Je fais une pause à 40 pages, c'est vraiment intéressant.
J'ai quelques morceaux (paragraphes plutôt) choisis qui font malheureusement 9 pages. Existe-t-il un outil sur le forum pour ne pas tout afficher d'un coup afin de ne pas bousiller la mise en page ? Du style un petit bouton "déployer / afficher le pavé" ?
En gros :
- on doit ce rapport à une nouvelle loi de 2008
- ils ont essayé d'utiliser les outils comptables sur quelque chose qui ne s'y prête pas vraiment
- les petits syndicats n'ont pas forcément des trésoriers assez formés
- les commissaires aux comptes coûtent un bras
- peu de confédérations ont une vision précise de leurs composantes, puisque pas vraiment de hiérarchie, plutôt une relation de franchisé / détenteur de franchise
- beaucoup d'autonomies donc et foisonnement des initiatives de terrain
Pour ce qui concerne les syndicats de salariés, le journaliste Erwan Seznec porte, dans son ouvrage « Syndicats, grands discours et petites combines », ce constat, certes critique mais assez véridique : « Les confédérations CGT, CFDT, FO, CFTC ou CGC sont des organisations épouvantablement complexes et quasiment ingérables. Chacune coiffe une myriade de fédérations, de syndicats, et d’unions départementales ou régionales. Les relations de pouvoir qui les lient sont à peu près aussi simples à résumer que les liens de féodalité dans l’Europe occidentale du XIIe siècle » (2).
(j'aime beaucoup la comparaison

)
- Peu de responsables des grandes confédérations ont été en mesure d’indiquer avec exactitude combien de syndicats professionnels, d’unions départementales ou régionales et de fédérations leur sont affiliés.
Ce faisant, la situation des syndicats professionnels est très différente de celles de filiales d’un groupe de sociétés, dans la mesure où aucun mécanisme de subordination à l’union, à la fédération ou même à la confédération n’est prévu alors que les articles L. 233-3 et L. 233-16 du code de commerce reconnaissent les cas dans lesquelles une société dotée de la personnalité morale est contrôlée ou influencée par une autre société et prescrivent, en conséquence, l’établissement de comptes consolidés à l’échelle du groupe. Comme le souligne cet extrait d’une étude publiée par l’Institut supérieur du travail, en 2005 : « depuis quelques dizaines d’années, par paresse, par ignorance aussi, on a pris l’habitude de désigner les confédérations sous le nom de syndicat et cela jusque dans les journaux syndicaux. (…) Ce glissement de sens n’est pas innocent. Il conduit à considérer les confédérations comme des organisations très centralisées, très
homogènes, dans lesquelles les syndicats ne seraient plus que les sections d’une organisation centrale, leurs organes d’exécution sur le plan local ou professionnel. Conception contraire à l’esprit du mouvement syndical lui-même, dont l’esprit original est fédéraliste et qui reconnaît aux syndicats proprement dits une totale autonomie, du moins sur le plan juridique. Ce ne sont pas, en droit, les confédérations qui forment les syndicats et leur confèrent leur existence légale. Ce sont les syndicats, personnes morales à part entière, qui, par leur alliance volontaire, constituent la Confédération »
- Pressions pour adhérer à un syndicat pour obtenir un prêt, agrandir son exploitation, obtenir des conseils juridiques, être mieux vu des commissions départementales (qui permet d'obtenir des aides, sous forme de prêts bonifiés européens dans le cas d'une agricultrice).
- Le montant des cotisations dépend moins du nombre d'employeurs adhérents ou représentés que du poids financier de leur secteur (banques et assurances ont évidemment plus de sioux)
- Dans le cas des agriculteurs, certains mécanismes de cotisations obligatoires indirectes entretiennent la position de force des syndicats dominants.
- Certaines cotisations se fixent à la "tête du client"
Pour preuve, les propos ci-après tenus par le trésorier et le président de la CGPME, lors de leur audition le 12 octobre 2011 : « M. Jean-Louis Jamet. Les formules sont diverses : ou bien le montant est décidé à la tête du client ou bien il repose sur des critères objectifs, comme le nombre de permanents ou d’adhérents…
- Il y a une politique tarifaire destinée à attirer des adhérents
- A la différence de l'adhésion à un syndicat de salariés, l'adhésion à une organisation représentative d'entreprise ou professionnelle n'est pas exclusive, par le jeu, notamment, de l'affiliation des fédérations de branches. Ex : Fédération française du bâtiment, 57k pro, à la fois adhérente du MEDEF et de la CGPME. Ce qui biaise l'audience dont les organisations d'employeurs se revendiquent.
- Des entreprises se retrouvent adhérentes d'organisations fédérales ou confédérales sans avoir donné leur consentement, parfois même sans le savoir.
Comme l’a résumé le professeur Michel Offerlé, lors de son audition le 14 septembre 2011 : « l’adhésion d’un salarié à une organisation syndicale est volontaire et se matérialise en général par une carte. Au contraire, un chef d’entreprise peut ignorer qu’il est adhérent du MEDEF, de l’UPA ou de la CGPME : l’organisation à laquelle il aura adhéré, c’est la fédération patronale de son secteur d’activité – la Fédération française du bâtiment, par exemple – voire la section locale de cette fédération ». Et l’intéressé de poursuivre : « Les multi-adhésions rendent très difficile la fourniture de chiffres d’adhérents. Ainsi, l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), partie prenante à la fois du MEDEF, de la CGPME et de l’UPA, revendique 80 000 adhérents. Mais
doit-on considérer que ces adhérents le sont tous à la fois de chacune de ces confédérations, ou répartir leur effectif entre elles ? Pour moi, le nombre d’adhérents du MEDEF et de la CGPME devrait être divisé de moitié par rapport aux chiffres qu’ils annoncent ; alors que le MEDEF revendique 750 000 adhérents, le nombre de ceux-ci est sans doute plutôt, au maximum, de 300 000 ; le redressement des effectifs annoncés par l’UPA devrait sans doute être moindre ».
La vérité se situe vraisemblablement à mi-chemin entre les chiffres officiels des adhérents et ceux avancés par le professeur Michel Offerlé. Une chose est certaine, cependant : tant que les adhésions multiples resteront permises, il ne sera pas possible de parvenir à des statistiques plus exactes. Au regard de l’enjeu que constitue la représentativité des organisations d’employeurs et professionnelles, l’on ne peut se satisfaire d’une telle situation.
- voir page 40 du rapport « Revenus financiers et patrimoniaux des principales organisations d’employeurs et professionnelles françaises, en 2010 »
Quelques exemples de part des produits financiers dans les ressources :
UIMM : 62,8%
FIM : 39,8%
(le reste est en-dessous de 5%, le Medef à 0,8%)
- Problème de la légitimité de la contribution publique, via les fonds du paritarisme, au fonctionnement d'entités aux moyens plus que suffisants
- Publications parfois payantes pour adhérents, avec publicités rémunérées. Pour certaines organisations, abonnement + pubs représentent 20% des ressources. (ça se chiffre évidemment en millions d'euros)
- Cotisation = fourniture de service (conseil juridique, assistance pour formalités administratives, etc. Résultat, ils ont diversifié leur offre de service afin d'engendrer des recettes supplémentaires. Il y a donc différent forfaits, permettant l'accès à différents services.
Dans le cas du CERF, le président Hervé Lambel a notamment indiqué à la commission d’enquête que « la cotisation de base est de trente euros, montant pour lequel nous ne pouvons naturellement pas fournir de services, exception faite de notre travail quotidien pour faire connaître nos positions et nos propositions.
Une seconde cotisation, d’un montant de 200 euros, ouvre droit à un service d’informations juridiques et à la garantie sociale du chef d’entreprise (GSC). Cette assurance chômage volontaire répond non seulement à une difficulté, mais elle permet aussi de fidéliser les adhérents – tous ne sont pas des militants soutenant les organisations grâce auxquelles ils bénéficient de la GSC. Comme
notre droit à proposer ce service a été contesté, nous avons développé un nouveau produit, aujourd’hui offert sur une partie du territoire, qui permet d’obtenir un équivalent pour un coût un peu réduit ».
- Pour certaines organisations, ces services peuvent représenter jusqu'à 76% des produits d'exploitation
Bref, c'est ingérable, ils se font des sioux et fonctionnent parfois comme des petites mafias.
Je lirai la suite demain
