Je crois que le PP s'inscrit plus dans une dynamique progressistes-conservateurs que sur un axe droite-gauche.
C'est une erreur de penser que le PP peut s'inscrire sur cet axe réformistes / conservateurs, qui a exactement les mêmes défauts que l'axe droite / gauche de la tradition politique française : C'est un système binaire sans nuances formaté par la discipline parlementaire (= votes collectifs à l'A.N.) et c'est une tradition politique nationale issue spécifiquement des Etats-Unis et de l'histoire de ce pays, qui ne peut pas s'appliquer à la politique française car nous n'avons ni la même histoire ni la même culture.
Par exemple, en France, Sarkozy se prétend réformiste, ce qui ne l'empêche pas d'être à la tête d'un parti comme l'UMP qui est à l'origine conservateur.
La confusion et le flou règnent actuellement en France, comme l'illustrent les hommes politiques de gauche dans un gouvernement de droite, les volontés de réformes compromises par les alliances avec les forces conservatrices (lobbys, etc).
Le PP ne peut pas être catalogué comme progressiste, même s'il l'est dans la mesure où il est le seul à être conscient des enjeux économiques et sociaux de la révolution de la société de l'information.
En effet, le PP est également un parti conservateur. Nos propositions pour la réforme du droit d'auteur n'ont pas d'autre but que de préserver la culture française en la diffusant au plus grand nombre, et en permettant à tous les créateurs français de participer aux nouvelles formes de création culturelle afin de préserver la place de la culture française dans le monde. La conséquence de notre engagement pour que la France ne soit pas exclue du renouveau culturel induit par Internet est de préserver la diversité culturelle de l'uniformisation et de l'appauvrissement des catalogues des majors en diffusant notre patrimoine culturel et en l'enrichissant.
Le domaine public que nous plébiscitons souvent dans les modèles de diffusion culturelle libre est donc un patrimoine que nous souhaitons conserver, protéger et valoriser, mais ce patrimoine ne se limite pas à la culture.
En militant contre les brevets sur le vivant par exemple, nous militons pour conserver la biodiversité, inscrite au patrimoine de l'humanité.
Nous ne pouvons donc être étiquetés réformistes, puisque la plupart des réformes que nous proposons ont pour but de conserver les acquis culturels, scientifiques et démocratiques qui sont en train d'être détruits par les conséquences du néo-libéralisme.
Lorsque nous militons pour la liberté d'expression, le respect de la vie privée, ou le droit de chaque citoyen à prendre part à la vie culturelle, nous sommes des conservateurs, puisque tous ces droits ont existé dans notre pays et survivent encore, malgré leur érosion, et notre objectif est de les conserver, de les préserver, même si nous sommes également réformistes dans la manière dont nous voulons voir ces droits anciens et ces valeurs traditionnelles issues de notre Histoire être appliqués.
Nous sommes donc un parti de droite et de gauche, réformiste et conservateur, révolutionnaire et républicain.
Ce qui fait de nous, d'après moi, un parti trans-politique.
Cette trans-sexualité politique peut sans doute s'expliquer par le jeune âge de notre parti, puisque nos adhérents sont souvent issus des autres formations politiques, mais pas seulement.
Je pense que de nombreux citoyens dégoutés par la politique, qui expriment depuis plusieurs années des votes de contestation massifs et qui sont bien conscients des manipulations de l'opinion publique et de la main mise industrielle et financière sur le pouvoir politique, se tournent et se tourneront de plus en plus vers nous.
La Révolution de la société de l'information est le point central sur lequel nous devons nous concentrer, car c'est cette donnée qui nous différencie des autres partis, qui sont embourbés dans des idéologies obsolètes qui n'ont plus de prise sur le monde actuel. Ils sont coupés du peuple par les engagements qui les lient aux lobbys et ont enterré la rationalité politique depuis que les parlementaires n'ont plus la liberté de voter en leur âme et conscience.
Mais nous devrons également insister sur ce que nous avons en commun avec les autres partis et l'histoire politique française, c'est à dire les valeurs républicaines et démocratiques, la volonté d'une politique internationale française digne de ce nom, le retour aux fondamentaux éthiques et philosophiques des lumières, que notre société a oublié pour se vautrer dans la consommation égoïste, la morale religieuse issue de l'hégémonie américaine et la dérégulation totale des marchés, au mépris non seulement de la solidarité envers les peuples que nous avons colonisés et grâce auxquels nous avons acquis notre richesse, mais également sans aucune évaluation des risques induits par les technologies industrielles pour l'environnement et les libertés individuelles.
En définitive, la question de l'échiquier politique nous renvoie surtout à ce que nous avons de commun avec les autres partis, et nous avons en effet des valeurs communes sur lesquelles il serait bon de communiquer pour que les français puissent nous comprendre.
Mais nous avons le devoir d'exprimer notre différence, et cette différence est incompatible avec toute grille binaire nationaliste droite/gauche ou réformiste/conservateur.
C'est ici que notre trans-politique pourrait se transformer en méta-politique, sur le long terme, pour l'après de la révolution de la société de l'information, c'est à dire la société de la connaissance.
Mais c'est peut être aller un peu vite alors que nous n'en sommes qu'à la société de consommation et de communication.