maxipetard a écrit :« La chose publique, comme nous l'appelons, est la chose du peuple. Toute réunion d'hommes assemblés au hasard n'est pas un peuple. Mais seulement une société formée sous la sauvegarde des lois et dans un but d'utilité commune. Ce qui pousse surtout les hommes à se réunir, c'est moins leur faiblesse que le besoin inné de se trouver dans la société de leurs semblables. L'homme n'est pas fait pour vivre isolé, errant dans la solitude ; mais sa nature le porte, lors même qu'il serait dans l'abondance de tous les biens (à s'unir à tous les autres hommes)…Qu'est-ce que la chose publique, si ce n'est la chose du peuple ? c'est donc la chose commune, la chose de la cité. Mais qu'est-ce que la cité, si ce n'est une multitude d'hommes réunie dans un certain lien de concorde ? Aussi lit-on chez les politiques romains : « Une multitude d'hommes errants et dispersés à peine unie par la concorde, devint une cité ».CICÉRON, DE Rep. I, XXV, 39 (= Aug., Ep., 138, 10),
Le peuple est une invention récente,au plus tôt politiquement existant depuis la Révolution Française,il n'existe pas dans l'antiquité,où seuls les citoyens,les homïoÏ,les "égaux" participent à la vie de la cité. Femmes,esclaves,périéques et métèques (citoyens d'autres cités) en sont exclus. Le corps civique représente à peine 10% de la population,le racisme prégnant. Il convient de manier avec des pincettes les références à la démocratie et au peuple dans ce cadre.
Senatus Populusque Romanus. Le célèbre SPQR fait explicitement référence au peuple, référence reprise par la Révolution Française qui y a ajouté l'idée d’État-Nation qui correspond aux besoins de la bourgeoisie, alors que durant le Moyen Âge, le lien social principal était celui d'appartenance à un suzerain et celui de religion (qui correspondaient aux besoins de l'aristocratie). Par ailleurs, les métèques et périèques actuels, autrement dit les titulaires d'une carte de résident ne peuvent pas non plus participer à la vie politique de la cité. Au sujet du racisme, il est à craindre que les progrès soient restés limités (voir l'actualité). Quant aux esclaves, c'est un sujet intéressant qu'on a beaucoup de mal à manier à l'époque tant certains concepts moraux on changé. On ne se rend peut-être pas assez compte que non seulement l'esclavage était universel mais que c'est précisément ça qui a permis la naissance de la démocratie (les moyens de production étant ce qu'ils étaient, il fallait surexploiter une large couche de la population afin de créer suffisamment de richesses pour une organisation sociale complexe, c'était soi ça, soit une société de chasseurs-cueilleurs). Heureusement, aujourd'hui c'est le salariat qui prédomine et permet la création suffisante de richesse pour permettre une organisation sociale complexe sans avoir à recourir à la violence de l'esclavage à grande échelle (donc, non, je ne suis pas esclavagiste hein, sauf s'il y a moyen de moyenner pour Megan Fox). Quant aux femmes, vu que ces gourdes ont voté en majorité pour Sarkozy au premier tour, comment dire...
Plus sérieusement, je suis d'accord sur le fait qu'il faut faire un minimum attention, mais les notions de peuple et de démocratie existaient clairement durant l'antiquité. C'était un début, elles ont été améliorées depuis, mais leur origine est indiscutable, au point que la Révolution Française qui les a réutilisées a clairement cité ses sources (et que ça fait pas mal partie du folklore artistique de l'époque).
PS: Il y a déjà eu
un débat sur le sujet, sa lecture pourrait t'intéresser.
Il serait faux de croire que tous les Grecs ont apprécié le système de la démocratie. Il suffit de citer l’ouvrage de Xénophon intitulé La République des Lacédémoniens. Selon cet auteur, il est dangereux de confier au peuple la souveraineté, ce dernier est trop souvent ignorant, grossier, incapable de gouverner. Xénophon préfère que le gouvernement soit confié à un chef paré de qualités héroïques, ce qui évite l’inconvénient de voir le peuple choisir de beaux parleurs, des démagogues qui accaparent le pouvoir. Il est possible également de mentionner les reproches fondamentaux adressés à la démocratie par Platon dans Le Politique, ouvrage dans lequel il explique que le peuple ne peut faire un choix judicieux de ses dirigeants, puisqu’il ne bénéficie pas d’une connaissance suffisante du politique, c’est-à-dire de la manière de conduire les affaires de la cité.
Dans une dictature ou une monarchie absolue, des intellectuels qui défendent les intérêts de leur classe en construisant une... idéologie pour l'opposer (à peu près) pacifiquement à une autre, ce n'est pas ce qui arrive tous les jours, donc la situation que tu décris montre précisément qu'ils étaient en démocratie. Il y a d'un côté des intellectuels qui représentent la classe dominante de l'époque qui ne voit pas d'un très bon œil la démocratie, de l'autre, ceux qui défendent le point de vue d'une nouvelle classe émergente (les marchands qui se sont progressivement enrichis) qui s'engouffre dans la brèche ouverte par les réformes de Dracon et de Solon et qui trouve un intérêt objectif à s'allier avec celle d'en dessous. Par ailleurs, les désaccords dont tu as parlé se situent plutôt au début de la démocratie athénienne. A un moment donné, ça s'est emballé et il y avait un consensus très large sur la question au point que celui qui a pris la succession (et la femme) de Périclès était le tenancier d'une tannerie si mes souvenirs sont bons, il n'était pas du tout un aristochat. Qu'il ait partagé le lit de la veuve de Périclès sans que cette gent dame fasse un caca nerveux de standing social illustre que la situation avait pas mal évolué en peu de temps. Pour comparer avec notre époque, ce n'est pas comme si le président actuel était patron de bistrot et que sa femme ex-mannequin issue de la grande bourgeoisie allait lui expliquer les secrets du Botox durant son congé paternité... (quoique, pour la seconde partie de la phrase...)
Maintenant il me semble également que le PP ne doit pas s'inscrire dans une veine antiparlementariste dans sa critique de la démocratie représentative,certes amendable. il ne faudrait pas risquer une adhésion aux thèses de James Buchanan,considérer l'élu comme un "produit" ou un bien économique en concurrence avec d'autres biens (élus) sur le "marché" des électeurs qui choisissent ce qui les arrange le mieux comme on choisit un paquet de lessive. Les élus défendent leur élection,ce qui ne signifie pas népotisme et prévarication.Par ailleurs,se positionner ainsi constituerait un nouveau groupe clientéliste à satisfaire,en l'occurrence celui des membres du PP,ce qui irait à l'encontre de l'intérêt général.
C'est un débat à part entière, mais cet aspect clientéliste est quelque part un peu normal AMHA. Un parti politique s'appelle parti parce qu'il représente une partie de la population, pas son ensemble (c'est plus la prétention des dictateurs et des rois, ça). C'est du rapport de force entre différents partis qu'est censé émerger l'intérêt général. Le hic actuel, c'est que la grande majorité des partis représentent la même classe sociale et que le jeu est verrouillé. L'arrivée, dans ce foutoir, d'un parti qui met l'accent sur la démocratie directe peut en effet être très utile à l'intérêt général.
Il me semble aussi,outre les différences d'accès à l'information et la capacité à en faire l'analyse,inhérente aux différences de capital humain et social,que l'écueil principal à la démocratie liquide est simplement matériel. Qui aurait le temps de se consacrer à l'étude des questions à débattre pour pouvoir voter en connaissance de cause , Nous revenons à la démocratie athénienne,où seuls les citoyens aisés peuvent se consacrer à la politique ,l'indemnité,le misthoi,prévu pour que les pauvres le fassent étant inefficace.
Aristophane se foutait de la gueule des athéniens en les accusant d'assister à la Boulé pour toucher le triobole, alors que fut un temps, quand les hommes étaient des vrais, ça les dérangeait pas de vote le ventre vide mon bon monsieur. Je trouve exceptionnel le fait qu'un auteur connu ait pu se permettre de vanner franchement son public et que le public en question ait pu en redemander, mais le fait est qu'être bouleute, ça permettait à certains de mieux bouffer, donc ils avaient une motivation claire pour bouger leurs augustes fesses. De plus, pour mieux diluer l'importance de l'argent, les occupants de certaines fonctions étaient tirés au sort. Je ne dis pas que c'était l'âge d'or, mais le fait est que l'assemblée de l'époque était, à certaines périodes, plus représentative des citoyens que celui qu'on a aujourd'hui. Un retour à la démocratie athénienne serait quelque part plutôt un progrès sur cet aspect. Et que si les gens ont effectivement les moyens matériels de mieux s'informer et de prendre part aux décision, il reste de la marge pour améliorer les choses.