pour avoir travailler la question du port du voile intégral niqhab ou burka (parce que si on voit le visage, on s'en fiche de ce que porte ou non les gens - du moment que la tenue est décente, qu'ils ne soient pas tout nu)
le problème est principalement un problème relationnel avec la personne ou de vérification d'identité.
1) nous avons adopté le principe que nous n'avions pas à nous substituer à la police (ce que demandait au départ la circulaire d'application qui enjoignait à tout fonctionnaire de demander aux personnes de se découvrir et à défaut de ne pas délivrer les prestations de service public), chacun ses missions
2) demander aux femmes de se découvrir au guichet (qui bénéficient d'une certaine discrétion) pour qu'on puisse vérifier l'identité de la personne (obligation juridique, qu'en terme de sécurité des soins !!!)
3) dans les salles d'attente, qui sont des lieux mixtes et parfois bondés, au choix de la femme, sous réserve que la situation ne soit pas dégradante et humiliante, à même de créer une gêne pour les autres personnes qui attendent (ex. un mari qui obligeait sa femme à s'asseoir par terre, en disant que c'était sa place, alors qu'il restait des chaises libres

)
4) dans le cadre de la prise en charge, dans la relation avec les professionnels de santé, elles doivent se découvrir, pour pouvoir instaurer le dialogue... parce que sinon on discute plus avec le mari qu'avec la patiente et la prise en charge ne peut pas être de qualité
si les maris posent pb, vu qu'ils ne sont qu'accompagnant, on leur demande d'attendre dehors la fin de la consultation
pour les femmes (ou hommes, ça arrive, notamment pour les pb de prostate, je vais pas détailler) qui exigent d'être par une personne de tel sexe, c'est en fonction du tableau de service. si ce n'est pas possible et qu'ils souhaitent partir, libres à eux...
il existe une charte de la laïcité dans les services publics, dont on a réalisé une adaptation plus explicite pour expliquer aux patients comment cela se passe en pratique.
après, il faut quand même noter peu d'incidents, qui sont plus souvent provoqués par des attitudes agressives et insultantes des accompagnants vis-à-vis du personnel féminin, que liés au port ou non du voile. la montée de la violence dans les hôpitaux n'est pas liée à cet épiphénomène.
nous avons souhaité être très prudents dans notre approche afin de ne pas stigmatiser ses femmes, les stigmatiser étant les renforcer dans leur attitudes parfois de simple provocation, et rester un lieu de recours où elles peuvent venir sans être jugées et où elles seront accueillies quand elles en auront besoin. Souvent le communautarisme les coupe de toutes ressources sociales différentes, elles se retrouvent prises au piège. Il faut leur laisser la porte ouverte pour l'avenir. ce n'est pas en les rangeant dans une catégorie que leur sort va s'arranger !
en résumé une
loi parfaitement inutile, la législation existante suffisant parfaitement à régler ce genre de cas, et qui n'a fait que montée les extrémistes (ceux qui portent le voile et ceux qui sont contre - je me souviens d'un scandale fait par un patient qui trouvait inadmissible que nous acceptions de prendre en charge une femme qui portait le voile et qu'il ne voulait pas d'elle dans la même pièce).
une loi de provocation, prise en réaction à un fait d'actualité (la femme qui s'était faite verbalisée alors qu'elle conduisait voilée, avec un mari polygame qui cumulait les allocations familiales - pas biiiiieeeeennnn) renommée pour ne pas être rejetée par le conseil constitutionnel comme discriminatoire !
au final
une loi qui n'est pas appliquée, la police nationale ayant autre chose à faire que verbaliser les femmes dans la rue et la police municipale dépendant des maires qui n'ont pas voulu appliquer la loi !
sous couvert de "sécuritaire" ou de bons sentiments, on peut faire tout et n'importe quoi. la vie privée et la liberté individuelle doivent demeurée et ne peuvent être aménagées, après réflexion et parcimonie", que lorsque l'on sort de ce cadre, c'est-à-dire que l'on entre en relation avec les autres...
pour les aéroports, je pense qu'il faut en effet procéder aux vérifications d'identité, mais elles peuvent être réalisées dans des endroits plus intimes... tout comme on doit se prêter à certaines fouilles pour accéder à certains lieux. Les fouilles corporelles des femmes sont bien faites par des femmes, pourquoi ne pourrait-il en être autrement des vérifications d'identité...
de même dans les écoles-centres aérés, où il faut vérifier à qui on remet l'enfant (c'est une obligation). certaines écoles ont mis en place des salles où les femmes peuvent se découvrir et ça se passe bien...
tout est dans la manière de présenter les choses et dans l'attitude des gens...
par contre les lois contre la connerie, je n'en ai jamais vu, mais je pense que ce serait particulièrement utile et non discriminatoire étant donné le caractère partagé de celle-ci !