cypou a écrit :Et qu'est ce qui fait que le programme ne pourrait pas être fait par une équipe de 50personnes ? Comme ça on est sûr de la fiabilité !
1 personne ou 50, l'importance c'est que le logiciel de vote doit être Libre, c'est à dire que tout le monde puisse consulter, modifier, copier, et redistribuer son code source. Ce qui nous intéresse ici c'est l'aspect consultable qui implique que tout le monde peut surveiller son fonctionnement.
Encore une fois, d'un point de vue technique ce n'est pas possible pour le moment de garantir l'anonymat des votants tout en protégeant le vote des fraudes électorales. La seule solution c'est de sacrifier l'anonymat des votants. On ne pourra pas alors parler de scrutin démocratique car le vote étant public les électeurs peuvent potentiellement être soumis à des pressions et voir apparaître à ce qu'on appelait au 19ème siècle des violences électorales (avant l'instauration de l'isoloir). Par exemple, je n'ai pas forcément envie que mon patron voit que je soutiens les positions de Mélenchon ou, autre exemple,que dans la salle des profs mes collègues sachent que j'ai suivi les consignes de vote de Sarkozy (je suis délibérément caricatural) sur tel ou tel référendum.
cypou a écrit :Et je ne vois pas de rapport important entre le vote électronique et ma proposition !
Enfin, il y en a ... mais pas trop non plus !
Ce n'est pas le vote présidentielle dont je parle, je parle d'un simple avis ! Pour aider l'état à prendre des décisions qui vont dans le sens des citoyens!
Un point sur la terminologie. Que l'on parle d'élection (pour des personnes ou des postes) ou de référendum (sur des programmes, des réformes, des lois) il s'agit d'un vote. J'ai déjà évoqué les dangers du vote public pour une réforme/un programme/une idée plus haut dans le cadre d'un processus démocratique national. Pour une personne, c'est peut être pire comme le résume Shugurby
ici.
Lorsque que l'on est un titulaire d'un mandat de représentant (députés, sénateur etc) ou dans le cadre d'un débat intra-partisan on peut accepter l'idée d'un vote public sur des idées puisque pour le premier cas c'est leur boulot de représentant et dans le second cas les personnes qui s'engagent dans un parti sont la pour faire valoir leurs idées, leurs engagements et ont un minimum de convictions en commun.
Ce que tu évoques est un processus de consultation en ligne étatique. Ce qui signifie qu'il est nécessairement public (pour les raisons techniques évoquées plus haut) , que le choix majoritaire qui s'en dégage ne lie pas les décideurs, qu'il sert à guider l'action de l'Etat, qu'il est payé et mis en place par l'Etat, et qu'il est en ligne. En fait, il existe quelque chose qui ressemble plus ou moins à ça: Les entreprises de sondages (Ifop, Harris Interactive, Opinion Way) qui utilisent de plus en plus des sondages 100%
online. A la différence qu'ils sont au mains d'intérêt privé parfois proche de tel ou tel patron de presse ou chef d'entreprise ayant leur accointance au PS ou à l'UMP.
Ce qui est amusant c'est que de nombreux chercheurs en science politique, très critique des sondages tels que pratiqués actuellement, réclament des financements de l'Etat pour réaliser des sondages politiques via des laboratoires du CNRS. Problème principal, les fonds demandées sont plus importants que ceux des entreprises de sondage. Car pour garantir que le résultat du sondage soit a peu près fiable il y a un certain nombre de garanties méthodologiques que l'IFOP, Harris etc ont sacrifié au nom du rendement économique. Ces garanties reposent sur la taille de l'échantillon, son tirage au sort, la formulation des question et le mode de passation en face à face. Internet impliquant un coût (à la fois en terme économique mais aussi en terme de compétences) qui exclut certaines catégories sociales. Par ailleurs, l'IFOP, Harris etc utilisent des méthodes de redressements (qu'ils gardent comme "secret de fabrication", c'est donc une technologie fermée) très décriée par les chercheurs. Et je ne parle pas du choix des thèmes, des questions et des éléments de réponses totalement biaisés (exemple:
http://www.acrimed.org/article3934.html).
Pour finir, petite précision, les entreprises comme Harris, Ifop, Opinion Way sont "à pertes" sur les sondages politique. C'est à dire qu'ils sont payés par l'Elysée, les ministères, ou les médias pour réaliser des sondages qui leur coûtent plus cher que cela ne leur rapporte directement. Toutefois ces sondages politiques (dont la loi impose de citer l'entreprise qui l'a réalisé et le média qui l'a commandité) servent de vitrine, d'outil marketing pour démarcher les clients plus fortunés que sont les entreprises privées qui commanditent des études de marchés sur lesquels ils réalisent la plus grosse partie de leur chiffre d'affaire. C'est comme ça qu'on arrive avec des sondages comme celui d'il y a presque deux ans annonçant Marine Le Pen en tête du premier tour de la présidentielle. Cela a permis à un nouvel entrant sur le marché des sondages, Harris Interactive, de se tailler quelques parts de marché avec ce buzz et de devenir maintenant un organisme incontournable du monde des sondages.
Edit:
Cypou a écrit :Ou si on met le code source, il y aura des risques de piratage (fraude donc) ? Ou on peut mettre le code source sans que ça fasse des failles ?
Je suis pas technicien mais il me semble que si le code source est mis à disposition du public sur un long terme, cela signifie qu'il est étudié suffisamment longtemps et par suffisamment de monde pour qu'il soit possible de corriger et de parer aux éventuelles failles surgissant durant l’exécution du logiciel découlant de la compilation du code source. Le caractère ouvert du code source est donc plutôt une garantie de fiabilité.
Toutefois, je le répète, il n'est pas possible, pour le moment, que le logiciel arrive à vérifier à la fois que Monsieur Dupont a voté tout en ne sachant pas ce qu'il a voté mais en l'enregistrant ailleurs et en l'additionnant au vote des autres individus tout en répétant l'opération à l'ensemble des votants.
Edit2:
Pour rire, je ne résiste pas à l'envie de vous livrer le dernier sondage Harris Interactive pour 20 minutes.
20minutes titre: "Conférence de presse: 39% des sondés convaincus par la prestation de François Hollande"
C'est beau, c'est clair, on en déduit que c'est plutôt négatif pour Hollande. Si on va plus loin, on découvre:
20minutes a écrit :Alors que la presse a plutôt été positive sur la prestation de François Hollande, le ressenti des Français semble plus mitigé. Selon une enquête Harris interactive pour 20 Minutes,
39% des personnes ayant au moins entendu parler de la conférence de presse ont jugé plutôt ou très convaincant le président de la République.
En gros c'est l'avis de l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours.
Je ne parle même pas des autres points purement méthodologique. Le problème est surtout, ici, déontologique.