***retrousse ses manches***
Bon, avant que le topic ne parte définitivement en sucette (comment ça, « trop tard » ? :-p ), je vais essayer de répondre aux questions de départ :
vzmind a écrit :J'ai lu des critiques assez virulentes sur d'autres threads affirmant qu'un groupe d'apparatchiks tiendrai le forum et l'asso. Il est vrai que j'ai été surpris en rejoignant le PP, en tant que membre et candidat potentiel, qu'une organisation centralisée et soviétique soit en place (cn, cap, codec ...) alors que nous défendons a priori plus des modeles démocratiques et distribués.
Votre formulation ne laisse pas de m'intriguer (une organisation centralisée "et soviétique" ???). Si vous avez des questions, peut-être serait-il souhaitable de les formuler 1/ comme des questions et non comme des affirmations et 2/ sans jugement de valeur implicite.
Alors, pour vous répondre sur le fond : oui, le Parti Pirate est une tentative de faire co-exister deux modèles.
-> Le premier modèle est un modèle contributif de type "communauté en ligne", que beaucoup décrivent comme "horizontal" ou "méritocratique". Ce n'est pas tout à fait exact : dans toute communauté en ligne, chacun peut s'exprimer (horizontalité) mais certains avis ont plus de poids que d'autres (méritocratie). Il se crée donc une hiérarchie de fait, non-écrite et parfois même inconsciente, qui est fonction de la qualité des contributions de chacun, mais aussi de l'ancienneté, du charisme, voire parfois d'une certaine démagogie. Tous ces facteurs mal définis sont parfois regroupés sous l'intitulé de "karma", je vous renverrai par exemple à cet
article anthologie sur le logiciel Libre.
-> Le deuxième modèle, est un modèle de type "association loi 1901", que beaucoup décrivent comme "vertical" ou "pyramidal", et qui repose sur une forme de démocratie dite "représentative" : l'assemblée générale des adhérents élit un Conseil d'Administration, qui élit un Bureau, qui élit un Président. Ce modèle est plus ou moins imposé par la législation française : une association "1901" ne doit pas faire de bénéfices au profit de ses membres, doit déposer ses statuts (rédigés d'une certaine façon, sinon ils ne sont pas acceptés), ses comptes et ses procés-verbaux d'assemblée en préfecture, doit tenir un registre, ne peut (hélas) PAS avoir d'adhérents anonymes, etc. Dans notre cas s'ajoutent, à ces règles, les contraintes liées au financement des partis politiques : nous devons prouver l'origine de toute somme qui nous parvient (montrer que cela vient d'une personne _physique_ et non d'une entreprise, montrer que cela représente moins de 7500€ par an et par personne, etc.).
Alors, comment parvenir à ménager les deux, et à les faire interagir sans 1/ que les adhérents se sentent frustrés et 2/ que nous sortions du cadre défini par la loi ? Eh bien, c'est pour cette raison que nous avons mis pas moins de DEUX ans à rédiger des statuts, de façon à pouvoir combiner harmonieusement tout cela. Nos statuts prévoient, par exemple, que nous puissions avoir une présidence collégiale : ainsi, nous avons non pas UN président mais DEUX co-présidents (en théorie on peut monter jusqu'à trois), dont les pouvoirs sont délibérément limités.
De même, nous n'avons pas UN Conseil d'Administration tout-puissant comme dans n'importe quelle autre association, mais DEUX conseils : le Conseil Administratif et Politique (dans lequel je me retrouve par hasard), et le Conseil National qui se réunit un peu plus rarement, mais est _justement_ supposé être le garant de la représentativité des adhérents (la vie des sections locales, la consultation directe des adhérents, tout ça c'est le C.N.). Ces deux instances sont élues à bulletin secret, au suffrage universel direct des adhérents.
Et comme ça ne suffisait apparemment pas, nous avons _aussi_ rajouté une commission indépendante, nommée paritairement par le C.A.P. et le C.N., qui veille à la régularité du fonctionnement (et notamment des scrutins), et donne des avis lorsque des questions épineuses se posent.
Je ne parle ici que de la structure de gestion : les équipes de travail (rédaction, graphisme, médias, technique...) sont largement autonomes et disposent de leur propre circuit de validation/publication.
Et je ne parle même pas des sections locales ou autonomes (la section Alsace, Midi-Pyrénées, etc., ou encore le Parti Pirate Jeunes, par exemple ?), qui disposent d'une grande liberté d'organisation interne -- sauf lorsqu'il faut leur donner des sous, auquel cas la loi nous oblige à leur demander pourquoi ou comment. (Je schématise.)
En d'autres termes,
1/ notre fonctionnement n'est pas si "centralisé" qu'il y parait
2/ cette "pluralité" que nous avons voulu introduire dans notre structure, se traduit hélas par une complexité accrue.
3/ de plus, cette multiplication des instances et des responsabilités demande d'avoir BEAUCOUP de volontaires disponibles, et lorsqu'il n'y en a qu'une poignée on se retrouve toujours, au bout du compte, avec une poignée de volontaires qui n'ont d'autre choix que de cumuler plusieurs tâches -- et ils s'en passeraient bien, croyez-le.
4/ Il ne faut pas croire tout ce que vous lisez :-)
vzmind a écrit :De plus d'autres polémiques sur le nombre d'adherents existent.
Non. UNE personne, d'ailleurs mal informée, se sert d'un argument bidon pour tenter de créer une polémique. Là encore, faites attention à votre formulation.
vzmind a écrit :Tel serait le bilan: 191 membres apres 7 ans. C'est dérisoire et même inquiétant sachant qu'il y aurait eu plusieurs demissions en "haut lieu". Tout cela révèle selon moi une organisation en voie de stabilisation,qui se cherche, qui gagnerai a être plus proche des ses membres.
Sans déc. J'ai résumé ci-dessus une partie des actions engagées pour être "plus proche". (Je note d'ailleurs que ni vous ni Vincent Andrès n'êtes "membres", c'est-à-dire adhérents, et cependant nous avons été plusieurs à consacrer du temps à échanger avec vous.)
Alors, pour ce qui est du nombre d'adhérents, nous sommes encore (pour quelques jours) en période de ré-adhésion, et notre compteur est resté gelé pendant cette période. De plus le Parti Pirate existe non pas depuis 7 ans, mais depuis moins de 6 ans. Enfin, ce chiffre ne tient pas compte de nos quelques milliers de sympathisants, difficiles à recenser (souvenez-vous : nous sommes une communauté en ligne avant d'être une association).
Le Parti Pirate en France a pris beaucoup de retard entre 2006 (époque où je n'étais que simple inscrit sur le forum, soit dit en passant) et 2008. Cela est lié à plusieurs raisons : la rédaction des statuts a pris du temps, l'équipe dirigeante a beaucoup tourné (parce que les gens en place, probablement moins masos que nos dirigeants actuels, ne supportaient pas de se faire traiter comme nous nous faisons quotidiennement traiter dans ce forum). Nous avons dû faire face à pas moins de sept "forks" du Parti Pirate (c'est-à-dire des groupes concurrents qui prenaient le même nom, que ce soit par pétulance inconsciente ou par arrivisme politique). Bref, une histoire mouvementée et torturée (que j'ai résumée
ici et
ici).
Notez qu'à l'étranger, ce n'était guère mieux. On cite toujours (à raison) les réussites du parti allemand et suédois, mais ce ne sont que DEUX partis pirates sur une cinquantaine dans le monde ! Comme je l'expliquais
ici, les autres pays ont également eu à subir leur lot de forks (aux USA il y a eu pas moins de QUATRE pp coexistant pendant plusieurs années), y compris... en Tunisie où il y a actuellement deux Partis Pirates concurrents.
La France n'est donc pas si mal lotie... d'autant que nous avons des contraintes spécifiques : tout d'abord le paysage associatif français est extrêmement foisonnant et vivace (associations de vigilance républicaine, de défense du logiciel Libre, de consommateurs, d'artistes, j'en passe), ce qui est certainement une bonne chose, mais a aussi permis à des collectifs de se former en concurrence (parfois ouverte, allô la qdn ?) du PP -- et parfois sans s'embarrasser de nos scrupules et questionnements démocratiques.
Autre contrainte : la législation de notre pays sur les partis politiques est infiniment plus contraignante (et certainement destinée à décourager les petits partis émergents). Les allemands ou les suédois n'auraient JAMAIS eu plusieurs dizaines de milliers d'adhérents s'ils avaient eu les mêmes contraintes légales que nous, qui nous ont par exemple demandé un an pour trouver une _banque_ (si), puis deux ans pour mettre en place les adhésions en ligne. (Sans parler des règles de financement public, qui ont permis à nos amis allemands de disposer très vite de ressources infiniment supérieures aux nôtres.)
J'ajouterai pour finir, que le nombre n'est PAS essentiel. Ce qui compte est notre visibilité, et la qualité de nos propositions. De ce point de vue, je pense qu'on s'en est plutôt bien sortis jusque là.
vzmind a écrit :Dans l'attente de mes identifiants pour le serveur de democratie liquide, je me demande donc comment cet outil permettra t'il de renouveler l'organisation "old school" de notre mouvement et nous aider a sérieusement développer notre base d'adherents ?
Là encore, votre formulation est biaisée. Parler d'organisation "old school", c'est un jugement de valeur -- et d'ailleurs c'est faux, comme je vous l'ai expliqué plus haut.
Pour ce qui est de la démocratie dite "liquide", j'ai expliqué
ici pourquoi il ne faut pas y voir une solution-miracle. C'est un _outil_ intéressant, car il nous permettra de consulter plus facilement et plus rapidement les membres (voire aux membres eux-même de se saisir de certaines questions). Mais comme tout outil, il est _limité_ car pas satisfaisant d'un point de vue démocratique.
Pour être valable, un scrutin démocratique requiert trois choses : il doit être TRANSPARENT, il doit être ANONYME et il doit être VÉRIFIABLE. Or malheureusement, le _seul_ système que nous connaissions à ce jour qui présente ces trois garanties autant que possible, demeure la combinaison isoloir/bulletin-secret/urne-transparente/feuille-d'émargement. Vous m'objecterez peut-être que c'est totalement casse-couilles, particulièrement pour un mouvement dont les membres sont dispersés partout sur le territoire français (et même outre-mer) ; je vous répondrai que OUI, c'est casse-couilles mais c'est le prix à payer pour pouvoir nous considérer comme démocratiques et intègres.
Donc, ce que prévoient nos statuts pour l'instant, c'est que les outils de vote en ligne ("liquide" ou pas liquide) peuvent, et doivent, être utilisés autant que possible à titre CONSULTATIF. Mais que toute décision importante doit être prise par l'Assemblée des adhérents (bulletin secret, urne, toussa)... ou, si ça ne peut pas attendre un an, par les instances **élues** par les adhérents. (Sachant que, comme je l'expliquais plus haut, des précautions de contrôle et de séparation des pouvoirs ont été prises autant que possible.)
Voilà, je ne sais pas si cela répond à vos questions (je n'ai pas lu le reste du thread, mais je rappelle à Sims que "bile" ne prend qu'un L :-D ).