Il y a quelques mois, Damien Saez sortait son dernier Album intitulé "J'accuse". La pochette de son album, mais aussi ses affiches, signées Mondino (Illustre photographe), représentaient une femme dans un caddie avec écrit en gros J'ACCUSE.
La Commission chargée d'émettre un avis sur les publicités demande la censure de cette affiche. Les publicitaires sont unanimes, cette photo est dégradante pour les femmes et refusent de l'afficher.
Il s'en suit de bons gros débat preques inutil.
Est ce que cette affiche avec le texte "J'accuse" est dégradant et montre la femme comme un bout de viande désarticulé, ou bien, est ce que l'auteur souhaite tout simplement dénoncer les dérives de notre société ?
Quoi qu'il en soit, Damien est travailleur et se sort une nouvelle affiche pour remplacer la précédente.
La nouvelle affiche est noir avec seulement un texte blanc et surtout la date des concerts. (pas de quoi dégrader l'image de la femme)
Cette nouvelle affiche est censurée... Mais sans avoir vraiment de raisons valables.
Question, on censure qui ? Une affiche ? un artiste ? une idée ? une revendication ?
Quoi qu'on dise, notre société actuelle est moche, et la censure n'est pas que chez les autres. On ira apprendre la liberté d'expression dans d'autres pays mais on s'autocensurera en France.
L'artiste est triste et en colère mais écrit 2 lettres a qui veut les lire :
Allo Paris bonjour tristesse.
Notre photo, une femme nue dans un caddie, utilisée comme visuel de notre album et comme
affiche de concert, a été interdite dans les couloirs des métros et sur les kiosques à journaux.
Dans une seconde étape, une autre affiche textuelle signifiant cette interdiction l’a été à son tour
par tous les réseaux publicitaires, méprisant ainsi et la liberté de l’art et la liberté d’expression.
Une femme nue dans un caddie,
outrage aux moeurs du commerce ? Remise en question du système ? Droit d’informer ?
Quel crime avons nous donc commis ? Cette interdiction aurait pour but, qu’ils disent, de protéger
l’image de la nature humaine, j’en doute. Mais protéger l’image du caddie ? Ca c’est certain. Les
publicistes portant le drapeau de la nature féminine... Faîtes moi rire... Une chose est sûre, les
caddies valent plus que les hommes dans nos pays.
Quand les bureaux du commerce prennent des allures d’entrée de boites de nuit,
quand la ségrégation outre raciale en devient culturelle, la honte grandit.
J’ai honte pour ces gens, honte pour mon pays, honte pour ce qu’il est devenu, honte pour cette
auto-censure que la société s’inflige à chaque fois qu’elle ouvre sa bouche. Et dire que nous
étions d’avant-garde un jour...
Alors que le vulgaire à outrance et les illégalités font rage sur chaque devanture et dans ces
mêmes couloirs de métro, alors que nous vendons nos chairs, à tort et à travers, pour n’importe
quel inutile qu’il faudra vendre aux enfants, alors que la femme n’a jamais été autant méprisée
dans sa qualité d’être humain autre que celle d’être une chatte béante dans laquelle on refourgue
tous les artifices du nouveau monde, voilà que les petits capos voient de l’outrage quand le
féminisme est à son expression la plus pure.
Mais quelle est cette douleur qui fait si mal dans les p’tits slips des p’tits capitalistes d’arrêt de bus ?
Les miroirs feraient-ils donc si peur à ceux qui n’aiment pas leur visage ?
D’abord une photo, puis des mots....
Dis quand viendra le temps où nous reverrons la liberté ailleurs que sur nos billets de banque ?
Cet album que nous sortons est l’oeuvre de deux ans de travail, d’écriture, de production, de
musique, de réflexion, d’argent et surtout de temps. Un art populaire mis à mal par les pilleurs
de tombeaux que sont tous les vendeurs de câbles en tous genres.
Je suis parti des majors company pour ne pas finir en abonnement téléphonique, en sonnerie de
portable vendue à des crétins.
Bien sûr on est blasé de tout, bien sûr on ne s’étonne plus de rien,
bien sûr ça n’est pas grand chose, qu’une photo aujourd’hui, quoi demain ?
Bien sûr je continuerai à être libre, bien sûr qu’on galère tous à faire nos courses, bien sûr qu’il y
a toujours plus grave, bien sûr, bien sûr...
Mais les symboles sont là pour stigmatiser très souvent des maux bien plus profonds, et les
choses sans grande importance à première vue cachent souvent des forêts qui le jour où elles
prennent feux font bien plus de dégâts que la liberté.
Damien Saez
ALLO CERVEAU J’APPELLE NEURONES !!!!
Premièrement :
Je pense que seul un illettré ne comprendrait pas cette affiche et qu’elle n’est
que le miroir de ce que les publicitaires et par extension les médias dans leur immense
majorité (puisqu’ils sont tous les salariés indirects des spots de pub passés sur
leurs supports) veulent faire de nous et de nos enfants et que, par conséquent,
cette affiche n’avait pour but que de réveiller quelques consciences et
quelques féminismes bien éteints de nos jours ;je suis néanmoins heureux qu’elle
suscite une telle réaction chez certaines
associations même si je trouve tellement triste qu’on ne les entende jamais
concernant les 99% des publicités qu’on inflige à leurs enfants.
Vous comprendrez également mon étonnement de savoir que certaines de
ces associations décident d’être du côté du maquereau plutôt que de celui
de la prostituée,
quel paradoxe d’être taxé de sexiste et de proxénète quand on dénonce la
prostitution même,
et bien plus que celle des corps de nos frères et de nos frangines,
celle de nos âmes et de nos cerveaux,
tout ceci est décidément un bien triste bilan de santé de notre société.
Bientôt ceux-là même que tu défends vont t’attaquer en justice, c’est pas
beau ça !
Oui bientôt la photo d’un oiseau dans le mazout sera interdite car elle
sera suspectée d’être propagande, non pas contre mais pour les sociétés
pétrolifères... tout ça me fait rire et c’est pas peu dire de nos jours.
Utiliser l’image de la femme à tort et à travers pour vendre tout ce qu’on
peut : des soutifs au fromage, des magazines pour illettrés ou du showtime à
la télé, non ça, ça n’est en rien dégradant,
mais la prendre en photo pour dénoncer cette société qui voudrait que
l’Homme ne soit rien de plus que de la viande dans un caddie, halte là !
Cachez ce sein que je ne saurais voir !
Deuxièmement :
Et si elle était habillée ?
Et si c’était un homme ?
Et si c’était une femme libre sur un parking, magnifique au soleil que j’avais prise
en photo et qui aurait accepté d’être l’icône photographique de mon album ?
Et si c’était ma soeur ?
Ou ma femme peut-être voulant elle aussi lutter à sa manière ?
Bien des questions qui ne mènent qu’à une seule réponse : liberté.
Le reste n’est que tartufferie et intégrisme économique.
À l’image de ce que cette société devient, un cul perdu entre des millions de
chaises, ces gens-là même qui ont détruit depuis des décennies l’image de la
femme donc celle de l’humain tout entier,
ces gens-là vont me donner la leçon au nom de l’Homme,
ah... si j’avais vendu des strings au lieu de critiquer Dieu consommation...
Moi,
j’ai depuis plus de dix ans combattu ma propre publicité, et je n’ai pas besoin
de censure comme publicité n’en déplaise à certains,
je ne suis jamais allé me vendre à la criée sur les canaux à merde qui vous
assiègent secondes aprés secondes sur tous les écrans,
et plus important je n’ai jamais mis une gamine de 14 ans pour vendre un
cornet d’glace,
à la vanille bien sûr....
Ne voyez pas dans cet écrit une justification à ma liberté qui n’en nécessite
aucune mais juste une dernière mise au point sur ce sujet,
le pouvoir n’est plus dans les mains du peuple il est dans les câbles et les
concubinages consanguins de tout ce joli monde qui fait la merde qu’on achète.
Aprés tout qu’importe, qu’elle soit interdite ne m’étonne pas tant que ça, ça
fait longtemps qu’ils ont gagné et qu’on leur a donné notre cul, à croire qu’on
aime tellement ça.
Quelle tristesse !
Définitivement, J’ACCUSE !
Je vous souhaite une bonne journée mesdames.
Damien Saez
http://saez.mu/
Avez-vous d'autres exemples de censures ? Si oui, il serait bien de les dénoncer et d'accuser !