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Publié : lun. 22 oct. 2007, 18:28
par pers
Salut à tous,

Le mouvement dit "répétitif" s'est d'abord défini comme "minimaliste". Minimalisme Russe et d'europe de l'est, je pense notamment à Gorecki
http://fr.wikipedia.org/wiki/Henryk_G%C3%B3recki
qui a fait scandale avec sa troisième symphonie dans un monde où régnait encore la pensée hypersérielle-ultra-intello
http://www.arte.tv/fr/art-musique/selec ... 66576.html
(oui bon, c'est du rm de merde, vive arte, mais Altinoglu est un copain)
...avant de se rendre compte que bon camarade, l'impérialisme américain c'est peut-être pas si mal au fond, et de se faire des hmmm en or grâce à des remix d'excellent goût...
http://www.youtube.com/watch?v=ZtIeH_J-SiI

Je peux aussi mentionner Rabinovitch, Alexandre http://www.alexandrerabinovitch.com/ qui lui n'a même pas cherché à faire semblant de ne pas faire de la merde. C'est très plaisant à écouter au demeurant.


Mais c'est aux Etats-Unis que le minimalisme va prendre son essor. D'abord conçu comme une forme extrême et expérimentale,
http://www.stevereich.com/multimedia/cl ... dProg.html
...il va connaître un destin parallèle à celui du Pop Art.

Le principe de base est simple : une section "minimale" (pattern) est répétée par un instrumentiste en boucle (loop), pendant qu'une autre voie apparaît, sur la même section, mais en se déclalant légérement à chaque répétition (iteration). Sur la page suivante, vous pouvez écouter (quicktime needed, fuck off) plusieurs versions de Vermont Counterpoint :
http://www.music.mcgill.ca/~brouse/vermont/
dans la première c'est une instrumentiste réelle qui va se décaler par rapport à un enregistrement (fort intéressant), dans la suivante, il s'agit uniquement d'instrumentistes réels. (proverbe musicien : on ne dit pas "arythmie", on dit "flûte")

La musique n'est plus conçue comme une mélodie ou une succession d'harmonies, mais comme une TRAME, une simple structure sonore mouvante. Pour tout ceux qui voudraient s'égosiller en criant au génie ou au foutage de gueule, je me permets de rappeler que ce concept est employé dans les musiques orientales. Mais pour tous ceux (parfois les mêmes) qui voudraient s'exciter sur le thème c'est-merveilleux-ce-retour-à l'exotisme, je me permets de rappeler que ce concept se trouve ÉGALEMENT
-chez Vivaldi
-chez Bach
-chez Stravinsky
-chez Francis poulenc
-liste à compléter.

J'illustrerai mon propos avec cet extrait de Eight Lines :
http://www.londonstevereichensemble.com
ou bien, pour les chieurs qui n'ont pas Flash (cpcpl) l'oeuvre majeure Music for 18 musicians :
http://www.stevereich.com/multimedia/M18M_1976.mp3

Ce qui est intéressant, c'est que c'est ainsi la question du sens qui se trouve posée. Qu'est-ce qui fait sens dans une musique ? une mélodie, une harmonie ? Non. La répétition, et la pulsation (voir ci-dessous), seules font sens. À la limite, vous pouvez répétez pin-pon pendant une demie-heure, vous verrez qu'au bout d'un moment, ça vous semblera la musique la plus riche du monde.

(phénomène amusant qui seul explique l'existence de Jean-Michel Jarre)

Comme les moins conchiliformes d'entre vous l'auront noté (proverbe au passage : ne pas confondre le chili con carne avec le carnet conchilie), l'ensemble des pièces que j'ai mentionnées jusqu'ici est dû au compositeur Steve Reich. C'est qu'il est (à mes yeux) le fondateur de ce mouvement, qui dès les années 70 va cesser (pas officiellement mais de facto) d'être minimaliste pour ne plus se caractériser que par son côté répétitif.

En effet, la dimension d'apesanteur qu'il pouvait y avoir, par exemple, dans Pendulum Music (une pièce pour 3 ou 4 microphones pendus à un portant, se balancant et créant des sons aléatoirement)
http://en.wikipedia.org/wiki/Pendulum_Music
...se dissipe peu à peu, au profit d'un langage beaucoup plus traditionnel (reposant sur des harmonies tonales), et du concept de trame ne subsiste que la PULSATION, constante et inaltérable.

Steve Reich se tourne alors vers d'autres notions, inspiré notamment par l'école ÉLÉCTROACOUSTIQUE française
http://fr.wikipedia.org/wiki/Musique_%C ... acoustique
mais aussi par la techno naissante.

Dans Different Trains, il recueille des témoignages audio de survivants de la seconde guerre mondiale, sample les bruits de voix, les mélange avec des bruits de trains de l'époque, et de la musique réelle jouée par un quatuor à cordes
http://contreinfo.info/rubrique.php3?id_rubrique=47
ceux qui voudraient s'exciter sur le thème "roooh, c'est merveilleux, ce compositeur juif qui part à la recherche de ses racines, et qui dénonce l'inhumanité de la guerre" peuvent s'arrêter sur le champ.
Steve Reich EST en effet juif, et il en joue fréquemment. Mais les témoignages en question sont (si je me souviens bien) extrêmement neutres et fragmentaires, des bribes du genre "from chicago to new york" ou "and the war was over" "are you sure ?", j'ai connu plus poignant. Les bruits de trains et de sirènes, on leur fait dire ce que l'on veut, ça fait évidemment signe vers la déportation etc, mais en est-il vraiment question ? non.

(ceux qui veulent une oeuvre réellement engagée peuvent se tourner vers http://fr.wikipedia.org/wiki/War_Requiem , ça leur fera du bien).

Les trois noms à retenir sont Steve Reich, le père fondateur, Philip Glass, le suiveur, et John Adams, l'enfant prodige.

De Philip Glass, pas grand chose à dire. Sa principale contribution, à part l'opéra Einstein on the Beach pour son titre (la musique est plutôt chiante)
http://nicolas.sceaux.free.fr/einstein/
est d'avoir montré que la musique répétitive, en tant que creuset vide de sens, pouvait convenir à merveille pour accueillir d'autre signifiants... en particulier la musique de film !

Ainsi, le (trop) célèbre doladoladoladoladoladoladoladolado de Façades, de Philip Glass, a-t-il été employé dans maintes productions hollywoodiennes (The Hours, ou plus récemment the Illusionist)
http://www.last.fm/music/Philip+Glass/_/Facades
Il a même créé une société, the Looking Glass, rien que pour l'exploitation de cette musique (ou la création de nouvelles musiques novatrices, telles que falafalafalafalafalafalafala )


John Adams est plus jeune que les précédents, de dix ans. Il a très vite compris les écueils du minimalisme (c'est-à-dire sa propsension à ne pas rapporter des millions de dollars), et a su en tirer les conséquences. Il est aujourd'hui le compositeur vivant le PLUS joué au monde.

Je mentionnerai son opéra Nixon in China, qui est quand même vachement cool, et en particulier l'extrait symphonique qu'il en a tiré sous le nom The Chairman Dances, foxtrot for orchestra. (imaginez Nixon dansant le foxtrot avec Mao, c'est quand même largement aussi tartignolle qu'Einstein en maillot de bain bleu à la Grande motte).

Les Fanfares et les HarmonieLehre sont sympa aussi. En gros, pour faire du John Adams symphonique, lancez une pulsation scandée par ce que vous voulez (le woodblock fait très bien l'affaire), puis répétez un accord parfait (les accords de septième mineure sont bons aussi), auquel vous rajouterez une quinte, une tierce, ce que vous voulez. Concevez votre partition comme un séquenceur et imaginez-vous comme le petit gamin qui découvre GarageBand ou Cubase (ou RoseGarden sous nunux). C'est ce que j'appelle du matt painting musical.

Le dernier disque de John Adams, Naïve and Sentimental Music, vaut le détour.

Je vous mets pas de liens, pas (seulement) parce que j'ai la flemme, mais parce qu'il vous suffit d'aller au cinéma pour entendre du pseudo-Adams.
Pour mémoire, la musique de Matrix en est un très bon exemple (écoutez attentivement les 4 premières minutes du vrai, puis les 30 premières secondes de cette bouse nommée Reloaded, la superposition d'accords sur la montée de violoncelles est typique). Spiderman, vaguement aussi, en plus grossier (tiens, encore des violoncelles en double-croches).
Un autre exemple m'a été suggéré par Éric Tanguy lui-même, au moment ou est sorti l'excellent film Catch me if you can, de Spielberg (qui, quoi qu'on en dise, sait quand même parfois faire encore de bons films). Cette idée m'était venue, en effet : le motif initial à deux clarinettes la re la re - sol sib sol sib pourrait même être vu comme une allusion directe, Adams étant lui-même clarinettiste.

Bon. pourquoi pas. John Williams n'a plus vraiment besoin de pomper qui que ce soit aujourd'hui. Il s'autopompe, et ça suffit. (au passage, je suis tombé l'autre jour dans le RER direction Boissy sur un orchestrateur de John Williams, qui m'a assuré que quelque part dans la musique du (daubique) film Intelligence Artificielle, on trouve des bribes de musique sérielle. 10 cacahuètes à qui les trouvera.)

John Adams, en tout cas préfigure la nouvelle génération répétitive américaine. Des gens comme zut-c'est-quoi-son-nom, et puis flûte-je repensais-à-lui-l'autre-jour, bref, des inconnus. Pour les vraiment fans, vous pouvez vous faire les dents sur Terry Riley, Michael Nyman ou Robert Davidson.

Ce dernier gagne à être connu. Il y a notamment une pièce faite sur le modèle de Different Trains, sauf que contrairement à Steve Reich, les voix ne sont pas samplées, mais préservées dans leur intégralité, et tout l'accompagnement musical se cale sur la ligne mélodique de la vois parlée. C'est fort bien fait, et de plus c'est à ma connaissance la seule pièce qui parle de malbouffe à ce jour, puisqu'elle est construite sur des interviews de militants anti-macdo, et des responsables du groupe.

Tiens, en parlant de Robert Davidson, savez-vous qu'il est également bassiste ? Il a un petit orchestre, rien qu'à lui, fort intéressant,... qui a notamment publié tout un album sur Jamendo. Vous y trouverez la pièce que je viens d'évoquer, plus quelques extraits de Glass et d'Adams.

En voilà un gars bien !
http://www.jamendo.com/fr/artist/topology/
http://www.topologymusic.com/

Publié : lun. 22 oct. 2007, 20:43
par floyd
pers a écrit :(phénomène amusant qui seul explique l'existence de Jean-Michel Jarre)

et moi qui croyait que c'était les effets spéciaux qui expliquait son existence !!!!

Publié : mar. 23 oct. 2007, 19:48
par floyd
Du punk répétitif Fa5La5Fa5La5 il y a même peut-être un accord de trop

Publié : jeu. 29 nov. 2007, 18:15
par floyd
C'est de l'exhumation de posts ça.

Publié : ven. 30 nov. 2007, 10:14
par pers
ces initiales ça me fait penser aux JMJ de la jeunesse , la chanson des wriggles sur mes grands copains les cathos... :)

Publié : ven. 30 nov. 2007, 10:55
par patatozor
nathalie mon amour des jmj???

si c'est la même c'est une chanson des fatals picards écrit par olaf delaf

Publié : ven. 30 nov. 2007, 11:59
par pers
Non, je pensais à une chanson de chanson plus bifluorée (désolé de la confusion). "Jésus viendra pour les vacances", très drôle.

Publié : ven. 30 nov. 2007, 17:50
par floyd
La nuit dernière dans tracks (arte), il était question de Terry Riley justement. Définit comme le père du mouvement répétitif dans les années 60. Mouvement répétitif à l'origine de la techno et autres ......
Il a l'air un peu (beaucoup) accro à la défonce, mais néanmoins sympathique.

Publié : sam. 01 déc. 2007, 22:33
par pers
Le père mes couilles, oui. Tout ça pour rendre leur reportage plus intéressant...