Messagepar Iv » mer. 13 janv. 2010, 19:28
J'ai eu à ce sujet quelques discussions intéressantes sur la notion d'économie de la réputation. L'idée que le temps et les efforts que l'on est prêt à fournir à une personne dépendent de son statut dans une communauté donnée et de sa réputation. Certains appellent ce système fasciste, d'autres sont assez enthousiasmé de cette "explicitation" d'un système qui existe d'une façon déjà implicite.
Il me semble que lorsque l'on se retrouve avec deux types de réactions possibles :
- pro-anonymat. On ne traque pas la réputation, on est tous anonymes, on traite un inconnu avec respect et courtoisie. Ca revient à dire que tout le monde à un niveau de réputation identique. C'est fraternel et humaniste, c'est simple à mettre en place, c'est facile à abuser. Ca demande à avoir une bonne opinion de l'humanité. Ca a en général tendance à rapidement tendre vers un système à réputation implicite.
- pro-affichage. Les participants considèrent que plus un interlocuteur en saura sur le demandeur, mieux il pourra juger de la pertinence de lui accorder du temps. Chacun tente d'avoir la meilleure réputation possible en aidant une communauté donnée, on ostracise les profiteurs et les abuseurs de confiance. Ca demande d'avoir une bonne opinion de soi (car on croit que plus on en dévoile sur soi-même, mieux on sera perçu) tout en rendant possible une ostracisation de gens qui ne le méritent pas ou qui tout simplement préfèrent le premier système.
Je ne crois pas qu'il y ait un clivage jeune/vieux là dessus, (après tout, la notion "l'anonymat n'est utile qu'aux criminels qui ont des choses à cacher" est souvent labelisée "opinion de vieux") je pense que ce sont deux modèles de société différent et que c'est une querelle philosophiquement intéressante.
Je crois également que les "jeunes" qui embrassent Facebook et Twitter avec enthousiasme ne sont pas indifférent à la vie privée. Ils sont simplement plus à l'aise avec le partage d'une plus grande catégorie d'information. Mais proposez à ces mêmes personnes de mettre en ligne toutes leurs notes depuis la maternelle, les remarques de leurs profs, de leurs médecins ou leur surnom à la récré, et vous verrez le même genre de réaction de défense de la vie privée dont on les croit amputés.