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Liberté de ne pas parler de son boulot

Publié : mar. 29 juin 2010, 13:36
par Vouze
En mars dernier une fonctionnaire publie un livre sur sa vie quotidienne, de manière caricaturale et romancée :

http://sites.radiofrance.fr/franceinter ... p?id=89170

Aujourd'hui elle passe en conseil disciplinaire, parce que certains de ses collègues se sont reconnus :

http://www.google.com/hostednews/afp/ar ... clTU-4fOCw

Pourtant aucun nom n'est réellement cité, que des pseudos caricaturaux, et on ne savait pas de quelle administration il s'agissait.

Même pour les plus fervent attaquant de la liberté d'expression, cette volonté de museler les fonctionnaire n'est pas tenable.

C'est vouloir contrôler la pensée des gens, ne rien dire qui déplaise, surtout quand c'est vrai. C'est du totalitarisme.

Re: Liberté de ne pas parler de son boulot

Publié : mar. 29 juin 2010, 14:23
par harpalos
Vouze a écrit :En mars dernier une fonctionnaire publie un livre sur sa vie quotidienne, de manière caricaturale et romancée :

http://sites.radiofrance.fr/franceinter ... p?id=89170

Aujourd'hui elle passe en conseil disciplinaire, parce que certains de ses collègues se sont reconnus :

http://www.google.com/hostednews/afp/ar ... clTU-4fOCw

Pourtant aucun nom n'est réellement cité, que des pseudos caricaturaux, et on ne savait pas de quelle administration il s'agissait.

Même pour les plus fervent attaquant de la liberté d'expression, cette volonté de museler les fonctionnaire n'est pas tenable.

C'est vouloir contrôler la pensée des gens, ne rien dire qui déplaise, surtout quand c'est vrai. C'est du totalitarisme.


Ce cas n'est pas isolé. Il y a celui d'un gars qui critique son DRH sur facebook à ses amis et qui est licencié. Il y a la blogueuse hôtesse d'hôtel qui romance ses histoires (sans nom etc) et qui aussi est licencié.

Il y a besoin de redéfinir la liberté d'expression et réinventer la protection des personnes privées. Les lois et les mentalités en vigueur n'ont pas pris la mesure de la révolution internet.
Ces grands mots ne sont pas inutiles, je m'en suis rendu compte en relisant La Bataille HADOPI, ce passage:

Benjamin Bayart a écrit :De la même manière, Internet change très en profondeur la façon dont se
diffuse, et donc la façon dont se crée, le savoir. Une bonne façon de résumer ça
est de dire que l’imprimerie a permis au peuple de lire, Internet va lui
permettre d’écrire
.


(p66).

Avant, seul un auteur ou un journaliste, sous le contrôle d'un éditeur ou d'un directeur, peut écrire et accéder au public. C'est une relation de professionnel à personne, que l'on peut espérer réguler pour tout garder dans une certaine bonne entente (pas d'insultes/calomnies/sexualité/idéologies honteuses...).

En appliquant ce principe "ancienne presse" à internet, on arrive au projet de loi Masson.
Toutes les réflexions qu'ont peut avoir sur la liberté d'expression se font au filtre de la liberté de la presse, qui est en fait obsolète. Même l'article de la DDHC a été écrit dans ce contexte.

Ces affaires sont importantes. Elles nous aident à nous sortir la tête du brouillard, à prendre conscience du changement.

Et on peut très bien faire le parallèle avec HADOPI. Si les œuvres protégées par le CPI correspondent aux propos illégaux, alors les internautes, qui écrivent comme ils parlent, avec leurs jurons, leurs humeurs, leurs attaques verbales, leurs sextos... vont devoir, pour pouvoir s'exprimer sans être licenciés/poursuivis/censurés, se cacher et diffuser sur des réseaux anonymes et imbloquables (web porté par TOR, P2P...), et la seule solution pour garantir le respect de la légalité sera le DPI.

La conclusion logique, et ça fait quand même un peu peur, est d'accepter que les gens puissent écrire ce qu'ils pensent, repousser loin, loin, loin, les infractions de parole.

Re: Liberté de ne pas parler de son boulot

Publié : mar. 29 juin 2010, 18:07
par Vouze
C'est bien parce que les patrons se prennent pour des mini-tyrans dans les mini-dictatures que sont les entreprises, que les syndicats de travailleurs sont apparus.

Le livre en question :

http://www.amazon.fr/Absolument-d%C3%A9 ... 2226206027

Ce qui est amusant, c'est que le conseil régional se soit reconnu :twisted: malgré la caricature, et qu'il considère la caricature comme "diffamatoire", alors que le but d'une caricature est de déformer la réalité jusqu'à l'absurde.

Re: Liberté de ne pas parler de son boulot

Publié : jeu. 01 juil. 2010, 22:47
par Vouze

Re: Liberté de ne pas parler de son boulot

Publié : ven. 02 juil. 2010, 01:58
par Mourioche
Elle peut porter cette affaire aux prudhomme ?

Pas forcement pour gagner (enfin ce serait bien), mais aussi pour trouver des idées pour son prochain roman.
Trainer en justice son employeur est en effet très instructif, ne serait ce que pour voir jusqu'à quel point la mauvaise foi peut être utilisée.

Re: Liberté de ne pas parler de son boulot

Publié : mer. 07 juil. 2010, 11:22
par Kheltdire
harpalos a écrit :Ces grands mots ne sont pas inutiles, je m'en suis rendu compte en relisant La Bataille HADOPI, ce passage:

Benjamin Bayart a écrit :De la même manière, Internet change très en profondeur la façon dont se
diffuse, et donc la façon dont se crée, le savoir. Une bonne façon de résumer ça
est de dire que l’imprimerie a permis au peuple de lire, Internet va lui
permettre d’écrire
.


(p66).

Avant, seul un auteur ou un journaliste, sous le contrôle d'un éditeur ou d'un directeur, peut écrire et accéder au public. C'est une relation de professionnel à personne, que l'on peut espérer réguler pour tout garder dans une certaine bonne entente (pas d'insultes/calomnies/sexualité/idéologies honteuses...).

En appliquant ce principe "ancienne presse" à internet, on arrive au projet de loi Masson.
Toutes les réflexions qu'ont peut avoir sur la liberté d'expression se font au filtre de la liberté de la presse, qui est en fait obsolète. Même l'article de la DDHC a été écrit dans ce contexte.


Ce passage me fait penser au débat lancé par le magazine BOOKS fin 2009 avec pour thème "Internet pour la démocratie ?" (avec en image un homme museler par des câbles informatiques). Dans la revue on y lisait que Internet n'était pas si parfait que ce que voulait bien nous faire croire les militants iraniens grâce a Twitter etc. puisque certains gouvernements commençaient a en faire un outils de propagande et à le filtrer.

Je dois reconnaitre que cet article (donnant ensuite lieu au débat), bien qu'intéressant, m'avait fait sourire car il avait beau comparé Internet aux autres médias traditionnels, il en oubliait la principale différence : Dans un journal vous n'avez aucun moyen de contester l'information. Sur Internet, certes on trouve de plus en plus de message politique, mais on en reste acteur (principe du web 2.0) et on peut donner son avis, et réagir.


Pour ce qui est de ces affaires, je trouve incroyable que de tels motifs soient acceptés pour le renvois d'un salarié.
Déjà que Facebook permet aux DRH de choisir leur futur employé en fonction de ses infos (et autres photos...) :arrow:

Re: Liberté de ne pas parler de son boulot

Publié : mer. 07 juil. 2010, 11:29
par Vouze
Mourioche a écrit :Elle peut porter cette affaire aux prudhomme ?

Pas forcement pour gagner (enfin ce serait bien), mais aussi pour trouver des idées pour son prochain roman.
Trainer en justice son employeur est en effet très instructif, ne serait ce que pour voir jusqu'à quel point la mauvaise foi peut être utilisée.

Il me semble qu'il n'y a pas de prud'homme pour les fonctionnaire. Ca doit plutôt être le tribunal administratif...

Re: Liberté de ne pas parler de son boulot

Publié : mer. 07 juil. 2010, 12:15
par peer@
Yep, c'est le tribunal admin ;)