Nulle en 2012 et sans doute encore en 2013, la croissance flanche. Mais vivre sans elle est-il pire que tout ? Pas si sûr, pour l'économiste Jean Gadrey qui dénonce l'aveuglement des élites économiques et politique
src http://www.terraeco.net/%EF%BB%BFLa-cro ... 48447.html
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Je cite un passage qui plante le décor
Bien des raisons expliquent cette baisse spectaculaire. La poursuite de la croissance se heurte d’abord à différentes limites sociales. Elle n’est plus depuis longtemps un facteur de mieux vivre, vu qu’elle est définie comme la progression quantitative d’un « truc technique », le PIB (Produit intérieur brut), lequel n’a pas été fait pour enregistrer la qualité de la vie individuelle et collective, les dommages écologiques, les inégalités, le temps libre, le bénévolat, le travail domestique, etc.
C'est exactement la position que j'ai développé sur l'article La compétitivité, cousine germaine de la démondialisation de Karine Berger (économiste, socialiste, député, futur ministre, etc.)
C'était l'époque où elle avait bien fait mousser avec son livre "Les trentes glorieuses sont devant nous" ce qui n'est pas une nouvelle en soi car le point crucial aurait été de répondre à "oui mais quand ?" D'un point de vue probabilité, je peux affirmer que "le tourisme spatial est devant nous"

Sur Twitter, je posais la question :
« juste une question : Le commerce, la croissance dans quel but ? Quel est l’objectif, au niveau mondial ? »
à laquelle vous apportiez la réponse suivante :
« La croissance car permet de vivre mieux… jusqu’à présent :=) pas encore atteint le point où cela sera neutre. Commerce = outil »
Pas évident de développer sur 140 caractères … donc je réagis ici. Mais avant, je tiens à préciser que je ne suis pas en grand spécialiste de l’économie. Je me tiens (beaucoup) au courant, je discute afin de pouvoir comprendre ce qu’il se passe et être en mesure de me forger ma propre opinion. Je dirais donc que je ne connais pas le détail des moyens par contre, je m’intéresse beaucoup plus aux résultats (d’où ma question). D’autant plus que dans ma branche de secteur, seul le résultat compte. Si le produit répond exactement au besoin, il sera accepté sinon, il sera rejeté, dans le sens de « pas utilisé ». La qualité du résultat, à tous points de vue, est donc déterminante, sachant de plus que le dit produit a une durée de vie inférieure à l’année, deux au mieux. La compétitivité, dans le sens de recherche de « valeur ajoutée », est donc une préoccupation constante qui n’est pas seulement liée à une concurrence féroce mais aussi à l’obligation de satisfaire un besoin réel du client final en perpétuel évolution … en fait la satisfaction du besoin introduit de nouveaux besoins encore plus spécifiques et/ou précis. Bref, nous nous rendons compte que le coût du travail, et surtout sa baisse, n’a qu’un faible impact sur cette compétitivité, tout juste à très (très) court terme. Cette compétitivité se trouve donc dans l’innovation et une capacité a réalisé très rapidement une solution à nouveau pertinente.
De mon point de vue « nano économique », votre discours a donc du sens.
Il est bien entendu que ce qui ne peut être produit dans une zone géographique doit être importé et que donc se couper de réseaux d’échange a nécessairement un impact sur le prix de certains produits. Toutefois, si je peux me permettre, l’exemple cubain est un peu facile, bien que parlant. Si vous allez à Dakar, un tube de dentifrice pourrait paraitre comme un luxe alors que c’est un pays qui ne s’est pas, à priori, replié sur lui-même.
Cela dit, je me posais la question plus générale « Quel est l’objectif final de la croissance, du commerce, au niveau mondial ». Vous répondez « La croissance car permet de vivre mieux »
Je peux bien volontiers admettre que la condition de l’humain n’a pas beaucoup évolué dans la première moitié du siècle dernier en comparaison de la seconde. La croissance a effectivement permet de développer un meilleur niveau de vie, tant dans la technologie, la santé, le social, … mais depuis 1980, vivons nous mieux qu’avant ? Je me souviens de la famine sévère (et médiatisée) en Ethiopie des années 1984-1985 et de la promesse que le commerce mondial allait permettre à ces pays de se développer (vivre mieux) comme nous l’avions fait nous même. Le commerce mondial, remède de tous les maux, rapprochant les peuples, favorisant la paix … force est de constater que le résultat n’est pas à la hauteur des espérances. On meurt encore plus de faim maintenant qu’il y a 30 ans et la situation est loin de s’arranger. En étant cynique, je généraliserai qu’autant la croissance a permis d’assoir un niveau de vie dans les pays occidentaux jusqu’à la fin des années 1970, autant, depuis, notre perpétuel recherche de la croissance ne nous fait pas vivre mieux.
D’ailleurs, c’est quoi vivre mieux ? Finalement, nous justifions cette poursuite de la croissance sur le postulat que nous vivrons mieux avec mais est-ce que ce postulat est toujours vrai maintenant ?
Quand je discute avec mes parents qui ont (presque) eu mon âge pendant les 30 glorieuses, c’est vrai qu’il n’avait pas le même confort technologique mais ils mangeaient à leur faim, étaient heureux … vivaient mieux en comparaison à ce qu’ils avaient connu dans leur enfance. Autrement dit, ils ne m’envient rien que je possède maintenant. Intrigué, je me suis posé la question de savoir si concrètement, nous étions mieux maintenant qu’avant. Certes le salaire est différent mais il faut le rapporter à un pouvoir d’achat comparable entre les deux époques. Visiblement, je ne gagne pas mieux ma vie maintenant que mes parents en leur temps. Même, je ne gagne vraiment pas mieux ma vie maintenant qu’il y a 15 ans. J’ai certes plus d’occasions de consommer mais je n’ai rien gagné en « vivre mieux ». Alors, on pourrait dire que je me contente de peu, je répondrais que je me contente de ce que j’ai besoin. Par contre, la seule contribution au « vivre mieux », c’est l’accès à la connaissance. Ca c’est indéniable mais ce n’est pas un effet de la croissance, c’est un progrès technologique globale qui ne puise son énergie que dans le besoin réel et pas dans la croissance.
« Vivre mieux » ca serait permettre à l’ensemble de la population de manger à sa faim, de boire à sa soif, de disposer des meilleurs soins, d’avoir accès à la connaissance. Nous nous vivons bien, 70% de la planète ne peut pas se vanter du même train de vie. Pire, l’actualité du moment nous montre que dans bien des pays qui vivaient bien, l’avenir n’est plus tout aussi rose. Prenons le cas espagnol, cité en exemple de la réussite européenne. Relativement exclus du dynamisme de l’après-guerre, poussé par l’Europe durant les 30 dernières années, nous les avions crus parfaitement installé dans le village mondial à tel point que les anciens immigrés espagnols repartaient dans leur pays et c’était le français qui allait s’installer en Espagne. Où en sont-ils maintenant ? Peut-être pas au même point que les grecs mais pour combien de temps ? Alors on pourra reprocher le modèle de développement, tout comme on reprochera le notre, tout comme on pourra reprocher le modèle allemand ou américain. La répartition des richesses ne s’est pas fait dans la plus grande égalité non plus. L’écart entre les plus riches et les plus pauvres n’arrête pas de se creuser, on a même vu arriver la catégorie des « super-riche » C’était d’ailleurs la carotte un temps « travaille bien à l’école, et tu auras une bonne situation » L’ouvrier moderne a un bac +5 et en plus on le dit cadre … ca lui a servi vraiment de travailler à l’école! J’ai trouvé intéressant votre passage sur le salaire à 10$ pour tous. Nous serions tous d’accord sur une certaine distribution des salaires fonction du travail, de la complexité de la tâche, de la connaissance à acquérir, … mais soyons honnêtes aussi sur deux points. Tout d’abord, la tête la plus pensante qui soit, créant la machine la plus parfaite qui soit, prétendant le meilleur salaire qui soit, n’aura rien si l’ouvrier de base n’en a pas besoin. Enfin, l’écrasante minorité de la population la plus riche produit beaucoup moins de travail effectif que la plus petite majorité la plus pauvre.
Vous dîtes « Tous les participants de l’OMC sont là pour défendre leurs intérêts ». C’est vrai considérant qu’une partie est en meilleur position que l’autre mais quand les deux parties seront égales, il n’y aura plus d’intérêt à défendre vu que les intérêts de tous seront complètement interdépendant. Nous commençons déjà à le voir. Le problème européen est un problème mondial à tel point que les nations en mesure de se prêter assistance veulent quasiment faire de l’ingérence pour s’assurer que la-dite assistance aura réellement des effets. Que nous le voulions ou non, nous sommes tous sur le même bateau et les intérêts des autres sont aussi, indirectement, les notres.
Pour être honnête, je ne suis pas un anti-mondialiste, démondialiste, alter mondialiste (quoi que), je suis un citoyen du monde car je dépends autant du chinois que lui dépends de moi. La seule frontière qui sépare les nations, c’est la langue. J’arrive de moins en moins à justifier ce besoin de croissance pour « vivre mieux ». La croissance est un levier pour un pays développement mais ensuite, un autre moteur est à trouver.