Bienvenue sur les archives forum du Parti Pirate


Le Parti Pirate refond complètement son forum et a migré vers un outil plus moderne et performant, Discourse !
Retrouvez nous ici : https://discourse.partipirate.org

La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

daniel
Capitaine pirate
Messages : 1122
Inscription : jeu. 18 févr. 2010, 20:14

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar daniel » mer. 20 juin 2012, 17:48

kabizbak a écrit :
daniel a écrit :Mais c'est cette contrainte économique qui constitue le mal et que l'on devrait faire disparaître. Une contrainte supplémentaire ne fait pas disparaître cette première contrainte. Une contrainte quelle qu'elle soit a toujours des effets négatifs pour la personne qui la subit.

Tu es pour la dépénalisation du viol donc...

Le fait de ne pas pouvoir violer est une contrainte mais le fait de subir un viol en est une aussi. Il s'agit d'un arbitrage entre deux contraintes. En plus les deux contraintes ne sont pas symboliques. On élimine une pour la remplacer par une autre. C'est une logique acceptable.

kabizbak a écrit :
daniel a écrit :Il est vrai que c'est une position philosophique particulière qui n'est pas partagée par tous. Certaines personnes veulent être soumises à des contraintes ( ce que je n'arrive pas à concevoir ).

Je ne vois aucune contrainte dans l'abolition de la prostitution, comme je ne vois aucune contrainte dans la pénalisation du viol.
Non, ce n'est pas la même chose. La seule contrainte que la prostitution provoque est le ressenti associé au sens que l'on attribue à la prostitution. Il ne s'agit donc pas d'une contrainte réelle mais symbolique, provoquée uniquement par l'attribution du sens à la prostitution.

L'interdiction de la prostitution est une contrainte matérielle, c'est une interdiction d'une partie des relations sexuelles. Cela n'a rien de symbolique.

On ajoute une contrainte réelle pour faire disparaître une contrainte imaginaire. Et ce n'est pas acceptable.

kabizbak

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar kabizbak » jeu. 21 juin 2012, 07:44

daniel a écrit :Le fait de ne pas pouvoir violer est une contrainte mais le fait de subir un viol en est une aussi. Il s'agit d'un arbitrage entre deux contraintes. En plus les deux contraintes ne sont pas symboliques. On élimine une pour la remplacer par une autre. C'est une logique acceptable.

Le fait de ne pas pouvoir violer sans être condamné pénalement n'est une contrainte que pour ceux qui ont envie de violer, tandis qu'être violé est un désagrément pour tous. Ce n'est donc pas en terme de contrainte que le législateur raisonne -sans quoi il ne lui resterait plus qu'à se coiffer d'une crête, se munir d'une Kro et d'une fiole d'éther, d'un T-shirt avec un grand A épinglé d'une svastika, et d'aller se prosterner sur la tombe de Sid Vicious-, mais en terme d'intérêt général.

daniel a écrit :Non, ce n'est pas la même chose. La seule contrainte que la prostitution provoque est le ressenti associé au sens que l'on attribue à la prostitution. Il ne s'agit donc pas d'une contrainte réelle mais symbolique, provoquée uniquement par l'attribution du sens à la prostitution.

Exactement, tout comme la dépénalisation du viol serait porteuse de sens. Ne plus pénaliser le viol signifierait que le législateur est un punk qui ne se soucie plus du tout de l'intérêt général, mais uniquement d'un dogme anarcho-régressif se résumant à laisser les plus forts faire ce que bon leur semble des plus faibles.

Tout acte fait sens, plus ou moins explicitement. Vous aurez beau tortiller, à moins de vous faire un trou dans la cervelle : vous interpréterez le réel pour en faire une réalité.

daniel a écrit :L'interdiction de la prostitution est une contrainte matérielle, c'est une interdiction d'une partie des relations sexuelles.

Absolument pas, tout comme la prohibition du viol n'est pas une interdiction d'une partie des relations sexuelles, l'abolition de la prohibition n'est pas une interdiction d'une partie des relations sexuelles. Tout comme la prohibition de l'excision, qui pourtant traite des parties génitales, n'est pas une interdiction d'une partie des relations sexuelles.

La sexualité n'a strictement rien à faire dans cette histoire, en réalité. Pour des raisons qui touchent à notre histoire, il est probable que l'argumentaire utilisé pour promulguer, et défendre cette abolition, ait été souvent teinté de morale, mais c'est uniquement par une maladresse quasi pavlovienne. La seule chose que sous-tende cette abolition, c'est que le législateur ne souhaite pas légitimer la primauté de l'économie sur toute autre considération.

"Tout homme peut engager ses services, son temps, mais il ne peut se vendre, ni être vendu ; sa personne n'est pas une propriété aliénable. La loi ne connaît point de domesticité ; il ne peut exister qu'un engagement de soins et de reconnaissance entre l'homme qui travaille et celui qui l'emploie." Art XVIII de la déclaration des droits de l'homme de 1793

daniel a écrit : Cela n'a rien de symbolique.

Tout acte fait sens, plus ou moins explicitement. Vous aurez beau tortiller, à moins de vous faire un trou dans la cervelle : vous interpréterez le réel pour en faire une réalité.

daniel a écrit :On ajoute une contrainte réelle pour faire disparaître une contrainte imaginaire. Et ce n'est pas acceptable.

En abolissant la prostitution on souhaite rendre la société plus douce. Comme c'était là l'objectif de la pénalisation du viol ou de abolition de l'esclavage qui affirmaient la prévalence de l'intérêt général sur des intérêts au combien particuliers, le législateur affirme ici, dans le cas de l'abolition de la prostitution, la prévalence de l'individu -l'intérêt général : nous sommes tous des individus- sur l'économie -intérêts particuliers-.

daniel
Capitaine pirate
Messages : 1122
Inscription : jeu. 18 févr. 2010, 20:14

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar daniel » jeu. 21 juin 2012, 08:20

kabizbak a écrit : La seule chose que sous-tende cette abolition, c'est que le législateur ne souhaite pas légitimer la primauté de l'économie sur toute autre considération.

C'est un argument intéressant. Cela veut dire que l'état n'a pas seulement le droit d'attribuer un sens à une situation sociale ( la prostitution -> la primauté de l'économie sur toute autre considération ) mais tout comportement humain est soumis à une condition de légitimité accordée par l'état.

Ce qui veut dire que l'état peut décider à sa guise ce qui est bien, ce qui est mal et ce qui n'est ni bien ni mal et en plus il se réserve le droit d'interdire tout comportement auquel il n'a pas attribué une étiquette du bien. Autrement dit tout ce qui n'est pas autorisé par l'état doit être interdit, il n'y a que des comportements "légitimes" qui sont autorisés. Même les dictatures les plus féroces ne sont pas allées aussi loin dans leur raisonnement totalitaire.

Ce raisonnement est incompatible avec les valeurs pirates.

kabizbak

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar kabizbak » jeu. 21 juin 2012, 08:44

daniel a écrit :
kabizbak a écrit : La seule chose que sous-tende cette abolition, c'est que le législateur ne souhaite pas légitimer la primauté de l'économie sur toute autre considération.

C'est un argument intéressant. Cela veut dire que l'état n'a pas seulement le droit d'attribuer un sens à une situation sociale ( la prostitution -> la primauté de l'économie sur toute autre considération ) mais tout comportement humain est soumis à une condition de légitimité accordée par l'état.

L'état est une création humaine. Les humains sont des animaux, des mammifères, des êtres sensibles qui ont exprimé cette sensibilité à travers les arts, les morales, le droit, les lois, etc.

L'état doit être le porte-voix de cette sensibilité humaine, sans quoi il n'a aucune raison d'être. Nous lui conférons donc le devoir, et non le droit, d'attribuer un sens à toutes les situations sociales, et de soumettre à condition de légitimité tout comportement humain.

daniel a écrit :Ce qui veut dire que l'état peut décider à sa guise ce qui est bien, ce qui est mal et ce qui n'est ni bien ni mal et en plus il se réserve le droit d'interdire tout comportement auquel il n'a pas attribué une étiquette du bien.

La loi est la suite logique et temporelle de la morale, oui. Mais plus qu'une simple évolution de la morale, elle en est en réalité le dépassement. La morale fait référence à des concepts abstraits, intangibles, pour décréter des prescriptions intangibles, permanentes. La loi célèbre notre toute nouvelle maturité spirituelle et rend toutes nos prescriptions impermanentes, réversibles.

daniel a écrit :Autrement dit tout ce qui n'est pas autorisé par l'état doit être interdit, il n'y a que des comportements "légitimes" qui sont autorisés. Même les dictatures les plus féroces ne sont pas allées aussi loin dans leur raisonnement totalitaire.

Où allez-vous donc chercher ça ? Si la loi n'interdit pas un comportement illégitime, elle peut se prononcer et l'interdire, oui. Mais elle doit se prononcer, rassurez-vous.

daniel a écrit :Ce raisonnement est incompatible avec les valeurs pirates.

Qui sont ? Le néant, l'ordre naturel et la cupidité ?

daniel
Capitaine pirate
Messages : 1122
Inscription : jeu. 18 févr. 2010, 20:14

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar daniel » jeu. 21 juin 2012, 09:07

kabizbak a écrit :L'état est une création humaine. Les humains sont des animaux, des mammifères, des êtres sensibles qui ont exprimé cette sensibilité à travers les arts, les morales, le droit, les lois, etc.

L'état doit être le porte-voix de cette sensibilité humaine, sans quoi il n'a aucune raison d'être. Nous lui conférons donc le devoir, et non le droit, d'attribuer un sens à toutes les situations sociales, et de soumettre à condition de légitimité tout comportement humain.

C'est écrit très bien. L'état a le devoir de prendre une position par rapport à tous les comportements humains sans exception et les autoriser ou pas. Il n'est soumis à aucune contrainte dans son action. L'état doit contrôler le moindre geste de chaque personne, l'évaluer et donner son feu vert. Et s'il ne donne pas son feu vert le comportement n'est pas légitime et il doit être interdit.

Cela s'appelle le contrôle social absolu, il n'existe aucune sphère privée où l'état n'intervient pas. C'est un concept totalitaire de la société. C'est une négation du concept des libertés individuelles. Il est incompatible avec les valeurs pirates.

Même si l'on peut trouver que ce débat n'est pas loin d'un troll il démontre bien les bases du raisonnement abolitionniste : ce sont les partisans d'une société totalitaire. Ils sont incapables de justifier leur position autrement que par un argumentaire totalitaire. C'est pourquoi le combat contre eux est tellement important car les prostituées ne sont que les premiers visés. Après eux les autres suivront. Nous ne nous battons pas seulement pour les prostituées, c'est pour la liberté de nous tous que nous nous battons.

kabizbak

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar kabizbak » jeu. 21 juin 2012, 09:35

daniel a écrit :C'est écrit très bien.

Merci.

daniel a écrit :L'état a le devoir de prendre une position par rapport à tous les comportements humains sans exception et les autoriser ou pas.

Tu déformes me propos.

L'état à le devoir d'attribuer un sens à toutes les situations sociales, et de soumettre à condition de légitimité tout comportement humain. C'est le principe de l'état de droit, et la raison d'être de la loi.

daniel a écrit :Il n'est soumis à aucune contrainte dans son action.

Ça, c'est toi qui le dit. Il est soumis aux règles constitutionnelles et légales qu'il s'impose à lui même. Tout comme il est soumis à ce qui le fonde, notre adhésion à ces règles.
"Un peuple a toujours le droit de revoir, de réformer et de changer sa constitution. Une génération ne peut assujettir à ses lois les générations futures" - Art. XXVIII de la déclaration des droits de l'homme de 1793

"La résistance à l'oppression est la conséquence des autres droits de l'homme." Art XXXII de la déclaration des droits de l'homme de 1793

"Il y a oppression contre le corps social lorsqu'un seul de ses membres est opprimé. Il y a oppression contre chaque membre lorsque le corps social est opprimé" Art. XXXIV de la déclaration des droits de l'homme de 1793

"Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs." Art. XXXV (le dernier) de la déclaration des droits de l'homme de 1793


daniel a écrit :L'état doit contrôler le moindre geste de chaque personne, l'évaluer et donner son feu vert. Et s'il ne donne pas son feu vert le comportement n'est pas légitime et il doit être interdit.

Non, il doit attribuer un sens aux situations sociales, c'est à dire demeurer soumis à notre sensibilité humaine, et soumettre à condition de légitimité les comportements. S'il estime ne rien avoir à dire de tel ou tel comportement, il peut se taire et ne pas légiférer. Il peut même réglementer sans interdire. C'est fou tout ce qu'on peut faire avec un état... :lol:

daniel a écrit :Cela s'appelle le contrôle social absolu, il n'existe aucune sphère privée où l'état n'intervient pas. C'est un concept totalitaire de la société. Il est incompatible avec les valeurs pirates.

C'est ce que tu veux faire croire, pour je ne sais quelle raison. Même toi, tu ne crois plus avoir raison, maintenant. Tu ne veux simplement pas perdre la face. :wink:

daniel a écrit :Même si l'on peut trouver que ce débat n'est pas loin d'un troll il démontre bien les bases du raisonnement abolitionniste : ce sont les partisans d'une société totalitaire. Ils sont incapables de justifier leur position autrement que par un argumentaire totalitaire.

Le langage est un espace de liberté contraignant. Ne t'exprimes plus si tu préfères le totalitarisme du néant.

daniel a écrit :C'est pourquoi le combat contre eux est tellement important car les prostituées ne sont que les premiers visés. Après eux les autres suivront. Nous ne nous battons pas seulement pour les prostituées, c'est pour la liberté de nous tous que nous nous battons.

Non. Ton rôle est important car il souligne le caractère réversible et impermanent des lois. Ça ne fait pas pour autant de toi un défenseur de la liberté, bien au contraire. Tu n'en es que l'agent involontaire, car la liberté a besoin de ses adversaires pour continuer à être ressentie et non simplement pensée.

daniel
Capitaine pirate
Messages : 1122
Inscription : jeu. 18 févr. 2010, 20:14

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar daniel » sam. 23 juin 2012, 10:54

kabizbak a écrit :
daniel a écrit :C'est pourquoi le combat contre eux est tellement important car les prostituées ne sont que les premiers visés. Après eux les autres suivront. Nous ne nous battons pas seulement pour les prostituées, c'est pour la liberté de nous tous que nous nous battons.

Non. Ton rôle est important car il souligne le caractère réversible et impermanent des lois. Ça ne fait pas pour autant de toi un défenseur de la liberté, bien au contraire. Tu n'en es que l'agent involontaire, car la liberté a besoin de ses adversaires pour continuer à être ressentie et non simplement pensée.

Je suis étonné de constater à quel point tu es cohérent dans ta pensée. Il y a un point commun dans tout ce que tu écris, une apologie de la difficulté, de la frustration et des contraintes. D'après toi on ne peut pas se sentir bien et libre si le bien-être et la liberté ne sont pas menacés. Tu entres bien dans le courant de pensée des psychologues qui font l'apologie des contraintes et des limites pour les enfants qui ne peuvent pas s'épanouir si l'on ne provoque pas une frustration chez eux.

On voit bien que tu es un partisan du sadisme pseudo pédagogique. :mrgreen:

Avatar de l’utilisateur
Khakaoura
Quartier-Maître pirate
Messages : 507
Inscription : mer. 02 mai 2012, 15:06

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar Khakaoura » dim. 24 juin 2012, 16:19

Kabizbak, évite de citer la constitution de 1793 qui, bien que promulguée, n'a jamais été appliquée. Nous ne vivons pas sous son régime juridique. Il est certes possible de viser à son instauration, si certains le souhaitent, mais elle ne peut servir de base légale.

Sinon, histoire de relancer le débat sur la question de la prostitution, Najat Vallaud-Belkacem veut interdire la prostitution. Je pense que les personnes qui ont participé à ce sujet de discussion seront attentives à ses propositions concernant le devenir des travailleuses et travailleurs du sexe. Il y a là un sujet d'actualité immédiate, sur lequel nous pourrions essayer de faire entendre notre voix, à condition d'avoir une position sur le sujet bien sûr.
Encre noire = mode Pirate
Encre rouge = mode Vogon
"Le règlement, c'est l'règlement ;
Pas d'préférence, pas d'sentiment.
Le règlement, c'est l'règlement ;
Un Vogon l'applique bêtement."
Hymne officieux de Vogsphère

Vlad
Moussaillon
Messages : 20
Inscription : jeu. 14 juin 2012, 12:46

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar Vlad » dim. 24 juin 2012, 20:41

L'article cite une enquête qui raconte que 1 homme sur 8 a déjà eu recours à une prestation sexuelle tarifé :shock:
Suis je le seul à trouver cela assez énorme et a avoir une méfiance ?

De plus je ne pense pas que pénaliser les clients ou l'interdire va arranger quoi que ce soit aux réseaux mafieux étranger, ils ne lâcheront pas leur gagne pain morbide comme ça et sont près à tout mais peut être le PS n'a pas le courage d'aller renforcer les dispositifs luttant contre les mafias et préfère faire quelque chose de plus simple et qui ne fera je pense que dégrader les conditions de celles qui se considèrent comme des professionnelles.

J'ai toujours trouvé ça assez cocasse que les féministes sont en général pour toutes les libertés (drogue, euthanasie...) mais pas pour celle du corps, liberté ou contrainte diront certain, le plus vieux métier du monde subsistera comme il l'a toujours fais...

Je suis pour un encadrement de la profession de façon officiel et pour un renforcement du dispositif anti-mafia au niveau européen,on sait qu'elles viennent pour la plupart d’Europe de l'est alors qu'est ce qu'on attends pour travailler avec eux !

Avatar de l’utilisateur
OSB
Loup de mer
Messages : 624
Inscription : lun. 26 mars 2012, 16:16
Localisation : Paris 13eme

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar OSB » lun. 25 juin 2012, 07:59

A écouter absolument, la position prise par Elisabeth Badinter à la suite des propositions faites l'année dernière par Roselyne Bachelot :
Voila la gauche que j'aime, celle qui défend les libertés et les droits :

http://www.franceculture.fr/2011-04-14- ... agit.html#

En quoi les propositions abolitionnistes défendues aujourd'hui par le PS diffèrent-elles de celles de la droite moraliste ? C'était bien la peine de faire tout ce cirque électoral pour en arriver là !
Oui, je crois que nous allons avoir l'opportunité de nous définir comme le grand mouvement contemporain de défense de la liberté. A nous de nous organiser davantage, de poursuivre nos débats de manière plus construite et de savoir prendre les positions les plus avancées sur ce fameux "échiquier politique".

daniel
Capitaine pirate
Messages : 1122
Inscription : jeu. 18 févr. 2010, 20:14

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar daniel » lun. 25 juin 2012, 08:45

Olivier Soares Barbosa a écrit :Oui, je crois que nous allons avoir l'opportunité de nous définir comme le grand mouvement contemporain de défense de la liberté. A nous de nous organiser davantage, de poursuivre nos débats de manière plus construite et de savoir prendre les positions les plus avancées sur ce fameux "échiquier politique".

Ce mouvement répressif a commencé bien sous Jospin, la droite n'a fait que suivre le mouvement.

Personne ne défend plus les libertés individuelles, même les verts sont sous influence d'un courant répressif moralisateur représenté par Eva Joly.

Avatar de l’utilisateur
pers
Archange des mers
Messages : 5235
Inscription : mer. 18 juil. 2007, 20:38

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar pers » lun. 25 juin 2012, 10:18

La liberté, c'est l’esclavage.
La guerre, c'est la paix.
L'ignorance, c'est la force.
La démocratie, c'est l'Amendement 13.

Avatar de l’utilisateur
OSB
Loup de mer
Messages : 624
Inscription : lun. 26 mars 2012, 16:16
Localisation : Paris 13eme

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar OSB » lun. 25 juin 2012, 21:18

Je n'ai pas été d'accord, moi non plus, avec la position qu'elle a prise à ce sujet, ni surtout avec la façon dont elle a exprimé ses réserves de façon maladroite et exagérée, ni à l'occasion avec d'autres positions plus anciennes sur d'autres sujets, mais je crois que ces erreurs ne la discréditent pas pour autant. Je pense que dans cette polémique il y a eu simplement confusion entre la question de fait et la question de droit. Le fait qu'il existe un instinct maternel dans la nature ne justifie en rien que le droit des femmes soit fondé sur cet instinct. Et c'est cela qu'Elisabeth Badinter aurait du défendre au lieu de remettre en cause l'existence même du fait naturel.

La même question est soulevée avec les essentialistes qui ramènent le genre au sexe biologique, ou qui cherchent à rendre compte de manière essentialiste de l'homosexualité en prétendant qu'il doit exister un gène, ou tout au moins une nature qui nous déterminerait dans notre orientation, et qui serait une justification du droit. Contre ces positions, je considère pour ma part que la question n'est pas de savoir si une telle nature existe ou non. Je ne cherche pas à contester les déterminismes de la nature, mais j'affirme que chacun est libre de s'en affranchir s'il le souhaite, et que la liberté qui est une question de droit ne doit pas être conditionnée à l'existence de ces déterminismes naturels qui est une question de fait.

Je ne veux pas que les femmes soient libres d'allaiter leur enfant "parce que c'est leur nature de femme", mais parce que c'est leur choix. Je ne veux pas être libre d'être homosexuel "parce que je ne peux pas faire autrement", mais parce que c'est mon choix. Je ne veux pas être libre de m'habiller avec des vêtements de femme "parce que je suis biologiquement intersexué", mais parce que c'est mon choix. Même si nous n'avons pas choisi réellement dans les faits parce que nous étions poussés par notre nature à agir de telle ou telle façon, c'est en tant que choix que notre liberté d'agir doit être défendue.

Elisabeth Badinter reste une féministe progressiste attachée à la défense de la liberté sexuelle et du droit à disposer de son corps. En l'occurrence, sa position sur la prostitution mérite je crois d'être saluée, et surtout d'être mise en rapport avec la position conservatrice défendue par Najat Vallaud-Belkacem.

MorganeMerteuil
Moussaillon
Messages : 51
Inscription : dim. 06 mai 2012, 00:30

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar MorganeMerteuil » mar. 26 juin 2012, 00:02

le CP du STRASS suite à ces déclarations de NVB : http://site.strass-syndicat.org/2012/06 ... -belkacem/

Rappel si je ne l'ai pas déjà mis : notre dossier de presse sur la pénalisation des clients http://site.strass-syndicat.org/wp-cont ... lients.pdf

et puis parce que c'est un argument que j'ai déjà essayé de développer mais je préparais un article dessus et qu'il est sorti aujourd'hui : http://www.acontrario.net/2012/06/25/se ... -gratuite/

Avatar de l’utilisateur
pers
Archange des mers
Messages : 5235
Inscription : mer. 18 juil. 2007, 20:38

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar pers » mar. 26 juin 2012, 00:30

MorganeMerteuil a écrit :il est sorti aujourd'hui : http://www.acontrario.net/2012/06/25/se ... -gratuite/


Votre article est particulièrement intéressant pour nous autres membres du Parti Pirate, qui voyons tous les jours des discours anti-"piratage" de politiciens et d'industriels nous expliquant que "la culture c'est pas gratuit, et ça ne devrait pas l'être" ; là le discours est exactement l'inverse : "l'amour c'est pas payant et ça ne devrait pas l'être".

Pour moi, le point commun entre les deux propagandes est une espèce de moralisme paternaliste bourgeois (tout droit hérité du XIXe siècle), qui fait de l'argent un objet moral et nous explique qu'en gros, celui qui ne paye pas ce qu'il est censé payer ou inversement n'est pas seulement un mauvais consommateur, mais aussi un mauvais citoyen : un pervers, un paria.

Ce qui appelle, évidemment, la remarque suivante : la différence majeure entre le "délit de culture gratuite" et le "délit de sexe payant", c'est que dans le cas du partage gratuit de biens culturels, il y a manque à gagner pour les acteurs industriels/capitalistes, tandis que dans les pratiques sexuelles payantes il s'agit d'un marché parallèle distinct (et qui n'a donc aucune rentabilité pour les acteurs légitimés).

Il me semble qu'on pourrait travailler sur cette construction propagandiste/moralisatrice-infantilisante.
La liberté, c'est l’esclavage.
La guerre, c'est la paix.
L'ignorance, c'est la force.
La démocratie, c'est l'Amendement 13.


Revenir vers « Santé »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 9 invités