces prémices trois siècle plus tôt.

Cette préparation idéologique est le fait de la montée en puissance du Père Noël, personnage inattendu dans ce rôle d’accessoire idéologique.

Et pourtant c’est bien son introductrice, l’église catholique romaine qui va, peu à peu, à partir du XIIIe siècle, excommunier le père Noël de la théorie de ses saints.

À l’origine Saint Nicolas était accompagné de l’inquiétant père fouettard, figure du moine punisseur, car la « doxa » exigeait que le saint homme qui avait la charge de rétribuer les bons, confie à ses représentants sur terre la tâche ingrate mais nécessaire de châtier le méchant or progressivement s’impose l’idée que rétribution sans contrepartie vertueuse, est possible sous la houlette de plus en plus hétérodoxe de Santa Claus, notamment dans les pays protestants, lesquels acceptèrent - sans illusion - de séculariser ce personnage populaire car il s’y professait de toutes autres idées concernant la promesse eschatologique incorporée au christianisme des origines auquel la réforme prétendait revenir.

De manière plus prosaïque, la guerre fiscale, liée à la perception du « tonlieu », impôt médiéval frappant l’entrée des marchandises dans une ville ou sur une foire, jette les marchands dans les bras de la foi réformée perçue comme plus ouverte aux aspirations, de la bourgeoisie commerçante et mobile, par opposition au catholicisme attachés aux intérêts des notables sédentaires et des paysans. Un véritable exode des marchands s’observe qui pousse les négociants d’Allemagne et du nord de la France, ruinant au passage les foires de Champagne, a s’installer après des haltes à Liège, à Gand puis à Anvers, dans la ville d’Amsterdam qui représente à l’époque la terre promise de la liberté religieuse, dont de nombreux juifs chassés d’Espagne en 1492, puis du Portugal à partir de 1497, goûtaient les bienfaits.

À partir de ce moment, l’église n’a de cesse de fustiger la prodigalité de cette distribution automatique de cadeaux. Avec la lente transformation du saint Nicolas en Père Noël émerge la figure symbolique du « Progrès » - capital P - en procurateur des félicités terrestres en lieu et place de l’ascèse comme rampe d’accès à la rédemption et cela malgré les tentatives des dominicains de l’école de Salamanque de ré-acclimater l’idée de légitime profit financier dans l’univers catholique romain.

Le mouvement impulsé par la liberté religieuse ne s’arrêtera pas avant de s’être doté de tous les moyens de sa réussite dont la banque d’Amsterdam est un des jalons.

Aujourd’hui encore les religions, qui ont toutes fini par percevoir le rôle menaçant du « lascar à capuche rouge », tentent, sans grand succès d’ailleurs, de remettre « papa Noël » à sa juste place, selon elles. Peine perdue… le père Noël triomphe, habillé de pied en cap de rouge, ce qui signifie selon la vexillologie pirate : pas de quartiers ! Le « relooking » par Coca Cola appartenant aux légendes urbaines pour ne pas dire marketing.

Le cri de guerre du géant rouge, traduit en terme économique, implique que la jouissance des biens matériels doit s’effectuer ici et maintenant, sans délai. Cet appel spontané à la proto-consommation, véritable mot d’ordre du père Noël, prépare l’époque où il sera loisible à chaque aventurier de tenter la fortune, pour son propre compte, en se faisant, s’il le faut, pirate.

Le cycle de l’économie moderne peut commencer sous l’égide des libéraux, renommés ultérieurement classiques par Marx qui se rêve en moderne.

Adam Smith (1723 - 1790) va bientôt paraître, pour réactiver les idées d’Aristote (384-322 av. E.-C.) concernant le rôle de la monnaie. Smith annonce Ricardo (1772- 1823) chantre de la valeur-travail puisque, selon eux, c’est le travail qui fait la valeur des biens reproductibles ou, pour le dernier cité, sa valeur d’échange. Cette valeur devrait idéalement être fixée par le marché dans une société libre-échangiste, dépourvues d’aides sociales car elles accroîtraient les inégalités qui accablent les pauvres, selon la vision de Malthus.

Après tout, pourquoi pas, si l’objectif est atteint.
Il reste à élucider qu’une question de taille :
« le père Noël peut-il remplir son contrat ? »
– c’est-à-dire, mener à bien son programme économique de profusion programmée à coup de valeur-travail ? »

Pour un citoyen soucieux de bonne politique, cette question importe n’est-ce pas ?

Tout l’homme politique n’est-il pas attendu, peu ou prou, comme un personnage aussi mystérieux que notre éleveur de rennes du grand nord, les bras chargés de présents, n’est-ce pas parfois l’ambiguïté des promesses qu’il fait ?

Pour en débattre sérieusement, il faudra attendre les années soixante et la popularisation de l’épistémologie.

Tout commencera par une blague scientifique que l’on doit à Carl Sagan (1934-1996) astrophysicien auquel l’humanité doit les programmes spatiaux Mariner, Pioneer et Viking entre autres choses.

Sagan décide de poser les bases mathématiques ce qui devait ensuite un problème célèbre pour ses successeurs sous le nom de TSP : « Travel Santa Claus Problem ».

Auparavant l’épistémologue Karl Popper a introduit la notion de falsifiabilité. Cette dernière pose en substance que la condition nécessaire et suffisante pour qu’un problème soit scientifique, est : qu’il soit falsifiable ! Pour être clair, l’existence de d.ieu n’est pas falsifiable, elle relève du domaine de la croyance, le débit d’une chute d’eau est falsifiable parce qu’il suffit simplement de se tromper d’unité de mesure pour parvenir à un résultat erroné. Le calcul du débit de l’Amazone est un problème scientifique, l’existence de d.ieu ne l’est pas : c’est une donnée de votre métaphysique personnelle.

Carl Sagan formalise la promesse du père Noël pour vérifier l’assertion de Popper. En fait, se dit-il je sais que le père Noël n’existe pas mais ce qui m’intéresse c’est de savoir pourquoi je le sais.
Cette recherche est une problématique typique de l’épistémologie.

Alors Carl Sagan se livre à une série de calcul parfaitement rigoureux dont je vous épargne le détail - je tiens leur copie à la disposition des sceptiques - et à chaque fois, il butte sur une aporie.

Quelque soit la manière dont il envisage la façon dont le père Noël remplit son office, à chaque fois, notre éleveur de rennes préféré viole une des lois de la physique.

Tantôt il doit dépasser la vitesse de la lumière pour effectuer ses livraisons, tantôt le nombre de rennes nécessaires pour tracter le chariot contenant les 85 millions de jouets - excusez du peu - tend vers l’infini ce qui est impossible car il est génétiquement impossible d’élever une infinité de membre d’une même espèces, sans compter que l’espèce du rennes volant même génétiquement modifiée est loin d’être au point, tantôt les jouets rangés à la base de son baluchon, de 132 mètres de diamètre, qui s’avère nécessaire pour contenir les cadeaux sont irrémédiablement écrabouillés par le poids de ceux situés au dessus et l’on sait bien que le rôle du père Noël n’est pas de livrer de la bouillie de poupée Barbie ou de la confiture et Meccano, autre hypothèse autre échec et ainsi de suite alors Carl Sagan, mettant un mouchoir sur son âme d’enfant, se voit dans l’obligation de déclarer que scientifiquement le père Noël ne peut pas exister.

La blague produisit son effet, Carl Sagan fut intronisé assassin du père Noël et chacun rivalisa pour complexifier ses hypothèses de départ. En vain.

Le premier intérêt de cette histoire de père Noël est que Carl Sagan nous démontre combien il est important de savoir pourquoi on sait ce que l’on n’aborde d’ordinaire que par le biais de la croyance.

Le second intérêt de cette histoire tient à ce que les successeurs de Carl Sagan qui décrivirent tous les systèmes imaginables de redistribution de cadeaux, postulant par exemple, l’existence d’une infinité de pères Noël ou que sais-je encore, décrivirent les systèmes politiques du plus explicitement généreux, disons le système communiste : tous les enfants reçoivent un cadeau au plus étroitement élitiste : seul les enfants sages des nations développées reçoivent un cadeau. Rien n’y fit le père Noël était mort et bien mort. Il ne peut accomplir sa promesse dans le délai imparti de la nuit de Noël.

Ainsi Carl Sagan, inspiré par la philosophe des sciences Karl Popper, a-t-il non seulement tué le père Noël, ce qui est affligeant, mais encore liquidé au passage deux autres idées autrement plus importantes : la première selon laquelle l’assomption du progrès peut régler les problèmes du monde, sans tenir compte des limites asymptotiques assignés aux phénomènes - le fameux « peak oil » par exemple - et cela dès 1960 - et la seconde qui sous entend que l’emploi des grands nombres suppléent de manière « magique » aux déficiences conceptuelles qui sépare le modèle macro-économique du contrat social comme l’a reconnue Pareto (1848-1923) confronté à l’imperfection économique face aux exigence du contrat social.

Nous sommes en 1960 ; les communistes qui apprennent la nouvelle et ne comprennent la portée et se frottent les mains en répétant à qui veut l’entendre, nous vous l’avions bien dit sous entendu : Marx avait raison, le capitalisme porte en lui les germes de sa propre destruction. Attendons encore un peu, murmurent-ils, le fruit sera bientôt mûr. Un coup de pouce ici et là, en Afrique en pleine décolonisation par exemple, et les digues du vieux monde céderont. Hélas, en 1989, le modèle standard du socialisme réel : l’Union soviétique s’effondre minée par les dettes, dues à son impéritie et à une guerre ruineuse en Afghanistan - déjà. Exit l’économie planifiée.

Le poison qui menace le capitalisme économique viendra bien de l’intérieur mais d’une discipline que l’on attendait pas : la finance jusqu’alors considérée comme une dépendance fonctionnelle sans autre importance que sa régulation pour éviter que des agioteurs farfelus ne viennent contrarier les performances d’une autre sorte de planificateurs les économètres - qui ne s’ignorent plus - depuis qu’ils sont outillés de modèle de plus en plus savants et, croient-ils, de plus en plus performants. Le monétarisme fait alors florès. Il faudra attendre l’invention des CDS en 1994 par la mathématicienne Blythe Masters, employée modèle de JP Morgan pour que le risque prenne corps dans ce produit dérivé qui est désormais sur les lèvres de tous les commentateurs.

Avant de poursuivre, je serais en dessous de tout attente si je ne vous indiquais pas le moyen de vous enrichir.
Quel financier ferais-je si je en vous privais ?

C’est pourquoi je vais vous décrire en détail la mécanisme de formation des fameux CDS (credit defualt saswap : assurance contre le défaut de paiement).

Pour cela nous allons faire ensemble, ce qu’Erwin Schrödinger appelle une expérience de pensée : nul besoin de matériel juste un peu d’attention et d’imagination.

Imaginez que je sois banquier.
J’ai le look n’est-ce pas ?
Entre deux âge, correctement habillé, parfait ça colle.

En tant que banquier, je bénéficie de la part de la banque centrale, c’est-à-dire de la banque du pays d’implantation de mon siège social, faisons simple au départ, de ce qu’on appelle le principe de la réserve fractionnaire ce qui, en clair, signifie que je peux créer de l’argent d’une manière proportionnelle à l’argent que je détiens en dépôt.

Pas mal n’est-ce pas ?

Il se trouve que je viens de fonder ma banque, disons la banque Truxillo. Pour ce faire j’ai rassemblé un million - un million de ce que vous voudrez l’unité de compte n’a en fait pas vraiment d’importance dans la mesure où elle reconnue comme convertible ; alors euro ou dollar ?

Disons dollar !

En vertu du principe énoncé auparavant, je peux donc créer de l’argent à concurrence de neuf millions de dollars.
C’est le privilège du banquier qui a bonne réputation et j’ai bonne réputation.

La création de ces neuf millions va passer par l’octroi de prêts. C’est mon rôle de prêter de l’argent pour le créer au moyen d’une simple écriture dans mes livres de comptes, selon la méthode fractionnaire déjà présentée.
Je prête pour permettre à des projet de se réaliser. C’est mon rôle économique. En fait je choisis un projet intéressant puis je prête à son porteur ; une commission jugera, s’il le faut, la valeur de ce partenaire, etc.

Jusque là, c’est cool !

Les affaires roulent. Je prête. Mes clients me remboursent. Dès l’encaissement des premiers remboursements, j’augmente d’autant ma capacité à créer encore de l’argent nouveau.

J’ai de l’ambition. Je veux octroyer plus de prêts, quitte à susciter la demande. En effet, ce serait trop bête que de laisser en jachère ma capacité à créer de l’argent. Je refuse d’être un agent économique inefficace.

Je réfléchis à ce qui peut bien nécessiter d’emprunter de l’argent.

J’ouvre mon manuel de marketing : le Kotler - par exemple. À la page deux, la liste des besoins primaires : manger, se vêtir, s’abriter me tombe sous les yeux.

Le logement. L’occasion rêvée pour une famille de réaliser un emprunt.
L’ambition ne m’empêche pas de raisonner.

Imaginez que ma zone de chalandise soit la salle du Café de la Gare. Ma clientèle en puissance est donc constituée de toutes les personnes qui s’y trouvent assises. Je me rends à quel point cela va être long de contacter chacune et chacun pour lui proposer un crédit.

Inutile de perdre du temps, je vais faire appel à un distributeur.

Si je l’intéresse convenablement il sera plus efficace que moi et puis en définitive j’ignore combien risque de me couter la prospection commerciale alors laissons donc faire un intermédiaire qui s’y connait. En voici justement un!

« Vous, monsieur, vous serez mon intermédiaire. Je vous offre une belle commission pour cela. Disons qu’en supplément cette commission sera d’autant plus élevée que vous atteindrez l’objectif rapidement. »

Évidemment l’intermédiaire accepte parce que distribuer de l’argent à des conditions avantageuses à des futurs propriétaires n’est pas un travail trop pénible et qu’en sus il y a une prime à la clef.

Un mois plus tard mon intermédiaire revient vers moi et me tend une liasse de formulaires en me disant, fièrement : « Tous… ils ont tous signé ! »

Un mois s’écoule. J’encaisse les premiers remboursements.

Je répète l’opération. Disons que nous sommes en 2004. Les affaires de la banque Truxillo sont florissantes. Trop peut-être parce que les maçons qui construisent les maisons de mes clients se prennent à rêver de devenir propriétaires à leur tour. C’est l’effet magique produit par le cercle vertueux de la croissance économique. Ce sont les maçons qui ambitionnent à présent de signer des contrats de prêts. La perspective de devenir propriétaire aiguise leur appétit d’ascension sociale. Ils demandent des augmentations de salaires et ils les obtiennent. Les entreprises de constructions les répercutent à leur clients, bref les prix des maisons montent.

En tant que banquier, je sais que si je dois me refinancer pour couvrir la défaillance de l’un de mes débiteurs je dois m’adresser à un confrère ou à la banque centrale et je n’ignore pas que la banque centrale, si elle voit l’inflation pointer le bout de son nez, augmentera son taux directeur. Le taux directeur de la banque centrale est le taux de base auquel, moi : banquier, j’achèterais l’argent nécessaire en cas de pépin. Cette perspective me déplait car je réalise alors que j’ai pris des risques. Je vous l’avoue : le risque ce n’est pas ma tasse de thé, alors je prends la décision d’insérer dans mes contrats de prêt une clause qui stipule que si le taux directeur change alors le taux du prêt changera ! C’est la base des fameuses « subprimes ».

Après tout ce n’est pas à moi de payer pour mes débiteurs.
Je ne suis pas responsable de tout non plus !

À peine rassuré de ce côté, une nouveau doute m’assaille. Mon intermédiaire qui s’est montré si prompt à produire tous ces contrats, a-t-il été prudent au moment de valider les conditions d’obtention de ces prêts. La prime que je lui ai promis et versé était trop motivante pour qu’il le soit.

Pour en avoir le cœur net, je sors le dernier listing clients.

Je dois me rendre à l’évidence :
monsieur Dupont : je ne le connais pas au fond ;
madame Durand : je ne la connais pas plus
et quand à monsieur Dupré : il reste un mystère pour moi.

Je repense à la clause d’indexation automatique du taux de mes emprunts sur le taux directeur, sera-t-elle suffisante en cas de défaillance en chaîne de tous les Dupont, T ou D qui sont mes débiteurs désormais ?

Le doute augmente !

Je dois agir. Avec les liquidités encore disponibles j’achète des bons du Trésor que la banque centrale offre à la vente. Au moins ça : c’est du sérieux, du lourd !

Puis il me vient une idée. Lumineuse celle-là. Je vais fonder la financière Truxillo, non disons la financière T - cela sera moins voyant. Je doterais son capital au moyen des créances immobilières que j’ai sur mes clients particuliers - les fameux emprunts immobiliers dont la détention me tracasse. Je vais les découper en tranche fine - les fameuses « slices » ou « tranches » dans le jargon financier que je vais entrelarder - par politesse on dit « enrichir » - de mes bons du Trésor qui sentent le neuf.

La financière T étant maintenant une société bien capitalisée - et pour cause - je vais transformer de ce pas son capital (en fait il s’agit d’une promesse d’avance qui se trouve par le fait en dehors du bilan de la banque Truxillo - une façon de protéger la société mère), en titres négociables : des obligations. Pour le sérieux y pas mieux. Ces obligations seront constituées d’une sorte spéciale de mille feuilles à base d’une proportion infime de bond du Trésor et de beaucoup de ces « slices » immobilières un peu malodorantes.

De la sorte que je pourrais valoriser les obligations de la financière T et les revendre en disant qu’elles sont partiellement adossées - ne pas trop insister sur l’adverbe dans la note d’informations aux futurs acquéreurs bientôt actionnaires - à des bons du Trésor, donc « que c’est du solide ! » En outre, je pourrais les échanger contre d’autres titres peut-être moins douteux.

Comme monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, je viens d’inventer les CDO (colletarized debt obligations). La collatéralisation en question provient de l’assymétrie entre les remboursement des prêts consentis (les flux rentrant) est les versement aux investisseurs - dans certains cas avantageux on parle de sur-collatéralisation.

En fait les financiers qui se trouvent dans la salle, auront compris que j’ai simplifié parce qu’en fait, parce que je suis un banquier formaliste, je suis bien passé par l’étape des ABS (asset-backed Securities) et des MBS (avec tranches junior et senior inside) mais le résultat, in fine, est le même puisqu’il s’agit de diluer de mauvais crédits en les « titrisant ». C’est cela la titrisation.

J’ai à peine bouclé mon opération que le téléphone sonne.

La barbe… mais non… c’est un collègue qui me propose des titres, ceux de la nouvelle financière S qui sont adossés à… des bons du Trésor ! Comme les miens en somme mais je connais mon interlocuteur : c’est une pointure dans notre domaine. L’idée d’échanger mes titres avec les siens représente sûrement un bon moyen de diluer le risque. En fait, tous les collègues ont agi comme nous deux et bientôt, il ne me restera plus aucun de mes propres titres.

Pendant que nous activons pour diluer les titres de nos financières respectives les affaires continuent de plus belle. Les maisons sortent de terre comme des champignons et les prix suivent leur mouvement ascensionnel. Première alerte, première augmentation du taux directeur, premières défaillances.

Parvenu à ce stade, je comprends qu’il serait judicieux que je m’assure contre un défaut de paiement parce que sinon la financière T va s’écrouler comme un château de cartes. Sa création a nécessité un montage utilisant un engagement hors bilan, je m’en souviens : la banque Truxillo et moi nous retrouverions dans de sales draps. Ambiance!

Les incidents de paiement se multiplient.

Par bonheur on ne m’a coupé le téléphone. J’appelle mon collègue JPMorgan où se tient à ma disposition, me dit-on dit, l’un des émules de la brillante financière qui avait inventé une assurance contre le défaut de paiement qui porte le nom bizarre de CDS pour « credit default swap », en français : assurance contre le défaut de paiement.

Le nom est déroutant mais revanche le principe en est simple, le voici : j’achète l’un de ces fameux CDS ce qui revient à verser à son vendeur une prime en fonction de l’exposition supposée au risque de mes titres, en contrepartie de laquelle ce dernier m’assure couvrir l’impayé en cas d’incident de paiement.

Par discrétion autant que par esprit pratique, on me conseille pour réaliser cette transaction de recourir aux service d’un PSI (prestataires de services d’investissement) qui connait son affaire en matière de marché de gré à gré, dit OTC (over the counter). Ce PSI appartient à la catégorie des IS (internaliseur systématique ou systémique) dont les activités échappent aux autorités de régulation nationale et internationale.

Génial. Ouf, sauvé. En plus je suis rentré dans le cercle très « select » de ce que les envieux appellent le « Shadow Banking System », grâce à la sous-traitance de l’achat-vente de mes CDS auprès d’un « darkpool » texan. L’appellation est - vous en conviendrez - explicite, à côté la confection de pièces d’habillement au « black » est une aimable plaisanterie.

Nous sommes au début de la crise, en 2007, elle est larvée, les incidents de paiement en proportions des titres en circulations restent rares et les CDS ne sont pas encore chers.

J’en ai acheté un paquet de quoi couvrir mes risques mais je sens que je passe à côté d’une… opportunité.

Réfléchissons un peu (cela m’arrive).

Je sais très bien que la situation est malsaine, c’est moi qui fait souscrire les contrats de prêt et je sais très bien que je ne sais rien - je suis un peu philosophe aussi - de la solvabilité des emprunteurs primaires dont la plupart sont des Ninja acronyme ironique qui désigne les emprunteurs dépourvus de moyens réels : « No Income, No Job no Asset » : ni revenu, ni travail, ni épargne. Cela revient à dire que j’ai prêté à des gens dont les capacités de remboursement étaient problématiques dès le départ. Passons. Ils n’auraient pas du signer !

Le potentiel de risque s’avère grand, aussi achetais-je un nombre de CDS pour un montant supérieur au risque encouru réellement ainsi quand la crise révélera son étendue, je revendrais ces garanties excédentaires à prix d’or.

Voilà l’opportunité qu’offre le CDS acheté à découvert (short selling) dans toute sa simplicité mais en plus; comme je suis connu et reconnu dans ma profession de banquier; je bénéficie d’une faveur supplémentaire. Je suis exonéré du versement de la garantie exigible en marche normale pour couvrir le défaut de livraison. Mes CDS sont non seulement acheté à découvert mais, qui plus est, ils sont nus.

Aussitôt constaté, j’achète plusieurs autres paquets de CDS. Puis j’attends. Pas longtemps.

Ce que je savais devoir survenir, pour en avoir été au moins partiellement l’organisateur, se produit. Les défaillances se multiplient, le CDS devient un produit très recherché. Je les revends avec une plus value considérable. Très considérable. Comme j’utilise les services de mon PSI fétiche, les profits que je réalise n’apparaissent nulle part ou presque.

Autant d’argent rend très intelligent !

Je brûle d’impatience de « jouer » à nouveau « au CDS ». J’en achète de nouveau, tous mes risques ayant été couverts depuis longtemps, aux mêmes causes correspondent les mêmes effets. La crise s’amplifie et je passe de nouveau à la caisse.

C’est alors que ma pusillanimité me confond : jusqu’ici spéculer sur de maisonnettes à 200 000 dollars me suffisait, c’est indigne de moi. Je veux voir plus grand, beaucoup plus grand.

Il existe d’autres emprunteurs qui ont besoin de couverture : ce sont les banques elles-mêmes, bien sûr, mais au delà d’elles : tous les investisseurs qui achètent la dette des états, morceaux de choix s’il en est. Ils s’avèrent êtres mes clients en puissance. Le terme CDS demeure obscur, leur usage se révèle aussi simple qu’on l’applique aux créanciers d’un état - ou à l’état lui-même - qu’à l’endettement d’une famille en quête de logement.

Cette fois, je vais jouer le gros coup ! En plus, grâce aux opérations précédentes, j’en ai les moyens.

J’achète donc de la dette souveraine bien notée, c’est à dire AAA de préférence, dont je couvre le risque quasi-nul en achetant du CDS, puis même méthode que précédemment, j’en achète plus que nécessaire, beaucoup plus, en vérité le maximum.

Tout à coup, je vends en masse la dette que je détiens sous la forme de titres ou de certificats - qui plus est, à perte ! À cause de ma surface financière mes gestes sont épiés et commentés. Au passage, j’intoxique les agences de notation auxquelles je commande aussitôt un audit pour connaître ce qu’elles pensent de ce retournement du marché. Mon action sera d’autant plus imitée que les agences, par leur rôle « procyclique », en accentuent la portée : ce que je dis et fais dois avoir un sens. Toute mon action vise à rendre auto-réalisatrice la prophétie que je leur ai suggérée de livrer. Par exemple, tel emprunteur n’est aussi fiable qu’auparavant parce qu’on a noté un désengagement de X ou de Y (c’est à dire moi !). Les autres opérateurs le constatent. Leur comportement panurgéen est de notoriété publique : la tendance est baissière alors ils suivent. Aussitôt ils commencent à vendre à perte eux aussi, assumant des pertes de plus en plus importantes jusqu’à se rendre dépendants aux CDS que je détiens.

Les prix des CDS monte par effet de balancier en fonction de l’exposition au risque croissant d’aggraver ses pertes ; à ce moment précis, j’offre - à qui en veut - et à qui peut - mes CDS excédentaires (découverts et nus). Tout le monde en veut et peu peuvent. Une belle affaire de plus. Comme je n’ai pas intérêt à tuer la poule aux œufs d’or, je reste raisonnable, la perte est minime, les gains unitaires, bruts et nets, aussi. Le nombre de transactions seul compte pour faire un résultat. Les oscillations sur les cours sont à peine perceptibles au yeux des néophytes mais les profits continuent de s’accumuler.

Deuxième révélation - c’est à croire que je deviens de plus en plus intelligent ! Ces opérations que j’ai réalisé jusqu’à présent de manière manuelle - autrement dit archaïque, pourquoi ne pas en accélérer l’exécution à l’aide de ma prothèse favorite, l’ordinateur ?

Embauche immédiate d’un informaticien pour cadencer à un autre rythme ces opérations gagnantes. 1 000, 5 000, 20 000, jusqu’à trente trois milles opérations par seconde ! Deux millions de transactions à la minute qui dit mieux ? L’informaticien m’apprends qu’on appelle cela le trading haute fréquence (THF) ou high frequency trading pour les anglophiles. Les profits continuent d’affluer.

Enfin pour optimiser l’efficacité du THF j’entreprends de bouleverser l’exécution du carnet d’ordre qui est l’instrument grâce auquel on ordonne l’ordre dans lequel les achats et les ventes sont effectués, en retirant de manière automatique un ordre avant son exécution - c’est une possibilité offerte par le fonctionnement du marché. Aussi n’ai-je plus besoin de vendre des titres juste de suggérer que je vais le faire en annonçant via le carnet d’ordre qu’une ligne de titres se trouve en vente et au dernier instant les retirer de l’opération, pour effectuer les opérations inverses. Cette manipulation du carnet d’ordre exige d’utiliser le trading algorithmique.

Mon informaticien me révèle bien d’autres techniques accessibles au trading algorithmique toutes plus rentables les unes que les autres : le « spoofing » (ou jeu du canular) : c’est une variante de l’opération précédente. Il s’agit de placer des ordres de gros montant dans le carnet avec un rang de priorité permettant d’éviter leur exécution, pour donner l’illusion d’un intérêt de ce côté du carnet, faire décaler la fourchette, et favoriser ainsi l’exécution d’ordres en sens inverse à un meilleur prix. Aussitôt, les ordres de gros montants fictifs sont annulés ».

Il en existe toute un palette comme le « front running » et j’en passe.

On s’amuse bien mais encore une fois encore je sens que je peux faire mieux, y compris que les meilleures « jokes » de mon informaticien. Je rappelle JPMorgan et lui tiens à peu près ce langage « puisque nos CDS donnent le « La » sur le marché, ne devrions-nous pas créer un index à partir d’un panier de nos propres CDS qui reflèterait la tendance ainsi créée ? Nous pourrions alors spéculer sur ces index au moyen d’un super CDS. »

« C’est une super idée, je dirais même plus une riche idée ! » me réponds mon interlocuteur et nous mîmes au point l’indice ABX…

J’arrête ici l’histoire de la banque Truxillo qui - pour ma plus grande satisfaction morale - n’existe pas mais je vous affirme que tout ce je viens de vous présenter sous la forme la plus légère possible provient de rapports parlementaires et sénatoriaux et surtout des minutes des auditions des spécialistes consultés en vue de leur rédaction parmi lesquels :
Jean-Pierre Jouyet Président de l’AMF,
Danièle Nouy, secrétaire générale de L’ACP, Autorité de Contrôle prudentiel
Jean-Claude Trichet, président de la BCE
Christian Noyer, directeur de la Banque de France
Philippe Mills, directeur de l’Agence France Trésor
Marc Touati, gérant de Global Equities
Édouard Tétreau, gérant de MediaFin
Henri Bourguinat, professeur à l’université Bordeaux-IV
Christian de Boissieu, professeur à l’université de Paris I
Jean-Hervé Lorenzi, professeur d’économie à l’université de Paris-Dauphine, président du Cercle des économistes, et des dizaines d’autres sources qui ne sont affiliés à aucun groupuscule gauchiste ou autre jazzband de zazous situationistes.

À titre d’illustration rapide, voici trois de leurs déclarations sous la forme de citations directe :
La première est de monsieur Jean-Hervé Lorenzi, déjà cité qui s’exprime devant une commission d’enquête: « (...) l’une des raisons pour lesquelles nous avons tant de mal à comprendre précisément ce qui s’est passé au cours des trois dernières années est la séparation entre, d’une part, les économistes du réel, qui examinent ce qui se passe sur les marchés des biens et services ou sur le marché du travail et, d’autre part, les économistes spécialisés dans l’analyse des marchés financiers (...). Les économistes du réel, dont je fais partie, sont assez étrangers à cet univers de la finance. »

La seconde citation est d’Édouard Tétreau, précédemment cité :
Les banques (c’est moi qui ajoute le prédicat) « … ont argué d’un besoin vital pour l’économie d’assurer la liquidité sur les marchés pour obtenir un plan de sauvetage aux États-Unis et en Europe ; mais au lieu d’allouer cette masse de liquidité à l’économie réelle, elles se sont empressées de la rediriger vers les activités spéculatives. Il faut dire que pour certaines banques de marché, les retours sur investissement étaient de 40 voire 70 % entre 2006 et 2007, pouvant même atteindre un pic supérieur à 100 % : à part le trafic de drogue, aucune autre activité n’offre de tels rendements ! (...) Où va cette liquidité ? L’injecter dans l’économie réelle n’intéresse plus les banques, car les marges sont plus attractives côté des hedge funds ou des activités à fort effet de levier »

et enfin celle-ci de Jean-Pierre Jouyet
« historiquement tournée vers les marchés actions, la régulation des marchés financiers a tardé à tirer les conséquences de l’explosion des encours de produits dérivés ».

Ne croyez pas que je ferais une « fixette » sur la finance, si les évaluations des encours de produits dérivés, lesquels encours varient selon les sources puisqu’on ne peut les connaître que grâce à des recoupements effectués d’après les activités supposées aux IS (les internalisateurs systématiques), n’atteignaient pas l’ordre de grandeur de 600 000 à 700 000 milliards de dollars (chiffres 2009).

Cet ordre de grandeur paraît démesuré par rapport au PIB mondial, il en représente au moins le décuple. Or, les neuf-dixième des transactions portant sur ces instruments sont effectués over the counter selon des modalités qui échappent à toute régulation et sont caractérisées par une grande opacité (on parle alors de « dérivés OTC »).

Méconnaitre l’ampleur du phénomène financier revient à se priver de tout espoir de raisonner juste au plan économique y compris dans l’économie dite réelle.

Jusqu’à présent, je vous épargné les grands chiffres mais je ne peux en différer plus longtemps un exposé minimum.

Point de méthode : « géométrie » du raisonnement

Avant de faire parler les chiffres, accordons-nous sur le fait que la métrologie est fille de géométrie. Cette discipline permet, dit-on, de raisonner juste sur la base d’un figure (donnée pour) fausse. En macro-économie, la justesse du raisonnement souffre assez peu des erreurs marginales tant que le périmètres des ordres de grandeur n’est pas faussé. Étant donné le rapport entre certaines grandeurs, la méthodologie consistant à négliger les marges d’erreurs afférentes à toute comparaison, trouve alors un point d’application raisonnable.

Les chiffres des PIB (RNB)

En 2010, au niveau mondial, le PIB s’élève à 62 000 milliards de US$
En 2011, au niveau mondial, le PIB atteint 70 000 milliards de US$

Pour l’Europe (EU en tant qu’entité politique), il est de 18 000 milliards : (1er rang)
devant les États-Unis : 15 000 milliards (2ème rang)
la Chine le pib s’élève 7 000 milliards,
et celui du Japon à 5 800 milliards,

de manière intracommunautaire les PIBs respectifs de
l’Allemagne s’établit à 3 600 milliards
et celui de la France à 2 800 milliards

(à comparer au 312 milliards de la Grèce sur la base desquels a été créée la problématique de la dette que l’on connait sui bien et si mal)

Par ailleurs, le volume des transactions financières atteindrait entre 12 et 15 fois le PIB mondial. Le rapport cité date de 2010 et sa précision souffre de la difficulté qu’il y a à mesurer des transactions réalisées pour la plupart en dehors d’un marché organisé autorisant les certitudes cependant les spécialistes s’accordent sur cet ordre de grandeur (et sa progression continue).

« Selon l’historien de l’économie Niall Ferguson, de sensibilité néo-conservatrice, en 2006, la valeur boursière des actions dépassait de dix pourcent (10 %) celle des prestations de l’économie réelle, tandis que la somme des dettes nationales et internationales la dépassait de cinquante pourcent (50 %).

Les produits dérivés, quant à eux égalaient dix fois (un facteur dix! champagne…) la valeur de l’économie réelle. »
(in http://www.domainepublic.ch/articles/14633 | les mentions en gras ont été ajouté par l’auteur)

En 2012, soit six années plus tard, la progression de la valeur des produits dérivés s’est poursuivie malgré un infléchissement négatifs des PIB mondiaux pendant les années 2009 et 2010.

À titre d’exemple, la fortune financière (estimation) des Allemands s’élève à 46 000 milliards de dollars.
Cette somme, « étonnante » par sa démesure, est à mettre en rapport avec les 3 300 milliard du PIB de ce pays l’année de référence (2009).

D’après les scientifiques engagés comme Mario von Cranach, professeur émérite de l’Université de Berne, Président du « Réseau pour une économie socialement responsable NSW / RSE » et vice-président de l’association Kontrapunkt* non seulement cette tendance n’’est pas prête à s’essouffler mais encore tous les signaux dont son association et lui disposent pour l’analyser, indiquent que sa progression est inéluctable.

Entre la production exprimée en PIB et la fortune financière d’un pays comme l’Allemagne le rapport s’établit à 13 fois le PIB. La finance purement spéculative produirait donc 13 fois plus de richesses que la production de biens et de services (si l’on exclut de ces derniers les services financiers qui servent stricto-sensu à la spéculation).

Autrement dit, si l’on pose, par hypothèse, une linéarité de la progression sur les dix dernière années, date à partir de laquelle a commencé à se constituer cette masse financière significative (circa 2000) - l’invention des CDS par Blythe Masters* remontant a « seulement » 1994 - cela signifie que tous les allemands ne contribuent par leur travail annualisé qu’à concurrence 7 % à la création de richesse de leur pays.

Le fameux proverbe s’enrichir en dormant trouve ici une illustration éclatante dans la réalité tangible.

Ce ratio renvoie en miroir le chiffre époustouflant de 7% soit la moitié du pourcentage du taux de TVA moyen en Europe.

Le travail effectué et les services rendus ne rentrent dans la composition de la richesse allemande cumulée : réelle et financière que pour la moitié de ce que cette richesse globale serait sensée produire comme taxe pour l’État ! Le constat est violent. Il est plus violent encore si l’on exprime selon l’angle du travailleur qui est amené à percevoir son activité comme étant dénuée de valeur relativement à la spéculation !

[
* cf. Blythe Masters : ‘The woman who built financial 'weapon of mass destruction' in the Gardian by david Teather, en date du 20 septembre 2008. Blythe Masters est une mathématicienne qui dans la cadre de ses attributions dans la banque JP Morgan, a mis au point le mécanisme d’assurance du risque de défaut de couverture de crédit appelé en abrégé CDS pour Credit Default Swap en anglais.
]

Arrivés à ce point de l’examen des turpitudes du système financier international, deux mauvais réflexes s’invitent dans le débat public :

Le premier matérialise la croyance selon laquelle pour faire cesser le scandale que constitue l’hégémonie de la finance sur l’économie réelle, il suffit de réparer l’économie réelle et parallèlement d’asservir la finance à cette économie réelle une fois réparée ;

Le second correspond à la vertu supposée thérapeutique et compensatoire de la taxation des transactions qu’on l’appelle Tobin ou d’un autre nom, selon le raisonnement simple au fond et qui nous vient à l’esprit sans effort : puisqu’ils font de l’argent, prenons-en leur un peu (ou beaucoup) et tout rentrera dans l’ordre.

Si ces deux réflexes étaient le fait de discussion amicales, au coin du feu ou au café cela ne porterait pas à conséquence, or ils trouvent un écho des les propos du personnel politique inspiré par différents lobbies, « think tanks » et cercles de réflexion ce qui est plus gênant car, dans les deux cas, ces idées d’apparence raisonnables consacre deux défaites de la pensée économique et de la pensée tout court.

La défaite en question consiste à nier le pouvoir de ce qui nous dépasse, à moment donne pour l’unique raison que justement il nous dépasse et que nous n’apprécions pas cette situation humiliante.

Je renvoie chacun à la lecture du philosophe Pierre Levy qui consacre que le virtuel (la financiarisation par exemple) est une dimension du réel, correspondant à un potentiel non actualisé - le virtuel n’est en pas moins réel. Il ne s’y oppose pas d’ailleurs, il demande juste à être actualisé, comme notre approche de l’économie intégrant la financiarisation demande à l’être, pour comprendre à quel point le partage entre ce qui relève du virtuel et du réel doit à nos préjugés philosophiques et moraux, au sujet de ce que sont : le travail et le fruit de notre travail. Je lance une fusée en direction des défenseurs du « revenu de vie ».

La finance présentent une illustration parfaite de cette fausse dichotomie entre réel et virtuel, qui se substitue à la dichotomie effective entre virtuel et actuel. Cette confusion doit être dépassée si nous désirons mettre la finance à notre service service plutôt que de subir les errements de ceux qui la dévoient, car quelque soit le ressentiment qu’il nourrisse à l’endroit du spéculateur, aucun économiste ne peut croire sérieusement à l’inutilité de la finance et encore moins à la nécessité de son abaissement.

lire la partie II

txo
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Finance : texte du 21 mai (partie II)

Messagepar txo » mer. 23 mai 2012, 21:40

Voici la dernière partie de mon intervention, celle où je propose une vision plus personnelle que je défendrais durant la campagne comme je la défends aujourd’hui en souhaitant qu’elle entrouvre les portes d’une discussion constructive sur tout ce que pourrait nous concourir à une maîtrise de la finance.

De manière provocatrice, je déclare donc sans autre précaution : que « j’adore la finance » mais - car il y a toujours un mais quand on se targue d’adorer :

« Chéri, je t’adore mais je serais sensible à ce que tu te décides enfin à refermer ton tube de dentifrice et… » en l’occurrence, on peut dire que les financiers ont laissé le tube de dentifrice grand ouvert et je suis bien obligé de déplorer qu’ils en ont fichu partout mais - et il s’agit aussi de l’un des volets de cette question

« sont-ils responsables du fait que je ne leur pas fait de remarquer mon exaspération avant ?

C’est toute l’ambiguité de ce « mais » qui crée le suspense en nous y impliquant - Jean-Pierre Jouyet la reconnu. À nous de savoir si nous souhaitons avoir à réitérer cette question d’une manière lancinante ou si nous nous engageons dès à présent à nous la poser accompagnée de la question qui lui est sous-jacente : « existe-t-il un moyen de faire que la formidable masse financière générée à flux continus par une bande de sociopathes cupides - les témoignages d’anciens traders sont légions pour que j’ose parler de sociopathie - participe du bien être de tous ?

…et change, d’une manière, inédite nos façons d’envisager notre inscription dans la société ? car oui je crois la finance aussi capable de détruire la Grèce - nous le constatons malheureusement - que de construire les conditions d’un épanouissement inespéré à côté desquelles les trente glorieuses dans la déploration desquelles on nous cantonne pour nous faire intérioriser que la modèle qui a présidé à leur développement est indépassable, paraîtrons ce qu’elle sont : une sorte de « pré-renaissance » avant l’éclosion d’une époque meilleure, inimaginable et « inenvisagée » d’intelligence collective et de partage du savoir.

Pour situer l’importance de la gratification que nous pouvons attendre si nous avons le courage de relever le défi : imaginez un instant que nous mettions au profit d’un autre fonctionnement que celui de la sphère financière, un seul et unique pourcent de la masse financière, avec une progressivité comparable à celle de la CSG (pour mémoire lors de sa création l’assiette de la CSG valait 1,1% appliqué à 95 % du salaire brut), ce serait à terme l’équivalent du PIB de la France et de l’Allemagne réunis qui pourrait être alloué au développement d’un autre modèle de société.

Les sempiternelles interrogations sur le financement du revenu de vie se trouveraient définitivement reléguées au rayon des objections de principe.

Encore suis-je sûr de manquer d’imagination, en l’état des choses, pour décrire ce qu’apporterais une telle révolution financière car il ne s’agit pas - je dois le dire - d’une réforme mais d’une révolution, d’une révolution conceptuelle et pratique précisément.

Si aujourd’hui les européens et les français ont un travail à accomplir, c’est bien celui de se ré-approprier leur place et leur dû dans la finance dont les produits dérivés leur appartiennent puisqu’ils ne sauraient tout à fait exister sans leurs sous-jacents réels. Cette ré-appropriation citoyenne passe d’abord par l’expression politique claire de cette volonté. Tout ce qui détourne de cette expression est un signal envoyé aux financiers que les « choses » peuvent continuer comme avant et pourquoi pas empirer, à l’aune du manque d’intérêt dont ils seraient l’objet.

Tel est l’enjeu de la politique économique qui devrait être conduite, je dirais même qu’une telle ambition de réappropriation constitue l’enjeu central pour assainir la situation. La manifestation de l’enrichissement financier représente la plus formidable opportunité à la portée des citoyens, à la condition que la politique mesure cet enjeu, sa dureté et sa technicité et ne lâche plus rien sur un plan conceptuel puis sur un plan pratique car la politique ne vaut que par ses actions.

Sur le plan conceptuel, nous devons examiner notre outillage de quoi disposons-nous pour lutter contre le « trading HF » ou « algorithmique » ? dont les manipulations concernent - il convient de le rappeler même si’l s’agit d’une estimation, toujours contestable toujours à affiner : 540 000 milliards !

La situation dans laquelle se trouve la pensée économique qui peine intégrer la pensée financière, quand elle ne persiste pas à la considérer comme une dépendance fonctionnelle, ne parvient pas à se désintoxiquer de ses propres dogmes à la lumières de ses propres échecs.

Ne sommes-nous pas dans la situation des l’armée polonaise qui lança naguère contre les chars de IIIe Reich des cavaliers armés d’une lance. La gloire, le romantisme et le panache militaire y trouvèrent leur compte pas la liberté des polonais ni, peu après, celle des européens.

Madame Dominique Nouy secrétaire générale du CPA ne nous alerte-t-elle pas quand elle s’étonne de trouver encore des spécialistes à embaucher sur le marché du travail alors que les PSI font main basse sur les compétences au niveau planétaire.

Monsieur Lorenzi ne nous alerte-t-il pas quand il déclare que les économistes du réel ne sont pas à l’aise avec l’économie financière.

Qu’il s’agisse du classissisme, du mercantilisme (à l’origine du Colbertisme toujours à l’œuvre au niveau du marché du travail et revenu en grâce au travers de l’OMC et du FMI), du marxisme fondateur de la conception de l’antagonisme de classe, du keynésianisme (entrepreuneurial et gouvernemental), du monétarisme [de David Ricardo] (et des ses tentations libertariennes) ou de l’hétérodoxie schumpéterrienne (qui réclame pour exister l’irruptionà temps compté de Steve Jobs et de D.W. Ritchie), j’ai cité l’arsenal théorique à la disposition de l’économisme du réel, pour reprendre la typologie du Professeur Lorenzi, aucun modèle n’intègre la financiarisation que nous connaissons actuellement pour la bonne raison qu’elle leur est largement postérieure.

Plus encore ce corps de doctrine, dont les variantes réactualisées malgré leurs oppositions ont pour point commun un aveuglement collectif concernant le virtuel et l’immatériel, a infecté d’un point de vue méthodologique l’économiste de la finance en lui transmettant une approche - pour faire savant - je parlerais d’une heuristique - que l’on qualifie de « procédurale » alors que l’analyse des phénomènes financiers indique que leurs réalité est événementielle, au sens de la théorie de la communication (celle de Shannon… pas celle de Séguela avec ou sans rolex !) : c’est-à-dire qu’elle est composés d’évènements décomposables en sous-ensemble de données et d’informations. ces éléments doivent être considérés, pour être compris et manipulés de manière adéquate, comme des objets - au sens informatique du terme - autrement dit des espèces de containers ou, si l’on veut, car l’image est souvent utilisée, de « boites noires » dont le fonctionnement nous importe peu, à partir du moment où ils respectent au moins trois propriétés :

Visibilité, quantifiabilité, descriptibilité

1 la visibilité
La visibilité implique la finitude de l’évènement sa nature discrète. En effet on n’embrasse pas du regard ce qui est infini : on en rêve les limites où on la met en équation. L’éclatement de la bulle spéculative n’est pas la résolution d’un état stable considéré comme la limite d’une courbe de l’agitation gaussienne du marché mais le nom d’un autre état de cette même bulle : c’est ce que nous apprend la théorie du chaos. La finance ne s’évapore au moment de l’éclatement d’une bulle elle se reconfigure.

Les spécialistes doivent rendre visible cette nouvelle configuration de sorte à tracer les flux financiers.

Contrairement au psychodrame mis en scène par Serge Gainsbourg en brûlant en direct à la télévision un billet de 500 francs, aucun banquier en septembre 2008 n’allumé un brasero dans son bureau pour y brûler de la valeur, cette valeur s’est déplacée, stricto sensu, et beaucoup de gens cherchent encore à savoir où !

Si 50 millions de consommateurs réclament une traçabilité des produits alimentaires, 60 millions de citoyens sot fondés à réclamer une meilleure traçabilité des produits financiers. Si le respect de cette propriété de visibilité est nécessaire, elle n’est pas suffisante.

2 la quantifiabilité
Les entrées et les sorties doivent rester mesurables au moyen d’une métrologie partagée. Ce partage suppose l’emploi de standards ouverts seuls capables d’assurer aux organes des états : banques centrales, agence du Trésor mais aussi aux instances de contrôles nationales et européennes, mais encore aux organismes indépendants soucieux de participer à la compréhension des phénomènes financiers et de donner l’alerte au besoin - une commensurabilité.

Vous voyez ré-apparaître, ici, l’une des thèmes du Parti Pirate : l’utilisation de l’Open data. La quantifiabilité sur une base ouverte permettra en outre de bien distinguer ce qui est une donnée de ce qui est une information, et cela y compris au sens légal - ici le travail parlementaire entre en jeu à nouveau au niveau national et européen car l’ambiguité est à ce niveau dangereuse.

3 la descriptibilité
si A entre dans la boite noire dans un état X et qu’ensuite B en sort dans un autre état Y, l’intégralité du processus doit être décrit. En clair, si vous collatéraliser des produits d’un type A avec un autre produit de type B, dans une proportion précise alors le produit qui en résulte doit s’appeler C et que tout le monde sache de quoi le produit se compose.

Qui ne serait pas surpris de trouver des morceaux de choux fleurs dans une pizza aux anchois mozzarella, c’est pourtant ce qui se passe et cela a entraîné une confusion complète.

Les exigences de la descriptibilité ne s’arrête pas au respect de la recette; elle suppose pour être pleinement fonctionnelle la non-brevetabilité des algorithmes de trading susceptibles d’altérer cette recette selon le niveau auxquels ils interagissent car personne, hormis leurs concepteurs, ne sait au juste si le découplage entre les différents ingrédients n’est pas possible à un moment du processus et cela crée des délits d’initiés d’un genre nouveau. Les algorithmes de « trading » présentés comme de véritables secrets de fabrication; ne doivent pas pouvoir être brevetés ou, s’ils le sont, leurs codes sources doivent être intégralement accessibles aux représentants élus de chaque pays et aux structures auxquelles ces derniers ont délégué leur contrôle. Voilà une fonction qui rejoint, à point nommé, un autre aspect du programme du Parti Pirate.

Ce qui m’offre l’occasion de réitérer la nécessité de s’opposer à la ratification du traité Acta. Ce traité recèle une dangerosité notable en permettant de protéger les algorithmes de trading ce qui soustrairaient ceux-ci à la « descriptibilité » d’un système de contrôle fin.

En outre, Acta entretient un autre rapport avec le système financier par le truchement des CDS car les CDS concernent non seulement l’immobilier mais aussi les marchés de matière premières agricoles tels que les contrats établis sur les récoltes futures de blé cotées à la bourse de Chicago.

Le directeur de L’Ania note le fait que note, non sans une inquiétude légitime, car l’absence de structure de contrôle des marchés de matière première agricole en France l’inquiète. Le spéculateur y a, de fait, table ouverte !

Il y a plus grave, la brevetabilité du vivant qu’entend protéger le traité Acta vise la mise en marché, à plus ou moins long terme, à ce niveau là les lobbyistes ont tout leur temps, de la matière première sensible qu’est le riz. Le riz échappe encore à la financiarisation en raison du nombre d’espèces cultivées, 800 environ à ce jour. La brevetabilité du vivant - celle d’une douzaines d’espèces de riz particulièrement productifs, adaptées aux climats régionaux - le sous continent indien n’est pas la Chine - et de leurs semences, ces dernières étant assorties de l’impossibilité de s’approvisionner ailleurs que chez les détenteurs des brevets, ouvrira aux semenciers d’abord (tel que Monsanto ou Bayer…) et aux financiers ensuite le marché de l’alimentation de plus de deux milliards de personnes. On imagine que ce marché soit autrement - et plus mécaniquement porteur que les maisonnettes à crédit du Middle-west ou de la Sun Belt.

Dans cette perspective, on interprètera d’une manière tout-à-fait différente que ne le fais, Paul Jorion, dans une interview publiée sur le site Atlantico, l’apparente et très relative mansuétude des créanciers de la Grèce, lesquels ont souhaité par leur renonciation récente, en mai 2012, à une partie importante de leurs créances - qui de toute les façon étaient perdues - donner un signe d’apaisement, à bon marché - si je puis dire - de sorte à ce que leurs pratiques ne soient pas plus épluchées et leurs dessins plus sondés concernant l’intérêt qu’il portent au traité Acta et la mise en coupe réglée de la production de riz. L’affaire promet d’être autrement plus rentable que l’autoroute du Pirée.

Indépendamment que éprouvions ou non de la compassion pour les populations asiatiques qui serviront de variables d’ajustement pour la spéculation sur les cours (comme cela s’est produit, l’année dernière en Afrique suite à une spéculation sur le blé) ne changera rien au fait que le résultat prévisible est une augmentation, d’un facteur dix, des encours de produits dérivés sur le riz, qui marginalisera davantage l’économie réelle. Rien que pour cela le traité Acta doit être pour nous un point de contestation non négociable car il nous concerne directement.

Face aux recettes néo-keynésiennes mâtinée d’un monétarisme qui préconise le contrôle de la masse monétaire en volume, tout en respectant la vielle antienne frappée au coin du du plus pur classissisme consistant à maîtriser l’endettement public, l’économiste s’aperçoit qu’il se trouve en face d’une aporie, et plus encore d’une décohérence du cadre d’analyse.

J’attends de pied ferme celui qui me démontrera que l’on peut réaliser ces trois « options » qui obéissent t à trois logiques divergentes dès le départ et poursuivent trois buts distincts. Pourtant c’est en substance ce que l’on entend et que l’on doit comprendre lorsque les « doxologues » patentés, par média interposés, nous assènent que nous devons maîtriser notre dette, relancer la consommation sans emballer l’inflation, tout en innovant. Les mannes de Schumpeter sont également convoquées in fine, pour faire bon poids. Jeunisme et marketing vont en bateau… En matière de communication il n’y a pas de petits profits !

Est-ce à dire que la complexité de l’économie serait devenue telle que nous ne pourrions plus la maitriser, au point d’en être réduit à actionner, contre toute logique, un trio ou un quatuor de locomotives qui ont été conçues pour tirer le train de l’état dans des directions diamétralement opposées ? Il est d’ailleurs troublant que les économistes ne se réfèrent pas explicitement aux modèles qui soutiennent leurs propositions, ainsi Pierre Larouturrou préfèrent convoquer la figure de Rossevelt, l’applicateur du new deal que son inspirateur John Maynard keynes . Les économistes atterrés qui en savent beaucoup plus long que moi, omettent de préciser que la lutte contre le dette publique est une conception néoclassique quasi incompatible avec la relance strcuturelle ou conjoncturelle.

Que ce soit les économiste atterrés ou le collectif 2012, dont j’ai consulté les publications et toutes les propositions qui paraissent, à première lecture, empreinte d’un solide bon sens, je n’ai pas trouvé la trace de la remise en cause des outils d’analyse. Sans doute l’urgence de la situation exige-t-elle qu’on passe à l’action. Quand on est un chercheur, il faut en laisser l’initiative au gouvernement pour se donner le temps de comprendre pourquoi le paradigme en usage ne fonctionne plus.
Coller des rustines consistant à déclarer que la séparation entre les banques de dépôt et les banques d’affaires est une mesure cardinale relève de l’effet d’annonces car il n’aura échappé à personne que 90% des transactions sur les CDS les plus toxiques pour la finance et l’économie, s’effectuent de gré à gré au moyen de véhicules financiers qui échappent à l’univers bancaire stricto-sensu : les fameux OTC : « over the counter » dont j’ai déjà parlé parce qu’il est la bête noire de tous les régulateurs.

Ne faut-il pas se poser la question de l’efficience de nos outils ?

A l’évidence la financiarisation de l’économie qui a rendu la finance hégémonique au plan économique au point que les financiers se désintéresse tout simplement de l’économie réelle, rappelez-vous la citation d’Édouard Tétreau , doit être pensée, repensée dans une perspective politique nouvelle.

Prétendre pour me parer de la double vertu de la nouveauté et de la vigilance, que rien n’a été fait en la matière serait faux, voici ce qui l’a été :

Aux États-Unis les failles des autorités de régulation au conduit à l’adoption de la réforme Dodd-Franck, limitant la taille des banques et le pourcentage de fonds propres qu’elles peuvent engager dans la spéculation, obligeant les banque à informer le consommateur des risques encourus et enfin en augmentant la prime des informateurs qui dénoncent des délits d’initiés.

Par ailleurs l’ISDA, l’International Swaps and Derivatives Association, Inc s ‘emploie à faire entrer sur des marché régulés les acteurs des CDS : banque, hedge funds (fonds de couverture), et engage les SPI à s’intégrer aux marchés régulés à priori plus facile à suivre.

En Europe, c’est au moins ce que Le Président Hollande aurait pu concéder à son prédécesseur, le SESF, les AES et l’AEMF a été mis en place. Dont acte. mais cela a été fait dans un cadre conceptuel insuffisamment novateur et sous la pression d’acteurs internationaux qui ne révèlent pas leur intentions et ne partagent pas les conceptions continentales de la régulation.

Le 22 septembre 2010, le Parlement européen a adopté par 588 voix pour, 29 voix contre et 38 abstentions (1ère lecture/lecture unique), une résolution législative sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil instituant une Autorité européenne des marchés financiers (AEMF).

e règlement institue une Autorité européenne de surveillance (Autorité européenne des marchés financiers) (AEMF). L'Autorité a pour objectif de protéger l'intérêt public en contribuant à la stabilité et à l'efficacité à court, moyen et long terme du système financier, pour l'économie de l'Union, ses citoyens et ses entreprises.

L'Autorité contribuera à :
i) améliorer le fonctionnement du marché intérieur, notamment par un niveau de réglementation et de surveillance satisfaisant, efficace et cohérent ;
ii) assurer l'intégrité, la transparence, l'efficience et le bon fonctionnement des marchés financiers ;
iii) renforcer la coordination internationale de la surveillance,
iv) éviter les arbitrages réglementaires et favoriser des conditions de concurrence égales ;
v) veiller à ce que la prise de risques de crédit ou autres soit correctement réglementée et surveillée, et
vi) à renforcer la protection des consommateurs.

[
Système européen de surveillance financière:
]

Une nouvelle disposition stipule [en outre] que l'Autorité fait partie d'un système européen de surveillance financière (SESF) dont l'objectif premier consiste à veiller à ce que les règles applicables au secteur financier soient mises en œuvre de façon adéquate afin de préserver la stabilité financière et par là même de garantir la confiance dans le système financier en dans son ensemble et la protection suffisante des consommateurs de services financiers.

Le compromis précise que le SESF se compose :
i) du Conseil européen des risques systémiques (CERS);
ii) de l'Autorité bancaire européenne (ABE) ;
iii) de l'Autorité européenne des marchés financiers) (AEMF);
iv) de l'Autorité européenne des assurances et pensions professionnelles) (AEAPP);
v) du comité mixte des autorités européennes de surveillance ;
vi) des autorités compétentes ou de surveillance des États membres visées aux règlements ABE, AEMF et AEAPP.

En fin le CERS, l'ABE, l'AEMF et l'AEAPP sont responsables devant le Parlement européen.

Tout cela va dans le bon sens mais s’avère insuffisant en vertu de certaines subtilités inhérentes au TFCE dans lesquelles je n’ai pas la possibilité d’entrer faute de temps - sachez que le nœud du problème réside dans la comitologie - dans le jargon européen, c’est peut-être le première fois que vous entendez ce mot c’est pourtant de la conception que s’en font une poignée de spécialistes que dépend l’application des directes et des actes européens. La comitologie retire beaucoup de leur force aux mesures adoptées.

Bref, vous l’aurez compris J’adore la finance et les financiers mais je n’ai aucune envie qu’il continuent de prospérer sur le dos des françaises et des français, de la France et de l’Europe dont ils entrepris une sorte de ruine à la découpe en commençant pas les membres les plus faibles comme la Grèce, après s’être « offerts» l’Islande et l’Irlande, et qu’ils lorgnent désormais vers la Puerta del Sol.

Je considère que l’attaque de la Grèce constitue un véritable « casus belli ». Mis à part les enfants en bas âge et le général Mac Arthur qui a envisagé de régler son compte à la Chine à coup de bombe atomique, tous les lecteurs de Sun Tzu ont intégré que le but de la guerre consiste à désorganiser l’adversaire pour pouvoir mieux le piller ensuite. L’exemple Grec est à cet égard éloquent. Ceux qui me trouvent excessif, j’indique que la montée en puissance du parti nazi « Aube Dorée » devrait les inciter à la réflexion sur la conséquence que cet épisode de guerre économique pourrait allumer la guerre civile.

Voilà je vous ai tout dit ou presque, je ne fais partie des personnes qui ont une solution toute prête dans leur cartable. Je laisse cela au vulgarisateurs qui publient des livres dans lesquels l’amateur trouve un paquet de propositions grâce auxquelles tout iraient mieux, mécaniquement, comme si le travail parlementaire n’était pas un exercice nécessaire de concertation et de confrontation avec le réel dans sa complexité, comme si le monde attendait leur solution clef en main parce qu’il serait peuplé d’idiots utiles, comme si la diversité n’enrichissait pas leur pensée.

Tout au contraire, j’espère vous avoir communiqué quelque éléments objectifs de réflexion. Ce que je souhaite le plus c’est qu’ils irriguent les débats qui viendront ensuite, entre vous, entre nous, plus tard quand ces informations et ces idées, auront faits leur travail en vous et autour de nous.

Ce que je propose s’inspire de la pratique du Judo, lequel répond - est-ce vraiment un hasard ? - à la définition d’un objet en informatique. Je ne cherche pas à savoir d’où vient la force de la finance mais je m’appuie sur cette force pour amener à résipiscence ceux qui en dévoient le potentiel.

Comment ?

En suivant une piste (au niveau national) transposable aussi bien au niveau de l’Europe, qu’au delà, dans le cadre de la bilatéralité déjà pratiquée sur les questions financières avec des pays comme les États-Unis et le Canada.

Cette piste consiste, sans être « redondante » avec les autorités de régulation nationales et européennes, à initier une consultation sur la faisabilité technique en vue d’une intégration d’une télé-présence administrative, inspirée de la conception objet du système financier, au niveau des systèmes d’information de ce que l’on appelle les « agrégateurs » de flux financiers tels que les entreprises comme Reuters ou Bloomberg et des systèmes d’exécutions des ordres.

Cette télé-présence administrative modulerait en temps réel une taxation, non pas sur les bénéfices réalisés par les opérateurs, c’est-à-dire les clients utilisateurs de ces services, mais au rythme de la fourniture des unités d’informations consommées et en particulier par rapport au transport des données constitutives des flux nécessaires à leur consolidation sous forme d’informations financières pertinentes. Considérant que ces informations primaires sont une matière première transformée, elles sont donc assujetissables à une sorte de micro-taxation on line puisqu’il s’agit - en réalité - de données, selon la distinction que nous avons établis concernant les propriétés : ici la quantifiabilité. C’est une autre façon de répondre à l’inquiétude exprimé par les régulateurs qui considèrent l’action « procyclique » des agences de notation que de transférer la structure de coût de type client-payeur à celle plus légitime de consommateur-payeur.

L’efficacité de cette télé-présence serait rendue possible, entre autre, grâce à la technicité d’excellence suscitée et développée par le secrétariat d’État à l’Open Source dont je parlerais ensuite.

Le positionnement de cette « télé-présence administrative » au cœur des flux, outre les problèmes juridiques et réglementaires qu’elle implique de régler préludant à son intégration effective, a une importance capitale d’un point de vue du comportements des agents économiques car agir « ex ante » ou « ex post » entraîne des effets radicalement opposés.

Selon le choix qui serait fait, cet effet sera sinon bénéfique du moins supportable puisque la pratique de la finance nécessite de disposer d’une information de qualité dont la nécessité intrinsèque fera percevoir le caractère obligatoire de la taxation « ex ante » en temps réel, en fonction du débit, comme une charge certes nouvelle mais supportable que la négociation en volume peut lisser par comparaison avec une taxation « ex post » qui est perçue comme un impôt dont le ressenti du caractère « confiscatoire » est d’autant plus aigu qu’il s’adresse à des professionnels exerçant à une niveau d’abstraction important. En outre la taxation en temps réel élimine mécaniquement une large partie du recours à la « moins disance fiscale » qui n’a plus (ou moins) lieu d’être de manière structurelle, sans préjudice de l’articulation aux fiscalités personnelles des exploitants.

En outre, il est intéressant de noter que la télé-présence administrative est neutre par rapport aux pratiques des usagers des services d’informations et d’exécution qui choisissent en cause les modalités de leur action considérant qu’ils bénéficient d’un « feed back » instantané.

Cette manière d’aborder le flux financier, voraces en informations pertinentes, nourries de données extra-fraîches, s’inspire du cas d’école connu en écologie que se trouve entretenir un rapport avec la structure formelle et technique de la consolidation des données en vue de leur ré-injection dans un circuit d’informations financières.

Imaginez qu’une industrie polluante s’installe le long d’un cours d’eau parce que cette industrie a besoin d’eau propre. Deux possibilités s’offre au législateur pour prévenir les effets indésirables de la pollution :

— soit voter la création d’un corps d’inspection auquel seront délégués les pouvoirs nécessaires pour dresser contravention si les prélèvements d’eau en aval présentent des traces de pollution,

— soit voter un règlement stipulant que les effluents de l’usine doivent être rejetés à 300 mètres en amont du site.

Dans le premier cas, le législateur ouvre tout grand la porte à une orgie procédurale. Les contrôleurs ne se sont pas présentés selon les formes, etc. Dans le second cas, l’industriel qui veut conserver la qualité de sa production, puisqu’il a besoin d’eau propre va traiter ses rejets. Il faut s’attendre à ce qu’il râle énormément, arguant des surcoûts engendrés par l’installation de dépollution dont ses concurrents ne supportent pas la charge. L’administration, pour peu qu’elle sache en mesurer l’intérêt, lui offrira une aide sous une forme fiscale qui correspondra à l’économie qu’elle réalise en ne créant pas le corps d’inspection idoine et en ne gérant aucune procédure auxquelles l’action de ses agent l’expose et en encaissant la contribution économique territoriale (l’équivalent de la taxe professionnelle depuis la loi de finance 2010) puisque l’aide ainsi apportée fera renoncer l’industriel à son projet de déménagement.

Le corollaire de la mise en place d’un mécanisme fiscal de ce genre est la création d’une entité publique, une agence ou pourquoi pas un secrétariat d’État spécifiquement dédié à sa production dans le cadre de l’Open Source.

Ce secrétariat d’état ou cette agence pourrait s’inscrire de manière fonctionnelle sous les tutelles conjointes des ministères des PME et de l’Innovation (j’aurais préféré que l’on parlasse de PMI), celui du Redressement productif, de la Défense et de l’Économie.

Ce secrétariat à l’Open source recevrait pour mission, d’une part de susciter la détection des talents nécessaires à la création d’une « task force » opérationnelle capable de concevoir les outils nécessaire à l’intervention technique des autorités de régulation financière dans une perspective pro-active d emise en place de cette téléprésence administrative, nettement distincte de l’action de contrôle à posteriori.

La téléprésence administrative pourrait ainsi intégrée pourrait compléter dans le cadre national et dans celui de la bilatéralité coopérative entre l’AMF, l’AEMF, mes régulateurs américains et l’ISDA.

En outre, un tel organisme aurait le double avantage de favoriser la création, à l’horizon de la fin de la mandature de quelque 500 000 emplois qualifiés, stables et non délocalisables et de faire contrepoids au CNN conseil national du numérique, au périmètre décisionnel assez peu démocratique.

Cette dynamique bénéficiera à l’ensemble de l’emploi du secteur en France et en Europe lesquelles sont en droit d’attendre l’exploitation rationnelle de ce gisement d’emplois et de productivité et, d’autre part, elle fédérera le savoir-faire des entrepreneurs serviciels qui ont choisis de produire dans le cadre différent qu’est celui de l’Open Source. L’offre auprès des administrations centrales et des collectivités territoriales constitue une véritable alternative budgétaire et sociale à la consommation de produit d’importation, étant entendu que des mesures incitatives non discriminantes resteront comptables des meilleures pratiques de l’état de l’art et de la passation des marchés.

En revanche dans les cas de non coopération manifeste, le secrétariat d’état à l’Open Source en collaboration avec les autorités compétentes contribuera à la mise sur pied d’une « task force » spécialisée destinée à intervenir, y compris de manière hostile, vis-à-vis des PSI voyous qui persisteraient à poursuivre leurs opérations « over the counter » dans le but d’échapper à la régulation d’un système financier international que tous les pays jugent à présent non seulement nécessaire d’un point de vue éthique mais encore vital d’un point de vue stratégique.

Pour résumer, nous avons le choix entre l’envie de démissionner face à aux puissances financières en nous repliant sur des mesures qui ne concerneraient que l’économie dite « réelle » sans aucune efficacité dans ce contexte, soit d’adresser un message fort aux financiers qui leur dise en substance : « nous allons apprendre à jouer à votre jeu et nous allons gagner ».

Voter Pirate, reviens à tenir ce langage. Il n’est ni de droite, ni de gauche, il est juste nouveau et sans préjudice des changement institutionnels qu’il pourrait entraîner.


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