OSB a écrit :Il me semble qu'il existe plusieurs problèmes que tu n'examines pas, Vincent, parce que tu es à fond dans ton utopie libertarienne
Je ne suis pas plus à fond dans mon utopie libertarienne que certains ici ne le sont dans leur utopie étatique.
L'expression publique de l'utopie libertarienne se voit simplement plus du fait qu'elle est hélas devenu plus rare ici.
(Effet de contraste. j'ai bien pigé que ça pique les yeux de certains, mais bon).
OSB a écrit :La corporation des taxis a un moment donné a été plus forte que les consommateurs, et a imposé son putain de numérus clausus et le trafic des licenses qui va avec. C'est très proche de ce qui se passe avec la Hadopi et le corporatisme des droits d'auteur. Si tu es pour la liberté économique absolue, comment empêcheras-tu ( c'est une absurdité même dans les termes) les corporatismes et le gauchissement des marchés qui en résulte ?
Le corporatisme est le regroupement libre et volontaire, entre eux, d'individus ou entités exerçant la même profession.
Je ne vois pas au nom de quoi il faudrait tenter d'empêcher cet élan à la fois naturel et compréhensible.
Le point n'est pas d'empêcher les corporatismes (ils peuvent avoir aussi de l'intérêt),
le point est de ne pas leur céder.
Dans le cas des taxis, il suffirait d'abroger le numerus clausus.
(Le numerus clausus est une construction artificielle. C'est pas un "état de nature", c'est même exactement l'inverse).
La seule véritable raison pour laquelle cela ne se fait pas est que cette organisation/planification délibérée de la pénurie
rapporte de l'argent à toute une filière. Et que cette filière sait relayer ses intérêts.
Concussion , corruption, prévarication , voilà l'effet concret de cette soit-disant "régulation".
OSB a écrit :Comment empêcheras-tu par exemple les propriétaires bailleurs de louer des logements à des prix exorbitants
....la cohorte des administrateurs de biens qui profitent de ce "marché" ?
Je ne sais pas quoi faire pour arranger les choses
... mais par contre, je sais précisément 2/3 points qui expliquent la hausse.
1/
les aides au logement sont de l'essence sur le feu. Elles sont responsables d'une bonne part des loyers élevés.
Pour la bonne et simple raison que les marchands de biens connaissent au centime près ces aides et les intègrent
aussi sec dans le loyer. (je connais des loueurs semi-pros qui m'ont dit procéder ainsi).
2/ la surprotection légale des locataires (oui, c'est ça la réalité) fait que chaque année de plus en plus de loueurs amateurs
quittent ce marché (c'est la réalité) car ils sont incapables de faire face à la complexité adminstrative ainsi qu'aux
risques (les histoires sont légions).
(Moi-même, lors d'un déménagement, j'ai préféré laisser ma maison en vente vide pendant 1 an, plutôt que de courir
le risque d'y voir s'installer un locataire indélogeable. Je ne suis pas Bill Gates et j'avais impérativement besoin de vendre
cette maison, sinon c'est moi et ma famille qui se retrouvait en situation intenable.
Avec une législation qui aurait garanti le respect de la propriété privée, j'aurais évidemment loué.
On voit bien là que la surprotection des locataires est un
épouvantail à propriétaires.
Bien sûr, certains répondront "réquisition". Je ne vous suivrais pas sur le terrain du non-respect de la propriété privée,
et je crois qu'il y a déjà des partis politiques positionnés sur ce créneau.
Au demeurant, la réquisition est encore une "solution" court-terme dans le seul effet à long-terme est de faire fuir
encore plus de proprios "amateurs" de ce marché et donc d'assécher encore l'offre de logements. C'est d'ailleurs
ce qui est en cours.)
Comme les loueurs bonnards quittent ce marché, ne restent mécaniquement que les plus durs en affaires.
(mais même eux sont pas à l'abri de tuiles).
Notons là aussi que la surprotection légale, n'est qu'une surprotection papier qui ne concerne que ceux qui réussissent
à devenir locataires. Pour ceux que cette surprotection éjecte de facto du marché, c'est juste tant pis.
Ils peuvent s'émerveiller du joli code de loi ... c'est pas ça qui leur donne un toit.
Voilà déjà 2
effets secondaires de la réglementation, tout à fait réels, qui jouent finalement au détriment
réel des locataires .... tout en affichant vouloir leur plus grand bien.
OSB a écrit :Comment dans ton principe de liberté de marché m'empêcheras-tu d'acheter une tonne de sucre à un prix X et de la revendre 10 minutes plus tard à un prix Y et d'empocher la différence sur le dos des producteurs et des consommateurs alors même que je ne produis rien de concret dans l'économie réelle ?
... le simple fait que tu répètes là un poncif du journal de 20h devrait faire tilt.
Mais là, ce serait un poil plus long à détailler.
OSB a écrit :Qu'est-ce qui m'empêchera de transmettre ma fortune à mes enfants et de leur faire profiter de ma richesse, de sorte qu'ils ne partent pas du tout sur un pied d'égalité avec les tiens, et peuvent d'emblée être les propriétaires des moyens de production, disons de l'usine où tes enfants iront bosser ?
Je subis déjà cette situation sans en éprouver de ressentiment.
Si M. A s'est mieux débrouillé que M. B. et a réussi à monter une usine, j'y vois d'abord un enrichissement global (il y a une usine de pondue)
avant d'y voir une inégalité.
"La plus grande injustice est de traiter également les choses inégales." Aristote
Perso c'est l'égalitarisme forcené de certains ici qui me fait mal aux tripes plus qu'autre chose.
L'inégalité est consubstantielle de la diversité.
Nier l'inégalité c'est aussi nier la diversité.
Et ama les conséquences de l'égalité contrainte sont pires que l'inverse.
L'état économique de la France où, au plus on égalise à coups de diarrhée législative au plus le pays coule, me donne raison.
OSB a écrit :Je ne sais pas trop quel système tu proposes, mais le problème c'est que le système actuel capitaliste favorise l'accumulation des richesses et la création de classes sociales, de dominants et de dominés,
Non, c'est faux.
1/ Même dans les systèmes les plus égalitaristes possibles, camps de concentration en WWII, camps de concentration actuels en Corée du nord,
il y a toujours des classes qui émergent avec des dominants et des dominés. Ce n'est en rien l'apanage de tel ou tel système économique.
(voir aussi Laborit).
2/ mon expérience de la vie est qu'il y a des dominés qui subissent leur domination sans l'apprécier. Ceux-là finissent quasi toujours par s'en sortir.
Il y a aussi une énorme masse de dominés qui n'aspirent volontairement qu'à ça.
Quand, par accident, ils sont libres quelques jours, ils n'ont de cesse de retrouver un lien de servitude jusqu'à l'avoir trouvé.
(Le discours de la servitude volontaire de la Boétie date déjà un peu ... mais n'a pas pris une ride).
Pour cette immense masse de gens ... il n'y a rien à faire.
Et à mon sens, ce n'est pas eux qu'il faut chercher à sauver. On ne sauve pas les gens d'eux-mêmes. C'est impossible.
Par contre, au sein de cette immense masse, il y a (dieu merci) toujours des individus qui eux aspirent à la liberté.
C'est à eux qu'il faut permettre de se réaliser.
OSB a écrit :donc au bout du compte, le libéralisme économique crée l'absence de liberté.
je ne sais pas d'où tu sors cette affirmation, vu que, en France, nous sommes très très loin
d'un régime de libéralisme économique.
Si tu peux me citer un secteur, vas-y ?OSB a écrit :Comment ton modèle, s'il n'est pas un modèle utopique, nous tire-t-il de ce paradoxe ?
Tu as énoncé un paradoxe qui n'existe pas à mon avis.