Le collectif Libre accès (et pour une fois je suis assez d'accord avec eux) a écrit :Pourquoi investir sur des auteurs vivants quand les morts sont aussi rentables ?
L’exploitation des auteurs morts par les Majors de la culture nuit à la création, empêchant la diffusion d’une traduction, ou la représentation d’une pièce de théâtre.
Le domaine public est en train de disparaître, on le cède irrationnellement à des Majors. Les licences libres constituent-elles la seule alternative pour les auteurs qui ne souhaitent pas que « leur mort nuise » à l’exploitation de leurs œuvres et au domaine public ? Il y a urgence à soutenir de nouveaux entrepreneurs innovants sur de nouveaux modèles de diffusion, respectueux des auteurs et de leur public.
L’article du Journal des Arts : « Le droit d’auteur et ses abus » publié le 13 février entre étrangement en écho avec l’affaire François Bon et Gallimard, on se demande même s’il ne l’anticipait pas.
Tous ces débats sur les abus du droit d’auteur ne sont pourtant pas nouveaux. La metteuse en scène Myriam Saduis s’est vu interdire dernièrement de jouer au festival d’Avignon la pièce d’Ingmar Bergman « Une affaire d’âme » parce que la Fondation Bergman avait vendu les droits exclusifs d’exploitation en France à la metteur en scène Bernadette Acolas et ses producteurs.
L’histoire se répète … Les éditions Gallimard font retirer du site publie.net la traduction de François Bon du "Vieil homme et la mer" d’Ernest Hemingway en faisant valoir l’achat des droits de l’œuvre auprès de la succession d’Hemingway.
La vente de l’exploitation exclusive du droit d’auteur à des entreprises culturelles est une atteinte au droit d’auteur lui-même. Il semblerait que la traduction de François Bon soit meilleure que la traduction de 1954 de Gallimard. Interdire cette traduction, n’est-ce pas porter atteinte au droit moral de l’auteur ; peut-on faire parler les morts ? C’est toute l’absurdité de la cession des droits patrimoniaux de l’auteur qui confère aux éditeurs un pouvoir que l’on devrait leur interdire.
Il est regrettable que les intérêts commerciaux dominent les choix esthétiques. La concession faite de l’exploitation des œuvres à la mort de l’auteur à des entreprises culturelles devrait être interdite ou rigoureusement limité.
Il serait souhaitable que dès la mort de l’auteur, ses œuvres soient élevées au domaine public, ce qui n’empêcherait d’ailleurs nullement leur exploitation commerciale : l’exploitation des œuvres de Molière, Racine, Bach etc. font vivre des milliers de projets artistiques.
Pourquoi le politique s’est-il autant inféodé au pouvoir des lobby culturels pour imposer périodiquement par des lois un allongement des droits d’auteurs ? L’exploitation des œuvres d’auteurs morts ne s’apparente-t-elle pas clairement à une concession de droits féodaux que tout intellectuel des lumières a combattus, et nous leurs héritiers devrions combattre ?
« Voilà longtemps que le droit d’auteur n’est plus l’héritier de celui qu’avaient inventé les Lumières, mais est devenu le moyen des industries culturelles pour imposer leur loi. » écrit Hubert Guillaud dans son analyse du différend opposant Gallimard et François Bon.
Le domaine public est-il en train de disparaître dans l’indifférence générale ?
Le domaine public est en train de disparaître ... Vincent Noce l’auteur de l’article « Le droit d’auteur et ses abus » constate : « Désormais, tout le monde se sent « propriétaire » d’une œuvre et demande des comptes, plasticiens ou littérateurs, mais aussi les architectes avec leurs fontaines, les musées avec leurs tableaux, les municipalités avec leurs églises, voire les parcs naturels avec leur paysage. Tous oubliant allègrement que ces biens appartiennent au patrimoine public. Et que leur dissémination fait partie de leur mission éducative. »
Comment comprendre que le Ministère de la Culture ait accepté d’interdire les prises de photographie et les films aux visiteurs du Musée d’Orsay ? La raison avancée par la section CGT des musées fait frémir : pour augmenter la vente des cartes postales et des catalogues.
Quel prix les peuples auront-ils encore à payer pour préserver « cette économie de la culture » ? Cette économie si nuisible aux auteurs contemporains et aux publics.
Ernest Hemigway s’est suicidé en 1961 et les droits du livre « Le vieil homme et la mer » appartiennent jusqu’en 2047 à son éditeur Scribner dans le fond appartient désormais à CBS corporation. La société Scribner a vendu les droits de traduction en français à la société Gallimard. Il est désormais interdit à quiconque jusqu’en 2032 de proposer des traductions en Français de ce livre. (1)
Pourquoi investir sur des auteurs vivants quand les morts sont aussi rentables ?
Il a été maintes fois démontré que l’allongement du droit d’auteur et des droits voisins profite essentiellement aux producteurs et nuit aux auteurs contemporains. Car enfin pourquoi investir sur des auteurs vivants quand les morts sont aussi rentables ?
Jamais la précarité du monde de l’art « des vivants » n’aura été si visible. En témoigne l’appel pour la création du Syndicat National des Entreprises Artistiques et Culturelles, auquel ce texte se fait indirectement l’écho, appelant à une manifestation le 24 février 2012 pour dénoncer :
« - un millier d’emplois permanents seront prochainement détruits dans les théâtres, festivals, compagnies,centres d’art, lieux d’expositions, orchestres ou opéras,
- des comédiens, musiciens, chanteurs, danseurs, circassiens, techniciens, plasticiens seront encore plus nombreux touchés par la précarité et le chômage, le saccage des programmations des saisons ou des festivals débutera dès l’été 2012. »
L’appel demande le dégel des crédits 2012 soit 47 millions d’euros consacrés à la création et 20 millions d’euros à la transmission des savoirs et la démocratisation.
Intéressant au demeurant de comparer les subventions demandées par le Syndicat National des Entreprises Artistiques et Culturelles avecle coût de l’Hadopiestimé globalement à 70 millions par le Conseil général des technologies de l’information.
À l’heure où le secteur de la culture traverse une crise sans précédent, il serait temps de chiffrer en plus de la Hadopi combien l’explotation économique des artistes morts par l’industrie coûte aux citoyens.
Combien le contribuable paye-t-il pour que les bibliothèques, les écoles, les collèges, les lycées, les universités, les conservatoires etc. aient le droit de diffuser des œuvres d’auteurs morts comme Maurice Ravel, Albert Camus etc. ?
Qui peut encore croire que l’argent moissonné par les industries culturelles sur l’exploitation des « artistes morts » sert à produire « des artistes vivants » ? Quand cela permet de rémunérer principalement les actionnaires de ces industries.
Il faut avoir à l’esprit que le secteur de l’économie culturelle a profondément changé, les acteurs se sont raréfiés à une dizaine d’acteurs qui se partagent de par le monde la majorité des œuvres culturelles. L’allongement des droits d’auteurs profite majoritairement à des Majors comme Walt Disney.
Le piratage des auteurs morts nuit-il à la production des auteurs vivants ?
Devant les abus d’exploitation du droit des auteurs morts, on pourrait se demander si « le piratage » de leurs œuvres ne constituerait pas, au fond et en vérité un profond hommage que l’on rendrait à ses auteurs ? Peut-on sérieusement imaginer Léo Ferré, Georges Brassens, Jean-Paul Sartre, Albert Camus, Guy Debord, Marcel Duchamp, défendre les droits des Majors ?
Ernest Hemingway est mort en 1961, voilà déjà 41 ans que Scribner-CBS corporation jouit exclusivement seul de l’exploitation de ses droits, doit-on leur accorder 35 ans supplémentaires ? Cela n’a pas de sens.
Il ne suffit plus de dénoncer les abus, les aberrations du droit d’auteur, et les conséquences mortifères sur l’instruction et la création. Il faut aussi démontrer ses dangers sur l’économie de l’art vivant.
A ceux qui arguent que le piratage nuit à l’économie de la culture, « nous » répondrons que c’est l’allongement toujours plus excessif des droits d’auteurs.
On aura fait dire tout et n’importe quoi pour justifier la mise en place de la loi Hadopi.
Aucune étude n’a démontré les dangers du piratage sur l’économie de la culture. La plupart (nous parlons bien sûr des études scientifiques et/ou indépendantes) concluent tout au contraire, jusqu’à une étude publiée sous l’autorité même de la Hadopi, qui constate que les plus gros téléchargeurs sont en même temps les plus gros acheteurs d’oeuvres. Si l’industrie de la musique peine à trouver des alternatives à la fin du support CD en sommes-nous responsables ? Quant à l’industrie du cinéma, jamais elle n’a gagné autant d’argent.
C’est le domaine public et en conséquence les citoyens qui sont victimes de cette guerre des Majors pour préserver leurs profits sans innover et restant sur un modèle dépassé. Les politiques qui ont choisi d’être les complices des Majors en imposant des allongements des droits excessifs devront rendre des comptes aux générations futures.
Il est de fait inquiétant que les deux principaux partis qui sont candidats à gouverner la France soient autant soumis à l’industrie culturelle, et les hésitations de François Hollande sur l’abrogation d’une loi qui n’aura rapporté aucun centime aux auteurs ne sont pas de bon augure.
De nouveaux modèles d’industries culturelles, respectant les auteurs et leurs publics, sont possibles.
A contrario le mouvement des licences libres concomitantes de l’avènement d’Internet, invente de nouveaux modèles, expérimente de nouveaux rapports entre auteurs et public.
Plusieurs expérimentations ont lieu pour associer le public à la production d’œuvre artistique.
Les artistes se réapproprient les questions centrales de l’économie de l’art, sur sa valeur d’échange, sa valeur d’usage. Il faut lire les réflexions d’Antoine Moreau pour sortir des logiques mortifères que nous imposent les Majors, et se débarrasser de cette odeur de cadavre d’auteur mort qui empoisonne aujourd’hui la création contemporaine.
Il est temps d’encourager de nouveaux modèles d’entreprises artistiques en phase avec leur siècle, respectant les auteurs et leurs publics.
L’économie numérique culturelle est à inventer, la multiplication et la diffusion des œuvres audio ou vidéo ne coûtent presque rien. Tout le monde copie, distribue des fichiers numériques, les transferts de son téléphone à son ordinateur. Il est impensable de vouloir reproduire sur ce qui est abondant une économie de la rareté. Toutes les tentatives autour des DRM, des technologies voulant artificiellement recréer de la rareté dans l’univers numérique sont vouées à un échec coûteux et dommageable pour tous.
Il faut créer des pépinières d’entrepreneurs numériques culturelles
On ne peut créer de la rareté artificiellement, l’avènement du numérique permet une nouvelle diffusion des œuvres culturelles, c’est partant de ce constat qu’il faut innover.
Benjamin Bayart, président de FDN faisait remarquer lors de la conférence « Hadopi Versus Licence Globale : Quels enjeux ? » qu’il était facile de créer une librairie dans le monde physique et quasi impossible dans le monde numérique.
Si dans le monde physique les industries culturelles ont le monopole de la distribution des œuvres (chaînes de télévision, réseaux de distribution auprès des grands magasins), elles ne peuvent l’avoir sur internet. C’est une chance pour des millions de nouveaux entrepreneurs, encore faudrait-il les soutenir et leur permettre de vendre les œuvres détenues par les Majors.
La voie ouverte par des collectifs de réalisateurs comme Kassandre est une chance pour les partenaires publics désirant préserver une société du partage plutôt qu’une société de la privatisation de la connaissance.
La licence globale aura été certainement la pire erreur défendue par les associations de libertés numériques, tout d’abord parce que l’on ne crée pas une proposition pour répondre à un non problème : car il n’est pas démontré que le partage non légal des œuvres nuise à l’économie culturelle, ensuite parce que la nouvelle taxe qu’elle se propose de créer servira majoritairement à soutenir « cette industrie mortifère ».
Le domaine public doit redevenir une préoccupation centrale
Il y a urgence à explorer de nouvelles voies, il n’est pas possible que les droits d’auteurs nuisent autant à la création et empêchent des traductions de voir le jour ou des pièces d’être jouées.
La voie expérimentée par les auteurs diffusant sous licence libre se doit d’être plus soutenue par les pouvoirs publics, pour à terme redéfinir un droit d’auteur pour les auteurs et non pour les Majors.
Jérémie Nestel.
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Les auteurs morts rapportent autant que les vivants
Les auteurs morts rapportent autant que les vivants
http://libreacces.org/?Pourquoi-investi ... es-auteurs
La liberté, c'est l’esclavage.
La guerre, c'est la paix.
L'ignorance, c'est la force.
La démocratie, c'est l'Amendement 13.
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Re: Les auteurs morts rapportent autant que les vivants
Trop fatigué pour lire en détail, ferai demain
Mais si vous l'avez raté :
Aux USA, des oeuvres sortent du domaine public
http://www.numerama.com/magazine/21374-aux-usa-des-oeuvres-sortent-du-domaine-public.html

Mais si vous l'avez raté :
Aux USA, des oeuvres sortent du domaine public
http://www.numerama.com/magazine/21374-aux-usa-des-oeuvres-sortent-du-domaine-public.html
Re: Les auteurs morts rapportent autant que les vivants
Ce texte du collectif Libre accès est bien rédigé, bien vu, etc... Mais n'apporte rien de concret ou de neuf dans l'histoire...
Oui, on laisse la culture s'industrialisé à l'excès et cela ne va pas s'arrêter demain.
Oui, on peut craindre de gros dangers pour l'avenir.
Mais alors ? Que doit on faire ? Qui ? Comment ? Pourquoi ? Combien ? Le texte ne répond pas complètement à ces questions.
Dire que les licences libres constituent le seul et unique salut pour les auteurs, me semble simpliste comme raisonnement. Surtout que les auteurs ne sont pas les seuls acteurs dans la création artistique.
Oui, on laisse la culture s'industrialisé à l'excès et cela ne va pas s'arrêter demain.
Oui, on peut craindre de gros dangers pour l'avenir.
Mais alors ? Que doit on faire ? Qui ? Comment ? Pourquoi ? Combien ? Le texte ne répond pas complètement à ces questions.
Dire que les licences libres constituent le seul et unique salut pour les auteurs, me semble simpliste comme raisonnement. Surtout que les auteurs ne sont pas les seuls acteurs dans la création artistique.
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- Quartier-Maître pirate
- Messages : 447
- Inscription : lun. 05 mars 2012, 20:44
Re: Les auteurs morts rapportent autant que les vivants
Pendant longtemps , j'ai cru que le salut des auteurs passeraient par la legalisation du partage accompagné par lz création d'un portail étatique.
Qui proposerait aux auteurs de déposer leurs oeuvres, en échange d'une repartition au prorata des clic (avec palier min et max)
Drenskin m'a renvoyé à mes études avec l'argument des telechargement automatisé programmable par le premier boutonneux venu, toutefois j'imagine que l'on peut s'en proteger..
Un deezer à la française ne serait elle pas la solution ?
(pour ceux qui n'ont pas compris c'est une licence global avec un portail pour pouvoir évaluer qui est téléchargé)
J'ai lu ici où là, l'existence de la contribution créative, en quoi differe t'elle ? Pourquoi est elle mieux que la Licence globale ?
Qui proposerait aux auteurs de déposer leurs oeuvres, en échange d'une repartition au prorata des clic (avec palier min et max)
Drenskin m'a renvoyé à mes études avec l'argument des telechargement automatisé programmable par le premier boutonneux venu, toutefois j'imagine que l'on peut s'en proteger..
Un deezer à la française ne serait elle pas la solution ?
(pour ceux qui n'ont pas compris c'est une licence global avec un portail pour pouvoir évaluer qui est téléchargé)
J'ai lu ici où là, l'existence de la contribution créative, en quoi differe t'elle ? Pourquoi est elle mieux que la Licence globale ?
Les grandes oeuvres se distinguent par leur accessibilité, car elles n'appartiennent pas au patrimoine de quelques élus, mais à celui de tous les hommes doués de bon sens.
Une question idf :
contact[at)idf.partipirate.org
Une question idf :
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Re: Les auteurs morts rapportent autant que les vivants
Euh, Deezer _est_ une société française si mes souvenirs sont bons. C'est aussi une usine à pognon, au service des Majors du disque (qui ne lui ont pas laissé le choix, il faut le reconnaître).
Le problème de la licence globale, c'est qu'elle revient à poser la question d'une mauvaise façon : au lieu de se préoccuper véritablement des _auteurs_ et interprètes, il ne sert qu'à chercher un nouveau robinet à pognon pour les industriels du disque (dont le précédent robinet à pognon, à savoir les ventes de CD à 32 euros, s'est tari -- on se demande bien pourquoi).
Le problème n'est donc PAS "comment trouver des sources de pognon" -- parce que de ce point de vue-là, nombreux sont les spectateurs/auditeurs qui sont disposés à payer les auteurs qu'ils aiment, pour peu qu'ils en aient les moyens. Le problème, c'est celui de la _répartition_ des fonds. Si nous devons confier cette tâche à des intermédiaires privés et inféodés à une poignée d'acteurs industriels, c'est la porte ouverte à la perpétuation des injustices et des inégalités que nous connaissons déjà aujourd'hui.
Et j'ajouterai une question subsidiaire : pourquoi irait-il de soi que les auteurs et interprètes doivent être payés en fonction du nombre de gens qui apprécient leurs œuvres ? Ce n'est pas du tout une évidence : cela encourage à produire beaucoup, rapidement, et toujours dans le même registre : hors de question pour un auteur de prendre plusieurs années pour chiader une œuvre, de prendre des risques en changeant complètement de style, etc.
Alors, d'autres hypothèses ont été formulées. Vous parlez de "contribution créative", je ne suis pas sûr de savoir ce que cela désigne (ni même de savoir si cela a été défini en des termes précis et concrets). Il y a aussi des propositions telles que le "mécénat global", ou encore le "revenu de base"...
Mais il me semble que la façon la plus simple (et la plus aisément réalisable) d'aider les professions artistiques aujourd'hui, c'est avant tout d'encourager le don direct. Par exemple en instaurant un système sans intermédiaires privés (bye bye PayPal, et même bye bye Flattr).
Parallèlement il serait absolument nécessaire de relancer une politique culturelle digne de ce nom, en permettant aux professions artistiques de disposer d'un socle salarial garanti par l'État (ce qui existe déjà aujourd'hui, mais d'une façon imparfaite).
Et, ENFIN, de dire merde une fois pour toutes à ce système de sociétés PRIVÉES à qui la loi confie un monopole intolérable sur la perception des droits dits "d'auteur", des aides à la création, des redevances audiovisuelles/copie privée etc.
Le problème de la licence globale, c'est qu'elle revient à poser la question d'une mauvaise façon : au lieu de se préoccuper véritablement des _auteurs_ et interprètes, il ne sert qu'à chercher un nouveau robinet à pognon pour les industriels du disque (dont le précédent robinet à pognon, à savoir les ventes de CD à 32 euros, s'est tari -- on se demande bien pourquoi).
Le problème n'est donc PAS "comment trouver des sources de pognon" -- parce que de ce point de vue-là, nombreux sont les spectateurs/auditeurs qui sont disposés à payer les auteurs qu'ils aiment, pour peu qu'ils en aient les moyens. Le problème, c'est celui de la _répartition_ des fonds. Si nous devons confier cette tâche à des intermédiaires privés et inféodés à une poignée d'acteurs industriels, c'est la porte ouverte à la perpétuation des injustices et des inégalités que nous connaissons déjà aujourd'hui.
Et j'ajouterai une question subsidiaire : pourquoi irait-il de soi que les auteurs et interprètes doivent être payés en fonction du nombre de gens qui apprécient leurs œuvres ? Ce n'est pas du tout une évidence : cela encourage à produire beaucoup, rapidement, et toujours dans le même registre : hors de question pour un auteur de prendre plusieurs années pour chiader une œuvre, de prendre des risques en changeant complètement de style, etc.
Alors, d'autres hypothèses ont été formulées. Vous parlez de "contribution créative", je ne suis pas sûr de savoir ce que cela désigne (ni même de savoir si cela a été défini en des termes précis et concrets). Il y a aussi des propositions telles que le "mécénat global", ou encore le "revenu de base"...
Mais il me semble que la façon la plus simple (et la plus aisément réalisable) d'aider les professions artistiques aujourd'hui, c'est avant tout d'encourager le don direct. Par exemple en instaurant un système sans intermédiaires privés (bye bye PayPal, et même bye bye Flattr).
Parallèlement il serait absolument nécessaire de relancer une politique culturelle digne de ce nom, en permettant aux professions artistiques de disposer d'un socle salarial garanti par l'État (ce qui existe déjà aujourd'hui, mais d'une façon imparfaite).
Et, ENFIN, de dire merde une fois pour toutes à ce système de sociétés PRIVÉES à qui la loi confie un monopole intolérable sur la perception des droits dits "d'auteur", des aides à la création, des redevances audiovisuelles/copie privée etc.
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La guerre, c'est la paix.
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- Pirate
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- Inscription : mar. 29 sept. 2009, 14:45
Re: Les auteurs morts rapportent autant que les vivants
C'est l'idée de portail étatique de téléchargement qui m'a fait sursauter, d'autant que c'est une des propositions du Parti de Gauche (qui a un programme plutôt correct sur le numérique, à l'exception de quelques failles comme l'idée d'un portail public de téléchargement).
Plusieurs questions de posent?: pourquoi laisser l'État gérer ça alors qu'on fait déjà bien mieux nous-mêmes avec les réseaux P2P?? Comment un tel portail et sa bureaucratie inévitable pourraient-ils rivaliser avec la diversité des réseaux P2P et la facilité d'ajout de fichiers qui plaisent au public par tout un chacun?? Pour une fois qu'on a de l'autogestion qui marche et qui est bien plus performant que ne le serait un quelconque portail public hypothétique, pourquoi voudrait-on s'en priver pour avoir moins bien et plus cher?? Bref, cette idée de portail public me paraît vraiment mauvaise. Il suffirait juste d'arrêter les conneries avec des lois comme DADVSI et HADOPI qui essayent de criminaliser le partage et de ficher la paix aux gens. En tout cas, non, Deezer n'est pas un modèle à suivre. AMHA, c'est du côté d'eMule, Dogmazic, VODO qu'il faudrait explorer.
Peut-être que ceux qui ont proposé un portail public ont voulu afficher un aspect alles in ordnung avec en prime une certaine traçabilité. Le hic, c'est qu'il est relativement facile de faire des études statistiques pour savoir ce qui s'échange le plus sur les réseaux P2P, y compris ceux qui sont entièrement décentralisés (les majors font de telles études depuis des années pour prendre le pouls de ce qui marche). Les risques de tricheries existent, des ébauches de contre-mesures avec des analyses statistiques aussi (les robots de TMG/Hadopi sont détectés avec leurs spam de requêtes, ainsi que les autres pairs hostiles qui se font rajouter dans des listes noires).
La meilleure solution aurait été le mécénat global, qui permet de squeezer les intermédiaires, d'équilibrer la distribution des sommes et qui donne en prime aux utilisateurs la possibilité d'attribuer une certaine partie de ce qu'ils payent eux-mêmes. Forcément, ça dégage beaucoup d'intermédiaires devenus inutiles du tableau et ceux-ci ont tout fait pour étouffer la chose (il suffit de voir comment Hollande change d'avis sur la question sous la pression). Mais ça aurait pu marcher, surtout que quand on voit ce qu'un artiste touche sur la vente d'un CD, des sommes modiques auraient suffi à faire bien mieux que le système actuel.
Reste le don direct. Aujourd'hui, c'est difficile ou compliqué à faire sans passer par Paypal ou Flattr, et encore (j'attends toujours la réponse à un mail que j'avais eu l'outrecuidance d'envoyer à SciFi pour expliquer que j'avais piraté Battlestar Galactica mais que comme j'étais fan de la série, je voulais payer. Sans acheter un DVD pourri avec des DRM, juste envoyer une somme dans mes moyens. Une entreprise très capitaliste à qui tu veux envoyer des ronds et qui n'en veut pas, j'en suis encore tout ému). Peut-être que le développement de Bitcoin permettra d'envoyer directement les dons sans passer par des intermédiaires.
En attendant, les véritables pigeons dans cette affaire sont les artistes. J'ai l'impression qu'ils n'ont pas vraiment su comment gérer des changements et que dans l'ensemble, ils sont restés fidèles aux majors. Donc il y a toujours soit les anciens intermédiaires, soit des nouveaux (Apple, Amazon, Spotify), mais tous prélèvent leur dîme conséquent au passage, en gratifiant leur matière première du titre de «?créateur?» pour qu'ils continuent d'accepter à être payé au lance pierre.
On a merdé quelque part. On avait enfin de quoi squeezer les intermédiaires et faire le choses nous-mêmes, public et artistes. Peut-être que le schémas de pensée mettent plus longtemps que les solutions techniques à émerger, peut-être que l'amalgame savamment entretenu entre partage et vol a freiné les choses. Je me souviens d'un musicos de sont état qui était ravi de me montrer sa fiche d'inscription à la SACEM, pour lui, ça devenait enfin officiel. Ou d'une connaissance qui s'est tortillée avant de mettre sa clef USB sur mon PC pour me faire écouter ses compos, tant il était paniqué à l'idée que je fasse une copie, que ça se répande comme une traînée de poudre sur Internet et qu'il perde plein d'argent qu'il n'allait de toute façon pas gagner avec la SACEM...
Plusieurs questions de posent?: pourquoi laisser l'État gérer ça alors qu'on fait déjà bien mieux nous-mêmes avec les réseaux P2P?? Comment un tel portail et sa bureaucratie inévitable pourraient-ils rivaliser avec la diversité des réseaux P2P et la facilité d'ajout de fichiers qui plaisent au public par tout un chacun?? Pour une fois qu'on a de l'autogestion qui marche et qui est bien plus performant que ne le serait un quelconque portail public hypothétique, pourquoi voudrait-on s'en priver pour avoir moins bien et plus cher?? Bref, cette idée de portail public me paraît vraiment mauvaise. Il suffirait juste d'arrêter les conneries avec des lois comme DADVSI et HADOPI qui essayent de criminaliser le partage et de ficher la paix aux gens. En tout cas, non, Deezer n'est pas un modèle à suivre. AMHA, c'est du côté d'eMule, Dogmazic, VODO qu'il faudrait explorer.
Peut-être que ceux qui ont proposé un portail public ont voulu afficher un aspect alles in ordnung avec en prime une certaine traçabilité. Le hic, c'est qu'il est relativement facile de faire des études statistiques pour savoir ce qui s'échange le plus sur les réseaux P2P, y compris ceux qui sont entièrement décentralisés (les majors font de telles études depuis des années pour prendre le pouls de ce qui marche). Les risques de tricheries existent, des ébauches de contre-mesures avec des analyses statistiques aussi (les robots de TMG/Hadopi sont détectés avec leurs spam de requêtes, ainsi que les autres pairs hostiles qui se font rajouter dans des listes noires).
La meilleure solution aurait été le mécénat global, qui permet de squeezer les intermédiaires, d'équilibrer la distribution des sommes et qui donne en prime aux utilisateurs la possibilité d'attribuer une certaine partie de ce qu'ils payent eux-mêmes. Forcément, ça dégage beaucoup d'intermédiaires devenus inutiles du tableau et ceux-ci ont tout fait pour étouffer la chose (il suffit de voir comment Hollande change d'avis sur la question sous la pression). Mais ça aurait pu marcher, surtout que quand on voit ce qu'un artiste touche sur la vente d'un CD, des sommes modiques auraient suffi à faire bien mieux que le système actuel.
Reste le don direct. Aujourd'hui, c'est difficile ou compliqué à faire sans passer par Paypal ou Flattr, et encore (j'attends toujours la réponse à un mail que j'avais eu l'outrecuidance d'envoyer à SciFi pour expliquer que j'avais piraté Battlestar Galactica mais que comme j'étais fan de la série, je voulais payer. Sans acheter un DVD pourri avec des DRM, juste envoyer une somme dans mes moyens. Une entreprise très capitaliste à qui tu veux envoyer des ronds et qui n'en veut pas, j'en suis encore tout ému). Peut-être que le développement de Bitcoin permettra d'envoyer directement les dons sans passer par des intermédiaires.
En attendant, les véritables pigeons dans cette affaire sont les artistes. J'ai l'impression qu'ils n'ont pas vraiment su comment gérer des changements et que dans l'ensemble, ils sont restés fidèles aux majors. Donc il y a toujours soit les anciens intermédiaires, soit des nouveaux (Apple, Amazon, Spotify), mais tous prélèvent leur dîme conséquent au passage, en gratifiant leur matière première du titre de «?créateur?» pour qu'ils continuent d'accepter à être payé au lance pierre.
On a merdé quelque part. On avait enfin de quoi squeezer les intermédiaires et faire le choses nous-mêmes, public et artistes. Peut-être que le schémas de pensée mettent plus longtemps que les solutions techniques à émerger, peut-être que l'amalgame savamment entretenu entre partage et vol a freiné les choses. Je me souviens d'un musicos de sont état qui était ravi de me montrer sa fiche d'inscription à la SACEM, pour lui, ça devenait enfin officiel. Ou d'une connaissance qui s'est tortillée avant de mettre sa clef USB sur mon PC pour me faire écouter ses compos, tant il était paniqué à l'idée que je fasse une copie, que ça se répande comme une traînée de poudre sur Internet et qu'il perde plein d'argent qu'il n'allait de toute façon pas gagner avec la SACEM...
Delenda est Hadopi
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Re: Les auteurs morts rapportent autant que les vivants
Je viens de pondre ceci sur G+
Vos avis.
Vos avis.
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Y aurait il un plan global derrière ceci ? De mon point de vue, tout s'enchaine.
Please commentez et dites moi ce que vous en pensez.
- 01/04/2012 : Hausse de la TVA entre autre sur les livres.
-> perte financière des libraires , des éditeurs, des auteurs et des consommateurs
- Mars 2012 : M. Alleaume ( labs.hadopi) (http://labs.hadopi.fr/expert/christophe-alleaume ) Dénonce à tour de bras l'exception de conservation pour les bibliothèques.
-> si il arrive à ses fins, les bibliothèques vont devoir passer à la caisse, celle prévue par la loi du 21/02 ! Et les sous sous dans la popoche de qui ? Des créateurs ? Justement non !
- 21/02/2012 : Loi sur l'exploitation numérique des livres indisponibles (http://www.assemblee-nationale.fr/13/ta/ta0865.asp)
-> On offre aux éditeurs une entrée d'argent au détriment des auteurs et des consommateurs.
Si en plus on associe le concept de longue traîne (http://fr.wikipedia.org/wiki/Longue_tra%C3%AEne) je pense qu'on a trouvé un moyen de :
- filer une rente aux éditeurs qui va allègrement
- combler leur manque à gagner lié à la hausse de la TVA,
- court-circuiter en partie les créateurs (auteurs, traducteurs, illustrateurs ...) ,
- financer rapidement le coût de la numérisation (si les bibliothèque se voient contraintes à acheter les versions numériques voir plus si elle doivent s'arroger d'un droit pour la consultation sur place!)...
bref une fois de plus ceux qui servent de prétexte (les créateurs ) ne vont pas en profiter, et les derniers maillons de la chaine vont être les seuls à passer à la caisse ( libraires et consommateurs).
Suite à la campagne des législatives j'ouvre deux blogs un autour de mon activité politique : http://e-ducray et un blog d'info : http://pareisque.info
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