Sims a écrit :fredkzb a écrit :Avec les conséquences que l'on sait, à savoir : produire (de la marchandise) pour produire (de la marchandise), sans s'intéresser conjointement aux implications sociales et environnementales de cette activité de production, et même, de manière plus profonde, sans s'intéresser au sens que l'on peut donner à cette course sans fin.
Lesquels? Tu peux m'en citer?
Bon ! puisque vous me sollicitez.
Oh là là... Oui, j'en ai des exemples. A la pelle.
Mais replaçons bien le sens de mes propos. Attention je n'ai pas voulu dire que l'économie en général et la production en particulier étaient sans lien avec le social (au contraire c'est le lien que je m'évertue à souligner), j'ai voulu dire dire que les libéraux, depuis au minimum le XVIIIème siècle, ont cherché à affranchir l'économie et la production des contraintes sociales qui les encastraient jusqu'alors (c'est-à-dire les maintenaient, en bien ou en mal, sous leurs règles).
Deux exemples maintenant.
1/ Les Mouvements des
enclosures (dès la fin du XVIème siècle d'ailleurs en GB), qui ont empêché les droits de solidarité intra-communautés villageoises de se maintenir sur les terres désormais clôturées (par leurs riches propriétaires), et poussé vers les villes, et bientôt les fabriques, énormément de pauvres ruraux.
2/ La Loi Le Chapelier en France (1791) qui a aboli les groupements corporatifs solidaires (tels le compagnonnage) afin de permettre l'apparition d'un marché "libre" du travail "libre" (comprendre d'un marché du travail salarié, atomistique et libéré des contraintes sociales), et de fait, a empêché l'apparition des syndicats (coalitions ouvrières), voire les coalitions patronales (mais dans les faits celles-ci étaient tolérées alors que les premières non !). Cf. dans la continuité, les articles 414 et 415 du Code pénal de 1810 :
"
Toute coalition de la part des ouvriers pour faire cesser en même temps de travailler, interdire le travail dans un atelier, empêcher de s'y rendre et d'y rester avant ou après de certaines heures, et en général pour suspendre, empêcher, enchérir les travaux, s'il y a eu tentative ou commencement d'exécution, sera punie d'un emprisonnement d'un mois au moins et de trois mois au plus.
Les chefs ou moteurs seront punis d'un emprisonnement de deux ans à cinq ans." (Article 415.)
On va s'arrêter là les exemples, si vous le voulez bien (à moins que vous en souhaitiez encore d'autres... ?). Nous n'allons pas refaire ici un cours d'histoire économique, ça prendrait trop de place... et de temps.
Sims a écrit :Parce que j'ai surtout entendu parler d'un concept simple qu'on appelle la DEMANDE qui invalide le fait de "produire pour produire" tout en étant directement lié à l'impact sociétal de la capacité à satisfaire cette demande.
Une fois l'économie et la production relativement affranchies des contraintes sociales les plus empêcheuses de faire émerger une économie de marchés "libres", rien de plus facile de dire qu'il n'en était rien, parce que, comme vous le dites, la demande des consommateurs (cette face réduite de l'homme "
multidimensionnel", pour paraphraser H. Marcuse - cf. "
L'homme unidimensionnel", 1964), cette demande, donc, était là pour se charger de réintroduire une petite touche de volonté sociale dans cette économie...
Ainsi l'encastrement collectif (normes et valeurs collectives), désormais cassé (et oublié), se voyait alors remplacé par une somme de comportements individuels de nature sociale et économique (et que les libéraux voulaient même avant tout : économiques - cf. les raisonnements et formulations mathématisantes néo-classiques de la fin du XIXème siècle et le concept d' "
homo oeconomicus" :
"
Comme la mécanique pure considère des points matériels, l’économie pure considère l’homo œconomicus. C’est un être abstrait, sans passions ni sentiments, recherchant en toute chose le maximum de plaisir, ne s’occupant d’autre chose que de transformer les uns en les autres les biens économiques. Il y a une mécanique du point ; il y a une économie pure de l’individu." (Vilfredo Pareto, économiste néo-classique,
Marxisme et Economie pure, Œuvres complètes, tome IX, rééd. 1987.)
Mais :
1/ L'individu n'est pas qu'un consommateur (même repoliné à la sauce verte en "
consomm'acteur" !).
2/ Les comportements individuels des consommateurs sont influencés par la "
libre" mise à disposition d' "
informations sur les produits" (autrement dit, ce qu'on appelait il y a un siècle la réclame, aujourd'hui la publicité), engendrant une demande influencée par la production, et non pas l'inverse comme vous semblez le postuler (cf. John K. Galbraith et sa formulation dès 1958 du concept de "
filière inversée"
in L'Ere de l'opulence).
3/ D'où d'ailleurs, dans la foulée, l'apparition de vastes associations de consommateurs, durant les Trente Glorieuses, pour tenter de contrer l'influence des grandes entreprises...
Et aujourd'hui, il semblerait que le pouvoir politique en France s'achemine vers la reconnaissance des "
class actions" (à l'instar de ce qui existe par ex. aux EUA), qui est une réponse (pas la seule) au pouvoir des grandes entreprises sur les marchés.
Pardonnez-moi de le formuler maladroitement ainsi, mais je crois que vous en êtes resté à une vision très fac d'éco de 1ère ou 2de année de ce que peuvent être les marchés.
Il n'y a rien de plus éloigné des marchés réels que cette vision libérale de marchés où
une demande atomistique rencontre librement une offre atomistique et où il se dégage un prix qui s'impose aux deux côtés du marché en question, la demande finalement orientant librement la production dans tel ou tel sens, celle-ci ne faisant que s'ajuster donc librement à cette demande...
Il me semble d'ailleurs que le programme PP qui s'oppose aux monopoles privés semble avoir davantage reconnu qu'il n'en était rien de cette vision "
Oui-Oui" de nos économies "
modernes"...
Au plaisir de prolonger cette discussion avec vous, mais plutôt dans ce
topic :
http://forum.partipirate.org/programme/grande-erreur-liberalisme-t7749.html, car je crois qu'elle s'éloigne fortement du sujet de départ et le parasite. (Vous pouvez aussi me joindre par courriel si vous le souhaitez.)