pers a écrit :kabizbak a écrit :on casse toute ambition de progrès social effectif
Ce que vous dénoncez me semble plutôt d'ordre idéologique/conjoncturel que d'ordre institutionnel. "Notre" république "démocratique" a quand même permis la reconnaissance de certains droits fondamentaux pour le peuple et pour les travailleurs... autrefois. (Bon, le dernier exemple en date qui me vient à l'esprit est le Conseil National de la Résistance et ça date un peu, mais quand même.)
Oui et non. Chaque" église" idéologique tentant d'imposer sa logique, sa doctrine, à tous les pans de la société, les aberrations se relaient pour nous maintenir le nez dans la merde.
Les exemples que vous donnez (peuple, travailleurs) sont des agrégats conceptuels, des vues de l'esprit, des "corps" imaginaires implicitement reconnus comme supérieurs en valeur comme en qualité à leur brique élémentaire, l'individu (ou citoyen). Rien que cette démarche, consistant à placer au sommet des causes à défendre non pas l'élémentaire mais la globalité, est en réalité contraire à ce qu'on se fixe comme objectif en énonçant des droits de l'homme.
Ce qu'on cherche en faisant un tel énoncé, c'est à mettre au sommet des priorités le bien être de la brique élémentaire de la société : l'individu. Car on pressent qu'en procédant de la sorte, par voie de conséquence, c'est du bien être de l'ensemble de la collectivité dont on s'occupe. L'essence même de l'état de droit, du libéralisme politique, c'est l'individualisme. Et évidemment ça n'a pas plu aux collectivistes (communistes, socialistes, nationalistes, etc.), qui se sont échinés à requalifier les termes (sans autre résultat que de se faire plaisir à bon compte, et à desservir les intérêts de ceux qu'ils prétendaient défendre). C'est l'aberration "socialiste".
Mais en plaçant le bien être de la brique élémentaire de la société au sommet des priorités, on s'oblige en réalité à contrôler sévèrement l'économie pour la soumettre à cet objectif prioritaire. Car si on fait de l'économie un "être", dont les intérêts (le bon fonctionnement) prévalent à ceux de l'individu, on se contredit. Là, c'est l'aberration libérale, qui, grâce aux individus et à eux seuls, tient finalement un peu plus debout que l'aberration socialiste.
Mais à quel prix ? Celui de l'abandon progressif mais programmé de l'état de droit.
L'état de droit dont nous rêvons depuis plus de deux siècles, dépend d'une part de la conservation de l'essence individualiste du droit, et d'autre part de la soumission des mécanismes économiques à cet objectif prioritaire. Sans ces deux conditions, on pourra se mettre les oripeaux qu'on veut, on ne vivra pas en état de droit.