Harpalos a écrit :sophievm a écrit :Bonjour,
Je trouve ces propositions très pertinentes mais j'ai une question : pourquoi insistez-vous autant sur l'autorisation d'utilisation commerciale ? Le web est pourtant déjà largement envahi de ces marchands qui monétisent des trucs pompés à droite ou à gauche ! Faites une recherche sur un sujet “vendeur” et regardez ces trucs inutiles qui n'ont pour seul “mérite” que d'être bien référencés sur les moteurs de recherche… On ne va pas leur filer des occazes supplémentaires de pomper du pognon !
Alors je m'interroge… Quels arguments avez-vous en faveur de ça ?
Merci — sophievm 2011/03/14 14:26
Bonjour
Nous avons failli manquer votre contribution. Normalement cette page aurait dû être bloquée. Nous vos invitons à débattre dans le forum ou en commentaire de notre blog.
Mais je vais répondre tout de même.
Si nous avons l'air d'insister, c'est qu'il y a une vraie résistance. Si certains acceptent de publier des données publiques, c'est souvent avec la condition de ne pas en faire commerce. Donc nous mettons d'emblée sur la table qu'une telle restriction n'a pas lieu d'être, et que s'il doit y avoir débat pour convaincre, cela doit l'inclure.
Pourquoi ?
Tout d'abord, nous parlons de données publiques librement accessibles. Par exemple les données et prévisions des stations météorologiques, ou les mesures de bruit autour de l'autoroute, ou la liste des implantations de cabines téléphoniques… etc… Surtout pas les données privées (immatriculation, adresse des fonctionnaires…).
Grâce à ces données publiques librement accessibles, n'importe qui pourrait faire des choses à titre personnel, ou pour un usage non commercial (bénévolat, associatif, recherche universitaire, etc).
Il faut admettre cependant que l'ampleur de n'importe quel projet sera limité, s'il est contraint à s'abstenir de vendre quoi que ce soit. Même le monde associatif est amené à vendre des T-shirt ou monter des buvettes dans ses évènements.
Mais les données publiques peuvent aussi être utilisées pour créer de l'innovation, de l'entreprenariat, des startups, du tissu d'entreprise, des emplois… Bref tout ce qui fait la santé de l'économie.
Donc par exemple une startup jardinage.fr pourrait utiliser les données des stations météorologiques et proposer aux particulier un service (payant) de suivi et prédiction d'humidité et de température pour ceux qui ont un jardin sur lequel ils veulent planter des légumes délicats à cultiver. Un tel service ne pourrait exister si on se cantonne au domaine de l'associatif et du bénévolat. Et en revanche, l'existence d'un tel service n'enlève rien à la société. ce n'est pas parce qu'un “marchand monétise des trucs (température et humidité) pompés à droite ou à gauche (les stations météo du département)” que la société en sera moins riche, et qu'un bénévole ne pourra pas faire un service concurrent. Au contraire, l'économie sera stimulée.
Ceci tient à une particularité du numérique : on peut dupliquer les données. Que je donne les données à une société qui l'exploite, n'empêche pas une autre ou une asso de les recevoir aussi!
Contrairement aux biens matériels pour lesquels il faut être très attentifs à qui on les cède pour revente, les données publiques ne sont pas exclusives.
Faites une recherche sur un sujet “vendeur” et regardez ces trucs
inutiles qui n'ont pour seul “mérite” que d'être bien référencés
sur les moteurs de recherche… On ne va pas leur filer des occazes
supplémentaires de pomper du pognon !
Si les données publiques ne sont pas ouvertes pour un contexte commercial, ça voudra dire que pour les exploiter commercialement, il faudra les acheter. Les collectivités territoriales ou les agences qui dépendent d'elles vendront des “licences d'utilisation” à des société “partenaires”. le seul résultat est que cela favorisera l'exploitation par des grands groupes, quoi auront les moyens de payer le lobbying, les négociations, les démarches, remplir les dossiers, et les moyens de payer la licence. Au final, on verra arriver des services comme Google-Weather utilisant nos données météo, Google-Genealogie utilisant les registres d'État-Civil des plus de 100 ans, Google-Museum publiant les œuvres d'art de nos musées, le tout sous des licences privées qui font que si je met un scan de la Joconde sur mon facebook je me retrouve en situation de piratage. Tout le monde est perdant sauf les géants du web. L'innovation est bridée, l'économie, le monde associatif, le monde du libre, les citoyens, le marché du travail, et même le ministère des finances puisque Google paie ses taxes à l'étranger.
Les données sont une richesse, et elles peuvent servir de matière première au développement d'une économie sur internet, mais pour cela, encore faut-il que ceux qui ont des idées aient le droit de le faire.
Vous vous lamentez de trouver des sites inutiles en tête des moteurs de recherche. Nous pensons qu'il y aura plus de site utiles en ouvrant les données publiques, et que ceux qui font des sites sérieux auront des sites de meilleur qualité, et plus de temps à passer s'occuper de leur référencement, s'ils peuvent obtenir les données publiques gratuitement et s'ils peuvent envisager de vivre de leur activité.
J'espère avoir répondu à vos questions. — harpalos 2011/03/14 23:19