Skl8em a écrit :Je pense qu'il est totalement légitime de donner quelques limites à la liberté d'expression.
La France n'a jamais eu de liberté totale d'expression de la presse. C'est plus facile de contrôler la télévision quand on n'a que 1 à 3 chaînes. Dans les années 80, j'étais allé en Hollande : il recevait toutes les chaînes de leurs voisins, tandis que la France découvrait sa quatrième chaîne.
On a toujours trouvé un sujet scandaleux qu'il faut absolument censurer : on commence par la pédophilie pour censurer de manière arbitraire et obscure Internet par exemple. On arrive à un point où toute censure est illusoire.
De toute façon, c'est comme le P2P et Pirate Bay : on ne peut plus empêcher quelqu'un de s'exprimer. Par contre si on a l'habitude que certains disent n'importe quoi, on finira par ne pas accorder plus d'importance que ça à ces personnes. Idem pour les insultes. Après tout, ce ne sont que des mots. Il me semble qu'aux USA on a le droit d'insulter la police. Après ce n'est pas forcement recommander de les mettre en colère.
Skl8em a écrit : A mon avis, le modèle américain qui tient compte de
"chilling effects" est en ce sens plus avancé.
En fait, non : selon la page wikipedia et ce que j'en comprend, "Chilling Effect" sert à dénoncer les lois sur la diffamation qui servent à empêcher quelqu'un d'utiliser son droit légitime à l'expression.
C'est d'ailleurs cet effet-là qui est utilisé en France. La notion de vie privée est floue, et c'est volontaire.
Le fait d'appartenir aux francs-maçons est considéré comme relevant de la vie privée.
Quand un chef d'état (au pif Mitterrand
http://www.lexpress.fr/culture/livre/une-famille-au-secret_820758.html) a une fille illégitime, ça relève de la vie privée. Mais quand cette seconde famille est logée à l'Elysée, utilise les voitures officielles et leurs chauffeurs, et participe aux déplacements du Président aux frais du contribuables, est-ce vraiment de la vie privée ?
Le "Chilling Effect" sert surtout aux vedettes à monétiser leurs apparitions dans les journaux. En Angleterre, les journaux ont juste l'obligation de dire la vérité. Une vedette en France peut dans un premier temps attaquer un journal pour atteinte à la vie privée, puis vendre le mois suivant à un autre journal le même sujet de reportage. Le droit à l'image et la vie privée sont largement détournés de leur but qui pourtant pouvait sembler noble.
Une personne publique a-t-elle une vie privée si elle fait étalage de ses mariages et de la naissance de ses enfants dans les journaux, mais refuse qu'on parle de ses divorces ?
Et cette chère vie privée, nos politiques s'assoient bien dessus quand il s'agit de celle du peuple : la vidéo-surveillance n'a jamais prouvé une quelconque efficacité à réduire les petits larcins. Par contre ça peut permettre de suivre facilement les déplacements d'un opposant du maire.
Quelques détails sur la liberté d'expression américaine : ils estiment que les images porno ne sont pas l'expression d'un avis, et ne sont donc pas couvert par la liberté d'expression.
Skl8em a écrit : Après, la liberté d'expression, comme tous les autres actes des êtres humain, trouve sa limite dans la liberté des autres.
Non, pas vraiment. C'est à la loi de déterminer quels droits et libertés sont les plus importants. Aux USA, la liberté d'expression et d'information est le droit "préféré" (càd prioritaire).
Skl8em a écrit :Un autre point qui me parait important est comment on limite la liberté d'expression.
Ce ne sont que des mots. Si on veut une vraie démocratie il faut que toutes les idées s'expriment, même les plus nauséabondes. Les français veulent donner des leçons à la Terre entière en montrant nos superbes lois, contre l'incitation à la haine, contre l'homophobie, contre l'atteinte à la dignité humaine, etc, etc, etc. Et pourtant, c'est un parti raciste qui est arrivé au second tour en 2002. Honte à nous. Le pire, c'est que grâce à nos superbe loi contre la diffamation, on ne peut pas démonter les arguments des partis racistes, puisqu'ils n'ont jamais dit officiellement qu'ils l'était, et ils peuvent donc nous attaquer pour diffamation.
Il faut arrêter d'être paternaliste : chacun est capable de reconnaître des idées racistes. En criminalisant toutes les haines, les français ont l'impression qu'on va les faire disparaître ; comme c'est faux !
Dans le roman 1984, l'état totalitaire faisait disparaître des mots dans l'espoir que l'absence de celui-ci empêche les gens de penser au concept : des mots comme "révolution" par exemple. Ce n'est pas en interdisant le mot "race" qu'on éliminera le racisme.
Mais Internet le prouve, des sites comme wikipedia montre que même si une minorité cherche à appeler à la haine (et à vandaliser wikipedia), globalement, le nombre de personnes qui veulent que le système marche compense largement le nombre de personnes qui veulent le chaos. Pourquoi toutes le lois voulant réguler le P2P sont soumises à l'échec ; exactement pour la même raison. Le nombre de personne qui veulent que le P2P marche est largement supérieur à ceux qui veulent que ça s'arrête.