Certains d'entre-vous auront noté qu'il y avait dans l'ensemble soumis au vote de la prochaine AG un amendement bizarrement formulé, demandant la confirmation d'un point voté à l'Assemblée Générale du 2 juin dernier, et concernant le travail sexuel.
Ceci n'est lié à aucune nécessité qui proviendrait d'un défaut du texte. Bien que celui-ci ait été approuvé à une très large majorité des militants et adopté, certains d'entre-nous se sont émus et ont émis le désir de le supprimer de notre programme.
J'ai pris acte du fait que nous allions le revoter dans un contexte qui lui laisse malheureusement assez peu de chances. Je sais que la propagande actuelle du gouvernement à eu des effets sur les consciences, et je suppose qu'elle a du faire basculer certains points de vue, mais je crois qu'il est important quoi qu'il en soit, que notre soutien aux travailleurs sexuels soit clair et sans ambiguïté. Je le défends donc de nouveau avec confiance devant les militants.
Néanmoins, et comme il s'agit d'une confirmation de mon texte, et que les nouveaux venus au Parti Pirate n'en ont pas forcément eu connaissance, je le fais figurer ici.
Le texte présenté dans l'amendement est un résumé. Le texte complet est le suivant :
Statut de travailleur du sexe
- Abrogation des lois sur le racolage actif ou passif, et de toutes les formes de répression policière et de surveillance exercées contre les travailleurs du sexe et les personnes prostituées, quelles que soient leurs situations personnelles.
- Instauration d'un statut professionnel légal de travailleur du sexe incluant les activités de prostitution, d'escort, d'artiste de spectacle érotique ou pornographique, d'accompagnant sexuel, de dominateur, d'hôtesse de bar, de masseur sexuel, de modèle et de tout autre emploi impliquant une activité à caractère sexuel librement consentie, lorsque cette activité est choisie et pratiquée en toute liberté de conscience par les personnes concernées.
- Ouverture des droits afférents à ces activités sous forme de caisses de sécurité sociale, de retraite, de mutuelles, d'assurances et de protection sociale.
- Redéfinition des délits de proxénétisme afin d'en exclure les personnes apportant une aide matérielle aux travailleurs du sexe au sens où ils sont définis précédemment, de leur famille, de leur clientèle et des personnes qui facilitent leur vie quotidienne, leur activité et leur organisation.
- Les travailleurs du sexe sont libres de s'associer pour tenir et détenir des établissements en commun, mais ils n'y sont pas contraints. Les travailleurs du sexe ont toujours le droit de choisir ou de refuser leurs clients et de définir leurs pratiques.
- Tous les travailleurs du sexe ont droit à la même protection juridique quels que soient leur sexe, leur genre, leur orientation sexuelle, leur origine ou leur nationalité.
- Les mutilations corporelles et les actes de violence non simulés entrainant des séquelles physiques ou psychologiques ne peuvent être consentis contre une rémunération dans le cadre du travail du sexe. L'utilisation de formes de chantage, de harcèlement, d'abus ou de toute autre forme d'autorité ou de contrainte n'entre pas dans le cadre légal du travail du sexe, et demeure prohibée.
Les opposants au texte semblent souhaiter conserver le premier point sur l'abrogation du délit de racolage à l'exclusion de tous les autres qu'ils proposent de supprimer.
On m'a accusé d'être un "ultra-libéral" et de prôner "la marchandisation du corps"... Mais cette seule abrogation du délit de racolage proposée au premier point sans les mesures d'accompagnement qui suivent aboutirait justement à une forme de marché libre du sexe sans aucune protection sociale.
La proposition vise donc à détricoter mon texte en retirant tout ce qui constituait des protections sociales pour les travailleurs sexuels, et que j'avais justement élaborées en tenant compte de leurs propres revendications.
En particulier, l'absence de protection liée au dernier point me semble assez problématique, car elle fixait la ligne rouge entre la libre disposition de son corps et le commerce d'actes potentiellement graves.
Je ne vais pas faire un trop long message, et je suis prêt à débattre à la suite sur ce fil, et à répondre à toutes les questions qui se posent légitimement pour chacun dans la confusion entretenue par la proposition de loi du Parti Socialiste
Le Strass possède une place centrale dans la coordination du mouvement des sex workers, mais il n'est pas la seule association de défense des travailleurs sexuels. Si vous le souhaitez, vous pouvez par exemple jeter un coup d'oeil à ces associations :
Cabiria (Lyon)
http://www.cabiria.asso.fr/
Grisélidis (Toulouse)
http://www.griselidis.com/joom/
Autres Regards (Marseille)
http://www.autresregards.org/
le Bus des femmes (Paris)
http://www.lesamisdubusdesfemmes.org/
N'hésitez pas à interroger les premières concernées pour aller au-delà des stéréotypes diffusés dans les médias. Toutes les revendications des prostituées rassemblées en collectifs convergent.
Mais si vous voulez vous faire une idée sur les personnes du Strass avec lesquelles nous avons tissé des liens, le mieux est peut-être encore d'écouter Morgane Merteuil elle-même... Elle se présente ici au micro de Radio Libertaire, dans une super émission que je vous ai mise en lien :
http://chirb.it/BxhmEE
Je rappelle enfin que nous sommes signataires du manifeste contre la pénalisation des prostituées et de leurs clients.
Cet engagement au sein de cet ensemble inter-associatif où figurent toutes les principales organisations de lutte contre le VIH n'a été rendu possible que grâce au vote des militants plaçant ce texte au programme au mois de juin.
http://droitsetprostitution.fr/1/
En confirmant cette orientation le 27 octobre prochain, vous permettrez au Parti Pirate de poursuivre son engagement de manière cohérente en matière de politique de prévention et de réduction des risques, ce qui aura un effet positif sur notre crédibilité notamment pour travailler sur d'autres questions connexes comme celle de la toxicomanie et de la dépénalisation de la consommation de stupéfiants.
Vous renverrez aussi en direction de la société civile,et dans tous nos domaines d'action (logiciel libre, neutralité du net, sousveillance...etc), l'image d'un parti fiable sur lequel on peut compter durablement quel que soit le domaine politique dans lequel il s'engage.
Amitiés à toutes et à tous
Olivier