Bienvenue sur les archives forum du Parti Pirate


Le Parti Pirate refond complètement son forum et a migré vers un outil plus moderne et performant, Discourse !
Retrouvez nous ici : https://discourse.partipirate.org

[transparence] Financement des syndicats (censure)

transparence, constitution, réformes structurelles...
Avatar de l’utilisateur
Sims
Capitaine pirate
Messages : 1439
Inscription : mar. 16 oct. 2007, 18:32
Localisation : Moselle

[transparence] Financement des syndicats (censure)

Messagepar Sims » jeu. 29 déc. 2011, 16:30

Un rapport parlementaire détaillant très précisément les financements des syndicats (même patronaux) n'a finallement pas été publié par l'assemblée.
Le président de l'assemblée nationale a menacé de poursuites judiciaires quiconque divulgerais la moindre information contenue dans ce rapport. (1 ans de prison, 15.000€ d'amende)

C'est un combat pour la transparence que nous menons, signons la pétition.

http://www.droitdesavoir.net/
Les innovations sont presque toujours le fait d'explorateurs individuels ou de petits groupes, et presque jamais celui de bureaucraties importantes et hautement structurées
Harold J. Leavitt

Gilles
Messages : 12
Inscription : jeu. 16 févr. 2012, 17:07

Re: [transparence] Financement des syndicats (censure)

Messagepar Gilles » jeu. 16 févr. 2012, 23:50


Schlum
Matelot
Messages : 144
Inscription : mar. 24 janv. 2012, 20:28

Re: [transparence] Financement des syndicats (censure)

Messagepar Schlum » ven. 17 févr. 2012, 00:02

Gilles a écrit :Le rapport a fuité, il est désormais disponible sur internet :
http://www.lepoint.fr/economie/argent-des-syndicats-le-rapport-interdit-16-02-2012-1431943_28.php

Merci du lien, tout récent en plus !
Il a bien du courage ce député de s'attaquer à un tel morceau, contrairement à moi qui vais attendre demain pour me taper les 229 pages :)

Gilles
Messages : 12
Inscription : jeu. 16 févr. 2012, 17:07

Re: [transparence] Financement des syndicats (censure)

Messagepar Gilles » ven. 17 févr. 2012, 00:59

pas de quoi !
Oui c'est clair il a du courage mais tu en as aussi pour lire l'ensemble du rapport qui fait plus de 200 pages...

Avatar de l’utilisateur
Clemencee
Pirate
Messages : 306
Inscription : mer. 15 févr. 2012, 13:31

Re: [transparence] Financement des syndicats (censure)

Messagepar Clemencee » ven. 17 févr. 2012, 17:40

Si certains ou lu ou trouvé un résumé/article bien foutu, ça m'intéresse,
mais pas le courage (ni les compétences) face aux 200 pages

Schlum
Matelot
Messages : 144
Inscription : mar. 24 janv. 2012, 20:28

Re: [transparence] Financement des syndicats (censure)

Messagepar Schlum » ven. 17 févr. 2012, 19:36

Je fais une pause à 40 pages, c'est vraiment intéressant.
J'ai quelques morceaux (paragraphes plutôt) choisis qui font malheureusement 9 pages. Existe-t-il un outil sur le forum pour ne pas tout afficher d'un coup afin de ne pas bousiller la mise en page ? Du style un petit bouton "déployer / afficher le pavé" ?

En gros :
- on doit ce rapport à une nouvelle loi de 2008
- ils ont essayé d'utiliser les outils comptables sur quelque chose qui ne s'y prête pas vraiment
- les petits syndicats n'ont pas forcément des trésoriers assez formés
- les commissaires aux comptes coûtent un bras
- peu de confédérations ont une vision précise de leurs composantes, puisque pas vraiment de hiérarchie, plutôt une relation de franchisé / détenteur de franchise
- beaucoup d'autonomies donc et foisonnement des initiatives de terrain
Pour ce qui concerne les syndicats de salariés, le journaliste Erwan Seznec porte, dans son ouvrage « Syndicats, grands discours et petites combines », ce constat, certes critique mais assez véridique : « Les confédérations CGT, CFDT, FO, CFTC ou CGC sont des organisations épouvantablement complexes et quasiment ingérables. Chacune coiffe une myriade de fédérations, de syndicats, et d’unions départementales ou régionales. Les relations de pouvoir qui les lient sont à peu près aussi simples à résumer que les liens de féodalité dans l’Europe occidentale du XIIe siècle » (2).
(j'aime beaucoup la comparaison :lol: )
- Peu de responsables des grandes confédérations ont été en mesure d’indiquer avec exactitude combien de syndicats professionnels, d’unions départementales ou régionales et de fédérations leur sont affiliés.
Ce faisant, la situation des syndicats professionnels est très différente de celles de filiales d’un groupe de sociétés, dans la mesure où aucun mécanisme de subordination à l’union, à la fédération ou même à la confédération n’est prévu alors que les articles L. 233-3 et L. 233-16 du code de commerce reconnaissent les cas dans lesquelles une société dotée de la personnalité morale est contrôlée ou influencée par une autre société et prescrivent, en conséquence, l’établissement de comptes consolidés à l’échelle du groupe. Comme le souligne cet extrait d’une étude publiée par l’Institut supérieur du travail, en 2005 : « depuis quelques dizaines d’années, par paresse, par ignorance aussi, on a pris l’habitude de désigner les confédérations sous le nom de syndicat et cela jusque dans les journaux syndicaux. (…) Ce glissement de sens n’est pas innocent. Il conduit à considérer les confédérations comme des organisations très centralisées, très
homogènes, dans lesquelles les syndicats ne seraient plus que les sections d’une organisation centrale, leurs organes d’exécution sur le plan local ou professionnel. Conception contraire à l’esprit du mouvement syndical lui-même, dont l’esprit original est fédéraliste et qui reconnaît aux syndicats proprement dits une totale autonomie, du moins sur le plan juridique. Ce ne sont pas, en droit, les confédérations qui forment les syndicats et leur confèrent leur existence légale. Ce sont les syndicats, personnes morales à part entière, qui, par leur alliance volontaire, constituent la Confédération »

- Pressions pour adhérer à un syndicat pour obtenir un prêt, agrandir son exploitation, obtenir des conseils juridiques, être mieux vu des commissions départementales (qui permet d'obtenir des aides, sous forme de prêts bonifiés européens dans le cas d'une agricultrice).
- Le montant des cotisations dépend moins du nombre d'employeurs adhérents ou représentés que du poids financier de leur secteur (banques et assurances ont évidemment plus de sioux)
- Dans le cas des agriculteurs, certains mécanismes de cotisations obligatoires indirectes entretiennent la position de force des syndicats dominants.
- Certaines cotisations se fixent à la "tête du client"
Pour preuve, les propos ci-après tenus par le trésorier et le président de la CGPME, lors de leur audition le 12 octobre 2011 : « M. Jean-Louis Jamet. Les formules sont diverses : ou bien le montant est décidé à la tête du client ou bien il repose sur des critères objectifs, comme le nombre de permanents ou d’adhérents…

- Il y a une politique tarifaire destinée à attirer des adhérents
- A la différence de l'adhésion à un syndicat de salariés, l'adhésion à une organisation représentative d'entreprise ou professionnelle n'est pas exclusive, par le jeu, notamment, de l'affiliation des fédérations de branches. Ex : Fédération française du bâtiment, 57k pro, à la fois adhérente du MEDEF et de la CGPME. Ce qui biaise l'audience dont les organisations d'employeurs se revendiquent.
- Des entreprises se retrouvent adhérentes d'organisations fédérales ou confédérales sans avoir donné leur consentement, parfois même sans le savoir.
Comme l’a résumé le professeur Michel Offerlé, lors de son audition le 14 septembre 2011 : « l’adhésion d’un salarié à une organisation syndicale est volontaire et se matérialise en général par une carte. Au contraire, un chef d’entreprise peut ignorer qu’il est adhérent du MEDEF, de l’UPA ou de la CGPME : l’organisation à laquelle il aura adhéré, c’est la fédération patronale de son secteur d’activité – la Fédération française du bâtiment, par exemple – voire la section locale de cette fédération ». Et l’intéressé de poursuivre : « Les multi-adhésions rendent très difficile la fourniture de chiffres d’adhérents. Ainsi, l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), partie prenante à la fois du MEDEF, de la CGPME et de l’UPA, revendique 80 000 adhérents. Mais
doit-on considérer que ces adhérents le sont tous à la fois de chacune de ces confédérations, ou répartir leur effectif entre elles ? Pour moi, le nombre d’adhérents du MEDEF et de la CGPME devrait être divisé de moitié par rapport aux chiffres qu’ils annoncent ; alors que le MEDEF revendique 750 000 adhérents, le nombre de ceux-ci est sans doute plutôt, au maximum, de 300 000 ; le redressement des effectifs annoncés par l’UPA devrait sans doute être moindre ».


La vérité se situe vraisemblablement à mi-chemin entre les chiffres officiels des adhérents et ceux avancés par le professeur Michel Offerlé. Une chose est certaine, cependant : tant que les adhésions multiples resteront permises, il ne sera pas possible de parvenir à des statistiques plus exactes. Au regard de l’enjeu que constitue la représentativité des organisations d’employeurs et professionnelles, l’on ne peut se satisfaire d’une telle situation.

- voir page 40 du rapport « Revenus financiers et patrimoniaux des principales organisations d’employeurs et professionnelles françaises, en 2010 »
Quelques exemples de part des produits financiers dans les ressources :
UIMM : 62,8%
FIM : 39,8%
(le reste est en-dessous de 5%, le Medef à 0,8%)
- Problème de la légitimité de la contribution publique, via les fonds du paritarisme, au fonctionnement d'entités aux moyens plus que suffisants
- Publications parfois payantes pour adhérents, avec publicités rémunérées. Pour certaines organisations, abonnement + pubs représentent 20% des ressources. (ça se chiffre évidemment en millions d'euros)
- Cotisation = fourniture de service (conseil juridique, assistance pour formalités administratives, etc. Résultat, ils ont diversifié leur offre de service afin d'engendrer des recettes supplémentaires. Il y a donc différent forfaits, permettant l'accès à différents services.
Dans le cas du CERF, le président Hervé Lambel a notamment indiqué à la commission d’enquête que « la cotisation de base est de trente euros, montant pour lequel nous ne pouvons naturellement pas fournir de services, exception faite de notre travail quotidien pour faire connaître nos positions et nos propositions.
Une seconde cotisation, d’un montant de 200 euros, ouvre droit à un service d’informations juridiques et à la garantie sociale du chef d’entreprise (GSC). Cette assurance chômage volontaire répond non seulement à une difficulté, mais elle permet aussi de fidéliser les adhérents – tous ne sont pas des militants soutenant les organisations grâce auxquelles ils bénéficient de la GSC. Comme
notre droit à proposer ce service a été contesté, nous avons développé un nouveau produit, aujourd’hui offert sur une partie du territoire, qui permet d’obtenir un équivalent pour un coût un peu réduit ».

- Pour certaines organisations, ces services peuvent représenter jusqu'à 76% des produits d'exploitation

Bref, c'est ingérable, ils se font des sioux et fonctionnent parfois comme des petites mafias.
Je lirai la suite demain :lol:

Avatar de l’utilisateur
Vodkoff
Matelot
Messages : 78
Inscription : dim. 22 janv. 2012, 17:15
Localisation : Nantes

Re: [transparence] Financement des syndicats (censure)

Messagepar Vodkoff » sam. 18 févr. 2012, 20:50

En tant que délégué du personnel au nom d'un syndicat assez connu (mais pas number one), je suis très curieux d'avoir un résumé sur ce rapport.
J'ai longtemps suspecté ce genre de pratique... donc ce rapport ne m'étonne pas!

Merci à Schlum qui a commencé de décortiquer ce rapport pour nous. :wink:

Schlum
Matelot
Messages : 144
Inscription : mar. 24 janv. 2012, 20:28

Re: [transparence] Financement des syndicats (censure)

Messagepar Schlum » lun. 20 févr. 2012, 00:37

Et c'est reparti pour un tour ! Yeaaaaaaaah :| (ne cachez pas votre enthousiasme ! :mrgreen: )
On peut regrouper sous l’appellation de « financements du paritarisme » un certain nombre de ressources qui ont en commun d’être partagées, le plus souvent à parité, entre organisations d’employeurs et de salariés. Cette caractéristique même conduit à ne pas les considérer comme des « ressources propres » de chaque organisation. Effectivement, les comptes présentés par la plupart des organisations placent les financements dits du paritarisme dans leur rubrique « subventions ». Cette option rend compte d’une autre caractéristique de ces financements : ils existent parce que la puissance publique le veut bien, certains étant la contrepartie de missions d’intérêt général confiées aux organisations d’employeurs et de salariés, et tous, en tout état de cause, étant permis par des prélèvements obligatoires prévus par la loi ou du moins agréés (« étendus » pour être plus précis) par le Gouvernement.


Ces ressources sont de deux natures différentes. Il convient de distinguer :

– le produit des cotisations obligatoires spécifiquement établies, dans des branches ou des secteurs, au motif de financer le développement du dialogue social ou de la négociation collective, produit partagé à parité entre organisations d’employeurs et de salariés.

– les défraiements et rémunérations, souvent appelés « préciputs », que les organisations d’employeurs et de salariés reçoivent au titre de leur participation à la gestion d’un certain nombre d’organismes, généralement qualifiés de « paritaires » et financés le plus souvent par des cotisations obligatoires sur les salaires ;
Y contribuent : Agence Centrale des Organismes de Sécurité Sociale (ACOSS), Caisse Nationale des Allocations familiales (CNAF) / l'Assurance Maladie des travailleurs salariés (CNAM) / d'Assurance Vieillesse des travailleurs salariés (CNAV), ARRCO, AGIRC.


S’agissant du régime général de la sécurité sociale, les administrateurs des organismes sont désignés, certains l’étant par les organisations d’employeurs et de salariés. Le code de la sécurité sociale définit la composition des différents conseils d’administration ; en particulier, ses articles R. 211-1, D. 231-2 et D. 231-3 fixent précisément le nombre de mandats attribués à chaque organisation.


Si je comprends bien, ce sont les organisations d'employeurs et de salariés qui désignent (50-50) les 2/3 des administrateurs des organismes du régime général de la sécurité sociale (dont ils reçoivent des « subventions »). C'est à la page 45 du rapport.

Le code de la sécurité sociale pose le principe de la gratuité des fonctions d’administrateur de caisse : selon son article L. 231-12, « les organismes de sécurité sociale ne peuvent, en aucun cas, allouer un traitement à leurs membres du conseil ou administrateurs ».
Mais il prévoit également, au même article, le remboursement des frais de déplacement des administrateurs, ainsi qu’« aux employeurs des membres du conseil ou administrateurs salariés, [celui des] salaires maintenus pour leur permettre d’exercer leurs fonctions pendant le temps de travail ainsi que les avantages et les charges sociales y afférents » ; de même, « les membres du conseil ou administrateurs des organismes de sécurité sociale ayant la qualité de travailleur indépendant peuvent percevoir des indemnités pour perte de leurs gains, fixées par arrêté ministériel ». Enfin, de manière plus générale, l’article L. 121-2 du même code dispose que « les membres du conseil ou les administrateurs disposent pour l’exercice de leur fonction de tous les moyens nécessaires, notamment en matière d’information, de documentation et de secrétariat, auprès de la caisse ou de l’organisme dans le conseil ou le conseil d'administration desquels ils siègent ».


Page 47 : Tableau des frais liés aux administrateurs dans les organismes de sécurité sociale en 2010. Total : 64 millions d'euros. 24m concernent des administrateurs non syndicaux. Les 50 qui restent sont partagés à parité entre organisations d'employeurs et de salariés.

Les calculs de Schlum (jingle) :
Pour le régime général, le coût total est de 30 millions d'euros pour 244 administrateurs. 168 dépendent des organisations d'employeurs et de salariés (toujours 50-50) pour un coût d'à peu près 20 millions d'euros, soit 120 000 euros / an / administrateur.
Ces 244 administrateurs en ont pour 10 millions d'euros de déplacement par an, soit quand même 41 000 euros chacun.


On relève le poids, dans la masse de 64 millions d’euros, des « vacations », c’est-à-dire des indemnités forfaitaires susmentionnées (près de 10 millions d’euros) et des frais de déplacement (plus de 20 millions d’euros). Interrogé sur ce dernier montant lors de son audition par la commission d’enquête, M. Dominique Libault, directeur de la sécurité sociale, a reconnu que « c’est effectivement assez important », tout en soulignant une évolution positive : « la diminution du nombre de conseils et d’administrateurs entre 2008 et 2010 implique une diminution de ce poste dans les frais des caisses ».


Petit problème, frais de paritarisme du régime général (50 millions de personnes couvertes en assurance maladie et 15 millions de pensionnés ) : 30 millions d'euros.
Frais de paritarisme du régime agricole : 26 millions d'euros pour 5,6 millions de bénéficiaire.
Si on les ramène aux bénéficiaires, les frais de paritarisme sont de l’ordre de cinq euros par ressortissant du régime agricole, contre quelques dizaines de centimes dans le régime général.
Ils ne l'expliquent pas dans le rapport, d'autant plus que 11 de ces 26 millions viennent de "Autres frais", alors bon courage :mrgreen:


Le plus scandaleux :

L’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (AGEFIPH) a été créée par la loi du 10 juillet 1987 en vue de recueillir la contribution obligatoire des entreprises d’au moins vingt salariés qui ne sont pas en mesure de justifier de leur obligation d’emploi de travailleurs handicapés (1). Les fonds considérables – de l’ordre d’un demi milliard d’euros par an – ainsi collectés doivent être affectés à des mesures d’insertion professionnelle des personnes handicapées.

La gouvernance de l’AGEFIPH est quadripartite, son conseil d’administration comportant :
– cinq membres du collège « employeurs », provenant du MEDEF (trois membres), de la CGPME (un membre) et de la FNSEA (un membre) ;
– cinq membres du collège « salariés », issus de chacune des cinq centrales représentatives au plan national et interprofessionnel ;
– autant de représentants du collège formé par les associations de personnes handicapées ;
– cinq personnalités qualifiées, dont trois sont nommées par chacun des collèges susmentionnés et les deux autres par l’État.

Dans son rapport public annuel pour 2002, la Cour des comptes avait sévèrement critiqué la gestion de l’AGEFIPH, notamment sur deux points :

– la Cour avait relevé que les fonctions d’administrateur étaient exercées à titre gratuit, mais que « les organisations qui les désignent [recevaient] une subvention de l’association, censée correspondre aux frais engagés pour l’emploi d’assistants recrutés par elles, dont le rôle serait de fournir informations et analyses aux administrateurs. [C’étaient] les administrateurs eux-mêmes qui, dès 1993, [avaient] voté le principe de ces subventions (…). Dans le silence des statuts, un tel versement [était] dépourvu de base légale. Eu égard à leur justification, il n’[était], de plus, pas logique que ces subventions soient versées quelle que soit l’assiduité des administrateurs. Enfin, il n’[était] pas acceptable qu’aucune pièce justificative probante ne soit fournie par les bénéficiaires, comme ce fut le cas jusqu’en 2000 » ;

– la Cour s’était également penchée sur le financement par l’AGEFIPH d’« actions d’information et de sensibilisation du monde économique » (au handicap). Elle avait constaté que, pour ces actions, « les opérateurs [étaient], pour la plupart, les structures départementales des organisations patronales (…). Le dispositif de base [reposait] sur un chargé de mission, salarié de l’organisme patronal et doté d’un secrétariat. L’AGEFIPH [finançait] les frais de personnel correspondants ainsi que les frais de déplacement et les frais généraux. Dans la très grande majorité des dossiers examinés, (…) ces organismes ne communiquaient pas la copie des contrats de travail du chargé de mission et de ses éventuels collaborateurs, de sorte que l’AGEFIPH [finançait] une structure sans avoir la certitude que les moyens annoncés soient réellement mobilisés

(…) ».

La Cour concluait que « le fait que les opérateurs et les bénéficiaires d’une large part des financements de l’AGEFIPH soient directement représentés au conseil d’administration n’[avait], de plus, pas été de nature à stimuler une réflexion de fond sur l’évaluation de l’impact des mesures et des modalités de leur mise en oeuvre… ».

Lors de son audition par la commission d’enquête, M. Erwan Seznec, journaliste et auteur de Syndicats, grands discours et petites combines, a déclaré que certaines pratiques reprochées à l’AGEFIPH par la Cour des comptes « perdurent sans aucun doute ». Il a apporté les éléments suivants : « j’ai recueilli le témoignage de la déléguée générale de l’AGEFIPH du Nord-Pas-de-Calais,
récemment écartée de son poste pour s’être élevée contre des pratiques qui s’apparentaient au détournement de fonds au profit des organisations patronales de la région, de même que celui d’une ancienne chargée de mission de l’AGEFIPH dans les Yvelines qui, elle aussi, avait constaté que des permanents du MEDEF étaient salariés de l’association alors qu’ils ne travaillaient en rien à
l’insertion des personnes handicapées, tandis que des administrateurs représentant des syndicats de salariés bénéficiaient de défraiements très généreux sans avoir à présenter le moindre justificatif ».
À une question du rapporteur sur les méthodes utilisées pour détourner les fonds, il a répondu qu’elles étaient « rudimentaires et ne résisteraient pas à un contrôle élémentaire. Ce peut être la surfacturation, à hauteur de plusieurs dizaines de milliers d’euros, d’un rapport d’une totale vacuité qui aura été commandé à un cabinet de conseil animé par un responsable du MEDEF. Autre technique : un salarié est censé travailler à 90 % pour l’AGEFIPH et à 10 % pour le MEDEF local, qui devrait reverser à l’association la part du salaire correspondante mais ne le fait pas, et ledit salarié travaille en fait à 100 % pour le MEDEF… »

M. Pierre Blanc (Directeur général de l'association) n’a pas dissimulé à la commission d’enquête combien était délicate la mise en oeuvre de la démarche engagée (réforme du mode de fonctionnement suite aux observations de la Cours des comptes) dans un organisme où siègent en nombre les représentants des organisations d’employeurs, qui ont notamment la haute main sur la nomination du directeur général…

(en bref, tu nous laisses détourner la thune ou on te vire et on en nomme un autre)

J'arrête page 56, ça me fatigue bien vite

Avatar de l’utilisateur
raukoras
Pirate
Messages : 362
Inscription : ven. 20 janv. 2012, 12:37

Re: [transparence] Financement des syndicats (censure)

Messagepar raukoras » lun. 20 févr. 2012, 11:42

Réflexion personnelle :
j'ai toujours eu le sentiment qu'en faisant le ménage dans le fonctionnement syndical français, on arriverait à débloquer pas mal de problèmes en France.
Ce rapport apporte encore une pierre à cet édifice.

Vivement la suite :)

Ogulak
Loup de mer
Messages : 924
Inscription : jeu. 27 août 2009, 11:57

Re: [transparence] Financement des syndicats (censure)

Messagepar Ogulak » jeu. 01 mars 2012, 03:32

Le rapport est une mine d'informations malgré ses 229 pages. J'en suis qu'au début mais ça se lit bien.
"Avec deux lignes d’écriture d’un homme, on peut faire le procès du plus innocent."


Revenir vers « Démocratie »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 2 invités