Vouze a écrit :En mars dernier une fonctionnaire publie un livre sur sa vie quotidienne, de manière caricaturale et romancée :
http://sites.radiofrance.fr/franceinter ... p?id=89170Aujourd'hui elle passe en conseil disciplinaire, parce que certains de ses collègues se sont reconnus :
http://www.google.com/hostednews/afp/ar ... clTU-4fOCwPourtant aucun nom n'est réellement cité, que des pseudos caricaturaux, et on ne savait pas de quelle administration il s'agissait.
Même pour les plus fervent attaquant de la liberté d'expression, cette volonté de museler les fonctionnaire n'est pas tenable.
C'est vouloir contrôler la pensée des gens, ne rien dire qui déplaise, surtout quand c'est vrai. C'est du totalitarisme.
Ce cas n'est pas isolé. Il y a celui d'un gars qui critique son DRH sur facebook à ses amis et qui est licencié. Il y a la blogueuse hôtesse d'hôtel qui romance ses histoires (sans nom etc) et qui aussi est licencié.
Il y a besoin de redéfinir la liberté d'expression et réinventer la protection des personnes privées. Les lois et les mentalités en vigueur n'ont pas pris la mesure de la révolution internet.
Ces grands mots ne sont pas inutiles, je m'en suis rendu compte en relisant
La Bataille HADOPI, ce passage:
Benjamin Bayart a écrit :De la même manière, Internet change très en profondeur la façon dont se
diffuse, et donc la façon dont se crée, le savoir. Une bonne façon de résumer ça
est de dire que l’imprimerie a permis au peuple de lire, Internet va lui
permettre d’écrire.
(p66).
Avant, seul un auteur ou un journaliste, sous le contrôle d'un éditeur ou d'un directeur, peut écrire et accéder au public. C'est une relation de professionnel à personne, que l'on peut espérer réguler pour tout garder dans une certaine bonne entente (pas d'insultes/calomnies/sexualité/idéologies honteuses...).
En appliquant ce principe "ancienne presse" à internet, on arrive au projet de loi Masson.
Toutes les réflexions qu'ont peut avoir sur la liberté d'expression se font au filtre de la liberté de la presse, qui est en fait obsolète. Même l'article de la DDHC a été écrit dans ce contexte.
Ces affaires sont importantes. Elles nous aident à nous sortir la tête du brouillard, à prendre conscience du changement.
Et on peut très bien faire le parallèle avec HADOPI. Si les œuvres protégées par le CPI correspondent aux propos illégaux, alors les internautes, qui écrivent comme ils parlent, avec leurs jurons, leurs humeurs, leurs attaques verbales, leurs sextos... vont devoir, pour pouvoir s'exprimer sans être licenciés/poursuivis/censurés, se cacher et diffuser sur des réseaux anonymes et imbloquables (web porté par TOR, P2P...), et la seule solution pour garantir le respect de la légalité sera le DPI.
La conclusion logique, et ça fait quand même un peu peur, est d'accepter que les gens puissent écrire ce qu'ils pensent, repousser loin, loin, loin, les infractions de parole.